candidats allochtones sur les listes flamandes aux élections régionales bruxelloises de 1999 (autres élections en 1999)
2. listes flamandes |
Elections communales de 1994
L'intégration de candidats d'origine extracommunautaire sur des listes flamandes aux élections communales de 1994 a abouti à un échec en termes de voix de préférence, ces listes ne pouvant d'ailleurs espérer qu'un ou deux sièges en général. Zeinel LITA et Fasli SPATA, d'origine albanaise, et la politologue Myriam REBAHI, qui figuraient sur une liste schaerbeekoise "mixte" de libéraux de gauche francophones (IDS) alliés au SP ont par contre réalisé de très bons scores, deux d'entre eux dépassant même plus de dix de leurs prédécesseurs sur la liste avec plus de cent voix, mais ce cartel n'a obtenu que deux sièges. Madame REBAHI avait déjà été candidate SP aux élections provinciales de 1991.
Elections régionales de 1999
Pour rappel, l'enjeu des élections régionales de 1999, du côté flamand, sera le score du Vlaams Blok (parti-frère flamand du FN de Jean-Marie LE PEN), qui compte actuellement deux élus sur neuf. Il espère en obtenir quatre ou cinq en juin grâce à un apport supposé d'électeurs votant habituellement pour des listes francophones, qui seraient attirés par son candidat-phare, l'ex-commissaire de police Johan DEMOL. Les autres listes flamandes vont donc s'efforcer de courtiser l'électorat francophone et allochtone afin de ne pas être marginalisées. Au cas où le Vlaams Blok obtiendrait la majorité des sièges flamands, d'après le système institutionnel régional, il obtiendrait d'office la moitié des postes au sein du gouvernement régional.
"Ce que les souverainistes [indépendantistes québécois] n'ont pas compris, c'est qu'ils ne pourront pas survivre en comptant seulement sur les francophones. Ils auront besoin des allophones, et ce n'est pas en les montrant du doigt qu'ils vont les séduire." (Gasha MASIMANGO, directeur du Conseil de la communauté noire du Québec, in: Achmy HALLEY, "Québec: la tentation raciste des francophones "pure laine"", L'Evénement du Jeudi, 9-15/11/1995) |
VLD-VU-indépendants
Vlaamse Liberalen en Demokraten (libéraux flamands)
- Volksunie (national-démocrates flamands)
Effectifs |
4. AHIDAR Fouad |
17. BASILIADES Johan |
22. ITOTA Myriam |
36. CAMOGLU Müserref |
54. PAGARUSHA Fitim |
Le 4ème candidat (il y a 2 élus VLD sortants et 1 Volksunie) est Fouad AHIDAR, un Marocain de Molenbeek, très connu comme animateur dans les maisons de jeunes, mais aussi issu d'une famille de commerçants rifains estimée dans la communauté marocaine. L'unique député marocain de Belgique à avoir jamais été élu dans au Parlement marocain dans les années 80 s'appelait également AHIDAR.
Alors que la Volskunie est favorable du droit de vote des non Belges, le VLD y est virulemment opposé. Par ailleurs, les militants et employés municipaux socialistes molenbeekois, d'après plusieurs sources concordantes, font pression sur les commerçants (surtout marocains) pour qu'ils retirent les affiches de Fouad AHIDAR sous prétexte que ce serait des votes "donnés au Vlaams Blok".
La Volksunie bruxelloise et le droit de vote des non Belges
Vic ANCIAUX (président du collège de la commission communautaire flamande en Région bruxelloise, Volksunie): « Une politique qui d'un côté plaide pour la participation et la cogestion des personnes d'origine étrangère et d'un autre rejette d'un revers de la main le droit de vote pour les immigrés n'est pas conséquente envers elle-même. La crédibilité d'une politique de participation dépend en effet de la participation politique des personnes d'origine étrangère. Donner le droit de vote aux personnes d'origine européenne et le nier pour les autres n'est pas en accord avec le principe simple, mais éthique, que toutes les personnes, quelle que soit leur origine, doivent être traitées sur un pied d'égalité. Toute nuance, qu'elle soit pragmatiquement fondée ou non, fait violence à ce principe. (...) Je vais aussi, de ma propre initiative et dans un proche avenir, prendre une initiative pour lancer, au-delà des frontières partisanes et linguistiques, un débat de société sur le droit de vote des non-Belges, avec pour objectif de mettre sur la table de négociations entre les deux communautés une proposition parachevée et réaliste. Je vais tenter à ce sujet d'atteindre un consensus bruxellois le plus large possible, incontournable pour les autorités fédérales. » (Discours introductif au Deuxième colloque bruxellois des allochtones, "Mille et Un Bruxelles", 30/11/1996)
Bert ANCIAUX (sénateur et président de la Volksunie): « Jusquà présent, loctroi du droit de vote était toujours lié à lacquisition de la nationalité. Le droit de participer aux élections communales qui sera bientôt octroyé aux citoyens de lUE, brise ce lien. Il arrivera fréquemment que des étrangers bien intégrés nobtiendront pas le droit de vote, alors que dautres qui ne sont pas disposés à sintégrer lobtiendront. » (intervention au Sénat le 9/1/1997)
Elections régionales de 1999
(1994: 2 sièges SP, 0 siège Agalev)
4. Yamila Idrissi ("indépendante"), avocate, membre d'un cabinet ministériel SP au gouvernement flamand |
9. Hassiba Benbouali (Agalev), politologue (francophone) d'origine algérienne née le 16/10/1965, ancienne collaboratrice du groupe PS au Conseil régional |
13. Nawasadio Milandou Koussangata (SP) représente le Front antifasciste, né le 20/11/1960 |
21. Fo Droumpouras (SP), membre de la commission mixte du Conseil régional, active dans les associations grecques, déjà candidate en 1995, née le 12/07/1963 |
22. Ghislaine Molai Kwabaïbi (SP) "représente la communauté africaine", née le 14/09/1955 (ses tracts diffusés dans ladite communauté africaine la présentent comme "notre formidable candidate" :-)) |
23. Miguel Casielles-Iglesias (SP) "représente la communauté espagnole", né le 21/11/1952 |
34. Liliane Declercq (SP) headhunter ("chasseuse de tête"), "représente la communauté juive", née le 25/01/1945 |
35. Sofia Sa Nogueira Barros (SP) "représente la communauté de langue portugaise" (elle est d'origine cap-verdienne), née le 02/03/1960 |
37. Saïd El Maliji (SP) "Belge d'origine marocaine", né le 25/08/1967 |
38. Kosova Memeti (SP) "représente la communauté albanaise", déjà candidat en 1995, né le 28/03/1965 |
41. Brahim Datoussaïd (SP), assistant social d'origine algérienne, ancien collaborateur du Commissariat Royal à la Politique des Immigrés (1989-91), candidat à la candidature PS à la Chambre en 1991 (non retenu); candidat (non élu) aux élections pour la Constituante de l'Organe chef de Culte musulman en décembre 1998 |
Suppléants |
3. Yamila Idrissi |
La candidature de Tarik FRAIHI aurait été envisagée pour la 4ème place sur cette liste, en tant qu'indépendant. Ce jeune étudiant d'origine marocaine, candidat Regebo (Arc-en-ciel, trotskystes et communistes démocrates) aux européennes de 1994, candidat indépendant sur une liste Agalev aux communales de 1994 en Flandre, est président de la maison de jeunes Centrum West à Molenbeek, fondateur en 1996 du Nationaal Comité Algemeen Stemrecht (Comité National pour le Suffrage Universel), membre du Parti Ouvrier Socialiste-S.A.P. (parti trotskyste bilingue). En fin de compte, il est candidat en cinquième suppléance à la Chambre sur la liste LEEF! (extrême-gauche) dans l'arrondissement d'Alost-Audenaerde (Flandre), avec notamment Régina LOUFS, le fameux "témoin X1" qui a suscité une intense controverse dans les médias dans le cadre des enquêtes judiciaires sur d'éventuels "réseaux pédophiles".
Yamila IDRISSI occupe finalement cette 4ème place sur cette liste après 1 SP, 1 Agalev et 1 SP, en tant qu'"indépendante". Cette jeune avocate d'origine marocaine travaille dans le cabinet ministériel de Leo Peeters (SP) au sein du gouvernement flamand.
Parmi les autres candidats, plusieurs avaient été uniquement présentés comme "nouveaux Belges" lors de la conférence de presse organisée par les initiateurs de cette liste. Ils sont pour la plupart mentionnés comme "représentant la communauté" X ou Y, sur le modèle britannique d'intégration politique ? En fait, en consultant le site du SP, on constate qu'il s'agit de membres du SP de telle ou telle origine, et non de personnes extérieures, même si certains d'entre eux sont francophones comme Ghislaine Molai Kwabaïbi.
Pour rappel, il y a eu aux élections de 1995 deux élus SP, et aucun d'Agalev. Les sondages (e.a. le baromètre politique trimestriel du quotidien La Libre Belgique) ne font pas apparaître cette liste (dénommée "Petit Olivier" par la presse francophone, par référence au "modèle italien"). Les personnalités indépendantes qui ont été à l'initiative de cette liste de rassemblement de la gauche flamande bruxelloise sont notamment des universitaires bien connus pour leurs recherches engagées sur la société multiculturelle, comme le géographe Christian KESTELOOT et le sociologue Albert MARTENS. Des francophones, parmi lesquels le responsable de la revue rouge-verte francophone "Politique", Henri GOLDMAN (dont la candidature n'a pas été reprise par Ecolo), jouent également un rôle actif dans ce groupe d'"Indépendants".
En fait, à chaque apparition publique de candidats de cette liste à laquelle nous avons assisté, que ce soit à la télévision ou lors de débats entre candidats allochtones, le principal argument qu'ils donnent en faveur du vote SP!AGA est la lutte contre le Vlaams Blok, et la nécessité de recueillir des voix francophones progressistes pour faire contrepoids aux anciens électeurs du Front National qui seraient tentés de voter pour la liste menée par Johan DEMOL. D'un autre côté, il n'y a aucun candidat allochtone sur la liste du SP à la Chambre pour l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ce qui amène à se poser des questions quant à la réalité de l'ouverture de ce parti aux réalités multiculturelles de cette agglomération (non limitée aux "19 communes" de la Région de Bruxelles-Capitale). Il faut à cet égard rappeler que le ministre SP Leo PEETERS, au sein du gouvernement flamand, est plus une incarnation du courant flamingant au sein de son parti que du courant multiculturaliste... et qu'il habite lui-même dans la périphérie bruxelloise ("Hal-Vilvorde").
Rufin GRIJP, ministre SP sortant et tête de liste, est bien connu comme une des incarnations du socialisme municipal principalement fondé sur le clientélisme (en matière d'attributions de logements sociaux notamment), ce qui a pour conséquence que le SP d'Anderlecht compte un millier de membres, dont de nombreux... francophones, parmi lesquels un grand nombre ne parle même pas le néerlandais ! Aux élections communales à Anderlecht (où il est échevin) en 1994, il figurait sur une Liste du Bourgmestre PS-SP qui n'incluait aucun candidat allochtone. Les socialistes anderlechtois, avec à leur tête feu Henri SIMONET et Christian D'HOOGH, ont une solide réputation en matière de xénophobie viscérale, y compris avant la scission entre PS et SP en 1978: cette commune est d'ailleurs une des seules (avec Saint-Gilles et Molenbeek, également dirigées par des socialistes) à avoir refusé d'installer un Conseil consultatif communal des immigrés dans les années 70.
Toutefois, d'autres candidats SP de cette liste, comme Anne VAN ASBROECKE, ancienne ministre des affaires bruxelloises du gouvernement flamand, ou Robert DELATHOUWER (voir ci-dessous), député fédéral sortant et échevin à Koekelberg (paradoxalement élu sur la liste du bourgmestre PRL Jacques PIVIN, le Roger NOLS koekelbergois), se sont à plusieurs reprises, et de longue date, exprimés en faveur du droit de vote des étrangers aux élections communales, avant que cela ne devienne "à la mode".
Position du SP bruxellois à l'égard du droit de vote des non Belges
"Voila plusieurs mois que nous avons ouvert nos sections aux habitants européens en vue de parler de différents thèmes qui les concernent dans leur capitale. On y aborde des questions d'enseignement, de vie en communauté. Les problèmes linguistiques ne les intéressent pas. La langue véhiculaire que nous utilisons est d'ailleurs... souvent le français !" (Robert DELATHOUWER, député fédéral SP, échevin à Koekelberg, Le Soir 19/11/1997)
"(...) Il y a aussi bon nombre de milieux flamands
et surtout nationalistes flamands qui redoutent les prochaines élections
car pouvant porter atteinte au caractère néerlandophone des
communes flamandes de la périphérie et se traduire par une
nouvelle réduction du nombre d'élus communaux flamands à
Bruxelles.
Cette crainte trouve son origine dans un manque de confiance du côté
flamand et part de l'idée que les non-Flamands opteront forcément
pour des politiciens parlant une autre langue. Ce sentiment témoigne
manifestement d'un complexe de minorité qui, à tout le moins,
est assez paradoxal pour des nationalistes.
Toutefois, le postulat de la régression du nombre d'élus flamands
dans la périphérie et à Bruxelles, présentée
comme un inévitable fléau divin, ne repose sur aucun
fondement.
La seule analyse scientifique faite à ce sujet lors des dernières
années, auprès des immigrés (professeurs De Schouwer
et Mariette) dans la périphérie et à Bruxelles,
révèle 93 % des alloch -tones interrogés ont répondu
que les trois quarts optent pour une liste bilingue. La majorité ne
souhaite pas opérer de choix basé sur la problématique
linguistique qui est considérée comme un élément
du mauvais fonctionnement du système politique belge.
Conclusion: les étrangers, pour la plupart, n'ont rien à faire
de nos querelles linguistiques et assurément lors des élections
communales ne voteront fondamentalement pas différemment de
l'"électeur belge traditionnel".
Cela signifie que l'étranger vivant chez nous est disposé à
entamer le dialogue avec tout responsable politique lui présentant,
ouvertement et honnêtement, un message qui a du contenu. Dès
lors, ce serait une erreur capitale à Bruxelles de lier le droit de
vote des étrangers à la représentation des Flamands
dans la capitale.
Indubitablement, la peur n'est jamais bonne conseillère. En effet,
le problème de la représentation flamande au Parlement bruxellois,
dans les communes, les CPAS et les intercommunales bruxelloises est tout
autant un problème de bon fonctionnement des instances publiques que
de représentation démocratique. Ensuite, il faut cesser d'imputer
le recul redouté des Flamands lors des régionales de 1999 à
la participation des étrangers aux communales survenant seulement
un an plus tard en l'an 2000. (...)"
(Robert DELATHOUWER, "Le suffrage
universel sans frontières", Le Soir 12/3/1998)
CVP
(3 sièges en 1995)
6. Nebahat Açar (travaille au cabinet de la ministre Brigitte GROUWELS, au sein du gouvernement flamand) |
14. Badia El Beghirti (Molenbeek) |
15. Hamid Bozok (Schaerbeek, francophone) |
36. Marleen Lambilotte (Saint-Gilles, née au Congo de couple mixte belgo-congolais, travaille au cabinet du ministre régional bruxellois Jos Chabert) |
49. Abdel Khalak Chrayak (Saint-Gilles, enseignant de religion musulmane à Borgerhout, près d'Anvers) |
66. Odysseas Papas (Saint-Gilles, sportif) |
69. Dominique Del Turco |
71. Rachida El Ghammati (Schaerbeek) |
Le CVP bruxellois et le droit de vote des non Belges
"Il n'est pas possible que nous condamnions les Flamands bruxellois à une sorte de suicide collectif en accordant le droit de vote aux immigrés. Nous devons trouver une solution pour la participation garantie au niveau communal, avec des moyens et des compétences, des Flamands bruxellois. Je préfèrerais mener ce débat en-dehors de l'octroi du droit de vote pour les immigrés, mais le problème de la sous-représentation des Flamands au niveau local est de toute façon aussi sur la table." (Brigitte GROUWELS (CVP), à l'époque coordinatrice du débat interne au CVP sur la question du droit de vote des non Belges; devenue en septembre 1997 ministre des affaires bruxelloises au sein du gouvernement flamand; citation extraite de Gazet Van Antwerpen 08/04/1997)
VLAAMS BLOK
30. Jenny SMITH |
37. Franscisco SANCHEZ Y BUSTOS |
SUFFRAGE UNIVERSEL - UNIVERSAL
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