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débats sur le négationnisme du génocide arménien

 Le Soir 1er juin 2005

Génocides: "Le Sénat inflige l'oubli aux Arméniens"

RICARDO GUTIÉRREZ

Le Sénat enterre définitivement l'opportunité de sanctionner pénalement la négation du génocide arménien !... Christine Defraigne, chef de groupe MR au Sénat, est amère, au terme du premier véritable débat parlementaire sur le projet de loi qui vise à étendre à d'autres génocides et crimes contre l'humanité les dispositions de la loi de 1995 punissant pénalement la négation du génocide juif.

Deux propositions étaient sur la table de la commission de la Justice du Sénat, mardi, en fin de séance. La première, déposée par Clotilde Nyssens (opposition CDH) limite la portée de la loi aux génocides reconnus par une décision finale et définitive d'une juridiction internationale établie par des instruments internationaux pertinents et dont la juridiction a été reconnue par la Belgique. En clair, on ne pourrait poursuivre, dans l'immédiat, que les négateurs des génocides juif et tutsi. Position que rejoignent le PS et le VLD (majorité), à condition que le texte inclue aussi les crimes contre l'humanité.

Une position qui ne permet de poursuivre ni la négation du génocide arménien ni celle du génocide cambodgien, regrettent Christine Defraigne et Alain Destexhe. Ces derniers ont déposé un texte moins restrictif intégrant à la fois les génocides reconnus par le droit international (comme dans le texte du CDH) et citant, par ailleurs, quatre génocides qui ont marqué profondément les communautés vivant en Belgique (les génocides des Juifs, des Tutsis, des Arméniens et des Cambodgiens).

Isabelle Durant (opposition Ecolo) rejoint le MR pour exiger une formule qui mette un terme à l'impunité de la négation du génocide arménien... Quitte à amender d'autres lois. En toile de fond: la multiplication des propos négationnistes d'élus PS, MR et CDH d'origine turque...

Alain Destexhe a, une nouvelle fois, mit en cause le secrétaire d'Etat PS Emir Kir qui, évoquant les événements de 1915 à 1917, admet l'existence de massacres et de déplacements de population, mais précise que parler d'un génocide est un pas qu'il se refuse à franchir tant qu'une commission indépendante d'historiens n'aura pas qualifié ces faits.

Visiblement excédée par l'insistance d'Alain Destexhe à dénoncer le double langage du PS, qui reconnaît, dit-il, le génocide sans en punir la négation, la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx (PS), est sortie de ses gonds: Il (NDLR: Emir Kir) n'a pas nié. Vous faites de la basse politique...

Sur les bancs du public, Radouane Bouhlal, le président du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie (Mrax), a du mal à saisir la tournure surréaliste des débats.

Même perplexité pour la représentante de la Fédération euro-arménienne pour la Justice et la Démocratie, la socialiste Talline Tachdjian, qui interpelle le sénateur PS Jean Cornil, à l'issue de la commission, sur la politique de l'oubli infligée aux victimes arméniennes...

La question reste sans réponse. Les sénateurs voteront mardi prochain.


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