débats sur le négationnisme du génocide arménien
Vers l'Avenir (Namur) 18/05/2005
SÉNAT - Polémique
Tuerie, massacre ou génocide ?
Le PS, montré du doigt sur la questiondu génocide arménien, se défend. Emir Kir, secrétaire d'État PS, Bruxellois d'origine turque, se tait.
LA QUESTION de la négation du génocide arménien a suscité moult palabres hier après-midi au Sénat. Enfin, dans les couloirs du Sénat car la polémique était inscrite trop loin dans l'agenda. Ce qui faisait tant parler ? Un projet de loi visant à réprimer la négation de tous les génocides reconnus.
En soi, et entre démocrates, ce ne devrait guère être un souci.
Mais si. Au coeur du malaise, plus d'un million d'Arméniens éliminés par les Turcs entre 1915 et 1917. Est-ce là une tuerie, un massacre ou un génocide ?
Ces hommes, ces femmes, ces enfants, égorgés, jetés sur les routes jusqu'à mourir d'épuisement, balancés au désert jusqu'à mourir de faim et de soif.
Ces événements historiques, de quelle nature sont-ils ?
Un génocide, a affirmé le parlement belge en 98 déjà. Dans le chef de certains socialistes, il y aurait pourtant un problème aujourd'hui.
Surtout dans celui d'Emir Kir, secrétaire d'État à la région bruxelloise en charge de la propreté. L'homme est belge, né à Charleroi, d'origine turque.
Les Turcs, aujourd'hui encore, ne reconnaissent pas le génocide des Arméniens et parlent de massacre dans un contexte de guerre. Ce qui pose d'ailleurs problème pour leur adhésion à l'Europe. Emir Kir a toujours préféré esquiver les questions sur la reconnaissance du génocide. Pourquoi ?
Pour des raisons bassement politiques. C'est ce qu'on dit au MR et chez Écolo, en tout cas. Les élections communales approchent et la population d'origine turque représente quelque 120 000 personnes, en Belgique, alors que les Arméniens sont à peine 7 000.
" Faux ! " dit-on au PS. " Nous avons été à la pointe dans la reconnaissance du génocide arménien. Et ce n'est pas à Emir Kir à réécrire l'histoire. Ça ne fait pas partie de ses compétences ", explique t-on au PS.
L'intéressé, lui, se tait.
En Belgique, le Sénat a adopté une résolution invitant le gouvernement turc à re connaître la réalité du génocide. Écolo et le MR ont préparé des amendements qui visent à retenir ce critère de reconnaissance politique pour permettre les poursuites de l'ensemble des génocides y compris celui dont les Arméniens ont été les victimes.
Écolo propose un critère qui fait référence à la reconnaissance du génocide par le Parlement belge et déposera une proposition de loi relative à la reconnaissance du génocide arménien par la Belgique.
Le MR pour sa part rajoute aux critères de reconnaissance juridictionnelle celui de la reconnaissance du génocide arménien par le Parlement européen.
" Si on le veut, il n'est pas difficile de porter un texte de loi visant à reconnaître le génocide. Nous ne disposons que d'une résolution de 98 un peu faible. Le problème de la reconnaissance du génocide arménien est un choix politique. La France l'a fait. Nous pouvons aussi, si le PS le veut ", tonne la sénatrice écolo, Isabelle Durant.
Catherine ERNENS