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Elections musulmanes 2005
28/04/2004 - L'organe du culte musulman, terrain de manoeuvres politiciennes ?
Introduction shaïtanesque
Plusieurs lecteurs occasionnels de Suffrage Universel m'ont signalé il y a quelques jours que la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx (PS), aurait confié des missions en rapport avec l'organisation du culte musulman à son ex-mari, A.G., un Belge d'origine marocaine mis en cause il y a quelques années dans un dossier correctionnel mais, paraît-il, attaché en tant que technicien au cabinet de ladite ministre. Il jouerait notamment l'intermédiaire entre la ministre et l'Union des Mosquées, dirigée par Benjelloun KISSI, favorable à un renouvellement complet de l'Assemblée générale des Musulmans de Belgique, et non à un seul tiers de celle-ci.
Dans
l'organigramme du cabinet, la responsable des cultes est la directrice-adjointe Pascale VANDERNACHT. Il s'agirait donc d'après mes interlocuteurs d'une ingérence flagrante de la ministre, via une personne non habilitée qui plus est, dans les affaires du culte musulman.Un des résultats de cette ingérence serait notamment le courrier qui a été envoyé par plusieurs unions provinciales de mosquées à la ministre dans le but d'exiger l'élection de l'ensemble de l'Assemblée générale des musulmans de Belgique (AGMB, élue fin 1998), alors qu'un accord interne existait pour que ces élections soient limitées au tiers de l'AG, les membres soumis à renouvellement étant désignés en fonction du nombre d'absences aux réunions, plus ceux qui ont un autre mandat (un conseiller communal d'origine turque, e.a.).
Dans plusieurs unions de mosquées, les lettres envoyées à la ministre l'auraient été sans aucune décision des organes ad hoc, il s'agissait donc d'initiatives personnelles et il y a eu des démissions et des exclusions à Liège et à Anvers notamment, d'autres prenant leurs distances (Hainaut), voire rompant totalement (Limbourg), vis-à-vis de l'Union (nationale) des Mosquées accusé de manipulation.
Cette manipulation, d'après mes interlocuteurs, serait le fait d'une coalition d'intérêts entre l'Union des Mosquées et la ministre, qui a encore prétendu en commission de la Justice du Sénat jeudi dernier:
"L’Exécutif préférerait le renouvellement d’un tiers de la constituante. Cependant, aucun critère objectif relevant d’un règlement d’ordre intérieur ne permet de déterminer quel sera le tiers démissionnaire. De plus, les autres organisations que j’ai rencontrées, à leur demande, sont toutes favorables au renouvellement intégral de la constituante."
A la question de la sénatrice CDH (opposition) Clotilde NYSSENS
"J’entends, madame la vice-première ministre, que vous souhaitez un renouvellement intégral de la constituante, mais juridiquement, est-ce l’Exécutif qui décidera s’il procédera à des élections partielles ou générales ?",
Mme la ministre ONKELINX a répondu
"Il existe une insécurité juridique quant à l’interprétation que l’on peut avoir du processus d’élection. Par ailleurs, au début de cette législature, lorsque l’Exécutif a été renouvelé pour un an, il avait été entendu avec son président qu’il fallait aller vers un renouvellement intégral."
De toute façon, il y a accord pour que l'actuel Exécutif des Musulmans de Belgique respecte la date de sa dissolution officielle avant renouvellement, soit le 31 mai 2004. Petit problème, l'AGMB n'aura pas encore été renouvellée et ne pourra donc pas nommer un nouvel EMB, il risque donc d'y avoir une période "sans".
Ce qui poserait un gros problème juridico-financier puisque l'actuel EMB, suite au non versement des sommes légalement dues (une loi a été votée pour ce budget en novembre), aurait été obligé de contracter un prêt (une fatwa autorisant ce recours à de l'argent rémunéré contre intérêts aurait dû être émise par le théologien de l'EMB, le cheikh IBN SEDDIQ) dont le montant aurait déjà été dépensé pour des dépenses indispensables (aménagement des locaux de l'EMB). Les créanciers, dont Belgacom, commenceraient à sérieusement s'inquiéter de savoir qui va payer les factures et le remboursement du prêt après le 31/5 et les huissiers pourraient commencer à débarquer prochainement.
Problèmes annexes:
Pierre-Yves Lambert
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http://www.wafin.be/articles/vigilancemusulmane.phtml
Manifeste.
13 décembre 1998… Fait historique sans précédent, les musulman(e)s de Belgique s'étaient mobilisé(e)s en masse pour élire le premier Organe Chef de Culte (OCC) musulman en Belgique. L'objectif était d'élire une Assemblée générale (AG) de laquelle un Exécutif (OCC) composé de 17 personnes serait formé.
Ainsi, depuis la reconnaissance du culte musulman en 1974, il aura fallu attendre 25 ans pour qu'enfin, voit le jour un interlocuteur officiel " représentant " la Communauté musulmane auprès des pouvoirs publics dans la gestion du temporel du culte musulman. Cet Organe avait pour mission de résoudre un ensemble de questions concrètes en suspens ou gérées jusqu'alors de manière aléatoire.
Malheureusement, les citoyen(ne)s musulman(e)s durent très vite déchanter face à l'approche sécuritaire privilégiée par les pouvoirs publics dans le dossier relatif à l'institutionnalisation de l'islam en Belgique. En effet, une première liste de candidats - appelés à siéger à l'Exécutif - proposée par l'AG fut refusée pour des raisons de sûreté d'Etat sans que la décision soit motivée et sans qu'il y ait de possibilités de faire appel à cette décision. Des personnes connues des autorités pour leur investissement sans relâche dans les structures préparatoires de l'OCC devenaient du jour au lendemain " indésirables ". La " chasse aux fondamentalistes ", sur base de critères obscures, était ouverte et la mise sous tutelle ministérielle (1) de l'islam belge n'allait certainement pas arranger les choses.
Le " screening "(2) opéré par les autorités publiques à l'égard du culte musulman était non seulement discriminatoire - seul le culte musulman avait fait l'objet d'une telle procédure - mais surtout illégal parce qu'aucune loi ne le prévoyait. Par ailleurs, en raison de sa " neutralité " dans ses rapports avec le religieux(3), il est difficile d'imaginer un Etat s'immiscer dans la composition d'un Organe Chef de culte ou à tout le moins l'influencer par le biais d'une sélection des plus discrétionnaires.
Fait surprenant et pour le moins déconcertant sous la nouvelle législature… Alors qu'une crise de légitimité minait depuis plusieurs mois l'OCC en place et que la désignation d'un nouvel Exécutif s'imposait pour sortir l'institution du bourbier, le gouvernement acceptait, après une enquête de sûreté, cette même liste de candidats - à x candidats près - refusée quelques années auparavant. Pourtant, face à cet aveu politique manifeste quant à la fiabilité relative des services de renseignement, les rumeurs - quant à une infiltration de l'OCC par des fondamentalistes - vont bon train et ne cessent d'alimenter tant les débats médiatiques que parlementaires.
Récemment encore, des parlementaires se sont laissés aller à des allégations non fondées, diffamatoires et insultantes à l'encontre du Président actuel de l'OCC sans qu'aucun mandataire politique ne réagisse ou ne condamne de telles dérives. En aurait-il été de même si un autre Chef de culte avait été si bassement traité? Ce manque de respect manifeste n'est-il pas tout simplement à l'image de la manière dont les pouvoirs publics gèrent le dossier de l'islam en Belgique ? Ne sommes-nous pas loin des promesses de certains mandataires politiques qui jurent de ne faire aucune distinction entre les cultes et philosophies reconnus ?
Le financement inégalitaire des cultes, le manque de volonté politique dans certains dossiers tels que celui de la reconnaissance et du financement des communautés locales musulmanes (Mosquées), la multiplication des interlocuteurs sur les questions qui relèvent des missions de l'Exécutif, seul interlocuteur officiel pour les dossiers concernant le temporel du culte en Belgique, etc… Autant de réalités qui vicient le principe fondamental de l'égalité de traitement entre les cultes.
Nous, Citoyen-ne-s Musulman-e-s de Belgique, exigeons une stricte application des règles qui prévalent dans un Etat de droit en matière de cultes et demandons aux pouvoirs publics compétents d'assumer toutes leurs responsabilités, à savoir :
Que les pouvoirs publics et responsables politiques s'abstiennent de toute ingérence dans l'organisation interne du culte musulman, conformément au principe constitutionnel de " NEUTRALITE " de l'Etat dans ses rapports avec les cultes ;
Que le culte musulman soit traité par les pouvoirs publics sur un même pied d'égalité que les autres cultes et philosophies reconnus ;
Que l'Organe Chef de Culte (OCC) musulman soit, conformément à l'arrêté royal d'application, l'interlocuteur officiel des autorités publiques dans les négociations portant sur les prérogatives de l'institution ;
Que les décisions de l'OCC, notamment celle concernant le renouvellement de l'Assemblée Générale des musulmans de Belgique et ses modalités, soient respectées ;
Qu'il soit mis un terme à l'approche sécuritaire dans la gestion du culte musulman par les pouvoirs publics. Un " screening ", par hypothèse, n'aurait de légitimité que s'il s'applique sans distinction à tous les cultes reconnus et que si des moyens de recours sont prévus ;
Qu'une politique responsable permette enfin l'aboutissement des divers dossiers relatifs au temporel du culte musulman, notamment :
Que le budget, alloué annuellement à l'Exécutif des Musulmans de Belgique pour ses frais de fonctionnement, soit versé dans les délais prévus par la loi et qu'il soit à la mesure des services qu'il doit rendre aux citoyen-ne-s musulman-e-s.
Voilà 30 ans que le culte musulman a été reconnu sur papier, et dans les faits… ?
Notes :
Appel à une réunion le 30 Avril pour signer le Manifeste
Souvenez vous... une plateforme citoyenne - baptisée 11 mars - avait été mise en place afin de dénoncer les attentats de Madrid. Des citoyen-ne-s musulman-e-s s'étaient mobilisé-e-s pour condamner des actes inqualifiables et témoigner leur solidarité avec le peuple espagnole injustement touché dans sa chaire.
Aujourd'hui, les coordinateur-trice-s de ladite plateforme souhaiteraient faire du dossier "égalité de traitement entre les cultes" leur cheval de bataille. Et pour cause... Nous sommes en 2004 c'est-à-dire 30 ans exactement depuis la reconnaissance officielle du culte musulman en Belgique... Reconnaissance sur papier mais dans les faits?
Par ailleurs, la situation de l'Exécutif est des plus préoccupantes. Nous arrivons bientôt à la fin de son mandat (31 mai 2004) et aucune commission technique financée par les autorités n'a, à ce jour, été mise en place pour coordonner et organiser les élections qui permettront, après 5 ans de fonctionnement, le renouvellement partiel de l'Assemblée générale des musulmans de Belgique et l'élection d'un nouvel Exécutif.
Aussi, estimions-nous nécessaire d'en informer la communauté et de l'inviter à soutenir le projet porté par la plateforme. Il nous appartient de pousser le politique à prendre enfin ses responsabilités.
Les coordinateur-trice-s ont rédigé un manifeste qui se décline en un état des lieux de l'Organe Chef de culte musulman et en une série de revendications à faire valoir auprès des politiques avant les élections régionales.
Une première réunion restreinte d'information a eu lieu le samedi 17 avril dernier. Il s'agissait de sensibiliser quelques personnes aux nombreuses difficultés que rencontre l'Organe Chef de Culte musulman dans ses rapports avec les pouvoirs publics (voir PV en attachement)
Sur base des remarques pertinentes des participant-e-s, le manifeste est en voie d'amélioration et ne vous sera communiqué, remanié dans sa totalité, qu'en fin de semaine. Néanmoins, nous adjoignons à la présente le texte "martyr" du manifeste et la partie "revendications" dans sa forme (en principe) définitive.
De manière concrète, ce texte est une prise de position des citoyen-ne-s musulman-e-s de Belgique à l'adresse essentiellement des autorités et accessoirement des médias. Il sera traduit en plusieurs langues afin d'avoir le soutien de toutes les sensibilités.
Une deuxième réunion est prévue ce vendredi 30 Avril 2004 à l'asbl al-Fath à 19h30 à laquelle vous êtes cordialement invité-e-s. Cette fois-ci, l'objectif est de toucher un maximum d'associations (toutes nationalités confondues) et de mosquées afin de leur proposer d'être signataires du manifeste. Aussi, assurez-en une diffusion large!!
D'avance JazzakAllahou khayran pour votre présence et votre soutien à venir.
Salamou aleykoum
Rédacteur: Vigilance Musulmane.
Pour Tout renseignement :
0486/93.92.72 et 0477/84.47.44
Adresse du jour: 22, rue Van Ysendijck 1030 Schaerbeek
(Croisement Av. Voltaire x Chaussée d'Haecht)
(Bus 59 tram 52-55-56-92-93 Cage-aux-ours)