Elections
communales néerlandaises du 7 mars 2006
Un futur échevin
d'origine turque à Arnhem ?
Pierre-Yves Lambert
Suffrage
Universel, 12 mars 2006
Arnhem compte
140.000 habitants, dont 21% d'allochtones, ce qui en fait une des cinq villes
néerlandaises avec la plus forte proportion d'allochtones; les Turcs à eux
seuls représentent 5% de la population totale. Pas moins de 234 candidats
répartis sur 15 listes différentes concouraient pour décrocher un des 39 sièges
au conseil communal. La ville compte six échevins, la coalition sortante
incluait le PvdA (2 mandats), Groenlinks, le VVD, le CDA et la liste locale
Zuid Centraal. Depuis mars 2002, le collège des échevins et bourgmestre
(exécutif communal) fonctionne comme le gouvernement néerlandais, c'est-à-dire
que ses membres ne font plus partie du conseil communal: s'ils y avaient été
élus, ils sont remplacés par leurs suppléants, mais ils peuvent également être
nommés hors conseil.
D'origine
marocaine et vivant à Arnhem depuis 34 ans, Malika Achebar (née en 1954), a été réélue sur la liste écologiste (Groenlinks),
l'autre élu allochtone, Uli Mormon, avait été relégué en place non éligible sur
la liste du parti d'extrême-gauche SP et n'a pas bénéficié des gains électoraux
de celui-ci.
Talip Aydemir, un
étudiant de 24 ans, né aux Pays-Bas deux ans après l'arrivée de ses parents en
provenance de Turquie, a obtenu 1.734 voix, le troisième score de la liste
travailliste (PvdA) alors qu'il n'y figurait qu'en onzième position. Il avait
déjà été candidat en 2002 sur une liste locale, le "Parti politique
U" (PPU), qui n'avait pas obtenu de siège. Ce caissier de supermarché suit
une formation pour devenir gérant de commerce de détail.
Interviewé par le
quotidien régional De Gelderlander au lendemain de son élection, il n'a pas
écarté l'idée de devenir un jour échevin, à l'instar de son camarade de parti
Abouthaled à Amsterdam, en précisant toutefois qu'il a encore beaucoup à
apprendre et qu'"Abouthaleb lui-même n'est pas né échevin". Ce
musulman pratiquant considère que le PvdA est bien vu par les musulmans
"parce que Joop den Uyl (premier ministre travailliste en 1985) a donné le
droit de vote", mais aussi parce "le CDA ou VVD, de quelque façon
qu'on le tourne, deviennent quand même associés à quelqu'un comme Rita
Verdonck, dont les opinions ne sont pas toujours fort nuancées".
Il n'a pas
tellement fait campagne parmi la communauté marocaine, parce que "c'est
mon colistier Hakim Hmadouch qui était là pour ça, et il a lui aussi eu un bon
résultat". Par contre, il amené campagne "auprès des mosquées, dans
les associations de dames, chez les Kurdes, à toutes sortes d'endroits".
Il précise toutefois qu'il agira au conseil "pour tous les Anhemois, mais
(qu'il a) sa base dans l'Arnhem allochtone, (il est) connu dans les
associations de mosquées, (il va) y boire le café, (il va) aux fêtes du
sacrifice".
A la question
"allez-vous travailler maintenant pour la communauté turque", il
répond "pas pour les intérêts privés des personnes, mais je voudrais bien
faire fonction d'intermédiaire entre la communauté musulmane et les autorités
communales, jusqu'ici il n'y avait personne de ce type et les musulmans
apprenaient trop tard ce qui se jouait. J'ai certainement l'intention d'aller
dans les mosquées tous les mois pour faire savoir ce que je suis en train de
faire, et pour y écouter ce qui se passe". Par ailleurs, il veut créer un
bureau contre la discrimination pour permettre aux jeunes de trouver des postes
de stagiaires, ainsi qu'un conseil consultatif pour l'intégration, et enfin
augmenter le pourcentage d'allochtones qui travaillent pour la commune.
Toujours au PvdA, le gérant d'origine marocaine d'un magasin de chaussures,
Hakim Hmadouch, né en 1974 au Maroc et arrivé à Arnhem un an plus tard, siègera
dans le prochain conseil communal. Il avait reçu en 1998 un prix, en tant que
président de la commission des parents marocains d'Arnhem-Nord, pour ses
efforts en faveur d'un projet d'intégration entre Marocains et Néerlandais.
En 2002, aucun
candidat, tous partis confondus, n'avait réussi à se faire élire grâce à ses
seules voix de préférence, la situation semble inchangée quatre ans plus tard.
Il faut au minimum atteindre 25% du quotient électoral, c'est-à-dire le nombre
de votes exprimés divisé par le nombre de sièges. En 2006, il fallait obtenir
355 voix.
Au CDA
(démocrates-chrétiens), Mehmet Demirci, avec ses 337 voix, ne réussit pas à
surmonter le handicap de sa treizième place initiale alors qu'il est le
troisième en voix et que le parti obtient quatre sièges. En 2002 aussi, un
candidat turc du CDA, Yusuf Akkaya,
avait obtenu 248 voix, un bon score, mais insuffisant pour renverser l'ordre de
la liste, le seuil était de 350 voix et il figurait en neuvième place pour cinq
sièges. Un compatriote sur la liste Groenlinks, Hassan Kaynak, avait connu la
même mésaventure avec 222 voix.
|
2002 |
2006 |
élus allochtones 2002 |
élus allochtones 2006 |
PvdA |
8 |
13 |
0 |
Hakim HMADOUCH, Talip
AYDEMIR |
VVD |
6 |
5 |
0 |
0 |
CDA |
5 |
4 |
0 |
0 |
Zuid Centraal |
5 |
3 |
0 |
0 |
Groenlinks |
4 |
4 |
Malika ACHEKAR |
Malika ACHEKAR |
Pro Arnhem |
4 |
2 |
0 |
0 |
SP |
3 |
6 |
Uli MORMON |
0 |
D66 |
2 |
1 |
0 |
0 |
Stadspartij |
1 |
0 |
0 |
0 |
Christenunie |
1 |
1 |
0 |
0 |
Total |
39 |
39 |
2 |
3 |
Sources:
Blog électoral
d'Arnhem, http://www.gladio.nl
Gemeente Arnhem
(site officiel), http://www.arnhem.nl
Piet Venhuizen, "Talip Aydemir: 'Ik ben jong en dynamisch'",
De Gelderlander, 9 maart 2006, www.gelderlander.nl/arnhem
"Met voorkeurstemmen de raad in? Eitje!",
De Gelderlander (Nijmegen), 5 maart 2006, http://www.gelderlander.nl