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Elections musulmanes 2005
Conférence de presse
Bruxelles, le 5 mai 2004
Evelyne HUYTEBROECK, Secrétaire fédérale
Fouad LAHSSAINI, Député bruxellois
Bernard WESPHAEL, Député wallon
Harmoniser le traitement réservé aux cultes
et renforcer leur contrôle démocratique
EN QUELQUES MOTS
Depuis la régionalisation – partielle – de la gestion des cultes, il revient aux Régions les responsabilités de gestion des fabriques d’église et des établissements chargés de la gestion du temporel des cultes reconnus, ainsi que les règles en matière de funérailles et de sépultures.
Or, au contraire de la Flandre, ni la Région wallonne, ni la Région bruxelloise n’ont pris les dispositions nécessaires pour moderniser ce secteur et mettre toutes les confessions religieuses et philosophiques à égalité.
La régionalisation devrait permettre d’harmoniser la législation actuelle, fruit de textes divers et chronologiquement épars, de la moderniser et d’en simplifier la compréhension, ainsi que de renforcer le contrôle démocratique.
C’est dans cette optique qu’ECOLO dépose une proposition d’ordonnance bruxelloise et une proposition de décret wallon, comportant deux volets :
A travers ces propositions, ECOLO souhaite notamment apporter des réponses concrètes pour qu’Islam et modernité démocratique se conjuguent.
Les enjeux : mettre tous les cultes à égalité et lutter contre les intégrismes
A ce jour, la Belgique a reconnu sept confessions religieuses et philosophique : les cultes catholique (1802), protestant (1802), israélite (1808), anglican (1870), islamique (1974), orthodoxe (1985) et la laïcité organisée (1993). Depuis la loi sur le " temporel des cultes " (1870), l’Etat a pour mission de faciliter la libre pratique de ces cultes en :
Force est de constater que des problèmes importants se posent :
1. Les confessions religieuses et philosophiques ne sont pas traitées de manière égale par les autorités publiques, en particulier le culte musulman :
Bref, l’Islam est reconnu comme culte depuis 25 ans ; mais rien n’est réglé.
2. Trop peu de transparence et de contrôle démocratique, pas de lutte contre les intégrismes
En l’absence de règles et de traitements harmonisés entre tous les cultes, deux types de problèmes surgissent :
3. Le PS et le MR bloquent ce dossier alors que la Flandre est en train de le résoudre
ECOLO regrette qu’au fédéral, les deux derniers ministres de la Justice - la socialiste Laurette Onkelinx et le libéral Marc Verwilghen - n’aient jamais pris le dossier à bras le corps pour résoudre les difficultés comme la formation et la prise en charge des traitement des imans, …
Au niveau régional, le gouvernement flamand vient de moderniser complètement l’organisation des fabriques d’églises et d’instaurer des " fabriques de mosquées ", en mettant sur pied un financement transparent et le contrôle d’une tutelle provinciale.
Le processus de reconnaissance et d’installation de fabriques de mosquées prendra certainement des années, mais il est lancé en Flandre. Que font donc les deux autres régions ? ECOLO regrette le mutisme des responsables MR en charge du dossier au niveau régional (Charles Michel et l’ancien Ministre-Président Daniel Ducarme)
Les Propositions d’ECOLO
1. Nos propositions
Pour ECOLO, mettre sur un pied d’égalité les sept confessions religieuses et philosophique reconnues, c’est leur reconnaître les mêmes droits mais également les mêmes devoirs - le respect de l’Etat de droit. Pour répondre à ce défi et aux préoccupations des différentes communautés religieuses et philosophiques, nous déposons des propositions de décret wallon et d’ordonnance bruxelloise qui comportent les dispositions nécessaires pour permettre:
2. Les chantiers suivants
TECHNIQUEMENT
A/ Proposition relative à l’organisation et au fonctionnement des cultes reconnus
Notre proposition se base sur le projet flamand, tenant compte du fait que ce texte a été discuté avec les représentants des différents cultes. A la différence du décret flamand, elle n’est pas scindé en autant de chapitre qu’il y a de cultes reconnus : nous avons préféré, comme le suggérait le Conseil d’Etat à propos du projet flamand, rédiger un texte commun applicable aux différents cultes. Ainsi la composition et l’organisation des communautés cultuelles ainsi que la tutelle exercée sur ces dernières seront identiques pour tous les cultes reconnus. Ceci met mieux en évidence la volonté de réglementer de façon identique le temporel de tous les cultes reconnus.
1. Financement des communautés cultuelles
Nous avons préféré conserver la distinction entre les communautés organisées sur base territoriale communale et celles qui relèvent de la Région. En effet, l’objectif est d’assurer la transparence de la gestion financière. Dans cet optique nous n’avons pas souhaité bouleverser la répartition des charges financières entre les communes et la Région, cette répartition institutionnelle n’ayant pas d’incidence en matière de transparence. Le texte ne détermine cependant pas nommément lesquels de ces cultes seront financés par les communes ou la Région, mais habilite le gouvernement à le faire. Pour rappel, actuellement seuls les cultes musulman et orthodoxe sont organisés sur base territoriale régionale, les autres étant financés par les communes.
2. Reconnaissance des communautés cultuelles
Le texte prévoit que les communauté cultuelles sont des institutions de droit public ayant la personnalité juridique, et qu’elles sont administrées par un conseil d’administration. Le gouvernement les reconnaît sur proposition des autorités représentatives des cultes et suivant des critères qu’il devra fixer. Elles ont pour missions de veiller aux conditions matérielles permettant l’exercice du culte et le maintien de sa dignité. Dans un esprit d’uniformisation, leur fonctionnement, leur composition et le mode d’élection de leurs membres sont identiques pour tous les cultes. S’agissant de l’élection des membres des conseils d’administration des communautés cultuelles, elles auront lieu tous les 3 ans au mois d’avril en vue du renouvellement partiel de ces organes.
3. Administration centrale
Il est proposé de créer une administration centrale régionale pour chaque culte dont la tâche sera de coordonner les communautés cultuelles et d’assurer la concertation entre ces dernières et les communes ou la Région. Actuellement, le bourgmestre fait partie de plein droit des fabriques d’église. Le texte ne prévoit plus la participation d’un représentant civil dans les organes de gestion : l’administration centrale assurera la communication entre les communautés cultuelles et les autorités civiles. Les frais de fonctionnement de ces nouvelles institution seront pris en charge par la Région et les communautés cultuelles qui en dépendent.
4. Gestion financière
Notre proposition tend à instaurer des instruments de gestion performants qui soient transparents et comparables. Une réglementation et des délais uniformes ainsi que l’intervention de l’administration centrale, faciliteront la gestion budgétaire des communes et de la Région. Il est par ailleurs proposé que les communautés cultuelles établissent, en collaboration avec la commune ou la Région, un plan pluriannuel lié à la législature dans le cadre duquel devront s’inscrire les budgets annuels. Quant à la gestion des biens et du patrimoine, le texte simplifie, modernise et uniformise les procédures et la réglementation.
5. Tutelle
Enfin, les règles de tutelle et d’acceptation des libéralités ont été modernisées par rapport aux dispositions actuelles, mais la Région continuera d’exercer une tutelle générale de suspension et d’annulation, ainsi qu’une tutelle coercitive.
6. Entrée en vigueur
Il est proposé que le texte entre en vigueur le 1er janvier 2005. Les premières élections des membres des conseils d’administration des communautés cultuelles devront avoir lieu au mois d’avril de cette année. A titre transitoire, il est proposé que les communautés cultuelles organisées sur base territoriale régionale établissent un plan pluriannuel pour le début de l’année 2006 valable jusqu’aux prochaines élections régionales. Les autres communautés cultuelles établiront leurs plan pluriannuel au lendemain des prochaines élections communales.
B/ Propositions modifiant la loi sur les funérailles et sépultures
Conclusion
A travers ces propositions, ECOLO entend apporter des réponses concrètes et effectives à un débat de société essentiel. Le pluralisme confessionnel et philosophique et l’Etat de droit sont complémentaires dans une démocratie comme la Belgique, qui doit soutenir l’exercice des libertés individuelles - dont la liberté religieuse – et combattre toutes les formes d’intégrismes.
Le gouvernement fédéral actuel et les prochains gouvernements des entités fédérées ont cinq ans pour résoudre ces problèmes. Notre tradition en matière d’organisation des cultes pourrait ainsi faire de la Belgique un pays où l’expression d’un islam moderne, européen et démocratique est possible.