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Elections musulmanes 2005
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07/03/2005 - Réunion des responsables de mosquées à l'Exécutif des Musulmans
Quatorze heures trente, les deux shayatine et le vice-président du PJM pataugent dans la boue des travaux place Rouppe pour rejoindre le siège de l'Exécutif des Musulmans où se déroule une réunion d'information à destination des responsables de mosquées, en réponse aux allégations diffamatoires répandues par deux candidats aux élections musulmanes onkelinxiennes, le président de la "Fédération des Unions de Mosquées", le boucher Benjelloun Kissi, et le président-trésorier omnipotent de l'association "Radio Sallam", l'ingénieur Mohamed Larbi Marrakchi**.
La réunion durera jusqu'après 19h, elle avait commencé cinq heures plus tôt mais pas mal de vérités toujours bonnes à dire auront été assénées pendant ce laps de temps, on n'a pas l'impression d'avoir perdu son temps, loin de là.
Par exemple, un certain nombre de personnes qui étaient candidats aux élections musulmanes de 1998 pensaient qu'elles allaient devenir en quelque sorte des députés dotés de rémunérations conséquentes, ou au moins de jetons de présence, mais qu'en réalité seuls des remboursements de frais de déplacement pour les réunions ont été effectués, parfois un an ou deux en retard.
Les membres actuels de l'AG ne sont pas, comme le prétendent les kissistes, majoritairement des cooptés mais bien des élus de 1998: 50 de ces derniers sur 51 siègeraient encore, le 51ème étant le député fédéral Cemal Cavdarli, démissionnaire d'office pour cause d'incompatibilité de mandats.
Ce point peut paraître sans intérêt, mais il est essentiel car il constitue un des principaux arguments martelés par les kissistes pour convaincre la ministre des Cultes et de la Justice de procéder à des élections générales reposait justement sur le caractère illégitime de l'AG dans sa composition actuelle, soi-disant contrôlée par des cooptés au détriment des élus issus des urnes de 1998.
Par contre, il ne faudrait tout de même pas faire preuve de naïveté, la ministre a toujours été très bien informée de la situation exacte au sein de cette institution religieuse, rappelons en effet qu'elle a la tutelle sur la Sûreté de l'Etat, qui correspond en Belgique à la fois à la DST et aux RG...
L'aspect comptable a déjà été développé par Mohammed Boulif dans l'interview accordée hier à Mehmet Koksal (http://fr.groups.yahoo.com/group/suffrage-universel/message/2587 ), je n'y reviendrai pas.
Autre information dérangeante, des allégations de faux et d'usage de faux en écritures commises par les kissistes dans le cadre d'une procédure judiciaire encore en cours: les signatures de plusieurs membres de l'AG auraient été imitées pour faire croire à un soutien plus large qu'en réalité à la cause kissiste. Pas de chance, l'avocate des kissistes avait déposé les documents litigieux au greffe pour une demande en intervention, ils sont donc entre les mains de la justice.
D'autres pratiques douteuses liées à cette procédure ont été dénoncées, par exemple l'engagement d'associations de mosquées dans des procédures judiciaires, engagement décidé par une seule personne, qui avait négligé d'en informer son propre conseil d'administration comme les statuts l'y obligeaient. Bref, les avocats des parties en présence ne risquent pas de mourir de faim ces prochains mois.
Dans les couloirs, une autre info circule, documents à l'appui. Elle jette un éclairage peu ragoûtant sur le processus électoral onkelinxien, et jette un sérieux doute sur le sérieux et l'honnêteté de ce que certains qualifient désormais de "commission Bousetta". En province de Liège, un candidat a joint à son acte de présentation des copies de 50 cartes d'identité de musulmans. Pas de chance, plusieurs de ceux-ci, des enseignants de religion notamment, nient avoir donné un quelconque soutien à ce personnage.
Bien plus, après vérification il appert que les cartes d'identité copiées étaient périmées depuis longtemps. Il pourrait s'agir de copies provenant de dossiers en possession du consulat du Maroc à Liège. Plainte a été déposée, les choses n'en resteront pas là. Mais la "commission Bousetta", avertie, n'a pas jugé utile d'invalider cette candidature alors qu'elle aurait reconnu qu'il ne s'agirait pas d'un cas isolé.
Pas d'invalidation non plus pour les candidatures d'au moins trois membres de l'AG de 1998 présents cette fois sur les listes flamandes (un Marocain en Brabant flamand et deux "autres" pour la circonscription Bruxelles-Flandre) alors qu'ils ne satisfont aucunement à l'exigence, pourtant clairement formulée dans le fameux règlement électoral, de connaissance courante de la langue de la région.
Si ces candidats sont élus, et c'est valable pour tous les autres aussi bien sûr, y aura-t-il une "vérification des pouvoirs" avant qu'ils puissent effectivement siéger, un examen linguistique par exemple ? Et qui décidera de rejeter tel ou tel incapable de prononcer correctement "schild en vriend" (tiens, on y revient !) ?
Un jeune responsable des mosquées de Flandre interroge le Président Boulif sur l'incapacité de l'Exécutif à informer correctement les musulmans de Flandre. Boulif précsie alors que ce sont les responsables des mosquées et unions de mosquées flamandes qui ont eux-mêmes exigé dès le départ que l'EMB passe exclusivement par eux pour diffuser les informations.
Par ailleurs, il y avait bien des élus de Flandre au sein de l'AG de 1998, et il y a toujours eu des "Flamands" au sein des deux exécutifs successifs. Ce serait donc à eux de répondre à ces questions.
Le Président précise également qu'il a rencontré à diverses reprises des ministres du gouvernement flamand, que ces discussions ont été à chaque fois fructueuses, des dossiers auraient pu avancer, mais à chaque fois des "représentants de l'Islam de Flandre" (il ne les cite pas, mais il s'agit de l'association "Islam Vlaanderen") ont été dénigrer l'Exécutif les jours suivants auprès desdits ministres.
En tout cas, les responsables de mosquées et les membres de l'Exécutif sont bien informés de tout ce qui se passe dans ce processus électoral, certains saluent les deux shayatine d'un large sourire dès leur entrée dans la salle, d'autres viendront leur serrer chaleureusement la main dans le courant de l'après-midi, ne connaissant pas auparavant nos visages infernaux.
Pierre-Yves Lambert
Notes
** sur les étranges (et probablement illégaux) statuts de l'asbl Radio Sallam, voir http://fr.groups.yahoo.com/group/suffrage-universel/message/2507
Lundi 7, Mars 2005 1:23
Belgique - Elections musulmanes
Le dernier coup du boucher de Laurette
L’homme de confiance de la ministre des Cultes (PS), boucher de profession et membre de l’Assemblée générale des musulmans de Belgique Kissi Ben Jelloul, a encore réussi un coup de force médiatique intracommunautaire en pleine campagne électorale musulmane. Par le biais d’une lettre ouverte à l’attention du Président de l’Exécutif envoyée à tous les responsables de mosquées, il " [s’] interroge sur le peu de transparence des comptes et des documents comptables de l'Exécutif, et de manière plus générale, sur le manque d'information quant aux mouvements financiers effectués pour le compte de l'Exécutif ".
Il pointe ainsi une série de dépenses effectuées par les dirigeants de l’Exécutif en reproduisant un document interne de la comptabilité de l’organe annoté par des remarques manuscrites. L’accusation est grave puisque des noms de personnes sont nommément cités à plusieurs reprises dans cette lettre ouverte et l’auteur d’ajouter que : " Plusieurs sommes semblent avoir été versées à des membres de l'Exécutif ou de l'Assemblée, sans justification comptable, de sorte que la régularité ou la nécessité de ces versements apparaît pour le moins controversée ".
Du côté de l’Exécutif, le ton monte pour accuser Kissi Ben Jelloul de " diffamation " et de " détournement " de document à caractère privé. Le Président de l’Exécutif et celui de l’Assemblée générale organisent une réunion le dimanche 6 mars 2005 en invitant les responsables de mosquées au siège afin de répondre aux accusations. Et la démonstration est sanglante, Mohammed Boulif (Président de l’EMB) démonte point par point l’argumentaire en détaillant chaque dépense de l’institution. Le même Exécutif publie également une " réponse ouverte " sarcastique en rappelant à Kissi Ben Jelloul que " les comptes de l'institution sont vérifiés en profondeur au moins à trois niveaux par :
A deux semaines des élections musulmanes, c’est sans doute le dernier coup du boucher préféré de Laurette Onkelinx pour discréditer l’équipe sortante.
A propos de détournement, ce n’est pas la première fois que l’organe musulman est accusé de malversations. Le 16 septembre 2004, le juge d’instruction Claise procède à 11 perquisitions dans le cadre d’une affaire financière impliquant l’ancien Président de l’EMB dont la première à 5 heures du matin au domicile du comptable et une deuxième à 9 heures au siège de l’Exécutif. Sur place, les enquêteurs copient tous les disques durs des ordinateurs et décident d’emporter une série de documents " pour examen " tout en refusant l’accès des locaux à la presse. Y a-t-il eu des fuites au parquet pour que ces documents soient transférés au cabinet de la Justice pour ensuite aboutir dans le camion frigorifique de Kissi Ben Jelloul " pour examen " halal ? Impossible de recouper l’information à ce niveau.
En tout cas, pour Mohammed Boulif le vase a débordé et le dossier a atteint un point de non retour. Dans sa réponse ouverte, l’EMB condamne fermement Kissi Ben Jelloul : " Sachez, Monsieur B. KISSI, que nous sommes indignés par vos procédés aussi bas. Que vous n'honorez ni votre fonction, ni les musulmans, ni I'Islam. Qu'essayez-vous donc de prouver ? (…) Pour le reste de nos réponses à vos questions, - étant donné que vous avez appris a écrire ou plutôt à faire écrire des lettres ouvertes -, nous vous invitons à avoir le courage de venir les entendre de vives voix, lors de la séance d'information que nous organisons à I'attention des responsables des mosquées ce dimanche 6 mars à 14h au siège de l'Exécutif (…) Oui, vous avez a vous seul perturbé toute une communauté, vous I'avez déchirée. Vous avez fait revenir en arrière un processus de plus de cinq ans. Mais au vu de la piètre mobilisation pour vos élections, peu encore sont dupes par rapport à vos méthodes et à vos intentions. Par tous les moyens, votre stratégie a été de nous occuper, d'attirer I'attention sur vous. Notre grande erreur a été de vous consacrer notre temps, vous ne le méritiez pas. C'est votre seule victoire, sachez-le ! "
Lors de la réunion de ce dimanche, le Président Boulif n’hésitera pas non plus à condamner la gestion du culte islamique par la ministre socialiste : " En 1998, on pensait travailler afin d’écarter la gestion de l’islam par les consulats. Et bien aujourd’hui, nous sommes en plein dedans ! "
[MK]
Entretien avec Mohammed Boulif
" Le toujours actuel Président du toujours actuel l’Exécutif des Musulmans de Belgique " [cf. sa réponse ouverte]
Ce que je pense franchement de Laurette Onkelinx ?
MK : Quel était l’objet de la rencontre avec les responsables de mosquées ?
Mohammed Boulif : Nous avons reçu une lettre ouverte rédigée par un membre de l’assemblée générale des musulmans de Belgique, M. Kissi Ben Jelloul, adressée au Président de l’Exécutif mais aussi envoyée un peu partout. Si cela s’arrêtait là, il n’y aurait eu aucun problème : en somme un membre de l’assemblée qui adresse une lettre ouverte au Président, ce n’est pas habituel mais je lui aurais répondu sans problème. Mais, il envoie sa lettre aux mosquées et donc je suis également tenu de lui répondre publiquement. En plus, il demande aux mosquées d’interpeller le Président de l’Exécutif quant aux comptes de l’institution. Dans sa lettre ouverte, M. Kissi Ben Jelloul fait état de documents internes confidentiels contenant des données chiffrées concernant l’institution…
MK : Qui a accès normalement à ce genre d’informations ?
Mohammed Boulif : Uniquement le comptable et le Président qui peut demander l’accès quand il le juge utile.
MK : Donc, c’est le comptable qui a remis ces documents ?
Mohammed Boulif : Je ne peux être affirmatif car je ne pense pas que c’est aujourd’hui dans l’intérêt du comptable de poser un tel acte. Mais les faits sont tellement graves qu’il faudra réagir. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que M. Kissi affirme qu’il est en possession de documents internes à l’institution et tout nous laisse supposer que c’est effectivement le cas puisque nous voyons qu’il a complété ou plutôt fait compléter ces documents avec d’autres détails…
MK : En bref, avec ces documents, il vous accuse de magouilles comptables, c’est ça ?
Mohammed Boulif : Il nous interpelle en nous demandant pourquoi tel ou tel frais sont repris sans justification et pourquoi c’est à l’institution de les supporter… laissant sous-entendre évidemment qu’il existerait des favoritismes, que certains membres de l’assemblée générale seraient rémunérés, …
MK : Pourquoi ces attaques arrivent maintenant à 14 jours à peine des élections pour le renouvellement des organes ?
Mohammed Boulif : Je ne sais pas pourquoi il fait cela maintenant alors que cette institution connaît déjà pas mal de difficultés. Pas parce que nous le voulons car nous faisons notre travail honnêtement et de manière compétente, et d’ailleurs un grand nombre de personnes et les ministères avec lesquels nous travaillons le reconnaissent volontiers, mais visiblement cela dérange certaines personnes de nous voir, nous, travailler dans la transparence.
MK : Pourquoi une réunion avec les responsables de mosquées aujourd'hui ?
Mohammed Boulif : Mais parce qu’il envoie une lettre ouverte aux mosquées alors nous avons voulu aussi lui répondre par une lettre ouverte aux mosquées. De plus, nous l’invitions, avec les responsables de mosquées, à venir interpeller l’Exécutif et ensuite écouter nos réponses. Je trouve que la procédure utilisée par ce monsieur est tout à fait anormale ! C’est d’ailleurs curieux qu’une institution publique soit amenée à rendre des comptes à des associations de mosquées, nous avons à rendre des comptes à notre assemblée générale et aux autorités qui nous subsidient, pas aux mosquées. Mais par soucis de transparence et sachant qu’il s’agit de questions sensibles dans nos communautés, nous avons tenu à inviter les responsables de mosquées pour montrer que nous n’avions vraiment rien à cacher. Tout est fait dans la plus totale transparence et en conformité avec les arrêtés royaux et ministériels ainsi que les autres règlements en vigueur pour l’institution.
MK : Allez-vous prendre des mesures à l’encontre de M. Kissi Ben Jelloul ?
Mohammed Boulif : Nous allons d’abord étudier pour savoir quelles sont les mesures appropriées à prendre à son encontre et éventuellement d’autres personnes qui auraient divulgué des informations sensibles.
MK : Vous avez eu des mots très durs contre M. Kissi Ben Jelloul et aussi contre l’organisation des élections musulmanes aujourd’hui…
Mohammed Boulif : Oui parce que finalement je vois que c’est toujours le même fil conducteur. Depuis l’installation de cet Exécutif en juillet 2003, c’est le même personnage qui a monté les unions de mosquées, qui a été rencontrer madame la ministre, qui apparaît dans une plateforme Chabert, qui fait des recours judiciaires contre notre institution, qui envoie cette lettre ouverte. Nous pensons qu’il existe bien un fil conducteur entre toutes ces démarches et qu’il faudra en tirer les conséquences. Cette personne a fait vraiment beaucoup de torts à la communauté musulmane. J’espère qu’il assume ses actes d’abord devant Dieu car c’est vraiment grave ce qui a déjà été fait. En tout cas, nous nous assumons.
MK : Déjà que l’Exécutif n’avait pas une bonne image médiatique, avec ce dernier linge lavé en public, n’avez-vous pas l’impression que cet image devient encore plus sombre pour l’Exécutif sortant ?
Mohammed Boulif : Vous savez, l’image de l’Exécutif n’est ternie qu’aux yeux des gens qui refusent d’y voir clair. A toutes les personnes, toutes les associations de mosquées et toutes les autorités où nous avons pu expliquer notre travail par rapport aux moyens et au timing dont disposait l’institution, cela s’est bien passé. Cela relève même parfois du miracle dans certains cas. Nous ne sommes pas dupes ! M. Kissi, déjà lors de la perquisition, avait laissé entendre qu’il existerait des détournements de fonds. Nous avions immédiatement invité les mosquées et les personnes étaient reparties satisfaites des explications fournies. C’est vrai que ce travail de rectification sans cesse nous épuise mais je pense que c’était nécessaire. Les gens sont responsables et s’intéressent à ce dossier. Ils savent le travail fourni par l’institution et sont convaincus que nous tenons les comptes d’une manière exemplaire.
MK : De quand date votre dernier contact avec la ministre des Cultes ?
Mohammed Boulif : Environ un mois et demi où nous avons justement essayé de faire le point par rapport aux différents dossiers. Pas de discussion sur les élections puisque tout est déjà dit, il existe une loi qui réglemente cet aspect.
MK : Etait-ce une rencontre cordiale ou froide ?
Mohammed Boulif : C’est clair que je ne pourrais pas dire que le contact était très chaleureux. Evidemment, on sentait qu’il y avait des frictions mais je pense qu’on s’est regardé droit dans les yeux, on s’est parlé, on a eu un échange très franc en mettant sur la table nos préoccupations.
MK : Alors, franchement, que pense Laurette Onkelinx de Mohammed Boulif ?
Mohammed Boulif : Bien, je pense qu’il faudrait lui poser la question mais je n’ai jamais eu de discussion d’ordre privé avec madame la ministre. Jusqu’à un certain temps, elle était très cordiale.
MK : Bon, prenons la question en sens inverse. Après tout ce qu’a vécu Mohammed Boulif, que pense-t-il franchement de Laurette Onkelinx ?
Mohammed Boulif : Ce que je pense franchement de madame la ministre ? (silence) Je dois vous avouer que je suis déçu. Je me rappelle que quand elle a été nommée ministre de la Justice, il y a avait un énorme espoir de la part de la communauté musulmane en ce compris de M. Boulif qui vous parle aujourd’hui. On était tous euphorique ! Mais concernant toute sa gestion dans ce dossier, je me pose encore des questions sur ses décisions. Je rappelle que nous avons respecté tous les accords et toutes les décisions.
MK : Que s’est-il passé à votre avis ?
Mohammed Boulif : Je pense que madame la ministre a tout simplement été mal conseillée par son entourage. Surtout par des gens qui se sont donnés une importance plus grande qu’ils n’ont effectivement dans la communauté faisant croire ainsi certaines choses. Madame la ministre a cru faire le bon choix en disant que c’est l’avis des musulmans. Il suffit de constater les chiffres : seulement environ 15.000 électeurs inscrits à Bruxelles pour les élections, c’est vraiment un désaveu sanglant de cette politique.
MK : Mais la ministre et la commission parlent d’un grand succès avec près de 70.000 inscriptions sur l’ensemble de la Belgique. S’agit-il déjà d’un échec à votre avis ?
Mohammed Boulif : C’est évident. Il est très facile de faire des comparaisons. En 1998, nous avions plus de 72.000 inscrits et aujourd’hui nous en avons 68.000 mais la population n’est plus du tout la même. En 1998, nous étions environ 350.000 musulmans, aujourd’hui, nous sommes au-delà de 500.000 musulmans avec aussi tous les enfants qui ont grandi depuis lors et qui sont donc en âge de voter. Le rapport n’est pas tout à fait le même. De plus, les consignes qui ont été données, notamment du côté turc, font qu’il ne s’agit plus d’une mobilisation de la communauté musulmane mais bien des diktats à l’inscription. Lorsqu’on a laissé librement le choix aux personnes, on a vu le résultat à Bruxelles. Je rappelle tout de même que Bruxelles compte environ la moitié de la communauté musulmane en Belgique.
MK : On a beaucoup mis en cause les pratiques ou les procédures de l’Exécutif des musulmans. Avez-vous un commentaire sur les pratiques ou les procédures de cette commission chargée du renouvellement des organes du culte musulman ?
Mohammed Boulif : D’abord, à l’Exécutif nous n’avions pas les moyens dont dispose la commission en question. Nous accueillons volontiers toutes les critiques constructives et nous avons vraiment fait ce que nous avons pu. Concernant le travail de la commission, je n’ai pas suivi en détail leur travail et je vous avoue que cela m’intéresse moins à l’heure actuelle. D’ailleurs, nous n’avons pas de contact avec cette commission alors que la loi prévoit une telle disposition. Par exemple, la loi oblige la commission à informer l’Exécutif de l’évolution du dossier mais nous n’avons jamais été informés. Oui, sauf une seule fois parce que la demande avait paru dans la presse mais c’est tout. Nous n’avons reçu qu’un seul PV de réunion et bien plus tard le fameux règlement. Nous observons son travail que par le biais de la presse et nous constatons qu’il existe effectivement quelques irrégularités. Il est probablement trop tard pour y remédier mais on constate que ce scrutin est déjà entaché avant même le vote et les résultats.
Propos recueillis par Mehmet Koksal
rétroactes :
Perquisition à l’Exécutif des Musulmans de Belgique
http://www.minorites.org/article.php?IDA=3633
Liste des candidats aux élections musulmanes onkelinxiennes du 20 mars 2005
http://www.minorites.org/article.php?IDA=7101
Belgique – Elections musulmanes et groupuscule de mauvais augure
http://www.minorites.org/article.php?IDA=6936
Les Albanais d'office "autres"
http://www.minorites.org/article.php?IDA=6846
Un règlement électoral belgo-musulman digne de la Biélorussie et de la Tunisie
http://www.minorites.org/article.php?IDA=6259
Belgique - Musulmans, Flamands, screening et règlement
http://www.minorites.org/article.php?IDA=6017
Réaction des musulmans suite aux menaces contre les politiques
http://www.minorites.org/article.php?IDA=4479