voir le début de la polémique et sa continuation
A propos dun " voyage singulier au Maroc "
Suite à la publication [dans Le quotidien bruxellois Le Matin] de larticle Un voyage singulier au Maroc signé par Alain Narinx, ce mardi 11 avril 2000, je souhaite en mon nom personnel apporter la mise au point suivante. Monsieur Narinx fait état dans son article de la visite au Maroc de parlementaires et de personnalités belges dorigine marocaine. Il signale également que les parlementaires écolos dorigine marocaine auraient décliné linvitation à participer à la délégation parlementaire pour "navoir pu être prévenus à temps".
Je regrette, dune part, que monsieur Narinx nait pas pris la peine de sassurer de la qualité de son information auprès des premiers intéressés et, dautre part, si les parlementaires écolos ne se sont pas joints à la délégation, il sagissait principalement de motivations de fond et accessoirement de forme. En effet, mon collègue Fouad Lahssaini et moi-même avons refusé de partir au Maroc, en labsence dun agenda politique clair qui effectivement se conjuguait à un départ précipité. Nous pensons, en effet, que la formation dune telle délégation identitaire et sans considération pour les enjeux réels de la coopération belgo-marocaine est stérile. A ce titre, nous nous sommes interrogés sur lagenda des rencontres de la délégation et sur leur portée politique. Au sein du mouvement écologiste, je fais le choix, au nom de la solidarité internationale, de soutenir les combats de la société marocaine chaque fois que les enjeux me paraissent importants et chaque fois quils mettent en cause les intérêts des citoyens bi-nationaux Belges et Marocains.
Lors de la marche du 12 mars dernier, mes collègues Anne-Françoise Theunissen (députée régionale ECOLO) et Mirella Minne (députée fédérale ECOLO) se sont rendues avec moi à Rabat pour effectuer la marche des femmes qui revendiquent aujourdhui leurs droits civils dans une société en pleine émergence démocratique. Nous y étions en tant que femmes politiques écologistes soucieuses de droits humains et de légalité de ceux-ci.
En tant que parlementaires belges et bruxellois, nos électeurs nous ont mandatés pour des objectifs précis et cest au nom de ce pacte avec lélecteur que nous fondons notre action politique, non sur nos origines communes. Il va de soi que pour nous, lidentité ethnique ne peut tenir lieu dhorizon politique. La conséquence immédiate de cette position est que nous refusons de jouer le rôle dune courroie de transmission politique ou dun lobby, pour nos pays dorigine. Ceci étant, nous considérons quil est de notre devoir de soutenir les causes justes de la société civile marocaine et particulièrement lorsque ces causes ont des conséquences immédiates sur les immigrés marocains qui vivent dans notre pays.
Une telle mise au point en ce qui concerne les rapports avec le pays dorigine est nécessaire afin de couper court aux propos qui pourraient jeter une suspicion au sujet de la loyauté dune catégorie délus envers les institutions de notre pays, la Belgique. Je tiens à mécarter de ce type de sous-entendus dangereux et rappeler que lapport des élus dorigine étrangère peut aussi contribuer à rehausser limage de la Belgique à létranger pour autant quelle se fonde sur les valeurs universelles qui fondent notre démocratie. Je reste également convaincue que la maturité dune démocratie multiculturelle passe aussi par la reconnaissance de ce type de questions et par la possibilité de les soumettre à un vrai débat démocratique.
Fatiha Saïdi
Députée bruxelloise ECOLO