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La participation politique des allochtones en Belgique
Elections communales 2006

Les élections communales de 2006 à Schaerbeek 

La Ville de Schaerbeek est, en nombre d'habitants (plus de 100.000), la deuxième des 19 communes composant la Région de Bruxelles-capitale.

Bastion du libéralisme, elle a été conquise en 1970 par le Front Démocratique des Francophones, à l'époque nouveau parti régionaliste (fondé en 1964), alors que les autres partis belges étaient encore officiellement "nationaux", et pluraliste, c'est-à-dire comprenant des militants et élus issus des trois grandes familles politiques du pays, sociaux-chrétiens, libéraux et socialistes.

Au fil du temps, le bourgmestre FDF Roger Nols, à l'initiative de la mise sur pied du Conseil communal consultatif des immigrés en 1973, évolua vers des positions de plus en plus xénophobes, allant jusqu'à inviter Jean-Marie Le Pen à Schaerbeek dans les années 1980, à interdire les enseignes de magasin dans d'autres langues que le français ou le néerlandais, à interdire les rassemblements vespéraux de plus de trois personnes sur la voie publqiue, interdire les cours de religion musulmane dans les écoles communales, bloquer l'inscription d'étrangers auprès de l'administration communale...

Pendant cette période, le plus fidèle allié de Nols, allant jusqu'à s'intégrer sur la liste N.O.L.S. ("Nouvelles orientations des libertés schaerbeekoises"), fut le PRL de Bernard Guillaume et Jean-Marie Charels (ancien militant d'extrême-droite), alors que le FDF finit par l'exclure, après qu'un de ses élus, Georges Verzin, ait claqué la porte du parti pour protester contre sa dérive raciste et mis sur pied une liste dissidente, IDS (Initiatives pour le développement de Schaerbeek). En 1999, alors qu'il n'était plus qu'un simple conseiller communal, Roger Nols passa au Front National et ne se représenta pas en 2000.

La section locale du PS, dirigée par Guy Lalot, ne différait pas fortement de NOLS sur le plan de la xénophobie, voir son tract électoral de 1982. Il faudra toutefois attendre l'emprisonnement de son chef de file, conseiller régional et ancien membre du cabinet du vice-premier ministre Philippe Moutreaux, dans le cadre d'une fraude financière au début des années 1990 pour que la fédération bruxelloise du PS se décide à reconnaître un groupe dissident, "Dunes", en tant que section officielle du PS à Schaerbeek. Les "lalotistes" se rallièrent au bourgmestre ex-nolsiste Francis Duriau et certains d'entre eux figuraient sur sa liste aux communales de 1994.

En 1994, la liste Duriau (ex-nolsistes) s'allie au FDF (très anti-PRL au niveau local, comme à Etterbeek et à Koekelberg), à Ecolo, au PS et au PSC, rejetant dans l'opposition le PRL encore nolsiste et le Front National. En cours de législature, Francis Duriau s'affilie au FDF et un de ses échevins PSC passe au PRL.

En octobre 2000, pour la première fois, les ressortissants de pays membres de l'Union Européenne pouvaient s'inscrire en tant qu'électeurs, seuls 971 sur 11.498 électeurs potentiels accompliront cette démarche, ils pesèrent donc peu au milieu des 54.262 électeurs inscrits.

Pas moins de 11 listes se présentaient à ces élections, dont 7 complètes (47 candidats): CLAIRE (extrême-gauche stalinienne, PTB-PVA), DEMOL (extrême-droite, Vlaams Blok), Ecolo (dont plusieurs candidats Agalev), Liste du Bourgmestre (candidats ex-FDF, CVP, ex-PS et indépendants), PRL-FDF (incluant au moins un MCC, un ex-PSC, deux ex-IDS, une petite liste d'ex-FDF), PS (dont au moins 3 candidats SP), PSC. Quelques petites listes incomplètes étaient également présentes: FNB (2 candidats, extrême-droite, scission du FN), Gauche Plurielle (12 candidats, dont 11 d'origine marocaine), PIC (17 candidats, menés par un élu sortant du Front National), Volksunie-ID21 (4 candidats).

Sur 47 sièges, la fédération PRL-FDF-MCC (actuel MR) en recueillit 16, plus 8 élus de la "Liste du Bourgmestre" (LB) dirigée par le bourgmestre (ex-FDF) sortant Francis Duriau, mais l'animosité entre les deux chefs de file et concurrents au poste de bourgmestre aboutit à une coalition entre le PRL-FDF-MCC d'une part, Ecolo (11 sièges, dont 1 Agalev) et le PS (5 sièges), rejetant dans l'opposition deux partis de la majorité sortante, la LB et le PSC (3 sièges, actuel CDH), la liste Demol (4 élus, regroupant le Vlaams Blok et des transfuges du FN et du PRL).

Lors des négociations post-électorales sur la répartition des postes exécutifs (bourgmestre, échevins, président du CPAS), Ecolo désigne d'emblée Tamimount Essaïdi (de parents marocains) comme candidate à un de ses quatre mandats, le PS désigne Alain Hutchinson, déjà secrétaire d'Etat régional, qui devra être remplacé par un "échevin faisant fonction", Mohamed Lahlali (ancien étudiant marocain), ce qui provoque une polémique, quant au MR il se résout en fin de compte à nommer lui aussi un échevin allochtone, Sait Köse (de parents turcs).

La législature 2000-2006 a vu de nombreux élus communaux et mandataires CPAS, ainsi que des suppléants, changer de parti ou démissionner, voire les deux, sans compter les décès.


L'attitude des différents partis politiques schaerbeekois vis-à-vis des allochtones

libéraux socialistes sociaux-chrétiens écologistes


résultats électoraux

Candidats et élus allochtones aux élections communales de 1994 à Schaerbeek

source: banque de données électorales de la VUB
 

population totale

population belge

électeurs

bulletins déposés

votes valables

1976    

?

62.484

61.004 (97,6%)

1982    

?

52.247

48.975 (93,7%)

1988    

55.592

47.041 (84,6%)

44.025 (93,6%)

1994  102.599 (01/01/95)  63.690 (62,1%)

50.723

42.650 (84,1%)

40.141 (94,1%)

2000    

54.262

44.103 (83,1%)

41.776 (94,7%)

 

conseillers communaux élus en octobre 2000 (base: Le Soir du mardi 10 octobre 2000)

PRL-FDF, 16 élus : Bernard Clerfayt (2.604), Daniel Ducarme (2.327), Jean-Pierre Van Gorp (2.139), Michel De Herde (1.213), Bernard Guillaume (1.086), Sait Köse (1.061), J-M Charels (849), Etienne Noël (738), Cécile Jodogne (735), Sevket Temiz (694), Georges Verzin (645), Mustafa Özturk (581), Saïd Benallel (543), Anne Monseu (542), Martine Massart (516), Olivier Crasson (499).

-> démissions pendant la législature: Daniel Ducarme (suite au scandale fiscal qui l'a touché en 2004), Sevket Temiz (fin 2005 pour cause de déménagement à Bruxelles et de passage au PS); le conseiller CPAS Florimond Mayeur Mayele (PRL) siège d'abord comme indépendant, puis passe au PS et en fin de compte démissionne pour se présenter à Bruxelles

Ecolo, 11 élus : Isabelle Durant (1960), Christian Lesenfants (1.148), Christine Smeysters (950), Mohamed El Arnouki (625), Tamimount Essaïdi (562), France Blanmailland (521), Luc Denys (497), Mohamed El Khattabi (491), A.-F. Gailly (476), Xavier Winkel (475), Veerle Lindemans (426).

-> démissions pendant la législature: Isabelle Durant (règle de non-cumul à Ecolo, elle était ministre fédérale à l'époque, démission avant installation du nouveau conseil), Mohamed El Arnouki (démission en décembre 2005 avant passage au CDH), Veerle Lindemans (démission en cours de mandat pour entrer dans un cabinet scabinal)

-> décès: Christian Lesenfants

LB (liste Duriau), 8 élus : Francis Duriau (3.139), Jacques Nimal (800), Claude Paulet (694), Christian Germain (648), Emin Ozkara (623), Edward De Jaegher (599), Anne-Marie Gerrebos (582), Karin Metz (392).

-> transfert: Emin Ozakara (passé au PS en  janvier 2002)

PS, 5 élus : Alain Hutchinson (953), Sfia Bouarfa (751), Mohamed Lahlali (679), Roland De Linge (649), Anne-Marie Kleykens (338).

-> démission: Alain Hutchinson (déménagement pour Watermael-Boitsfort), remplacé le 17/04/2005 par Abdallah M'rabet

Demol, 4 élus : Johan Demol (2.510), Fernande Ledur (174), Patrick Sessler (170), Urbain Decat (117).

-> démission: Patrick Sessler (fin 2006)

PSC, 3 élus : Clotilde Nyssens (968), Mohammed Ramdani (492), Denis Grimberghs (374).

-> transfert: Mohammed Ramdani (passé au PS en 2002)


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