Suffrage Universel
Citoyenneté, démocratie, ethnicité et nationalité en France
Elus d'origine non-européenne en France
Les élus d'origine non-européenne en Nord-Pas-de-Calais
Tokia Saïfi, secrétaire d'Etat au développement durable, ancienne eurodéputée
Née le 11 juillet 1959 à Hautmont (Nord) d'un père algérien (et donc français) originaire de Lichana, près de Biskra (département de Constantine), arrivé en métropole en 1948 et d'une mère arrivée en métropole en 1953, Tokia SAIFI est la quatrième d'une fratrie de dix, dont un frère, Abdelkader, a été journaliste à La Voix du Nord, et une soeur est enseignante en Algérie. "Un autre, Mohamed, est responsable du service économique de la mairie de Maubeuge, Abdelkader est chauffeur de bus, Mustapha est chef d'entreprise, Salima est agent commercial. Nadir, directeur juridique dans une ONG, Mohamed et Salim, le dernier qui n'avait que trois ans à la mort du père, ont créé l'association Quartiers sans frontières dans le Nord." (Nadjia Bouzeghrane, "Une fille d'immigrés dans le gouvernement de la France / Un signe de reconnaissance de la France", El Watan, 9 mai 2002)
1999: représente Génération Ecologie, le mouvement de Brice LALONDE, sur la liste RPR-Démocratie Libérale (Sarkozy-Madelin) aux élections européennes; élue.
Biographie officielle (site du Parlement Européen):
Diplôme d'études universitaires (1984). Études juridiques (1986). Fondatrice et animatrice de l'association Espace Intégration (1987). Directrice de projets pour les jeunes issus de l'immigration (1988-1999). Animatrice d'une action nationale de coordination entre jeunes et policiers dans les quartiers à problèmes (1990-1998). Responsable d'une opération de soutien au processus de paix au Proche-Orient (1996-1998). Responsable de la médiation entre jeunes et dirigeants d'entreprises (1992-1998). Coordinatrice d'une action d'aide à la création de micro-projets économiques dans les quartiers (1998-1999). Membre fondatrice du Mouvement syndical pour l'égalité et la participation (MSEP) des Français issus de l'immigration (1999). Fondatrice d'un mouvement syndical associatif européen. Organisatrice d'un mouvement national de participation des minorités ethniques à la vie publique.
Biographie officielle (site du ministère de l'Environnement , accédé le 01//04/2004)
Madame Tokia SAÏFI
Secrétaire d’Etat au Développement durable
20, avenue de Ségur 75302 – Paris 07 SP (01.42.19.20.21)
http://www.environnement.gouv.fr/
Née le 11 juillet 1959 à Haumont (Nord)
Biographie :
Etudes
:Engagements associatifs :
1987-1999 : Fondatrice et animatrice de l’association " Espace Intégration ", mouvement de droits civiques, républicain et laïque
1988-1996 : Coordinatrice d’un mouvement pour la défense de la laïcité lors des événements liés à la présence du port du foulard islamique à l’école
1992-1998 : Organisatrice de la médiation entre jeunes et dirigeants d’entreprises pour favoriser la création
d’entreprises
1999-2002 : Fondatrice du " Mouvement syndical pour l’égalité et la participation " (MSEP) des Français issus de l’immigration, mouvement national de droits civiques
Engagement politique :
1995 : Candidate aux élections municipales à Lille
1998 : Candidate aux élections régionales dans le Nord
1999 : Membre du Parlement européen, à Strasbourg
1999-2002 : Membre du Groupe du " Parti Populaire Européen " (PPE)
1999-2002 : Membre de la Commission parlementaire des affaires étrangères, des droits de l’homme, de la sécurité commune et de la politique de défense
1999-2002 : Membre de la Commission parlementaire, chargée de l’emploi et des affaires sociales.
1999-2002 : Membre de la Délégation parlementaire européenne, chargée des relations avec le Maghreb
2002 : Membre de la Commission parlementaire, chargée du développement et de la coopération
2002 : Membre de la Commission des pétitions du Parlement européen
2002 : Vice-Présidente de la Délégation parlementaire européenne chargée des relations avec les pays du Machrek et les Etats du Golfe
Engagement pour la paix :
1987-1999 : Organisatrice d’activités en faveur de la cohésion dans les banlieues par le dialogue, la reconnaissance et la participation des jeunes aux responsabilités publiques et privées
1996-1998 : Organisatrice de plusieurs opérations humanitaires en faveur du soutien au processus de paix au Proche-Orient, dans l’esprit de la Conférence de Madrid (1992) et des accords d’Oslo (1995)
Activités professionnelles :
1988-1999 : Directrice de projets de responsabilisation et d’initiatives en direction des jeunes des banlieues
1990-1998 : Organisatrice d’actions nationales de dialogue entre jeunes et policiers dans les quartiers à problèmes
1998-1999 : Coordinatrice d’actions d’aide à la création de projets économiques dans les banlieues.
Parcours politique
D'après Le Monde (Philippe Bernard, "Tokia Saïfi, une "beur" pour défendre les pays du Sud", 9 mai 2002), elle "s'est éveillée à la politique au moment de la Marche pour l'égalité de 1983 par le biais de l'engagement associatif, comme beaucoup de membres de cette première génération "beur"."
En 1987, elle fonde, avec Amo FERHATI et d'autres, "Espace Intégration", proche de Pierre MAUROY, maire PS de Lille: "L'objectif était de faire émerger des jeunes dans le domaine politique et économique. Nous voulions faire émerger une classe moyenne. J'ai ainsi pu aider 150 créateurs d'entreprises en trois ans" (Nadjia Bouzeghrane, "Une fille d'immigrés dans le gouvernement de la France / Un signe de reconnaissance de la France", El Watan, 9 mai 2002).
Au début des années 1990, Tokia SAIFI était secrétaire d'un groupe local de France Plus présidé par Amo FERHATI. Tous deux étaient proches du PS à l'époque.
En 1995, Amo FERHATI était candidat aux élections municipales à Lille sur la liste du RPR dissident Alex TÜRK, il ne fut pas élu. Nadir SAIFI était lui candidat sur la liste de Génération Ecologie, et ne fut pas élu non plus. Aux élections régionales de 1998 dans le Nord, Nadir SAIFI, Amo FERHATI et Tokia SAIFI étaient tous trois candidats sur la liste Génération Ecologie menée par l'industriel Bruno BONDUELLE, qui n'obtint aucun siège.
L'année suivante, Tokia SAIFI fut élue au Parlement Européen sur la liste RPR-DL-GE, Amo FERHATI devint son assistant parlementaire. En prévision des municipales de 2001, Amo FERHATI et Tokia SAIFI tentèrent, comme en 1995, de recruter des candidats d'origine maghrébine musulmane pour les listes de droite, ce qui ne déboucha pas sur des résultats marquants, que ce soit dans la composition des listes ou dans celle des conseils municipaux élus de ces élections. D'après Libération (08/05/02) et Le Monde ("Portrait de candidats issus de l'immigration Tokia Saïfi (DL)" 30 janvier 2002), "elle avait été chargée par le président de DL, Alain Madelin, de dénicher des candidats issus de l'immigration pour porter les couleurs de son parti aux élections municipales". A Marseille, "la droite, qui assure qu’il y aura au moins un représentant de ces populations au conseil municipal, veut investir une femme et s’active pour un recrutement manifestement difficile. Chargée de ce dossier à Démocratie libérale, Tokia Saïfi, députée européenne amie d’Alain Madelin, doit dénicher la perle rare. Qui qu’elle soit, cette personne pourrait se présenter dans le 8e secteur, de gauche, ce qui serait habile de la part de M.Gaudin." (Michel Samson, "A Marseille, les enfants de l’immigration ont du mal à s’imposer sur les listes", Le Monde mardi 9 janvier 2001). Elle justifie son engagement à droite par le fait que "la gauche manipulait les immigrés pour faire monter le Front national" (Libération 08/05/02).
En 2000, Tokia SAIFI entre au bureau politique de Démocratie libérale, et en 2002 elle milite au sein du comité de campagne d'Alain Madelin. "La député européenne DL Tokia Saïfi déplore qu'on assiste, de façon générale, à "un amalgame complet entre les quartiers, l'intégration et l'insécurité". "Les responsables politiques ont le devoir de clarifier leur discours", ajoute-t-elle, relevant que "l'image des jeunes issus de l'immigration subit les dégâts du 11 septembre et d'une insécurité qu'ils subissent eux-mêmes"." (Jean-Baptiste de Montvalon, "Les candidats insistent plus sur l'insécurité que sur l'intégration", Le Monde 30 janvier 2002)
"Je milite depuis de nombreuses années pour la reconnaissance des Français issus de l'immigration. Cette reconnaissance passe par l'égalité des droits et de leurs devoirs notamment pour que leur taux de chômage soit le même que la moyenne nationale, il faut le faire passer de 70 à 12%. Je milite aussi pour que nous assumions nos responsabilités, rien que nos responsabilités dans la vie publique, notamment en politique." "La deuxième génération de l' immigration en France n'a pas oublié ses racines et reste très attachée au développement du Maghreb." (interview par le quotidien algérien El Watan, reprise par Nadjia Bouzeghrane, "Une fille d'immigrés dans le gouvernement de la France / Un signe de reconnaissance de la France", El Watan, 9 mai 2002)
Le 7 mai 2002, elle est devenue secrétaire d'Etat au développement durable au sein du gouvernement de transition dirigé par le sénateur DL Jean-Pierre RAFFARIN.
Premières déclarations à la presse:
" La gauche a beaucoup bercé ceux qui sont issus de l'immigration de discours et ça n'a jamais été suivi d'actes. A droite, j'ai trouvé des actes, pas de discours. " (Yves SMAGUE, "Tokia Saïfi, la surprise venue d'Hautmont", La Voix du Nord (Lille) Mercredi 08 Mai 2002)
"Je me dis simplement que cela devait arriver un jour, que nous devions, au niveau de l'immigration, occuper notre pleine place. Il s'agit maintenant de montrer que nous sommes capables d'exercer des responsabilités. Je suis la première et j'espère que cela va donner beaucoup d'espoir aux gens dans les quartiers..." (Yves SMAGUE, "Tokia Saïfi, la surprise venue d'Hautmont", La Voix du Nord (Lille) Mercredi 08 Mai 2002)
" Si on m'avait nommée à l'intégration, ç'aurait été une forme de ghettoïsation. Ce n'est pas parce qu'on est issue de l'immigration qu'il faut s'y cantonner." (Yves SMAGUE, "Tokia Saïfi, la surprise venue d'Hautmont", La Voix du Nord (Lille) Mercredi 08 Mai 2002)
" Tout le monde a bien saisi les leçons de la présidentielle. (...) Je ne suis pas un instrument. (...) Cette jeunesse ne s’est jamais sentie représentée. (...) Je suis un pur produit de la génération terrain. J’espère être à la hauteur. (...) Le symbole de l’intégration, je ne le refuse pas. Il est tout à fait normal d’en parler. (...) Ce retour aux sources était essentiel à mes yeux. " (Isabelle DEMEYÈRE et Christophe SERIEYS, "Le retour triomphal de Tokia", La Voix du Nord, 9 mai 2002)
Quand on évoque les rumeurs de sa candidature aux législatives face à Martine Aubry, elle se contente de sourire. " Vous le saurez cette semaine." (J.-F. GINTZBURGER, "Tokia, Jean-Paul et Jean-Louis vont à Paris", La Voix du Nord, 11 mai 2002)
Commentaires
courrier envoyé au Monde le 9 mai 2002
La nomination de Mme Tokia Saïfi en tant que secrétaire d'Etat dans le nouveau gouvernement ne doit pas faire oublier qu'elle était encore, il y a trois mois, "candidate à la candidature" pour la première circonscription lilloise, et que la droite locale l'a éliminée sans remords.
Certes le geste de M. Raffarin est méritoire, et doit être salué pour son courage politique à un moment où on aurait pu craindre des accents destinés à flatter l'électorat lepéniste.
Mais il ne faut pas s'illusionner, il n'y a dans l'état actuel des candidatures aux législatives, à gauche comme à droite, aucune perspective de voir le moindre élu d'origine maghrébine musulmane siéger dans deux mois à l'Assemblée Nationale, quarante ans exactement après l'indépendance de l'Algérie, la disparition des élus musulmans algériens de l'Assemblée nationale et de la secrétaire d'Etat Nafissa Sid Cara du gouvernement de la République française.
Quarante ans, dont dix-sept pendant lesquels la gauche a régné, promettant sans l'accorder le droit de vote aux résidents étrangers, se présentant comme le rempart contre le racisme mais incapable de consacrer par des actes concrets la légitime place sur la scène politique nationale de nos concitoyens d'origine maghrébine musulmane.
Pierre-Yves Lambert
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