La campagne en Belgique contre le Plan d'action national pour l'intégration des femmes au développement

Le texte qui suit est une traduction d'une émission en arabe dialectal marocain diffusée sur Radio Al Manar, la principale des radios de la Fréquence arabe de Bruxelles (106.7) le vendredi 17 février 2000. Cette émission a été concédée par Radio Al Manar au "Conseil Supérieur des Musulmans", une organisation non officielle naguère présidée par Jean-Yahya MICHOT, auteur (sous le pseudonyme Nasreddine LEBATELLIER) d'un opuscule légitimant théologiquement et politiquement le meurtre des moines de Tibhérine. Le présentateur de l'émission est un membre de ce "Conseil", Kebir BENCHEIKH, ressortissant marocain, réputé proche du Parti Réformateur Libéral en Belgique. Le Plan auquel il est fait allusion est reproduit ici.

"Bencheikh ici qui vous salue avec les salutations de l'Islam. (musique - publicité)
Mohammed Toujgani va nous parler du Plan d'Action. Mais avant tout du Coran. (musique - publicité)
Revenons à notre sujet, à savoir le plan d'Action. C'est clair qu'il y a une guerre contre l'Islam au nom des droits de l'homme. Comme vous le savez notre pays - plaise à Dieu - est un pays stable et pour cela nous sommes jalousés. Nous devons veiller aux intérêts de notre pays. Il y a une campagne qui dit que la femme est brimée en Islam, privée de ses droits et qu'il faut changer le code du statut personnel, en ce qui concerne le divorce, l'héritage et d'autres choses présentes dans notre Livre Saint. Au nom des droits de l'homme on s'attaque en fait à l'Islam.
Dieu a donné tous ses droits à la femme en Islam. Nous devons lui donner ses droits, comme à l'homme, et défendre ses intérêts. Les droits de l'homme, des peuples sont aussi brimés. Nous disons à tous ceux qui revendiquent les droits des femmes d'ouvrir les écoles aux femmes rurales, scolarisez-la et ne l'utilisez pas comme un jouet. Favorisez son intégration d'abord par son éducation car la femme souffre de l'analphabétisme, du manque d'éducation et d'autres facteurs qui empêchent son intégration.
C'est l'arbre qui cache la forêt pour couvrir nos faiblesses, pour couvrir nos manques et occuper l'opinion publique au sort d'autres éléments.
(...)
Je vous laisse à présent avec le Cheikh Toujgani.
Il y a une association qui s'est créée au Maroc et qui ment aux gens - surtout aux femmes - en leur disant "vous voulez avoir des droits ? signez ici".
Ce sont des mensonges.
Le ministre chargé du culte a dit que cela ne relève que de l'Islam.
Les journaux insultent.
Vous avez entendu sur les ondes de cette radio une parlementaire qui a critiqué les oulémas et balayé les imams et les conseillers religieux. Les femmes qui promeuvent l'Occident, celles qui ont épousé les idées occidentales, qui ont têté aux mamelles de l'occident, ont oublié leur culture, ont oublié leurs traditions, leurs moeurs, leurs coutumes et leur religion.
Nous leur disons vous reniez et vous êtes manipulées par des mains invisibles qui veulent déstabiliser le Maroc. Ceci ne se fera pas car le Maroc a un peuple cultivé (conscient) et religieux, jaloux de sa religion, et qui pense à la stabilité de son pays sur la voie de l'Islam.
Si nous retournons à notre religion Dieu nous ouvrira toutes les portes du bien-être, de biens et nous disons à ces gens que si vous êtes incapables de trouver une solution aux problèmes du peuple - dont vous êtes responsables - si vous rentrez et que vous voyez la réalité vous verrez que ce que vous dites n'est que palabres et que vous ne souhaitez que vous mettre en avant. Cela n'échappe à personne.
Comme nous disons aux gens qu'il y a le Roi qui est le commandeur des croyants (...).
Vous êtes toujours en compagnie du Conseil Supérieur des Musulmans de Belgique sur les ondes de Radio Al Manar.
[musique-publicité]
Je vous informe qu'un auditeur, Mostafa Ouezekhti, parlementaire PRL, nous informe que le Sénat vient de ratifier le Code de la nationalité et que la loi doit juste passer au Moniteur Belge [il explique les difficultés antérieures]. Merci à notre frère Mostafa."

[Prêche du Cheikh Toujgani, dans la mosquée El Khalil à Molenbeek]

Les gens qui défendent le Plan veulent un Islam moitié-moitié.

Les points que le Plan veut changer:

• Le mariage sans autorisation du père ou du tuteur: donc, une fille qui veut se marier le fait sans l'avis de son père, de qui que ce soit. Comme les Européennes [une citation coranique suit].
• Le divorce judiciaire: le divorce chez nous en Islam relève du droit de l'homme. La femme peut aussi, dans certains cas, demander le divorce. Elle en fait alors la demande [il explique la procédure] Mais le problème essentiel qui se trouve dans le Plan est que le divorce ne restera plus entre les mains du mari. Il sera entre les mains du tribunal, et les couples devront attendre cinq, six, sept ans. C'est ça qui se passe en Europe. Et c'est ce que ces gens veulent. Ils veulent faire entrer une société européenne dans une société musulmane.
• Après le divorce, l'époux doit partager les biens avec l'épouse. Moitié moitié. Fifty fifty. [il rit, et l'assemblée rit avec lui] Voilà ce qu'il y a. Les couples divorcent et doivent tout partager. Mais quelle plaie ! Dans l'islam il y a des droits accordés aux femmes mais il y a des conditions. L'homme aura peur, s'il a affaire à une femme "dure à cuire", qui pourrait le faire "danser", il facturera en cachette tous ses effets.
• Elever le mariage au-delà de 15 ans. Aujourd'hui, on demande d'élever l'âge du mariage à 18 ans. Vous savez qu'il y a des filles pubères dès l'âge de 9 ans. Et si une fille de 15 ans veut se marier ? La loi le lui interdira. Si la loi le lui interdit alors que ses pulsions et son physique lui permettent ces liens [sexuels] que doit-elle faire ? Je laisse la réponse à votre imagination. C'est une plaie, voilà tout. Aujourd'hui, en droit marocain, une fille peut se marier si elle et son corps en ressentent le désir. La demande est alors effectuée auprès du qadi.
• La polygamie. Le point aussi sur lequel le Plan veut changer et qui ne permettra plus à l'homme que d'épouser une seule femme. Les gauchistes marocains ont constitué des associations féminines. Ces femmes issues de ces associations font le tour des maisons. Nous, nous venons à la mosquée, nous nous parlons, nous vidons nos coeurs. Mais elles, elles font du porte-à-porte... toc-toc [il frappe sur la table]. Vous savez que les femmes populaires ont peu de bagage religieux. Les femmes qui parlent avec ces femmes posent des questions insidieuses aux femmes. "Voulez-vous que votre mari prenne une deuxième épouse ?". Quelle est la femme qui va répondre oui ? C'est comme cela qu'elles leur extirpent des signatures. Elles en ont plus de 75.000.

Il nous revient à nous, communauté musulmane, à être vigilants, à être présents pour défendre notre patrimoine, pour casser le Plan. Ce plan est sioniste, occidental, il est contre l'Islam. Ce plan est contre vous.

[prière, musique religieuse]

[prêche du lendemain]

Suite aux discours que nous avons faits hier, je vous répète que tout Musulman doit participer à casser le Plan. Ce projet est réalisé par des ennemis de l'Islam qui veulent briser sa cohésion. Se taire, c'est aider ses ennemis.
On ne veut pas de la photocopie des sociétés occidentales.
Nous ne sommes pas contre l'alphabétisation des femmes, au contraire.
Nous ne sommes pas contre leur participation à différents niveaux de la société, bien au contraire.
Le Plan est loin de nos traditions, de nos coutumes, de nos lois religieuses. Qu'on nous apporte un plan construit sur notre patrimoine. Il sera le bienvenu. Ce plan n'est pas marocain. Il y a des pays musulmans qui l'appliquent. En Tunisie, une femme qui veut divorcer doit introduire une requête auprès du tribunal et c'est parti pour des années comme en Europe. La femme prend la moitié des biens. L'Islam lui a donné des droits. L'Islam permet à la femme d'avoir ses biens propres et ne permet pas à l'homme d'en jouir sans son accord. (...)

[Kébir Bencheikh] Je remetcie tous les intervenants. A bientôt, à la prochaine.

(à suivre...)

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