BETIAD, association des hommes d’affaires turcs de Belgique (tendance proche des démocrates-musulmans au pouvoir à Ankara) organise des rencontres avec les candidats d’origine turque au sein des partis politiques. Malheureusement, on avait raté la première rencontre avec l’homme-fort des socialistes, Emir Kir. Par contre, on a voulu écouter même tardivement le discours des libéraux dans la même salle le lendemain. Au menu, le Secrétaire d’Etat bruxellois Willem Draps (5^e à la Région – MR), Belma Tek (54^e à la Région – MR) et Sait Köse (21^e à la Région – FDF/MR).

Un concept génial (un seul parti par soirée) et très bien huilé par Betiad qui commence à l’heure sans traîner en longueur, sauf bien entendu quand certaines personnes font de la polémique... Après quelques questions mortellement complaisantes, Willem Draps précise qu’il veut bien prendre la dernière question car il devait déjà être parti depuis 5 minutes...

MK : Monsieur Draps... 5 ans de législature avec les libéraux, 4 ministres-présidents dont un fraudeur fiscale en la personne de Daniel Ducarme...

W. Draps : Les déclarations et les revenus de Daniel Ducarme, rassurez-vous, sont tous des revenus publics et officiels qui ont été précomptés, c’est-à-dire où on a enlevé comme à tout employé, comme à vous ou à moi en tant que ministre, selon le barème, le précompte. Mais quand on a plusieurs fonctions, on doit payer un supplément et Monsieur Ducarme n’a pas rempli ses déclarations. C’est un homme qui n’est pas organisé, il n’a pas un comptable qui le fait pour lui. Il a négligé ça et un moment, comme pour tout citoyen, le fisc lui a dit : ‘Avec les majorations et les intérêts, vous me devez autant’. Bon, donc Monsieur Ducarme n’a pas cherché à éviter ça. Ce n’est pas frauder ça. Ca n’a rien de répréhensible, ça n’a rien de pénal ! Et c’est simplement ce qui arrive à tout contribuable quand il est négligent.

Donc, je tiens quand même à dire ici les choses très clairement et faire la différence entre les gens qui fraudent ou qui prennent dans la caisse et un quelqu’un qui est négligent et qui par sa négligence, il y a une seule chose, c’est qu’il payera le maximum d’impôt. Ca c’est une chose que je voudrais vous dire très clairement car je n’aime pas qu’on dise des choses inexactes. Il n’y a rien à voir entre les gens du Parti socialiste qui ont été condamnés dans les affaires Agusta et toutes les affaires qui ont défrayé la chronique, il y a quelques années, avec pour conséquence qu’il y a une série de gens qui ne sont plus éligibles. Monsieur Ducarme est parfaitement éligible, hein ! Monsieur Ducarme est membre de l’assemblée des Représentants. Monsieur Ducarme a des problèmes de santé en plus et c’est un homme qui s’est retiré de la vie publique pour l’instant.

Croyez-le, et j’en suis maintenant informé, finalement quand il s’est enfin occupé de sa santé et de sa dette fiscale, la dette a été réduite à très peu de choses et je te tenais ici à le dire. Je sais que Monsieur Ducarme était bien établi à Schaerbeek et c’est un ami de votre communauté. Et en Monsieur Ducarme vous avez perdu un ami de votre communauté et si je suis là ce soir c’est parce que je suis là pour remplacer Monsieur Ducarme ! (ndlr : applaudissements très fort de la salle)

Belma Tek : " Vous permettez que j’ajoute un élément avant de continuer ? Monsieur Ducarme a essayé de payer ses impôts et il a été vérifié également qu’il n’a jamais pu trouver la personne qui s’occupait de son dossier. Ca c’est récemment et comme il a négligé ses impôts, il a également négligé sa santé. Et comme le disait Monsieur le ministre là-tantôt,... "

MK : Ah, donc le Ministre-Président de la Région n’a pas pu trouver durant 6 ans la personne qui s’occupait de son dossier ?

W. Draps : Mais non, c’est pas ça ! Monsieur Ducarme a déménagé plusieurs fois mais...

Organisateur 1 en colère (Betiad) : [en turc] Mais mon ami, ne fais pas de polémique, stp. On ne te connaît pas alors pose poliment tes questions, tu dis des mauvaises choses et ça peut être mal interprété....

MK : Mais je ne fais que poser des questions ! Si vous préférez, je peux sortir ?

Organisateur 2 en colère (Betiad) : Non mais tu déranges les personnes. Tu dis fraudeur et tout...

MK : Non mais je ne fais que rapporter ce que j’ai lu dans le quotidien Le Soir...

Organisateur 2 en colère (Betiad) : Oui mais on ne l’a pas lu !

MK : Monsieur le Président, avec tout le respect que je vous dois, je vous rappelle que vous ne parlez pas français. C’est un peu difficile...

Organisateur 2 en colère (Betiad) : Non, tu ne peux pas poser ce genre de questions ! On est dans une soirée de présentation des candidats et l’atmosphère était agréable. Pose tes questions de manière courtoise. On pose des questions qui intéressent la communauté...

MK : Je demande très clairement à Monsieur le ministre s’il est pour ou contre le port du foulard à l’école.

W. Draps : La France a voté la loi que vous connaissez. Une loi pareille est impossible en Belgique parce l’Etat belge n’est pas un Etat laïc comme la France, c’est un Etat qui organise la neutralité, c’est-à-dire un traitement en principe égal de toutes les religions et aujourd’hui de la laïcité également. Mais la laïcité n’est pas le principe de l’Etat qui nie le principe des religions. Vous savez qu’en France, depuis des lois de 1905, la religion catholique n’a aucun rapport avec l’Etat, c’est totalement une affaire de vie privée. Il n’y aucun subside de l’Etat français pour l’organisation du culte catholique. Donc, la tradition de l’Etat français est totalement différente de la tradition de l’Etat belge.

Le fait religieux est une réalité en Belgique. Et je ne crois pas que d’autres religions que la religion islamique accepteraient que vous soyez brimés dans l’expression de la tradition religieuse islamique. Il y a là, au-delà des différences, une solidarité entre elles pour permettre leur libre exercice. On arrive maintenant à votre question. Pour moi hein mais je crois que c’est aussi la position du MR et ce qu’on a pratiqué à différents niveaux. Ca veut dire, par exemple, que Monsieur Hasquin le Ministre-Président, tout le monde sait que c’est un laïc pur et dur, n’a jamais suivi un membre de son gouvernement qui voulait imposer une attitude uniforme d’interdiction pour le voile. Il n’y a pas de décision qui a été prise au niveau de la Communauté française.

Maintenant, que dans l’enseignement privé ou libre, dans des écoles catholiques, on laisse chacun le soin de choisir, vous savez, c’est comme dans un club privé, si on vous dit que vous devez venir habillé d’une telle manière mais vous pouvez être membre ou pas membre du club. Vous connaissez la règle avant d’entrer dans le club et vous savez où vous pouvez aller. Il n’y a pas si longtemps, dans les écoles catholiques, on envoyait les enfants à la messe tous les jours, hein ! Bon, je n’ai pas connu cette époque-là parce que je n’ai pas été dans une école catholique, mais bon... Par contre dans les écoles publiques, c’est-à-dire les écoles communales et les écoles de la Communauté française, je crois qu’il faut tenir compte évidemment de la réalité du terrain.

Vouloir, dans une région comme Bruxelles, une commune comme Schaerbeek et St Josse, encourager par des règlements communales des attitudes répressives totales en disant : ‘Il n’est pas question, on interdit l’accès à l’école aux gens qui portent un voile !’, c’est commettre une très grave erreur à mon sens et c’est vraiment créer les conditions pour un affrontement des communautés. Il faut laisser, je pense, une appréciation de la réalité du terrain et au niveau des écoles. Et je tiens à dire aussi que cette appréciation ne concerne que les primaires et secondaires, hein ! Pour moi, les gens font absolument ce qu’ils veulent après à l’université ou dans le supérieur, les gens sont suffisamment matures. Je suis donc clairement pour le principe de l’interdiction globale.

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" Si je devais me définir en trois mots, je dirais détermination, rigueur, fidélité. "