Suffrage Universel
Citoyenneté, démocratie, ethnicité et nationalité en France
Elus d'origine non-européenne en France
Aziz MELIANI
adjoint au maire div. gauche de Strasbourg (1995-2000)
Le Colonel (en retraite) Aziz Meliani, ancien président de la mission nationale de réflexion sur les Harkis, était jusqu'en décembre 2000 adjoint au maire de Strasbourg chargé des questions d'intégration et de défense (seul adjoint au maire musulman d'une ville de plus de 200 000 habitants), président d'honneur de la Fédération des Français d'origine Nord-Africaine d'Alsace et de Lorraine, président de l'Association pour l'édification d'un monument commémoratif en hommage aux anciens combattants d'Afrique et d'outre-mer morts pour la France en Alsace et commandeur de la Légion d'Honneur. Il représente également la ville à l'Observatoire Régional de l'Intégration et de la Ville (ORI) et a publié un ouvrage, " Le drame des harkis ", aux Editions Perrin. Au conseil municipal de Strasbourg siège par ailleurs Sherazade Allam (Mouvement des Citoyens) qui est l'unique candidate du MDC sur la liste de Catherine Trautmann.
Né en 1935 en Algérie, Aziz Méliani est le seul maire-adjoint d'une grande ville de plus de 200 000 habitants qui soit musulman. Une marque de confiance due à l'origine par Catherine Trautmann et prolongée par Roland Ries. Les deux personnalités assistaient d'ailleurs le 18 octobre à la remise au colonel Méliani de la cravate de commandeur de la Légion d'honneur. " A 11 ans, j'étais dans une école d'enfants de troupe près de Sétif. J'accompagnais mon père, le Bachaga Mohamed Méliani (mort au service de la France) quand il a rencontré un de ses amis, Ferhat Abbas. Voyant mon uniforme et mes galons, ce dernier dit à mon père que son fils serait un jour commandant de l'armée française ! C'est une phrase qui m'a marquée ". La tradition militaire et la loyauté à la France étaient enracinées dans cette famille : " L'Alsace est ma patrie élective. Un de mes grands-pères s'est battu contre les Prussiens l'été 1870 à Woerth, Froeschwiller et Reichshoffen. Jeune caïd, il était venu avec plus de 70 hommes de son douar et n'en a ramené que sept en Algérie, tellement les pertes furent énormes parmi tous ces Turcos . Par la grâce de sa baraka, lui même ne fut " que " blessé. Ce qui m'autorise à penser que je suis d'une certaine façon Alsacien par le sang versé ". Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la foi de ses ancêtres : à Strasbourg, le colonel Méliani est de ceux qui mettent leurs espoirs dans le projet de mosquée " pour qu'émerge ici un Islam français ". (Dernières Nouvelles D'Alsace, Vendredi 10 Décembre 1999)
Monsieur Meliani s'est fort impliqué dans deux dossiers qui lui tenaient particulièrement à cœur, l'édification d'un monument commémoratif en hommage aux anciens combattants d'Afrique et d'outre-mer morts pour la France en Alsace, et la construction d'un grande mosquée à Strasbourg. Après avoir appris par la presse qu'il n'était plus repris sur la liste de la maire socialiste Catherine Trautmann pour les municipales de mars 2001, il a démissionné de ses fonctions d'adjoint au maire et quelques semaines plus tard a annoncé qu'il serait candidat sur la liste des dissidents PS de Jean-Claude Petitdemange, soutenus par le Parti des Radicaux de Gauche.
L'adjoint Aziz Méliani, chargé de l'intégration, et le conseiller délégué René Estève, qui le secondait dans cette tâche, se sont déclarés hier " démissionnaires de leurs attributions ".
Ils ne quittent pas le conseil municipal, mais hier, en signe de protestation, ils n'ont pas assisté à la séance budgétaire. Tous deux ont en effet découvert, dans les DNA, qu'ils ne figureraient vraisemblablement plus sur la liste que présentera Catherine Trautmann aux municipales de mars 2001. Le colonel Aziz Méliani n'a pas pu obtenir, hier, de rencontrer le maire sortant pour discuter du problème avant son départ, aujourd'hui-même, pour les Etats-Unis. Un rendez-vous lui était proposé pour le 10 janvier. " C'est inacceptable ! " a jugé l'adjoint, avant de publier un communiqué expliquant sa démission et celle de René Estève de leurs fonctions, " en réponse aux décisions prises par Mme Trautmann sans aucune consultation préalable ". " La communauté musulmane dans son ensemble et notamment nos compatriotes français musulmans ont perçu cette éviction comme un signe d'exclusion et de mépris à leur égard. De même, le monde combattant, famille digne de respect et de considération, à laquelle je suis profondément attaché, m'a manifesté sa pleine solidarité ", écrit Aziz Méliani. Il s'était notamment beaucoup investi en faveur des Français musulmans, du mémorial édifié en hommage aux combattants d'Afrique du Nord, et du droit des musulmans à disposer de lieux de cultes décents, dans un cadre laïc et républicain. (Dernières Nouvelles d'Alsace, Mardi 19 Décembre 2000)
Deux élus de la majorité de Catherine Trautmann ont annoncé, hier, qu'ils "démissionnent de toutes leurs attributions ". Le colonel Aziz Méliani, adjoint au maire chargé de l'intégration et des relations avec le monde combattant, et René Estève, conseiller municipal délégué, déplorent avoir appris " par la presse, et sans autre forme d'explication de la part de Madame Catherine Trautmann ", qu'ils ne figureront plus sur la liste municipale. " On ne peut pas traiter des élus qui ont travaillé durant six ans au service de la ville avec un tel mépris ", s'indigne Aziz Méliani, auteur d'un rapport sur les harkis, en ajoutant que " la communauté musulmane, et notamment nos compatriotes français musulmans, ont perçu cette éviction comme un signe d'exclusion et de mépris à leur égard ". Choisi, en 1995, comme " personne qualifiée "par le maire de Strasbourg, il s'est battu pour le Mémorial aux anciens combattants d'Afrique et d'outre-mer, inauguré en novembre, et pour le projet de grande mosquée défendu par le professeur Bouamama. Hier soir, il s'interrogeait pour savoir s'il " payait " le soutien à ses amis français-musulmans ou sa proximité avec Roland Ries... lorsque ce dernier était maire. (L'Alsace 19/12/00)
[communiqué de presse de la mairie de Strasbourg] Implicitement, le communiqué révèle la raison pour laquelle le colonel Méliani ne figurera plus sur la liste : " Le choix a été fait de privilégier une nouvelle génération en capacité de dialoguer avec l'ensemble des communautés ". Allusion à son engagement en faveur d'" un islam à la française " qui ne fait pas l'unanimité au sein de l'équipe municipale... (L'Alsace 21/12/00)
Aziz Méliani déplore également une détérioration du climat et un désaccord politique sur l'islam. " Plus fondamentalement, c'est le désaccord profond lié au choix et à la préférence donnée par l'ancien et le maire actuel au projet ethnique et ultra-minoritaire de la grande mosquée de Strasbourg ", porté par Abdellah Boussouf (lire aussi ci-dessous) et incarnant " un islam fondamentaliste, étranger au mode de vie de nos compatriotes musulmans et à nos valeurs républicaines ", poursuit Aziz Méliani qui défend le projet du professeur Bouamama. " Ce choix irresponsable a eu pour conséquence grave de diviser la communauté musulmane ". Depuis le mois de novembre, ajoute-t-il, il a essayé de voir Catherine Trautmann au sujet du terrain promis à la 2e mosquée, sans succès. " Dès lors, que peut-on attendre d'un premier magistrat inaccessible, se refusant à tout contact et enfermé dans une tour d'ivoire, solidement gardée par un quarteron d'éradicateurs détenteurs, sans partage, de la réalité du pouvoir municipal ". (Dernières Nouvelles d'Alsace 13/01/01)
"Que Catherine Trautmann ait choisi de m'écarter, c'est de sa responsabilité. En revanche, je déplore n'avoir jamais été avisé de sa décision. Ce manque d'égards est inacceptable et blessant pour un serviteur qui s'est dévoué durant plus de quarante ans à la chose publique", a souligné l'ancien adjoint chargé de l'intégration et des relations avec le monde musulman, le colonel Aziz Méliani, vendredi à Strasbourg. Pour lui, " la Catherine flamboyante de 1995 a laissé la place à un maire enfermé dans sa tour d'ivoire, solidement gardé par un quarteron d'éradicateurs détenteurs de la réalité du pouvoir municipal ". Mais surtout, l'ancien adjoint a mis l'accent sur " le désaccord profond lié à la préférence donnée au projet ethnique et ultra-minoritaire de la grande mosquée de Strasbourg porté par le recteur marocain Boussouf, incarnant un islam fondamentaliste ".
Le colonel Méliani s'est interrogé sur le changement de stratégie, à l'époque, de Roland Ries. "En décembre 1999, il avait assuré Ali Bouamama qu'il choisirait son projet. Comment a-t-il pu changer d'avis?" demande-t-il. Pour lui, "ce choix irresponsable a divisé la communauté musulmane au lieu de la rassembler". Et de déplorer que, "malgré la délibération du conseil municipal prévoyant la mise à disposition d'un terrain pour le projet du professeur Ali Bouamama et des Français musulmans, et malgré cinq demandes de rendez-vous, il n'y a eu aucune suite concrète..." (L'Alsace 14/01/01)
Catherine Trautmann fait le ménage. Les adjoints " félons " qui ont rejoint la liste de Jean-Claude Petitdemange sont sanctionnés à tour de rôle. En début de semaine, Aziz Méliani, qui avait rendu de sa propre initiative sa délégation d'adjoint à l'intégration, s'est entendu demander au téléphone de combien de cartons il avait besoin pour déménager les affaires de son bureau. Lorsqu'il est arrivé au centre administratif, son nom avait disparu de la porte, le téléphone avait été coupé et quatre cartons avaient été déposés dans le bureau... L'adjoint Michel Schmitt a, lui, reçu un courrier mettant fin à sa délégation (il était notamment chargé de l'état civil) au prétexte qu'il utilisait les lieux de permanence qu'il avait mis en place à l'Esplanade, pour faire campagne comme candidat aux cantonales. Tous deux conservent cependant leur fonction d'adjoint qu'il ne pourraient perdre qu'à la faveur de nouvelles élections au sein du conseil municipal. A un mois des municipales, la ficelle paraîtrait un peu grosse. (Dernières Nouvelles d'Alsace, Dimanche 4 Février 2001)
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