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La participation politique des allochtones en Belgique
Les Musulmans de Belgique (aspects religieux)

de: "PJM- Abdullah BASTIN" mjeunesmusulmans@hotmail.com

date: Dim, 19 Décembre 2004, 22:55

APPEL AU BOYCOTT DES ÉLECTIONS DE MARS 2005

LETTRE OUVERTE AUX MUSULMANS DE BELGIQUE

Le PJM s’oppose catégoriquement à la convocation électorale organisée par la ministre Onkelinx au mépris de toute considération démocratique constitutionnelle, des Conventions des droits de l’homme et de la Constitution du peuple belge, en vue du renouvellement des organes du culte musulman.

L’EMB, et l’ensemble des associations qui s’étaient regroupées pour introduire un recours auprès de la Cour d’Arbitrage pour demander l’annulation de la commission chargée du renouvellement complet des organes du culte musulman, s’apprêtent finalement, en ayant évité soigneusement de concerter le PJM sur cette consternante décision, à soutenir la dite commission pour organiser le 20 mars 2005 prochain une consultation qui ne concerne nullement le renouvellement de l’Exécutif, mais la subordination totale de l’institution aux ordonnances du gouvernement. Qui peut croire que l’EMB a déposé un recours contre les ingérences illégales du pouvoir politique dans les affaires intérieures du culte islamique, pour finalement appeler à participer directement à sa propre élimination ? De quelle façon, dans quel jeu, le peuple musulman de Belgique est-il appelé à jouer ?

Toutes ces associations du type Démocratie plus, Citoyenneté plus qui faisaient entendre des slogans tels que "Citoyen à part entière ou entièrement à part", prêchent en chœur, aujourd’hui, pour être "à part", en avalisant l’ingérence. Et elles voudraient, au mépris de sa dignité, que le peuple des musulmans de Belgique les suive aveuglément. Le PJM était aux côtés de l’EMB dans son apparent sursaut d’indépendance et de fierté, mais cela n’a pas fait long feu !

Le consulat du Maroc, quant à lui (mais aussi celui de Turquie qui entre ainsi en compétition avec lui), qui ne voit bien entendu dans ces élections que les intérêts de la communauté marocaine et du Maroc, a réuni dernièrement les mosquées et associations "marocaines" pour les convaincre de participer massivement aux prochaines élections. On sait, en effet, que les quotas de représentation des différentes communautés dépendront du nombre effectif d’électeurs dans chaque "catégorie électorale", au mépris de toute considération, tant constitutionnelle qu’islamique.

Ces élections ne se dérouleront évidemment pas dans l’intérêt des Belges d’origine marocaine ou turque, ou autre, qui perdent ainsi, une nouvelle fois, toute possibilité de profiter de leur citoyenneté, de décider par eux-mêmes et pour eux-mêmes, en toute liberté, de la façon de s’organiser entre eux, dans le respect de leur religion et de la Constitution.

Ceux qui soutiendraient dans notre pays ces déterminations électorales singulières, basées sur des nationalismes ou des appropriations ethniques qui lui sont totalement étrangères, n’agissent que dans leur propre et exclusif intérêt (mal compris), au détriment de la communauté musulmane de Belgique tout entière.

On connaissait les faiblesses structurelles et humaines de l’EMB. Que dire des Bouhlal (qui est pourtant juriste de formation), président du MRAX, et autres Boudchich, qui acceptent pareille parodie, qui maintiennent en état de colonisé toute une communauté dénationalisée au mépris du droit élémentaire et fondamental défendu par la Constitution et les droits de l’homme (qu’ils prétendent défendre) à être des citoyens égaux ? Redouan Bouhlal, qui reconnaît l’existence d’une ingérence, déclare sans sourciller qu’il ne voit pas où est le "problème", car celle-ci serait "non disproportionnée" et donc acceptable ! Une ingérence insignifiante, donc, selon lui, qui modifie dictatorialement, et en profondeur, le destin de l’islam et des musulmans de ce pays, on l’aura compris, proportionnellement à l’insignifiance présumée de l’islam et des musulmans ! Peut-on mépriser davantage, et tout à la fois, la démocratie, la citoyenneté, les musulmans, l’islam ?

Et Vigilance musulmane qui ne fut qu’un cri d’alarme poussé par un dormeur, aussi vite rendormi, en proie à des cauchemars aussitôt oubliés ?

La plupart des mosquées ont tenu le coup jusqu’ici (elles se sont même agrandies et considérablement enrichies avec les seuls deniers des fidèles), sans aucun financement public. Mais "l'annonce d'un budget destiné aux salaires des imams (valant) mieux qu'un long discours", comme le dit, non sans cynisme, Rachel Crivellaro dans La Libre Belgique, les a vite fait choisir leur camp ! Or, cette manne financière qu’on leur fait miroiter (bien à propos) comme le résultat d’une reconnaissance officielle (qui ne sera, en fait, qu’une non-reconnaissance officielle de leur autonomie) "doit aussi être", avoue placidement Marino Keulen (VLD), toujours dans LLB, "un moyen de contrôler des structures jusqu'ici un peu opaques, et d'endiguer l'extrémisme et le fondamentalisme". Quand on sait que l’Exécutif actuel, et le précédent, la mosquée du Cinquantenaire et toute expression simplement respectueuse de l’islam (foulards "islamistes"…) ont été taxés d’intégristes par les Renseignements Généraux, on doit bien comprendre que personne, qu’aucune association, aucun lieu de culte, aucun fidèle n’est à l’abri !

Le PJM adjure ces imams, ces présidents d’associations, de fédérations, de Conseils qui s’affichent "islamiques" ou non, de ne pas tomber dans le panneau. Qu’ils sachent présentement qu’ils seront jugés comme responsables vis-à-vis des générations futures, qui leur demanderont des comptes. L’instance qu’ils s’apprêtent à élire demain n’a d’autre raison d’être que de réguler l’islam en Belgique, de le mettre sous la coupe du gouvernement. Ils ne seront jamais plus des imams à part entière mais des auxiliaires obligés, non de la communauté musulmane, mais des organes politiques qui contrôleront leurs prêches, leurs idées, leurs croyances, comme en Turquie et au Maroc, précisément. De Belges, ils redeviendront exclusivement, dans la pratique de leur culte et de leur citoyenneté, des Marocains, des Turcs, ah oui ! Et tout reviendra dans l’ordre !

Le PJM dénonce, comme le veulent l’islam, au reste, et les principes démocratiques citoyens, l’injustice, l’inégalité des traitements, les discriminations. C’est pourquoi il en appelle solennellement au peuple musulman, qui est et reste épris de justice.

Au nom de quels arguments, hors celui de l’argent convoité, ces "représentants" improvisés de l’islam peuvent-ils justifier de leur participation à l’étranglement de leurs frères, à celui de leur religion, de leur citoyenneté ? Au nom de quels principes peuvent-ils accepter de vendre à bas prix leur dignité de citoyen et de musulman, de citoyen belge musulman, de musulman tout court, de citoyen tout court ?

Le PJM réclame un Exécutif authentique. Il est, qu’on le sache, le plus fervent défenseur de cette institution. La communauté musulmane, discriminée, en a un urgent besoin. Les réalités d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier. Elles ont fortement évolué et concernent l’ensemble de ses membres, depuis leur naissance dans ce pays qui est le leur, jusqu’à leur mort. Non pas seulement les jeunes générations (enseignement, éducation, emploi, mariages, respect de leurs personnalités contestées), mais les anciennes, qui doivent trouver en Belgique une sépulture digne d’elles, des hospices, des hôpitaux, des prisons, des asiles compatibles avec leur dignité de musulman. Quelles réponses leur donner ? Celles du Maroc ? Celles de la Turquie ? Celles de monsieur Kissi ? Celles de madame Onkelinx ? Celles de monsieur Moureaux ? Savent-ils seulement, ces deux derniers, pour autant que cela les intéresse, comment doit mourir un musulman, comment il doit être soigné, comment il faut le traiter ?

Qu’ont-ils encore à "réfléchir", ces dirigeants et présidents d’associations musulmanes ? Leur réflexion ne porte-t-elle donc que sur le prix d’achat de leurs personnes ?

Le PJM dénoncera sans relâche tout imam, toute association (prétendument antiraciste et anti-discriminationniste), tout responsable d’un quelconque comité de défense antiraciste ou autre qui renoncerait aux exigences légales islamiques et citoyennes des musulmans de ce pays. Leur suffirait-il d’obtenir (enfin !) un traitement pour les imams, pour considérer que les musulmans de ce pays sont traités de plain pied avec les autres confessions religieuses et représentation laïque ? Est-ce donc l’argent leur seule mesure, leur référence, leur justification ?

Le boycott demandé par le PJM n’est pas celui de l’institution, ni celui des rétributions légitimes des imams, ni même du processus électoral. Il n’est nullement préconisé pour semer le chaos, mais pour exiger qu’on accorde une base citoyenne légale et islamiquement correcte au débat entre les musulmans. Il est l’attitude la plus responsable, la plus honnête, la plus respectueuse pour toutes les parties en cause.

Que les élus issus de l’immigration se taisent sur cette question est inacceptable. Pourquoi ce mutisme ? Or, quand ils parlent, c’est pour attaquer la communauté, l’humilier comme Mimount Bousakla qui demandait la suppression de l’Exécutif pour non-expression de culpabilité majeure dans l’assassinat du Hollandais Van Gogh, ou comme Souad Razzouk qui n’a pas hésité à participer au complot contre les musulmans en se joignant à un groupe de conseillers à la Région de Bruxelles-Capitale pour établir une "proposition de résolution relative à la résurgence de l’antisémitisme en Belgique" qui stigmatise exclusivement, au mépris de la Convention des droits de l’homme, sa propre communauté, sans même évoquer l’islamophobie, ou plus exactement l’antisémitisme arabe, qui s’exerce impunément contre elle.

Le PJM rappelle que le vice-président de la commission chargée des élections de mars 2004, Raymond Decoux, était le premier vice-président du Comité Permanent de Contrôle des Services de Renseignements lors de sa création en 1993 ; que "l’expert en législation électorale", Jacques Piéron, est, quant à lui, un membre de la "cellule stratégique" du cabinet du ministre de l'Intérieur Dewael. Cette consultation achètera à vil prix (10 euros par tête de pipe) le contrôle des musulmans et servira, à n’en pas douter, de donnée majeure dans le dossier sécuritaire, que l’on sait très sensible, sur la communauté. Pour quel culte, dans quelle Constitution est-il exigé que les citoyens déclarent leur appartenance religieuse, sinon dans les constitutions turque…et indonésienne ?

Seul défenseur de cette institution qu’on appelle Exécutif (et qui ne doit nullement être élu par les musulmans comme on le prétend en prétextant une absence de hiérarchie), le PJM en boycotte les conterefaçons. Il refuse que la communauté musulmane soit prostituée pour x euros, qu’elle soit soumise, pour x euros payés à des imams collaborateurs, aux politiques laïcistes et athées, le plus souvent, qui veulent mettre à la tête de l’Exécutif des personnes vénales qui n’ont aucun souci de l’islam, ni des musulmans, ni de la citoyenneté, ni même de la nationalité. (Aucun des candidats à ces élections, rappelons-le, ne doit obligatoirement être belge, ni diplômé !).

Le PJM rejette comme hypocrites et défaitistes (elles cachent des mobiles autrement intéressés) les assertions du type : " On est contre, mais on participe pour ne pas rester en marge ". De quelle marge peut-il être question quand il s’agit de la dignité, du droit, du respect de la religion ? Pour combattre le mal et le mensonge, devrait-on renoncer au bien et au vrai ?

Cher peuple musulman, ne te laisse pas manipuler par ceux qui n’ont aucun souci de ton bien-être. Les solutions existent, qui sont à trouver entre nous, en toute franchise et liberté, en toute transparence et autonomie, en toute conscience citoyenne et islamique.

Évitons ensemble, nous le pouvons, le piège qui nous est tendu !

20.12.04
JEAN-FRANÇOIS BASTIN ABDULLAH ABU ABDULAZIZ
RACHID ZEGZAOUI
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