www.suffrage-universel.be
Citoyenneté, démocratie, ethnicité et nationalité aux Pays-Bas
Un terroriste d'origine marocaine assassine un écrivain islamophobe (02/11/2004)

 

L'après-11 septembre aux Pays-Bas

(extraits de la revue de presse quotidienne de l'Ambassade de France à La Haye)

Presse néerlandaise du lundi 17 septembre 2001

1) Arrestations en Europe. Le Telegraaf de samedi a annoncé à la une l'arrestation à Rotterdam, jeudi, de "quatre extrémistes musulmans faisant partie d'un réseau fondamentaliste international avec des ramifications jusqu'en Afghanistan". "Le service de renseignement BVD a confirmé [vendredi] soir qu'il avait demandé leur arrestation."

Le journal populaire ajoute que "la police belge, vendredi, lors d'une perquisition, a arrêté dans la commune bruxelloise d'Uccles deux extrémistes qui font partie du même groupement. Dans leur appartement on a trouvé des armes et des documents compromettants. Le principal suspect, le Tunisien T., est soupçonné d'avoir voulu faire sauter des objectifs américains avec des explosifs."

"Le BVD dispose d'indications sérieuses que les quatre extrémistes musulmans arrêtés jeudi à Rotterdam préparaient un grand attentat dans un pays d'Europe de l'Ouest", précise l'Algemeen Dagblad de samedi à la une. "Cela a été confirmé dans les milieux proches du BVD, du Ministère public et de la police. 'Nous avons échappé à un grand clash. C'est extrêmement encourageant pour le BVD', déclare une personne impliquée à La Haye. Selon, cette source, les suspects visaient des 'cibles importantes dans un pays d'Europe de l'Ouest'." "Le BVD et l'organisation belge Sécurité d'Etat surveillaient ces suspects déjà depuis quelques mois. Selon un initié à La Haye, les attentats commis aux Etats-Unis ont accéléré l'arrestation des cinq hommes. 'On a voulu exclure tout risque'."

"Le ministre Korthals (Justice) a déclaré hier que l'un des suspects arrêtés aux Pays-Bas a la nationalité néerlandaise, un autre la nationalité algérienne, et les deux derniers la nationalité française." "Korthals estime que les contrôles douaniers dans les aéroports européens doivent être de nouveau renforcés." Compte tenu des attentats américains, il faut de nouveau s'écarter des dispositions de l'Accord de Schengen, selon Korthals, qui soulèvera la question la semaine prochaine, à l'occasion de la réunion des ministres européens de la justice.

Le Trouw (p.4) de samedi note que, "d'après le BVD, 'les principaux fondamentalistes réfugiés aux Pays-Bas sont de nationalité égyptienne, tunisienne et algériennes'." "'Il est évident qu'ils entretiennent des liens de nature conspiratrice avec la lutte dans leur pays d'origine et dans divers foyers islamistes'."

2) Communauté afghane. Ce matin, le Trouw, dans le cadre de l'ultimatum américain qu'une délégation pakistanaise transmet aujourd'hui aux taliban, remarque à la une que "la communauté afghane des Pays-Bas est sans doute encore plus divisée que le peuple en Afghanistan, mais ils s'accordent tout à fait sur un point : une opération de vengeance américaine contre le terroriste saoudien Oussama ben Laden ne doit pas se faire aux dépens de citoyens afghans innocents". "La peur règne parmi les Afghans des Pays-Bas, qui sont presque quarante mille."

Le Volkskrant (p.3, ANP) relève que, "selon le ministère des Affaires étrangères, il n'y a plus qu'un ou deux Néerlandais en Afghanistan, qui veulent y rester par solidarité avec le peuple afghan". "Le ministère part du principe que les Néerlandais faisant partie d'organisations non gouvernementales sont partis. Il y a deux jours, il y avait encore cinq à dix Néerlandais en Afghanistan."

(...)

4) Editoriaux. Selon le Trouw de samedi, "il faut trouver une réponse aux questions suivantes : d'où vient l'anti-américanisme ? qu'est-ce qui le nourrit ? Et surtout : l'islam, avec sa guerre sainte, a-t-il à y voir ?"

Toutes les organisations islamiques des Pays-Bas ont condamné énergiquement les attentats, rappelle le journal calviniste. "Ce message a été répété dans mainte mosquée, vendredi. Cette attitude n'exclut pas les sentiments anti-américains, mais il est exagéré de considérer pour cela l'islam comme une menace aux Pays-Bas. D'ailleurs, combien de résistance le mot 'américanisation' ne suscite-t-il pas chez beaucoup de Néerlandais ? Ce qui reste, c'est la haine intense pour l'Amérique qui existe dans certaines parties du monde islamique et le fanatisme qui en découle et qui culmine dans des actes inhumains. Ce mal mérite une guerre, même s'il est difficile de désigner les lignes de front."


Presse néerlandaise du mardi 18 septembre 2001

Le Telegraaf (p.8) relève que "les quatre extrémistes musulmans arrêtés à Rotterdam, jeudi, faisaient partie du groupe terroriste radical 'Takfir Wal Hijra'". "Cette organisation terroriste aurait préparé des attentats contre l'Ambassade des Etats-Unis à Paris et d'autres cibles américaines en Europe de l'Ouest." Le principal suspect, le Tunisien T., faisait la navette entre les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne et la France. "Son amie, qui est enceinte, a été arrêtée hier en Corse."

Le même Telegraaf et plusieurs autres quotidiens notent par ailleurs que le service de renseignement néerlandais BVD a ouvert une "enquête très sérieuse" sur le brusque intérêt manifesté d'avril à août, depuis l'Algérie, la Libye, le Pakistan et les Emirats arabes unis, pour des leçons de pilotage aux Pays-Bas. L'école de pilotage Rotterdamsche Aero Club, qui n'avait encore jamais été approché à partir de tels pays et qui n'avait pas fait attention aux e-mails reçus, s'est méfiée après la vague terroriste aux Etats-Unis, mardi dernier. Selon un porte-parole du BVD, l'enquête sur l'intérêt manifesté pour les formations de pilotes néerlandaises porte aussi sur quelques autres écoles.

L'organisation centrale des écoles de pilotage, la Koninklijke Nederlandse Vereninging van Luchtvaart (KNVVL) a appelé tous ses membres à transmettre au BVD toutes les données administratives concernant leurs (anciens) élèves d'origine étrangère.


Presse néerlandaise du mercredi 19 septembre 2001

Sondage d'opinion. Presque la moitié (47,7 %) de la communauté musulmane des Pays-Bas comprend tout à fait les attentats terroristes commis à New York et Washington. Simultanément, une large majorité (61,5 %) les condamne. Plus de 5 % les approuvent. C'est ce qui ressort d'un sondage d'opinion de l'hebdomadaire multiculturel Contrast. Pratiquement la moitié de la communauté musulmane condamne les manifestations d'allégresse, comme celles des Palestiniens dans les territoires occupés et de jeunes Marocains à Ede, aux Pays-Bas. Plus de la moitié des musulmans "craint", voire "redoute" la montée de la discrimination, mais les trois quarts n'en ont encore rien ressenti. Par ailleurs, 57 % des musulmans jugent partisane la couverture médiatique des événements.

Les personnes interrogées viennent de dix pays différents, les Marocains (37 %) et les Turcs (26 %) étant les groupes les plus importants.

Réagissant à ces chiffres hier soir, durant le programme télévisé Netwerk, le premier ministre Kok a qualifié d'inadmissible que certains groupes de musulmans des Pays-Bas approuvent les attentats. Le ministre Van Boxtel (Minorités) veut entrer rapidement en concertation avec des représentants de la communauté musulmane (Trouw p.3, De Telegraaf p.7).

Notons dans ce contexte que le député VVD Oussama Cherribi, qui est d'origine marocaine, soutient pleinement l'Amérique. "Beaucoup de musulmans parlent toujours de l'hypocrisie des Américains. Qu'ils examinent aussi leur propre hypocrisie. Les jeunes qui condamnent les Américains le plus sévèrement mangent au McDonald's, chaussent des Nike et portent des jeans Levi's. Ils sont fascinés par la richesse de ce pays. Leur haine est souvent de la pure jalousie", confie-t-il au Volkskrant (p.3).


Presse néerlandaise du jeudi 20 septembre 2001

Sécurité

Les Pays-Bas prennent des mesures de sécurité préventives, pour le cas où les Etats-Unis engageraient des actions militaires contre les responsables des attentats du 11 septembre. "La municipalité, la justice et la police d'Amsterdam ont "expressément demandé" au ministre de la Justice, Korthals, des formes d'assistance, telles que l'armée et la maréchaussée, lorsque l'offensive des Etats-Unis commencera", annonce le Volkskrant à la une.

"Korthals étudie encore la demande. C'est ce que déclare le procureur principal L. de Wit dans une interview au Volkskrant. Le maire Cohen, le chef du corps de police de la capitale, Kuiper, et De Wit se préparent à faire face à de grandes émeutes entre groupes ethniques lorsque l'offensive américaine commencera. 'Il s'agira alors d'explosions de violences, de prises d'otages, tout est possible.' Amsterdam aura alors besoin de ses agents de police. La surveillance des bâtiments devraient donc être confiée à la maréchaussée et aux soldats. L'engagement de policiers dans les quartiers à forte concentration de minorités ethniques a déjà été renforcé.

"Nous connaissons bien les différents groupes musulmans", déclare le procureur De Wit dans son interview, en page 2 du journal de centre-gauche.

"L'information de la police et des services de renseignement est plutôt bonne. Il n'y a pas d'indication concrète que des actions terroristes se préparent aux Pays-Bas. Nous tombons cependant sur des personnes qui seraient inclinées à commettre ce genre d'actions. Ces groupes ont des armes, mais pas de projets concrets. Il s'agit aussi de gens du monde arabe. Mais il faut que je reste vague sur ce sujet."

"Le BVD ne s'étonne pas qu'il y ait aussi des terroristes ici", remarque le même Volkskrant dans un deuxième article. "Le BVD a constaté en avril la vulnérabilité des Pays-Bas : la clémence du climat pénal et la grande tolérance vis-à-vis des étrangers font de ce pays un lieu de séjour agréable pour les terroristes."

Sondage d'opinion Contrast

Paul Tesser, qui dirige la section Enquête sur les minorités du Sociaal en Cultureel Planbureau (SCP), qualifie de "douteux" le sondage d'opinion selon lequel plus de la moitié des musulmans des Pays-Bas comprendraient les attentats commis aux Etats-Unis (cf. presse du 19 septembre). Selon Tesser, le groupe de 426 musulmans interrogés n'était pas représentatif et les questions étaient formulées sans soin. Beaucoup trop de personnes de formation supérieure ont été interrogées, alors que les communautés turque et marocaine des Pays-Bas comptent un nombre relativement élevé de personnes sans formation. En outre, on a interrogé plus d'hommes que de femmes et les habitants de La Haye sont sur-représentés dans le sondage.

Les questions ont été rédigées en néerlandais, explique le directeur du petit bureau d'enquête qui a effectué le sondage d'opinion pour l'hebdomadaire Contrast (tirage : 40 000 exemplaires). Ensuite 22 enquêteurs se sont rendus sur le terrain. Ils ont posé neuf questions à tous ceux qu'ils ont rencontrés dans la rue et dans les centres d'accueil de demandeurs d'asile. Si nécessaire, ils ont traduit les questions sur place. Il n'y avait pas de formulaires standard à cet effet (de Volkskrant p.3).


Presse néerlandaise du vendredi 21 septembre 2001

"Kok a déclaré que le gouvernement ferait tout pour éviter que les actions militaires n'entraînent des tensions dans la société néerlandaise : 'C'est tout aussi important que la lutte contre le terrorisme. Ce n'est pas d'une religion contre une autre, ni d'une culture contre une autre qu'il s'agit dans cette crise'."

"Kok et le ministre Van Boxtel (D66, Intégration) s'entretiendront aujourd'hui avec des organisations de jeunes Marocains, à leur demande. Le député GroenLinks Mohamed Rabbae prévient qu'une action militaire lourde des Etats-Unis, avec ou sans le soutien des Etats-Unis, accroîtra les tensions entre musulmans et non-musulmans aux Pays-Bas. 'S'ils effectuent de lourds bombardements et que des milliers d'innocents en sont victimes, cela peut attiser les susceptibilités des allochtones chez nous. Avec tous les risques de réaction des autochtones que cela comportera, certainement si les Pays-Bas participent pleinement aux actions'."

Quant au chroniqueur Pim Fortuyn, qui pourrait mener la liste électorale de Leefbaar Nederland, il affirme dans le bulletin chrétien-démocrate CDA Magazine qu'"une guerre froide contre l'islam" est inévitable après les attentats aux Etats-Unis, ajoute le journal calviniste. "Il estime que les musulmans constituent 'la plus grande menace pour la paix mondiale'." Cela suffit à le "disqualifier" comme futur député, de l'avis de l'éditorialiste du journal.

presse hebdomadaire

S"agissant de la menace terroriste, le chroniqueur Dirk-Jan van Baar (HP/De Tijd ) se déclare convaincu que l'Occident ne pourra pas éviter une "Guerre sainte", une lutte épique "dans laquelle la modernisation du monde islamique occupera une place centrale". "On affirme que l'Occident doit tenir compte davantage des griefs du mond arabe. Je ne vois pas comment. D'après moi, cela n'a de sens que si le monde arabe, qui est plein de rancune vis-à-vis de l'Occident 'dégénéré', fait enfin son autocritique."

Une autocritique que devraient aussi faire les Pays-Bas, qui "ont chéri durant les dernières décennies une culture de rejet de soi, combinée à l'illusion que l'homme en général, et l'étranger en particulier, doit être considéré comme une victime et qu'il est né pour le bien", écrit Elsevier, qui s'interroge sur l'image du "noble migrant". "Les migrants apportent de plus en plus leurs propres loyautés et il n'est absolument pas établi qu'elles coincident avec les lois occidentales et avec un Etat de droit comme les Pays-Bas", selon l'hebdomadaire conservateur.


Presse néerlandaise du lundi 24 septembre 2001

Le même Trouw rapporte dans son grand article à la une que, selon un universitaire écossais, "les Pays-Bas jouent un rôle-clé dans l'organisation terroriste d'Oussama ben Laden, Al-Kaida". "Ben Laden fait blanchir son argent chez nous. 'Les fonds avec lesquels les attentats américains ont été financés venaient des Pays-Bas.' C'est ce qu'affirme R. Gunaratna, chercheur à l'Université St. Andrews, où un groupe d'étude se penche sur 'le terrorisme et la violence politique' depuis la catastrophe de Lockerbie."

"'Les Pays-Bas occupent une position-clé dans le blanchiment de fonds', déclare Gunaratna. 'Al-Kaida a fait des investissements aux Pays-Bas et il y a des bureaux avec des gens dirigés depuis l'Afghanistan. Gunaratna sait que ces adhérents de Ben Laden ont infiltré des organisations de migrants qui étaient de bonne foi. 'Des cellules terroristes se cachent au sein de ces organisations.' Le chercheur ne veut pas donner de noms, mais il dit qu'il s'agit en tout cas d'organisations subventionnées sri-lankaises, kurdes, pakistanaises, algériennes et sikh des Pays-Bas. 'Il importe beaucoup que le gouvernement néerlandais se concentre sur ces organisations. Le service de sécurité doit adapter sa méthode de travail et il faut modifier la législation de façon à pouvoir bannir du pays les personnes mal intentionnées au sein de ces organisations'." "Le BVD applique des méthodes désuètes contre les terroristes, affirme Gunaratna. 'La seule méthode efficace est l'infiltration, mais on n'a justement pas investi là-dedans'."

"Il y a d'autres critiques sur l'approche néerlandaise. Le ministère public français, un pionnier de la lutte européenne contre le terrorisme, qualifie dans Le Monde de 'prématurée' l'arrestation par les Pays-Bas et la Belgique de huit extrémistes musulmans supposés, vendredi dernier. En n'attendant pas une action européenne coordonnée, des traces importantes ont pu être effacées, craignent les Français, qui ont encore arrêté sept extrémistes supposés, hier." "Le BVD ne veut pas réagir. Le Ministère public fait savoir qu'il juge 'opportun' le moment des arrestations."

Sondage d'opinion

"Presque les trois quarts des musulmans condamnent les attentats terroristes", relève le Trouw (p.3). "Environ 10 % des musulmans néerlandais approuvent les attentats aux Etats-Unis. C'est ce qui ressort d'un sondage d'opinion Intomart réalisé pour le programme télévisé Netwerk. Intormart a interrogé quatre cents musulmans dans les quatre grandes villes, Tilburg et Eindhoven. La majorité (73 %) des personnes interrogées estiment que les Pays-Bas ne doivent pas soutenir l'engagement américain contre les terroristes", (également de Volkskrant p.3, Algemeen Dagblad p.4, De Telegraaf p.6).


Presse néerlandaise du mardi 25 septembre 2001

Crise terroriste

"Les Pays-Bas vivent-ils une campagne de violence et d'intimidation contre les musulmans ?" Telle est la question rhétorique que se pose le Trouw à la une. "On pourrait en avoir l'impression : des incidents ont été signalés, concernant des incendies provoqués et des déprédations dans des écoles islamiques et des mosquées. Mais les centres de surveillance de la discrimination raciale affichent business as usual. 'Nous avons enregistré sept plaintes depuis ces attentats', déclare Jessica Silversmith du centre d'Amsterdam, qui ne constate guère d'augmentation du nombre d'incidents, bien que le centre ait pressé les organisations musulmanes de continuer à tout signaler."

"Nulle part en Europe les musulmans n'ont autant à souffrir du 'petit terrorisme' qu'aux Pays-Bas, après les attentats aux Etats-Unis", relève le Volkskrant (p.3) de son côté. "Des mosquées y sont couvertes de graffiti ou font l'objet de tentatives d'incendie presque quotidiennement. 'Le fait que la tolérance ait fait place à l'islamophobie aussi rapidement effraie les gens', déclare A. Majid, président du Fonds général des institutions islamiques."

"Le week-end dernier, des cibles musulmanes ont été visées à Apeldoorn, La Haye, Gorinchem, Heerlen, Rijssen, Uden, Venlo et Flessingue. Avant, d'autres mosquées avaient été touchées, de même qu'une école islamique de Nimègue. Durant le week-end, une école primaire islamique de Maastricht a fait l'objet de menaces téléphoniques répétées." "Selon Majid, qui passe désormais le plus clair de son temps à faire des recommandations de sécurité aux mosquées, la situation risque de devenir critique aux Pays-Bas."

L'Algemeen Dagblad (p.3) signale que "les députés musulmans Oussama Cherribi (VVD) et Mohammed Rabbae (GroenLinks), tous deux originaires du Maroc, sont confrontés à des hate-mails, depuis les attentats du 11 septembre".

Dans la catégorie "tribunes libres", on notera dans le NRC Handelsblad (p.9) d'hier soir un article signé Paul Rosenmöller, dans lequel le chef de file de GroenLinks répète que, de l'avis de son parti, l'engagement de moyens militaires dans la lutte contre les auteurs des attentats est légitime, mais qu'il refuse de prendre a priori la responsabilité d'une possible participation néerlandaise aux opérations : "Pas de carte blanche pour l'action militaire".

Le commentateur politique du Telegraaf, Kees Lunshof, estime ce matin que "GroenLinks est complètement hors jeu". "Tout comme dans l'affaire Sing Varma, Rosenmöller s'est mis à tergiverser, et tout comme au début des problèmes concernant le père de Máxima, il a refusé d'exprimer sa confiance dans le gouvernement. C'étaient des gaffes inoubliables auxquelles il s'en est ajouté une maintenant."


Presse néerlandaise du mercredi 26 septembre 2001

Sondage d'opinion néerlandais

"Plus de 60 % des Néerlandais estiment qu'il faut expulser les musulmans qui approuvent les attentats terroristes contre les Etats-Unis", relève le Volkskrant dans son grand article à la une. "C'est ce qui ressort d'un sondage d'opinion effectué par le bureau NIPO pour le compte du Volkskrant. Les deux tiers des personnes interrogées sont partisans de l'instauration d'une obligation générale d'identification."

"Durant le week-end, NIPO a interrogé plus de huit cents Néerlandais, une tranche représentative de la population, sur ce qu'ils pensent des attentats du 11 septembre. Seuls 6 % considèrent les Pays-Bas comme une nation en guerre. Pourtant, la moitié de la population veut échanger une partie de sa liberté contre plus de sécurité. Les jeunes ont plus de mal à renoncer à une partie de leur liberté que les personnes interrogées de plus de 55 ans."

"Une large majorité souhaite le rétablissement des contrôles aux frontières à l'intérieur de l'Europe et l'introduction de l'obligation de décliner son identité. A l'heure actuelle, la police ne peut demander une pièce d'identité qu'en cas de suspicion d'acte délictueux. Si l'on introduit l'obligation, tout le monde devra pouvoir décliner son identité à tout moment. La Deuxième Chambre soutient de plus en plus ce point de vue. Le CDA et le VVD sont pour, les autres partis hésitent encore."

"La plupart des personnes interrogées veulent que les autorités agissent avec énergie contre les musulmans qui nourrissent des opinions anti-occidentales. 63 sont d'avis que les musulmans qui soutiennent les attentats terroristes contre les Etats-Unis doivent être expulsés des Pays-Bas."

"Six Néerlandais sur dix estiment que les enseignants ne doivent pas éviter en classe le débat entre partisans et adversaires des attentats. Les deux tiers des personnes interrogées craignent que l'intégration des musulmans ne souffre des récents événements. Parmi elles se trouvent beaucoup de personnes de formation supérieure. Elles sont moins partisanes de mesures énergiques, comme l'expulsion et l'obligation de décliner son identité, que le reste de la population."

"La moitié de la population craint qu'une troisième guerre mondiale n'éclate. Seuls 29 % des hommes redoutent une guerre, contre 56 % des femmes. Mais dans la vie quotidienne, on ne tient guère compte du risque de guerre. Economiser, faire des réserves, dépenser plus ou moins : presque personne n'adapte son comportement de façon drastique. Néanmoins, un tiers des personnes interrogées envisagent le report d'un voyage (par avion)."

"66 % des personnes interrogées pensent que l'économie mondiale sera mise à mal les prochains temps. L'économie néerlandaise jouit de plus de confiance : 47 % selement s'attendent à une régression."

"NIPO a aussi sondé la confiance dans quelques acteurs principaux. Le président américain Bush reçoit la note 5,6 sur 10, son ministre des Affaires étrangères Powell 6,8. Les personnes interrogées donnent un 7 au premier ministre Kok."

"Les Néerlandais réagissent avec modération aux attentats américains, car une guerre ne perturbera pas leur vie quotidienne", résume le journal de centre-gauche en page 2, où il présente le détail du sondage d'opinion NIPO et les commentaires de quelques personnalités en vue.

On notera dans ce contexte que le ministre des Grandes villes et de l'Intégration, Van Boxtel (D66), s'est déclaré partisan de l'obligation de décliner son identité durant un programme télévisé VARA, hier soir. Il n'a au demeurant pas voulu réagir au sondage d'opinion NIPO-Volkskrant avant de l'avoir étudié de près (de Volkskrant p.1, Trouw p.1).

Quant au rabbin A. Soetendorp, il a adressé un message de soutien à la communauté musulmane des Pays-Bas, au nom des rabbins libéraux. "Aucun musulman ne doit se sentir menacé dans ce pays à cause du crime contre l'humanité commis aux Etats-Unis", écrit-il à la veille du Yom Kippur (Algemeen Dagblad p.3).

Commentaire

"Les personnes interrogées sont convaincues que les tragiques événements américains auront des conséquences durables pour les Pays-Bas", souligne l'éditorialiste du Volkskrant. "Ainsi, la conscience du fait que les Pays-Bas sont devenus moins sûrs s'est fortement accrue. Des attentats extrémistes peuvent aussi arriver chez nous." "Le gouvernement n'a pas encore pris de mesure dans ce sens", remarque le journal de centre-gauche à propos de la question de la vérification de l'identité, "mais la population est mûre pour une politique de sécurité et des étrangers plus robuste."

"Les musulmans qui soutiennent le terrorisme doivent être expulsés des Pays-Bas, disent six personnes interrogées sur dix. Autrement dit : les Pays-Bas n'accepte pas d'attitude anti-occidentale et fondamentaliste de la part des musulmans. S'intégrer, aux yeux de la plupart des Néerlandais, signifie s'adapter à la tradition humaniste, à la séparation de l'Eglise et de l'Etat et se diostancier des normes et des valeurs du pays d'origine.

Pour ce qui est de ce dernier point, la liberté religieuse et les droits civiques s'appliquent aussi aux musulmans. Mais le sondage d'opinion souligne aussi la nécessité de donner priorité à l'intégration des allochtones. Car s'ils n'ont même pas la possibilité d'assimiler la langue et la culture néerlandaises, un drame multiculturel est inévitable."


Presse néerlandaise du jeudi 27 septembre 2001

Les attentats anti-américains et les réactions de la communauté musulmane néerlandaise à l'offensive ouverte contre le terrorisme international ont un double effet aux Pays-Bas : d'une part, ils relancent le débat sur le port obligatoire d'une pièce d'identité, thème sensible qui rappelle l'Ausweis de l'occupation allemande pendant la Deuxième guerre mondiale ; d'autre part, ils entraînent une réflexion sur la politique d'intégration des minorités ethniques.

Le dossier du jour : Intégration des minorités

"Les récents sondages d'opinion sur les attentats en Amérique font apparaître un profond fossé dans le paysage multiculturel et une intolérance réciproque", relève le Volkskrant à la une. "Des musulmans néerlandais manifestent de la compréhension pour les actions terroristes, et une majorité de la population autochtone veut expulser de tels radicaux. Est-ce un constat d'échec de la politique d'intégration néerlandaise ? Certainement pas, de l'avis de trois spécialistes. Mais nous devons apprendre à vivre avec les différences ethniques et, surtout, nous habituer à une nouvelle époque, politiquement moins correcte."

"Nous nous effrayons trop, aux Pays-Bas, des contradictions ethniques et des tensions sociales", cite le journal de centre-gauche de la bouche du sociologue R. Gowrincharn. "Le ministre Van Boxtel s'effraie même tous les trois mois. Il n'y a pas si longtemps il s'est effrayé des déclarations homophobes d'un imam de Rotterdam. Mais les contradictions font partie de la vie de la société."

Gowrincharn, qui a étudié cette année l'exclusion des allochtones pour le compte du Conseil scientifique pour la politique gouvernementale (WRR), juge les réactions actuelles "particulièrement crispées". Selon lui, les jeunes Marocains faisant la fête à Ede n'étaient pas inquiétants. Il ne s'agissait que de jeunes "faisant les mariolles en groupe". "La fatwa contre Salman Rushdie a également été soutenue à l'époque. Et les jeunes Kurdes voulaient risquer leur vie pour défendre leur leader Öcalan. Il ne faut pas prendre ces déclarations trop à la lettre."

Le sociologue et écrivain H. Vuijsje, qui étudie depuis des années le racisme, l'immigration et la tolérance, ne se préoccupe pas davantage des résultats des récents sondages. "Ils montrent seulement que nous sommes en train de corriger la grande faute que nous avons faite dans l'approche des minorités. Nous commençons à nous défaire de notre naïveté, de notre correction mesquine dans les contacts avec les minorités ethniques. Ce processus a commencé tout doucement dans les années quatre-vingt-dix et il s'accélère maintenant." L'expulsion des allochtones ayant une opinion déviante n'est pas une option pour Vuijsje. "Il faut engager le dialogue avec eux, mais jusqu'à un certain point. L'opinion des enragés doit être combattue légalement."

La philosophe B. Prins, auteur de Voorbij de onschuld : het debat over de multiculturele samenving (au-delà de l'innoncence : le débat sur la société multiculturelle), se réfère aussi à la loi comme instrument contre l'extrémisme islamique. "Mais quand on effectue un sondage d'opinion tout de suite après les attentats, il faut s'attendre à des résultats extrêmes. Je serais curieuse de voir quelles seront les opinions dans six mois." Ce que les récents sondages exposent cependant, selon Prins, ce sont les différences ethniques. "Celles-ci sont peut-être trop escamotées dans notre culture d'évitement. Il est bon qu'elles apparaissent maintenant. Ce n'est que lorsque les contradictions seront claires que nous pourrons parler des causes sous-jacentes."

Le Trouw (p.1) note sur un autre plan que "le nombre d'élèves turcs et marocains qui passent dans une classe de transition permettant d'entrer en filière havo ou une filière supérieure est passé de 20 à 40 % en dix ans". "60 % des élèves des écoles primaires néerlandaises passent désormais dans une classe de transition de niveau mavo [enseignement secondaire général], havo [enseignement général court] ou vwo [enseignement pré-universitaire]. C'est ce qui ressort du Rapport sur les minorités 2001 du Sociaal en Cultureel Planbureau (SCP)."

"Le retard des enfants allochtones dans l'enseignement primaire a également diminué considé-rablement. Ils ont rattrapé leur retard en calcul de 1988 à 1998. Dans la dernière classe du primaire ils ont encore six mois de retard, et on s'attend à ce qu'ils atteignent le niveau moyen de leurs camarades autochtones en 2010. Mais aucun progrès n'a été enregistré sur le plan linguistique. Les enfants turcs, marocains et antillais quittent toujours l'école primaire avec un retard moyen de deux ans."

"Les allochtones ont réussi à améliorer fortement leur situation sur le marché du travail", ajoute le journal calviniste en page 9. "Le chômage a surtout baissé fortement parmi les Turcs et les Marocains : de plus de 30 % en 1995 à 10 % maintenant." "Au demeurant, les chiffres du SCP sont moins flatteurs qu'il n'y paraît. Les allochtones ont très souvent un emploi sur le segment flexible du marché du travail. Au moins 20 % travaillent pour une agence d'intérim, contre 7 % des autochtones" (également De Telegraaf p.6, Algemeen Dagblad p.21).


Presse néerlandaise du vendredi 28 septembre 2001

Aux Pays-Bas, Haci Karacaer, président de la fédération des mosquées turques Milli Görüs Nederland, a fait valoir que le premier ministre Kok, à l'instar du président Bush, devrait visiter une mosquée pour ne pas s'aliéner la communauté musulmane. Karacaer, dans le Trouw (p.14), met en garde contre le "climat anti-islamique" qui se développe selon lui aux Pays-Bas, depuis les attentats en Amérique. En visitant une mosquée, Kok peut "dissiper la peur de l'islam et montrer qu'il est aussi le premier ministre des musulmans".

Cette peur est d'ailleurs exagérée, selon Karacaer. "Les musulmans n'ont pas besoin d'un intermédiaire entre eux et Dieu. Une grande masse du monde musulman veut tout simplement être libre, comme les Occidentaux."

"Le président, qui est considéré aux Pays-Bas comme un 'musulman exemplaire', démolit les théories d'un empire musulman unique", souligne le journal calviniste. "'Je ne crois pas à ces contes fantastiques. Suivre Ben Laden, c'est s'engager dans une voie sans issue'."

Le Volkskrant (pp.1 et 2) note de son côté que les jeunes Marocains d'Ede n'ont pas fait la fête à la suite des attentats aux Etats-Unis. Le groupe était déjà dans la rue lorsque la nouvelle a été diffusée et il a voulu provoquer la police, comme il le fait souvent. "C'est ce qui ressort d'une enquête de quartier interne, d'une déclaration de la police et d'entretiens avec les jeunes en question."


Presse néerlandaise du lundi 1er octobre 2001

Le dossier du jour : Interview de Bolkestein

Le cahier Reflex du Volkskrant de samedi contient une longue interview de l'eurocommissaire néerlandais Frits Bolkestein, signée Martin Sommer et intitulée "Un monde méchant, méfiant et jaloux".

"L'eurocommissaire Frits Bolkestein (marché intérieur) peut faire usage à Paris d'un splendide bureau Boulevard St. Germain", souligne le correspondant du journal de centre-gauche. "Il essaie de se rendre deux fois par an dans les 'grandes' capitales, Paris, Londres, Berlin, pour passer en revue les affaires courantes. En France, les affaires courantes de Bolkestein sont prévisibles : quand les Français libéraliseront-ils leur poste, leur énergie et leurs transports publics ? C'est de cela que nous devions nous entretenir, mais l'actualité a dépassé les affaires courantes."

"Qu'y a-t-il derrière les attentats en Amérique ?" s'interroge Bolkestein. "Une des raisons est sans aucun doute le soutien américain à Israël. Et indépendamment de cela, il y a un phénomène plus large : l'islam fait une promesse, à savoir que le vrai croyant triomphera de ses ennemis et deviendra puissant et prospère. Mais l'islam ne triomphe absolument pas de ses ennemis et n'est ni puissant ni prospère. Bien au contraire. Et la question, pour le vrai croyant, est la suivante : quelle en est la raison ? C'est soit parce que nous ne sommes pas le vrai croyant, parce que nous ne vivons pas selon le Coran, soit parce qu'on nous a escamoté la puissance et la richesse. A l'arrière-plan il y a le ressentiment et la rancune d'une grande partie du monde islamique vis-à-vis de l'Occident. Nous sommes grands et puissants et eux ne le sont pas. C'est la coalition occidentale qui a battu Saddam Hussein dans la mère de toutes les batailles, et pas inversement. Ils se sentent laissés pour compte, alors qu'ils ont le pétrole." "J'estime que les Etats-Unis doivent riposter. Ils ne peuvent pas accepter cela. Ce serait interprété comme de la faiblesse, et la faiblesse provoque l'agression."

"Je crains que ce genre de situation ne nous soit pas épargné", dit Bolkestein à propos de l'Europe. "Tout ce qui se passe aux Etats-Unis gagne ensuite l'Europe. C'est vrai pour les Levi's, le jogging, la mode, tout." " Interrogé sur les conséquences pour les libertés européennes et sur le mandat d'arrêt européen qu'on élabore, l'eurocommissaire néerlandais répond : "Ce mandat d'arrêt européen signifie : on établit un mandat d'arrêt quelque part et il est valable pour toute l'Europe. Sans procédure d'extradition compliquée. Je trouve que c'est un grand pas en avant. Je ne trouve pas que c'est une réduction notable des libertés. Je suis d'avis que nous ne pouvons plus nous permettre la protection actuelle des données. Nous avons longtemps accordé la priorité à l'intimité. C'est très agréable, mais le terrorisme est un danger tellement pressant que, s'il y a conflit entre l'intimité et l'efficacité de la lutte contre le terrorisme, c'est l'intimité qui doit céder."

Cela veut-il dire : une pièce d'identité obligatoire aux Pays-Bas ? "Par exemple. J'estime qu'il est utile d'avoir de pièce d'identité valable dans tous les cas."

S'agissant du problème des demandeurs d'asile et de la Convention de Genève, Bolkestein déclare : "Cette Convention a été rédigée à une autre époque. Nous avons maintenant affaire à l'immigration de masse. Un demi-million de personnes par an, c'est beaucoup. Mais il n'y aura pas d'amendement, car la Convention est une vache sacrée. Personne ne voudra y toucher. Tant que nous ne conclurons pas d'accords clairs, les histoires sur le littoral espagnol ou à la frontière italienne continueront. Et vous savez ce que signifie Schengen : une fois admis, vous pouvez voyager à travers toute l'Union européenne. C'est l'un des plus grands problèmes européens."

A propos de la gravité des problèmes que pose l'islam en France et aux Pays-Bas : "On a grosso modo deux modèles, le cloisonnement néerlandais et la laïcité française. Aux Pays-Bas, nous avons eu l'émancipation des catholiques et des réformés. Dans l'optique de l'ancien premier ministre Lubbers, les musulmans devraient maintenant pouvoir s'émanciper par le biais du groupement islamique. On peut se demander si le cloisonnement a accéléré ou ralenti l'émancipation. Je ne le sais pas. Encore indépendamment de la question de savoir si on peut faire de l'islam un groupement du cloisonnement néerlandais."

Le correspondant Martin Sommer remarquant que la sévère approche française des problèmes n'a guère eu de résultat, Bolkestein répond : "Je dois reconnaître que je trouve tout de même plus raisonnable l'attitude néerlandaise, plus pratique, face au problème des minorités. J'ai l'impression que le ressentiment est tout de même moins fort aux Pays-Bas qu'en France. Regardez l'Algérie, où je ne sais combien de jeunes n'ont pas d'emploi. Ils ne gagnent rien, n'ont pas de perspective [...] et ils regardent la télévision française au café du quartier. Cela ne peut que susciter le désir de partir, des frustrations et du ressentiment. Il n'y a pas d'autre possibilité. Nous nous trouvons devant un dilemme diabolique, car nous ne pouvons pas promouvoir le développement économique de l'Algérie de façon significative. Et ces jeunes Algériens sont tout près, de l'autre côté de la Méditerranée. Allez donc dire à ces gens-là qu'ils doivent rester dans leur propre pays !"

Communauté musulmane des Pays-Bas

La presse de samedi a largement rendu compte de la visite de la mosquée amstellodamienne Al Kabir par le premier ministre Kok. "J'en avais formé le projet depuis longtemps", a commenté Kok, que le président d'une grande organisation musulmane des Pays-Bas avait invité dans la presse à faire une telle visite.

Dans le cahier de Verdieping du Trouw de samedi, le journaliste Sylvain Ephimenco, un ancien correspondant français établi à Rotterdam, a publié une "lettre ouverte aux musulmans des Pays-Bas", les appelant à pratiquer l'introspection. "Combien de temps encore certains imams et responsables musulmans, de même que certains croyants, détourneront-ils le regard lorsqu'on propage l'intolérance et la violence au nom de l'islam, aussi faussement que ce soit ? On ne peut pas guérir une tumeur maligne sans diagnostic clair et sans traitement."

Dans le Volkskrant, Karacaer, président de l'organisation musulmane turque Milli Görüs, expliquait de son côté : "Notre premier objectif n'est pas de répandre l'islam, mais de donner un autre visage à l'islam déjà répandu".

Ce matin, le Volkskrant (p.3) et le Trouw (p.3) notent que l'association des mosquées néerlandaises (SMO), à la suite de nouveaux incidents survenus durant le week-end et dans la perspective du Ramadan, appelle les maires et la police à garantir la sécurité des citoyens musulmans.


Presse néerlandaise du mercredi 3 octobre 2001

Communauté musulmane

Depuis les attentats du 11 septembre, on a compté plus de 90 incidents dirigés contre les musulmans des Pays-Bas. C'est ce qui ressort d'un inventaire publié hier par l'association des centres anti-discriminatoires.

Dans la plupart des cas (31 incidents), il s'agissait d'insultes dans la rue, de menaces et de crachats. Les femmes portant le foulard islamique, en particulier, sont victimes de tels comportements. Divers incidents sur le lieu du travail ont également été signalés. L'association a par ailleurs enregistré 24 cas de graffiti, de déprédations et de tentatives d'incendie de mosquées et d'institutions islamiques (Trouw p.4).


Presse néerlandaise du jeudi 4 octobre 2001

Le dossier du jour : Crise internationale

"Les Pays-Bas, au conseil de l'OTAN, mardi, ont vainement demandé un délai de réflexion pour étudier les pièces à conviction concernant l'implication de Ben Laden dans les attentats aux Etats-Unis", relève le Volkskrant dans son grand article à la une. "L'ambassadeur auprès de l'OTAN, Patijn, a fait chou blanc. Selon des diplomates à Bruxelles, les Etats-Unis ne disposent pas de preuves solides contre Ben Laden, ils n'ont que de fortes indications."

"Patijn, à la demande du ministre des Affaires étrangères Van Aartsen, avait requis une heure de réflexion, mardi, après que l'envoyé américain Frank Taylor avait soumis au conseil de l'OTAN des preuves de l'implication de Ben Laden dans les attentats terroristes. Quelques autres pays, dont le Luxembourg, avaient aussi demandé une 'procédure de silence'. Selon des sources bien informées, le secrétaire général de l'OTAN, Robertson, a immédiatement décliné la requête en disant qu'un allié de l'OTAN demandait la confiance inconditionnelle des autres, et qu'il fallait l'honorer sans délai. Cela signifiait que l'article 5 de la Charte de l'OTAN entrait en vigueur."

"Selon le gouvernement, les Américains ont réussi à trouver des preuves convaincantes de l'implication d'Oussama ben Laden dans les attentats", poursuit le même Volkskrant en page 3. "La tension monte au sein de GroenLinks, car des opérations militaires sont imminentes. La porte-parole pour l'étranger Farah Karimi, une réfugiée d'origine iranienne, déclare à ce propos : 'Nous ne connaissons pas ces preuves et je me demande si le gouvernement peut entrer en action sans en avoir informé le Parlement. Le gouvernement dit : sur la base de ces preuves, les Etats-Unis tirent la conclusion que les attentats terroristes ont été dirigés de l'extérieur. Point final. Ce n'est pas suffisant pour GroenLinks."

La députée GroenLinks se déclare satisfaite de la façon de procéder des Américains dans cette crise. "D'un côté, ils agissent avec modération sur les réseaux diplomatiques et financiers. Ce qui est préoccupant, c'est qu'ils concentrent des troupes. Jusqu'à présent ils ont bien agi. Jusqu'à présent."

(...)

Actualité internationale

Parlement européen

Plusieurs quotidiens notent l'intention du Parlement européen de demander des éclaircissements à l'eurocommissaire néerlandais Frits Bolkestein, au sujet des propos qu'il a tenus samedi sur l'islam, dans le Volkskrant (cf. revue du 1er octobre). L'europarlementaire flamand Paul Staes (Verts) a même demandé la démission de l'ancien leader libéral.

Le premier groupe parlementaire européen, les chrétiens-démocrates, a demandé hier à mettre Bolkestein sur la sellette. Cette demande a été soutenue par les sociaux-démocrates européens.

L'europarlementaire néerlandais Wim van Velzen estime que les commissaires européens doivent se confiner dans leur propre domaine politique. Selon un porte-parole de la Commission, il n'y a aucun problème; il a rappelé que Bolkestein a apporté sa coopération à deux ouvrages sur l'islam (Trouw p.5, de Volkskrant p.5, Het Financieele Dagblad p.9).

Actualité intérieure

Communauté musulmane

Dans une lettre qui sera distribuée dans tous les évêchés, dimanche, les évêques néerlandais appellent au "dialogue" et à la "rencontre" entre chrétiens et musulmans, note le Volkskrant (p.2). Ils soulignent l'intolérance croissante des musulmans et des chrétiens les uns vis-à-vis des autres. "Les sentiments d'effroi et de colère suscités par les attentats de New York et Washington ne doivent pas déboucher sur l'amertume et la haine", écrivent-ils. "On risque d'accuser collectivement les musulmans et de renforcer les préjugés à l'encontre de la foi et de la culture islamiques."

L'initiative des évêques néerlandais suit l'appel de leurs collègues européens réunis dans le COMEC, qui avait publié un appel au dialogue dès le 17 septembre.

L'Algemeen Dagblad (p.5) remarque que le débat se généralise. "Le premier ministre Kok et le ministre Van Boxtel (Intégration) rendent visite aux migrants jour après jour. Les leaders musulmans se présentent dans les médias. La société multiculturelle n'est plus la même après les attentats aux Etats-Unis. La Large Discussion Civique a commencé. Quelque 40 ans après la venue aux Pays-Bas des premiers grands groupes de travailleurs immigrés, autochtones et allochtones font enfin connaissance."


Presse néerlandaise du vendredi 5 octobre 2001

Sécurité

"'En tant que terroristes, nous sommes libres d'agir en Europe'", titre le NRC Handelsblad d'hier soir à la une, au-dessus d'une correspondance d'Istanbul signée Bernard Bouwman. "Ali [pseudonyme d'un membre du groupe gauchiste terroriste Dev-Sol interviewé par le journaliste] a entendu beaucoup de leaders européens parler de lutte contre le terrorisme, les derniers jours, mais chaque fois cela le fait rire. Car durant des années, les gouvernements européens ont laissé en paix une organisation d'extrême gauche comme Dev-Sol, la conséquence étant qu'elle a maintenant une base solide dans les sociétés européennes. Plus la situation des activistes de l'organisation devenait difficile en Turquie, plus il en partait en Europe. 'L'Europe croit à la démocratie, et donc nous pouvons y faire ce que nous voulons.' 'Tout est possible en Europe.' Prenez un pays comme les Pays-Bas, qui, tout comme l'Autriche, deviennent de plus en plus un centre du mouvement. En Turquie, une réunion d'activistes de Dev-Sol serait immédiatement prise d'assaut par la police, selon Ali, mais aux Pays-Bas la direction du mouvement organise impunément des réunions qui comptent parfois trente personnes. On se concerte une ou deux fois par an, et les participants viennent aux Pays-Bas des quatre coins de l'Europe. La collecte de fonds n'est pratiquement pas entravée par les autorités néerlandaises. Les quelque 10 000 sympathisants du mouvement qui habitent aux Pays-Bas donnent de l'argent, selon Ali. Mais les bars et les cafétarias qui lui manifestent moins d'affection paient pour leur 'protection'."

"La Constitution et le Code pénal ne connaissent pas le terme 'terrorisme', et le BVD emploie une définition précise du concept", souligne le même NRC Handelsblad dans un deuxième article. "C'est l'une des raisons pour lesquelles des organisations extrémistes comme Dev-Sol peuvent être tolérées ici." "Marianne van Leeuwen, spécialiste du terrorisme à l'Institut Clingendael, constate que des mouvements qui sont interdits et poursuivis par la police ailleurs peuvent se réunir librement aux Pays-Bas, dans les locaux de leurs associations. 'C'est ainsi que l'image des Pays-Bas faciles et naïfs a pu se former. Elle est d'ailleurs exacte'."

Presse hebdomadaire

Les hebdomadaires, cette semaine, s'accordent à constater que la violence et l'islam vont de pair. "L'islam, ce qu'il faut savoir", titre Elsevier sur sa couverture, qui présente des faits et des informations de fond : les rudiments de l'islam, les doctrines du fondamentalisme, un aperçu de la communauté musulmane des Pays-Bas. Le magazine conservateur consacre aussi un article critique à la gestion du problème par Van Boxtel (Intégration). Il dit de son management by speech: "Van Boxtel déborde de compréhension pour les migrants ratés, il est le point de contact permanent des chargés d'affaires allochtones, le dialogue qui s'est fait chair, et simultanément il est presque impuissant."

HP/De Tijd sollicite un "dialogue pénal" avec le ministre de l'Intégration. "Il y a quelque chose qui ne va pas avec l'islam", affirme l'hebdomadaire au-dessus de son article de couverture. Selon l'auteur Paul Frentrop, le fondamentalisme n'est pas un phénomène marginal dans le monde islamique. La violence est monnaie courante dans les régions où les musulmans doivent cohabiter avec des non-musulmans. C'est à tort que ce sujet est tabou : "Après les attentats aux Etats-Unis, nous avons le droit de demander si les idées que l'islam propagent sont acceptables."

Vrij Nederland insiste aussi sur le caractère conciliant de la deuxième religion du monde. "La très grande majorité des musulmans voit en Mahomet un prophète pacifique et tolérant. C'est certainement le cas de ses fidèles aux Pays-Bas." On notera aussi, dans l'hebdomadaire progressiste, un entretien avec un certain Osama Rushdi Ali Kalifa, recherché en Egypte pour les attentats fondamentalistes qui ont coûté la vie à 58 touristes, à Luxor. Rushdi habite dans un nouveau lotissement, quelque part aux Pays-Bas, avec sa femme et ses enfants. Ses demandes d'asile ont été refusées, ce qui lui fait dire : "Je ne comprends pas que la justice néerlandaise se base sur les falsifications des autorités égytiennes."

A signaler :

Le Trouw (p.15) publie aujourd'hui une traduction arabe de l'appel de Sylvain Ephimenco aux musulmans des Pays-Bas (cf. presse du 1er octobre). Cette invitation à engager un dialogue critique a été appréciée par de nombreux lecteurs, musulmans et non musulmans, souligne le journal calviniste, et certains ont demandé sa publication en arabe.


Presse néerlandaise du lundi 8 octobre 2001

Lutte contre le terrorisme

"Les Pays-Bas doivent interdire le plus vite possible les organisations terroristes", rapporte le Volkskrant. "Les écoles ne doivent plus être autorisées à recevoir des fonds de l'étranger. Les Pays-Bas doivent avoir leur propre formation d'imams. Tel était l'essentiel du message remarquablement sévère du leader du groupe parlementaire PvdA, Melkert, à une réunion du Forum Politique du PvdA, samedi à Bois-le-Duc. 'Le soutien de l'étranger n'a d'autre but que de renforcer les différences culturelles. Ce n'est pas acceptable', a déclaré Melkert."

"Melkert s'est aussi prononcé contre l'aisance avec laquelle les organisations terroristes ont été admises aux Pays-Bas jusqu'à présent. 'On peut expliquer comment cette situation s'est créée, mais on ne peut pas la concilier avec la réalité d'aujourd'hui, ni avec la nécessité de suivre une ligne unique en Europe'.

"Melkert n'a pas voulu donner de noms pour le moment. Il a éludé la question de savoir s'il fallait par exemple interdire une organisation comme le PKK, considérée comme terroriste en Turquie. Mais en ce qui le concerne, les Pays-Bas ne doivent pas rester sur la ligne de touche et 'laisser une marge de manœuvre à des personnes qui nient et minent l'Etat de droit'. 'Nous devons défendre la démocratie contre le terrorisme de l'extérieur et contre l'infiltration de l'intérieur'."

Le gouvernement dégagera 150 à 200 millions de florins pour un Plan d'action contre le terrorisme, annonçaient plusieurs journaux de samedi. Il a présenté quarante-trois mesures vendredi, dont la presse retient en particulier le renforcement des effectifs et des équipements de la police, de la justice et des services de renseignement et de sûreté (NRC Handelsblad p.1, De Telegraaf p.1, Trouw p.3, de Volkskrant p.3 de samedi).


Presse néerlandaise du mardi 9 octobre 2001

Communauté musulmane

Selon A. Tonca, porte-parole de l'association des mosquées des Pays-Bas (SMO), la plupart des musulmans des Pays-Bas soutiennent les frappes contre l'Afghanistan, tant qu'elles ont pour but d'arrêter Oussama ben Laden et son organisation. "Nous devons lutter avec forcc contre les manifestations extrémistes de groupements musulmans comme les taliban", a souligné Tonca. "L'islam ne peut pas approuver un acte terroriste."

La SMO affirme représenter plus de 300 mosquées qui comptent 500 000 musulmans au total. Les principales organisations religieuses turques et marocaines en font partie (De Telegraaf p.3).


Presse néerlandaise du vendredi 12 octobre 2001

(l'hebdomadaire) Vrij Nederland contient un article sur le vernis multiculturel extrêmement mince de la société néerlandaise, évoquant l'intimidation lancée à l'un des chefs de file du nouveau Parti Démocratique Arabe ("Va rejoindre ton frère Oussama ben Laden") et l'indifférence de la police : "Que pouvons-nous faire ? Ces menaces sont impossibles à prouver."

Justice : élargissement d'un Algérien suspect

"Les explications du ministre Korthals (VVD) concernant la remise en liberté de l'Algérien qui était soupçonné d'activités terroristes n'ont pas encore convaincu tous les groupes de la Deuxième Chambre", rapporte le Trouw (p.4).

"Le ministre de la Justice en impute la responsabilité à la Chambre des étrangers et sa décision de faire appel est approuvée par la Deuxième Chambre. Mais les groupes parlementaires CDA (opposition) et D66 (coalition) restent d'avis que le Ministère public et le Service d'immigration et de naturalisation (IND) ne sont pas lavés de tout reproche. 'Le Ministère public et l'IND ont agi avec maladresse dans cette affaire', juge le député D66 Dittrich." "Son collègue CDA Van de Camp reproche à l'IND et au juge des étrangers 'un manque de sensibilité professionnelle s'agissant de la lutte contre le terrorisme. 'Nous devons ajouter cette incident à la liste des autres incidents impliquant Korthals. Et le plus tragique, c'est qu'à nouveau il n'y peut rien. Le problème est la friction entre le droit pénal et le droit des étrangers'."

"Le débat sur la libération de l'Algérien s'en va en eau de boudin", remarque l'Algemeen Dagblad (p.4). "Le D66 et le CDA n'ont pas réussi hier à obtenir l'approbation des autres partis pour un débat d'urgence à lourde charge politique."


Presse néerlandaise du mardi 16 octobre 2001

Le Volkskrant (p.2) et le Trouw (p.3) notent par ailleurs que le CIDI, le centre néerlandais d'information et de documentation sur Israël, a déposé plainte contre un texte antisémite diffusé sur Internet par la mosquée El Tawheed, à Amsterdam. L'article en ligne diffusée par cette mosquée dit notamment que "les juifs contrôlent les médias et l'industrie des armements". Selon le député VVD O. Cherribi, qui est d'origine marocaine et qui a soutenu l'an dernier une thèse sur les imams d'Amsterdam, ce texte est une version arabe de Mein Kampf d'Adolf Hitler. Il précise que la mosquée El Tawheed est une exception : "La plupart des imams tournent le dos à la société néerlandaise, qu'ils jugent menaçante, mais ce genre de langage est très rare."


presse néerlandaise du vendredi 19 octobre 2001

Crise terroriste

(...) "L'organisation caritative saoudienne Muwafaq, qui, selon le gouvernement américain, a fait parvenir des millions de dollars au réseau terroriste d'Oussama ben Laden, est aussi représentée aux Pays-Bas", annonce le Volkskrant à la une. "Le riche homme d'affaires saoudien Yasin Al-Qadi, que le président Bush a placé sur la liste internationale de terroristes la semaine dernière, fait partie du comité directeur néerlandais." "La Banque des Pays-Bas - qui dirige la chasse aux fonds terroristes aux Pays-Bas - ne veut pas dire si des mesures ont été prises contre la branche néerlandaise de Muwafaq."

"Il est parfois difficile de distinguer les activités caritatives du terrorisme", remarque le journal de centre-gauche en page 2.

Dans la catégorie opinions de spécialistes, on retiendra un plaidoyer de l'ancien ambassadeur des Pays-Bas auprès de l'OTAN, Niek Biegman, en faveur du jugement de Ben Laden dans un pays islamique comme le Pakistan ou l'Arabie saoudite (Algemeen Dagblad p.7).

Presse hebdomadaire

HP/De Tijd poursuit sa contribution au débat sur l'islam et l'intégration. Après l'article controversé de Paul Frentrop, il y deux semaines, il publie cette semaine un article saillant de l'arabisant Hans Jansen, qui n'abonde pas dans le sens des censeurs de Frentrop, bien représentés dans le courrier des lecteurs. Jansen corrige Frentrop sur quelques points, mais il souligne aussi que même des érudits musulmans mettent en cause des thèses islamiques essentielles. Malheureusement, certains ne peuvent plus commenter leurs critiques, car ils ont été exécutés.

Le monde islamique n'est guère propice aux opinions intrépides, écrit Jansen. La plupart des leaders spirituels qualifient très vite les critiques à l'encontre de certaines doctrines d'offensive de front contre l'islam ou d'hérésie. C'est pourquoi beaucoup de musulmans modérés gardent leurs idées pour eux. Ce manque de liberté est funeste. "Ce n'est que lorsque les musulmans s'accorderont cette liberté que l'islam pourra se manifester comme aussi pacifique que beaucoup de ses défenseurs le proclament."

L'article de Jansen est accompagné d'un reportage sur Amersfoort. Qu'en est-il de l'intégration des nouveaux-venus originaires du Maroc et de Turquie ? La commune fait de son mieux et il n'y a pas de grandes tensions, surtout parce qu'allochtones et autochtones s'ignorent poliment les uns les autres.

Elsevier a interviewé Samuel Huntington, auteur de The Clash of Civilizations. Celui-ci considère le 11 septembre comme une ligne de rupture de l'histoire, mais ne juge pas inévitable un heurt de civilisations. Le réseau de Ben Laden, en effet, se réduit à la partie extrêmement fanatique de l'islam. En passant, il critique le modèle ouest-européen d'intégration : "L'idéal multiculturel s'érode, parce que l'immigration est allée trop vite dans beaucoup de sociétés occidentales. Les immigrants s'isolent et restent une minorité qui a sa propre culture, sa langue et son enseignement."


Presse néerlandaise du lundi 21 octobre 2001

Liste électorale VVD

Le député d'origine marocaine Oussama Cherribi ne figure pas sur la nouvelle liste électorale du VVD, annonce l'Algemeen Dagblad à la une. "Cherribi avait été placé en 24e position de la liste des candidats par Bolkestein, en 1994. 'Il ne reviendra pas, suite à des entretiens d'évaluation durant lesquels nous sommes arrivés à la conclusion qu'il a un nombre exceptionnel de talents, mais que ces talents sont plus efficaces à l'extérieur de la Chambre', commente le président du VVD, Bas Eenhoorn. 'Il réussit mieux en milieu universitaire. On lui a d'ailleurs déjà fait des propositions."

"Cherribi avait la Nederlandse Taalunie [Union de la langue néerlandaise, entre les Pays-Bas et la Flandre] et les NTIC dans son portefeuille, mais les médias le représentaient surtout comme allochtone et spécialiste du monde musulman."

"Le VVD ne manquera pas de 'nouveaux Néerlandais', comme dit Eenhoorn. La Néerlandaise d'origine turque Örgü peut revenir sur la liste, de même que Rémak, d'origine surinamienne. Une nouvelle sur la liste, en 38e position, selon Eenhoorn, est l'Amstellodamienne Griffith, qui est aussi d'origine surinamienne."

La liste VVD commence par Dijkstal (1), Jorritsma-Lebbin (2), Zalm (3), Terpstra (4), Hermans (5), Korthals (6), De Grave (7), Van Aartsen (8), Voûte-Droste (9) Remkes (10). Selon des sources au sein du VVD, le congrès du parti, en janvier, ne touchera pas aux numéros 1 à 35. [N.B. le VVD a obtenu 38 sièges en 1998, contre 45 aux socialistes du PvdA, mais il aura à faire face aux prochaines élections à des listes "Pays-Bas vivables" (Leefbaar Nederland) qui risquent de manger une partie de son électorat et de le ramener à 41 sièges]

Lutte contre le terrorisme

"Il s'avère que des ramifications du réseau de Ben Laden existent aux Pays-Bas", relève le Volkskrant (p.3) de samedi. "Il y aurait aussi un lien entre la cellule de Rotterdam et le '20e détourneur d'avion'." "Le bureau néerlandais de l'organisation caritative saudienne Mawafaq s'avère avoir des liens avec un imam d'Utrecht, qui travaillerait pour les services secrets libyens, selon le BVD. Cet imam a été expulsé l'an dernier. Selon le gouvernement américain, Muwafaq a transféré des millions de dollars à l'organisation de Ben Laden." "Selon le président Bush, il faut geler immédiatement les avoirs financiers de personnes et d'organisations qui figurent sur sa liste de terroristes.

Aussi ceux de Chafiq Ayadi, qui est sur la liste de Bush et qui fait partie du comité directeur de Muwafaq aux Pays-Bas. Ni la Banque des Pays-Bas, ni le Ministère public ne veut dire si des mesures ont été prises aux Pays-Bas, à l'encontre de Muwafaq. La vice-premier ministre Jorritsma n'est pas surprise par les informations selon lesquelles le réseau de Ban Laden aurait des ramifications aux Pays-Bas. Si l'on apporte la preuve que l'organisation Mawafaq s'occupe d'activités criminelles à Breda, elle sera certainement interdite, selon Jorritsma."


Presse néerlandaise du mardi 23 octobre 2001

Liste électorale du VVD

Oussama Cherribi a un compte à régler avec le président du VVD, Bas Eenhoorn, relève le Trouw (p.4). "Le député libéral a lu dans le journal qu'il n'était pas rééligible." "Il y aura un entretien de réconciliation entre le président du VVD et le député fâché, jeudi."

"Il y a de moins en moins de place pour le débat au sein du VVD", se plaint le député d'origine marocaine dans l'Algemeen Dagblad (p.5).

voir aussi le site d'Oussama Cherribi et l'article de l'Algemeen Dagblad


Presse neerlandaise du vendredi 26 octobre 2001

Justice : cas de l'Algérien remis en liberté

"L'Algérien Rachid Z., qu'on soupçonnait d'activités terroristes, a été élargi à tort par le juge des étrangers de Haarlem, il y a trois semaines", rapporte le Telegraaf à la une. "En prononçant cet arrêt dévastateur, hier, le Conseil d'Etat a administré un sérieux coup de férule au juge des étrangers et annulé sa décision. Le Service d'immigration et de naturalisation (IND), qui s'était pourvu en appel devant ce haut collège d'Etat, peut de nouveau écrouer l'Algérien."

"L'IND est satisfait de l'arrêt, mais n'a pas l'intention de rechercher activement cet homme, qui a disparu avec en poche les 2 750 florins de dédommagement que lui a accordés le juge. 'La politique d'usage est de ne pas dépister activement les clandestins', selon un porte-parole. 'Il n'y a pas lieu de faire une exception, en l'occurrence.' Ce n'est que si on le retrouve par hasard, par exemple lors d'une opération alcootest, qu'il retournera en prison. Comme il n'y a pas de possibilité d'appel contre les dédommagements, l'Algérien pourra garder les 2 750 florins" (également de Volkskrant p.3, Trouw p.4, Algemeen Dagblad p.5).


www.suffrage-universel.be
Citoyenneté, démocratie, ethnicité et nationalité aux Pays-Bas
Un terroriste d'origine marocaine assassine un écrivain islamophobe (02/11/2004)