Les Musulmans de Belgique






 

Jacques Simonet (PRL-FDF) et les "intégristes"

 

Jacques Simonet , député libéral francophone "Si on avait procédé à ce screening de l'ensemble des candidats, on n'en arriverait pas à une situation telle que celle que moi j'ai pu constater en prenant connaissance de la liste des élus, donc les 50 personnes qui ont été élues le 13 décembre dernier, et d'où il résulte que sur 50 élus, 24 personnes ont des liens plus ou moins étroits avec des milieux fondamentalistes, qu'il s'agisse des Frères musulmans, d'un certain nombre de réseaux islamistes algériens, ou du fameux Milli Görüsh turc." (Journal télévisé RTBF 14 janvier 1999) (+ voir à RTBF radio 15/1/99)


Monsieur SIMONET, occupez-vous un peu de vos "intégristes" !

Pierre-Yves LAMBERT (politologue)
(article paru le 9 février 1999 dans Le Matin en rubrique "lignes ouvertes à...")

A la mi-janvier, le député fédéral PRL-FDF-ETC. Jacques SIMONET s’offrait une fenêtre de pub préélectorale gratuite dans les médias en annonçant que parmi les 50 élu(e)s désignés par les Musulmans de Belgique le 13 décembre, « 24 personnes ont des liens plus ou moins étroits avec des milieux fondamentalistes, qu'il s'agisse des Frères musulmans, d'un certain nombre de réseaux islamistes algériens, ou du fameux Milli Görüsh turc » (Journal télévisé RTBF 14 janvier 1999). Sur base de quelles informations, mystère : les soupçons porteraient notamment sur un groupe de belges convertis à l’islam dont plusieurs membres sont proches, voire membres du PRL, mais d’autres pistes ne sont pas à exclure, par exemple celle de militants laïcs membres de services de renseignement ou de gendarmerie.

Par expérience, il faut bien reconnaître qu’agiter le spectre du "péril intégriste" peut puissamment contribuer à lancer ou à relancer une carrière politique bruxelloise, témoins Charles PICQUE (PS) et Roger NOLS (à l’époque PRL) dans les années quatre-vingts. On se rappellera notamment la condamnation de ces deux bourgmestres il y a dix ans suite à leur refus d'organiser les cours de religion musulmanes dans les écoles communales de Saint-Gilles et Schaerbeek sous ce prétexte de lutte contre les "intégristes". Le même PICQUE, quelques années auparavant, avait accédé à la notoriété en s’opposant à l’ouverture d’un centre culturel iranien dans sa commune, puis en prenant la tête, au sein du PS, des opposants au droit de vote des étrangers aux élections locales.

Depuis 1993, des rumeurs font régulièrement surface dans le petit monde politico-associativo-gendarmesque bruxellois, faisant état soit de la préparation de listes "intégristes musulmanes" en vue des élections communales ou régionales, soit de projets d'infiltration concertée d'Ecolo et d'Agalev par des éléments "intégristes musulmans". Aucunes de ces informations ne s’est avérée exacte en fin de compte. Rappelons à cet égard que le seul politicien bruxellois qui ait bénéficié pendant la campagne électorale de 1995 du soutien explicite d'une personnalité islamiste belge, en l’occurrence Jean-Yahya Michot, « remercié » par l’UCL pour ses écrits justifiant l’assassinat par le GIA des moines de Tibhérine, n'est autre que... Mostafa Ouezekhti, le député-mercenaire passé voici quelques mois avec armes, bagages et indemnités parlementaires d'Ecolo au PRL-FDF-ETC. Il est vrai qu’à l’époque Monsieur Michot, en odeur de sainteté auprès du régime marocain, avait été invité à dialoguer avec Hassan II sur les antennes de la télévision marocaine pendant le ramadan. Et Ouezekhti est bien loin d’être un opposant farouche à Sa Majesté et à son ministre de l’Intérieur...  *

Enfin, Monsieur SIMONET ne serait-il pas bien inspiré de nettoyer devant sa propre porte et de dénoncer la présence parmi les élus et les candidats de son propre parti des personnes qui se sont illustrées à de multiples reprises par leurs propos et leurs écrits à caractère xénophobe, notamment Willem DRAPS, Jacques VANDENHAUTE ou Bernard GUILLAUME ? Pourrait-il par ailleurs expliciter les propos tenus au nom du groupe PRL-FDF au Parlement wallon en juillet 1997 par le député Serge KUBLA pour justifier son opposition au droit de vote des étrangers extracommunautaires aux élections communales parce qu’ils ne partagent pas "un certain nombre de valeurs", ils n'adhèrent pas à "certains principes tels que le droit de la famille, le droit des femmes et le principe de la réciprocité", et enfin parce que cela "pourrait avoir pour conséquence, dans certains cas, que des représentants de la population immigrée soient à la tête de communes bruxelloises".

Il est facile d’accuser sans relâche les « intégristes » et le Vlaams Blok des pires méfaits en matière d’incitation à l’intolérance religieuse ou ethnique, encore faudrait-il être soi-même droit dans ses bottes, Monsieur SIMONET.






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