Lundi, le conseil communal de Brugelette, en Hainaut occidental, a été le théâtre d'une altercation frappée au coin d'une lamentable xénophobie.

BRUNO DEHENEFFE STÉPHANE DETAILLE

Les faits sont d'autant plus inadmissibles qu'ils impliquent, dans des proportions difficiles à établir, deux échevins de la majorité Brugelette Renouveau. Le bourgmestre Claude Fortez avait interrompu la séance pour permettre aux conseillers de témoigner leur soutien aux agriculteurs qui, de retour d'une manifestation à Ghislenghien, avaient symboliquement rassemblé leurs tracteurs en face de l'hôtel de ville. L'ambiance était plutôt bon enfant : les manifestants avaient même improvisé un barbecue.

Très vite pourtant, un des agriculteurs, José Mol, s'en prit violemment au conseiller Slim Baklouti, le leader de l'opposition socialiste, qu'il abreuva d'injures à caractère raciste. L'énergumène se trouve être le beau-père de l'échevin brugelettois Jean-Marc Rasse qu'un contentieux oppose à une partie du PS local - on ne s'est pas toujours ménagé, à Brugelette, lors de la récente campagne électorale. Sale étranger, retourne faire de la politique dans ton pays, lança notamment l'agriculteur à l'adresse de Slim Baklouti.

La suite des événements est plus confuse : les témoins de la scène évoquent une empoignade impliquant le premier échevin Jean-Marc Rasse - il aurait volontairement bousculé Slim Baklouti - et l'échevin Géry Paternotte qui aurait saisi le conseiller à la gorge (selon ses dires, il n'aurait cherché qu'à s'interposer...). La version des faits diffère totalement dans la bouche de Slim Baklouti qui estime avoir été victime de propos racistes et de coups délibérés.

Ce qui m'a fait le plus mal, dit-il, c'est le ricanement de ces deux échevins pendant la scène. Choqué - un médecin a attesté une incapacité de travail de deux jours -, Slim Baklouti a déposé plainte contre l'agriculteur et les deux échevins. Voilà vingt-cinq ans que je vis en Belgique, expliquait-il quelques heures après les faits. Jamais je n'avais été agressé. D'origine tunisienne, Slim Baklouti est bien intégré dans la petite entité rurale de Brugelette : sa popularité lui a d'ailleurs valu de réaliser, avec 279 voix de préférence, le troisième score personnel lors des dernières élections communales.

Ce mardi, Serge Hustage, le président de la fédération socialiste du Hainaut occidental, a annoncé que le PS appuierait la plainte déposée par Slim Baklouti et qu'il tenterait d'obtenir du gouverneur du Hainaut qu'il sanctionne les deux échevins. Fût-ce symboliquement, a-t-il ajouté. L'essentiel est de condamner des comportements inqualifiables. Le PS a également souhaité que le bourgmestre Claude Forter condamne sans ambiguïté l'attitude de ses échevins. Celui-ci, qui n'avait pas été témoin de la scène, avait d'emblée exprimé ses regrets à Slim Baklouti. Je ne puis pas admettre qu'on agresse un conseiller communal, a-t-il déclaré ce mardi tout en tentant d'apaiser les esprits. Nous sommes, dit-il, condamnés à nous entendre dès lors qu'il nous faut travailler ensemble.·

Le Soir du mercredi 28 février 2001
© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2001

Claude Fortez n'a pas été témoin de la scène, mais condamne tout excès

BRUGELETTE Comme nous le relatons en page 7, le conseil communal programmé lundi soir à Brugelette a tourné au fait divers. La nouvelle législature commence bien mal dans la cité sucrière où les mandataires politiques ne nous avaient pas habitués à de tels excès.

Des débordements que déplore, on l'imagine, le bourgmestre Claude Fortez: Même si je n'ai pas été un témoin direct des faits, je ne peux admettre qu'un conseiller soit malmené de cette façon. Je prenais un verre avec des agriculteurs lorsqu'on est venu m'avertir qu'un représentant de l'opposition avait été victime d'une bousculade. J'ai été voir M. Baklouti qui avait l'air fort ému mais qui semblait indemne sur le plan corporel. Par téléphone, M. Rasse m'a confirmé hier matin qu'il n'avait jamais frappé M. Baklouti. Quant à M. Paternotte, je n'ai pas encore eu l'occasion d'entendre sa version.

Ayant appris que la fédération du PS du Hainaut occidental, indignée, envisageait de déposer plainte, Claude Fortez tient cependant à relativiser les choses: Il ne faudrait pas que l'on donne une dimension démesurée à cette affaire. J'ai peur, en effet, que certains ne veuillent grossir l'événement pour en tirer profit sur le plan politique. Cela ne sert à rien de rajouter de l'huile sur le feu en sachant que nous sommes, majorité et opposition, condamnés à travailler ensemble jusqu'en 2006. Le 7 mars prochain, il faudra voter le budget. J'espère que ce jour-là, chacun mettra de l'eau dans son vin, ose croire le bourgmestre, conscient que les rancunes ayant germé avant les élections aient pu refaire surface lundi dans un contexte de surcroît favorable à mettre le feu aux poudres en raison de la crise qui ne met pas seulement à vif les nerfs des agriculteurs.

Bruno Deheneffe

Le conseil communal dégénère à Brugelette.

Le budget est reporté au 7 mars prochain

BRUGELETTE En marge des incidents déplorables qui ont occulté le conseil communal de Brugelette, les mandataires ont malgré tout pu survoler l'essentiel de l'ordre du jour, à l'exception du plat de résistance de cette séance, à savoir l'examen du budget 2001 dont l'opposition socialiste a obtenu le report à la date du 7 mars prochain.

Au cours de cette soirée dont la politique ne sera pas sortie gagnante, le volet fiscal aura retenu l'attention des élus. La majorité des taxes demeurent inchangées, sauf l'IPP qui passe de 7 à 8%. A noter que la redevance sur les écrits publicitaires est majorée de 2 à 3 F. Le budget du CPAS a également été soumis au vote des conseillers. La part communale se chiffre à 12,425 millions (308.000 €), soit une hausse de cinq millions par rapport à l'exercice antérieur. Le CPAS de Brugelette, où l'on recense actuellement 24 réfugiés politiques, a puisé dans son fonds de réserve une somme de 400.000 F (9.915 €) afin de ne pas augmenter davantage l'intervention communale dans la gestion du centre public d'aide sociale. Le conseil a, en outre, décidé d'offrir aux deux réseaux d'enseignement les mêmes avantages sociaux: en l'occurrence 600 F (14,87 €) par élève afin de couvrir les sorties à la piscine et d'autres frais.

Le PS avait tenu à inscrire un point supplémentaire relatif à l'aménagement du parc communal qui, déjà sous l'ancienne législature, divisait majorité et opposition. Comme ils l'avaient déjà annoncé lors d'une conférence, les socialistes émettent deux objections à la mise en oeuvre de ce projet. Sur la forme d'abord, le PS conteste la légalité du conseil consultatif mis sur pied par le collège dans le cadre de l'aménagement des infrastructures sportives et des travaux de mise en valeur du parc. Le PS considère que la mise en place d'une telle commission est une prérogative appartenant au conseil. L'autre pomme de discorde concerne le coût du chantier évalué à 34 millions par le bourgmestre alors que Slim Baklouti parle d'une cinquantaine de millions. Pour la majorité, ces chiffres sont fantaisistes car ils font référence à un avant-projet de 97 qui n'est plus d'actualité.

BRUGELETTE

Le Conseil se termine dans la rue!

Si le combat se mène dans la rue en période pré-électorale, certains mandataires devraient mesurer leurs actes lors des conseils communaux où ils sont censés représenter la population qui les a élus. Ce lundi soir, à Brugelette, les mandataires se réunissaient pour débattre d'un certain nombre de points inscrits à l'ordre du jour d'un conseil qui s'annonçait des plus "chauds" (taxes, budgets, aménagement du Parc...). Quelques mètres plus loin, des agriculteurs soucieux de leur avenir improvisaient sympathiquement un barbecue destiné à "fêter" la signature de leur motion à l'attention de Jaak Gabriëls. C'est l'instant qu'a "choisi" le bourgmestre Claude Fortez pour suggérer une levée de séance afin de rencontrer le monde agricole. Moment "choisi" également par certains pour régler des comptes en suspens depuis les dernières élections.

A peine sur place, le conseiller PS Slim Baklouti se fait malmener par un agriculteur qui lance quelques propos à caractère racial. De plus, pour des raisons philosophiques, le même conseiller aurait reçu des coups portés par deux échevins, en l'occurrence Jean-Marc Rasse et Géry Paternotte.

Des agissements d'un autre âge

Des "incidents" qui ont peut-être "amusé" des citoyens présents sur les lieux mais qui ont aussi scandalisé les esprits sensés. Est-il encore possible, au début de ce 3è millénaire, de régler ses comptes en utilisant des arguments dont le poids des muscles n'a d'égal que celui de l'intelligence? Selon les personnes concernées, les versions des faits diffèrent. Forcément! Pour le secrétaire communal de Silly, conseiller à Brugelette, il s'agit d'une véritable agression: "M. Rasse s'est rué (le terme n'est pas trop fort) en ricanant sur M. Baklouti, le ceinturant, puis l'empoignant à la gorge, lui assénant enfin un coup de poing sur l'oreille. Dans le même temps, M. Paternotte s'est également rué sur M. Baklouti, lui enserrant la gorge de son bras et martelant son visage de l'autre poing. Devant la gravité des faits, j'ai appelé la police et un médecin". Et le nouvel élu André Desmarlières d'ajouter: "Je déplore et dénonce avec force de tels agissements d'un autre âge, mais qui cependant ne m'étonnent qu'en partie". Au sein du PS du Hainaut occidental, les Instances représentées par le président Serge Hustache sont révoltées par de tels agissements: "Le conseiller Slim Baklouti a été victime d'une agression à caractère raciste tant verbale que physique du beau-père du 1er échevin Jean-Marc Rasse. Ce dernier a également porté des coups, aidé de son collègue Géry Paternotte".

Un vent de révolte souffle au PS

La Fédération a décidé de prendre un certain nombre d'initiatives dont une plainte déposée auprès du Centre pour l'Egalité et la Lutte contre le Racisme. D'autre part, le syndicat agricole auquel est affilié M. Molle sera contacté dans le but d'expulser ce membre qui ternit et nuit à la juste lutte du monde agricole. Enfin, d'autres plaintes devraient être déposées afin que la Justice ne laisse sous silence de tels actes perpétrés par des personnes représentant la population. "J'ai beaucoup d'estime pour le bourgmestre de Brugelette, Claude Fortez, dont les sensibilités sont très proches des miennes" déclare Serge Hustache. "Mais dans cette "affaire" j'espère qu'il posera un geste afin de redonner confiance à la démocratie" concluait le président du PS du Hainaut occidental.

Si ce dérapage ne satisfait forcément personne, la provocation pré et post électorale y a peut-être joué un rôle dévastateur. Mais à l'heure de la campagne citoyenne athoise, il serait temps que chacun accepte l'autre et que tous se retrouvent autour d'une même table pour répondre aux attentes de la population. A l'heure du carnaval de Binche, l'orange est dans la main du bourgmestre!

Cl. Ch.

Et à propos d'acte raciste, un grave incident a perturbé le conseil communal de Brugelette près de Ath lundi soir. Un conseiller socialiste d'origine tunisienne a été victime d'une agression raciste tant verbale que physique de la part de deux échevins de la majorité.

Lundi soir lors du conseil communal de Brugelette, des agriculteurs sont venus manifester symboliquement devant la maison communale. Subitement un agriculteur bouscule Slim Bakiti, un conseiller communal socialiste d'origine tunisienne. Notélé, et la télévision communautaire régionale filment le début de l'altercation mais elles sont empêchées ensuite de filmer la suite. La suite c'est une agression raciste tant verbale que physique de la part de l'agriculteur mais aussi de deux échevins de la majorité.

Le premier échevin, beau-fils de l'agresseur, aidé de l'un de ses collègues. Un incident grave inadmissible pour la fédération socialiste du Hainaut occidental.

Traumatisé l'agressé ne désire pas s'exprimer pour l'instant quant au bourgmestre Claude Forté il convoquera mercredi prochain un collège extraordinaire pour examiner les faits et éventuellement prendre des mesures.

BRUGELETTE Plainte après l'agression d'un élu PS

Le bourgmestre tente de calmer le jeu

Agressé lundi lors du dernier conseil communal de Brugelette par un agriculteur et deux échevins, le conseiller communal Slim Baklouti (PS) a porté plainte mercredi auprès de la gendarmerie. La fédération du PS du Hainaut occidental a lancé d'autres actions.

Sous l'emprise de la boisson?

Lundi soir, lors du conseil communal de Brugelette près d'Ath, des agriculteurs sont venus manifester face à la maison communale. Lors de la pause, des élus sont allés rencontrer et soutenir les manifestants. A cette occasion, un conseiller socialiste de l'opposition, M. Slim Baklouti, a été agressé par un agriculteur, le beau-père du premier échevin, mais aussi par l'échevin en question et un de ses collègues. Le conseiller, d'origine tunisienne, a d'abord été victime de propos xénophobes avant d'être frappé. Un médecin a constaté les coups. "Dès mardi, M. Slim Baklouti a porté plainte auprès de la gendarmerie", a précisé M. Serge Hustache, le président de la fédération du parti socialiste du Hainaut occidental. D'autre part, plainte sera déposée auprès du procureur du Roi de Tournai sur base de la loi Moureaux qui condamne les actes racistes. Cette action sera menée de concert avec Jean Cornil, Directeur-adjoint du Centre pour l'Egalité des chances et la Lutte contre le Racisme (CECLR)" et futur sénateur PS. La Fédération socialiste du Hainaut compte également interpeller la Fédération wallonne des agriculteurs afin que celle-ci condamne les gestes et propos de l'agriculteur qui a frappé Slim Baklouti. Le PS du Hainaut occidental va également interpeller le gouverneur de la Province de Hainaut, M. Tromont, ainsi que la Députation permanente du Hainaut afin que des sanctions soient prises contre les échevins en question, MM. Jean-Marc Rasse et Géry Paternotte. "Nous ferons également en sorte que le bourgmestre Claude Fortez, qui nous paraît un humaniste, réagisse aussi publiquement et fermement", a ajouté Serge Hustache. Mais pour le bourgmestre, "on en fait toute une histoire et on grossit l'événement". Pour Claude Fortez, il faut remettre les choses dans leur contexte et tenir compte du fait que "certains agriculteurs étaient éméchés lors de leur retour de la manif de Bruxelles". Le bourgmestre estime cependant que le fait que M. Baklouti ait été secoué et empoigné par un agriculteur n'est pas admissible. "Quant aux deux échevins, ils n'ont pas frappé M. Baklouti mais l'ont bousculé", a-t-il dit. Le bourgmestre compte convoquer mercredi soir un Collège extraordinaire afin d'abord d'être éclairé sur les faits et éventuellement prendre des mesures. "Mon groupe politique +Brugelette Renouveau+ va également se réunir afin d'examiner la situation. Je compte également rencontrer M. Baklouti avec les membres du collège", a conclu M. Fortez, précisant qu'il cherchait avant tout le dialogue. "Il faut assainir la situation et ramener le calme dans le Conseil communal. Je n'ai jamais connu cela en 12 ans", a-t-il dit. Quant à M. Slim Baklouti, architecte de profession, il n'était pas joignable ce mercredi.

La fédération PS exige une condamnation plus ferme du bourgmestre

BRUGELETTE A quarante-huit heures de l'examen du budget 2001 au conseil communal de Brugelette, bien malin qui pourrait dire dans quelle atmosphère les élus de la cité sucrière seront amenés à débattre. Les regrets exprimés par le bourgmestre Claude Fortez suite à l'agression raciste dont a été victime lundi Slim Baklouti, chef de file de la minorité socialiste, n'ont semble-t-il pas suffi à effacer les crispations.

Du moins est-ce le sentiment qui transpire du nouveau communiqué adressé ce week-end à la presse par la fédération PS du Hainaut occidental. Son président Serge Hustache attendait visiblement une condamnation plus ferme de la part du maïeur brugelettois: Nous avions mis beaucoup d'espoir dans une attitude noble et ferme du bourgmestre afin qu'il condamne sans ambiguïté les propos racistes proférés par un agriculteur ainsi que les actes de violence commis par deux de ses échevins à l'encontre de M. Baklouti.

Et Serge Hustache de poursuivre son argumentation: J'avais personnellement pris contact avec Claude Fortez afin de lui demander de prendre une position qui permette d'apaiser dans la dignité et la justice une situation née de l'intolérance et de la xénophobie. Sa réaction fut hélas timorée et très décevante.

Face au refus d'accorder à cet événement l'importance qu'il mérite et ce afin d'éviter une politisation inutile et la banalisation de faits répréhensibles, ajoute la fédération socialiste, Serge Hustache a programmé ce lundi, à 16 h, une nouvelle conférence au local de la mutualité PS de Brugelette. Celle-ci permettra d'entendre les conclusions de l'entrevue qu'a eu vendredi Slim Baklouti avec le bourgmestre. Affaire à suivre