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Une liste issue de l'immigration en PACA
12/03/2004
12:39 Une liste composée à une écrasante majorité de candidats
issus de l'immigration, la seule du genre recensée à ce jour, brigue
les suffrages des électeurs aux régionales de Provence-Alpes Côte
d'Azur, mais elle n'a ni programme officiel, ni profession de foi, et
aucun visage ne figure sur ses affiches.
Le chef de file de cette liste qui se présente sous la simple
appellation "liste indépendante" est Abel Djerari, adjoint d'une mairie
de secteur de Marseille. Certains le décrivent comme un "modéré". Ses
détracteurs soupçonnent en revanche la liste d'abriter des intégristes.
"Nous sommes en rupture avec les partis politiques classiques", se
borne à déclarer M. Salem Ould Ahmed, un ancien commandant de
gendarmerie, responsable de la communication des candidats après avoir
été tête d'une "liste autonome" qui avait recueilli 0,23% des voix aux
régionales de 1998.
A quelques jours du premier tour où s'affronteront douze listes dont la
sienne, Abel Djerari est à peine plus disert. Dans l'unique communiqué
qu'il a rendu public, il souligne que "les citoyens les moins organisés
désespèrent d'être entendus et sont laissés pour compte". Il dénonce
ainsi "les discours et les pratiques politiques qui ont fait du
communautarisme un passage obligé pour être entendus par nos élus".
Alors "une liste indépendante, de qui, de quoi, pour qui, pour quoi?"
s'interroge le maire UMP des 11-12èmes secteurs, Roland Blum dont M.
Djerari est adjoint. M. Blum dépeint M. Djerari comme "un modéré qui
veut faire entendre la voix de la communauté maghrébine. Dommage,
dit-il, qu'il se lance dans une aventure sans lendemain".
Abel Djerari n'en est pourtant pas à son coup d'essai. Catalogué sans
étiquette, il avait obtenu 180 voix dans la 8è circonscription de
Marseille aux législatives de juin 2002.
Vice-président de la coordination des musulmans de Marseille, Youssef
Mammeri, pense que la démarche de cette liste est "d'aller sur le
terrain politique là où se joue le pouvoir, pour donner un signal".
Cette liste, seulement apparue lors de la divulgation des candidatures
par la préfecture, est dans les cartons depuis longtemps, souligne-t-on
du côté de ses détracteurs: "Elle avait été annoncée lors d'une réunion
dans un cinéma de la ville, en plein débat sur la grande mosquée à
Marseille, et en présence de Tariq Ramadan", intellectuel musulman
suisse controversé. "Elle porte le même nom que la liste islamiste
présentée il y a un an aux élections au conseil régional du culte
musulman", ajoute cette source qui a requis l'anonymat.
Dans l'entourage du candidat de la gauche unie Michel Vauzelle, on
souligne que M. Djerari est un élu de droite depuis 1995, et on ajoute
qu'il a des "intégristes sur sa liste, qui ont défilé pour le voile".
"L'épouse d'un imam de Marseille (Farid Hamri) est sur la liste",
assure de son côté Mohamed Laqhilah, candidat Vert de la liste
Vauzelle. "Comme il n'a pas trouvé d'écho auprès de ses amis de droite,
il opère un repli identitaire, grappillera quelques voix à la gauche,
mais ça me paraît extrêmement dangereux d'utiliser des relais
religieux", dit-il.
"Faire un bon score n'est pas le premier de nos soucis", reconnaît pour sa part M. Ould Ahmed.
De deux choses l'une, s'emporte Samia Ghali, candidate PS, "ou ils sont
sérieux et ils présentent un programme, ou ils jouent à cache-cache et
restent dans l'ombre, en se disant qu'un jour ou l'autre ça passera, un
peu comme pour le FN".