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 Malika ZEDIRI

conseillère régionale (PCF) en Ile-de-France, élue en mars 2004

 

http://www.lemonde.fr/txt/article/0,1-0@2-3228,36-359873,0.html

Le Monde daté du 4 avril 2004

PORTRAIT
Malika Zediri, communiste et militante associative, veut "être l'élue des pauvres"

"Je ne trouve pas normal que des gens dorment dehors".

"Ma première association, je l'ai créée à 12 ans. Elle s'appelait "Joie de vivre" : on faisait du porte-à-porte pour acheter de la nourriture aux chats de la cité." Trente et un ans plus tard, Malika Zediri fait son entrée au conseil régional d'Ile-de-France dans la majorité de gauche. Au premier tour, elle figurait, dans le Val-de-Marne, sur la liste de Marie-George Buffet, constituée de communistes et de militants associatifs. Malika Zediri est justement les deux. Au second tour, après de difficiles tractations pour former la liste d'union, elle a été "repêchée" dans l'Essonne, grâce à l'insistance de Mme Buffet.

"Mon engagement s'enracine dans ce que je suis", explique-t-elle. De père algérien arrivé en France "je ne sais pas quand exactement, en 1955, je crois" et de mère française, Malika est l'aînée d'une famille nombreuse. "J'ai toujours entendu mon père se faire tutoyer. On a accédé aux HLM, et j'ai alors découvert, à 8 ans, que de l'eau coulait du robinet. J'ai quitté l'école tôt, après un BEP sanitaire et social - option social", précise-t-elle. Petits boulots, galères... et engagement au PCF. Pas par idéologie, mais parce que "ce sont eux qui m'ont aidée, les "cocos" du coin".

"Dans le parti, j'ai mis du temps à trouver mes marques, reconnaît-elle. Je ne parlais pas comme eux, je n'avais pas les mêmes références culturelles : "congrès", "ligne", ça ne voulait rien dire, pour moi. Mais c'était l'endroit où on défendait la classe ouvrière. Je suis communiste parce que je ne trouve pas normal que des gens dorment dehors."

Repérée au début des années 1980 par Marcel Trigon, qui était alors le maire (PCF) d'Arcueil, elle devient conseillère municipale, puis adjointe aux affaires sociales. Parallèlement, en 1987, elle est cofondatrice d'APEIS, un mouvement de chômeurs. Continuité logique : "Il s'agissait de se rassembler pour faire valoir les droits auxquels ils pouvaient prétendre. A l'époque, 200 000 chômeurs ne touchaient pas l'aide qui leur était due, par manque d'information."

Presque vingt ans plus tard, Malika Zediri n'a pas lâché l'APEIS et le mouvement associatif. Dernière mobilisation en date : le soutien à l'action en justice menée par des chômeurs "recalculés". Elle est toujours au PCF, siège même au conseil national, mais ne mâche pas ses mots. La direction du parti est "coupée des réalités", elle ne porte plus "la lutte contre les inégalités et la pauvreté", estimait-elle au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, en cosignant avec Patrick Braouezec, le maire communiste de Saint-Denis, un appel intitulé "Il doit se passer quelque chose au PC".

FRANC-PARLER

Son avis n'a guère changé : "Le parti s'est éloigné des couches très populaires, et il est passé à côté de la deuxième génération d'immigrés. On nous a utilisés, mais on ne nous a pas entendus, on n'a pas eu de place", assène-t-elle, de sa voix grave, un peu rauque.

Armée d'un tel franc-parler, cette mère de trois enfants pourrait faire grincer des dents au conseil régional. Mais elle est habituée à "ne pas se faire que des amis" et ne recule pas devant les conflits. D'autant qu'elle est impatiente de faire bouger les choses. "J'arrive avec cette expérience, je veux imprégner le conseil des urgences que j'ai pu voir. Je veux avancer sur des questions concrètes : la gratuité des transports pour les chômeurs, les logements sociaux, notamment pour les mères célibataires... Je veux m'investir sur les questions sociales." Celle qui se verrait bien présider la commission des affaires sociales sait pourquoi elle est là : "Etre l'élue des pauvres et des plus pauvres, pas à leur place, mais avec eux."

Amélie Baubeau

 


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