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le droit de vote des étrangers à Chypre

Que faire des "Turcs anatoliens" de Chypre-Nord ?

Pierre-Yves Lambert, Suffrage Universel (liste), 3 octobre 2003

Il faut rappeler ici que le Nord de Chypre a été occupé militairement en 1974 par la Turquie, à une époque où une dictature militaire fasciste dirigeait la Grèce (pour quelques jours encore), à laquelle le gouvernement grec-chypriote rêvait pourtant d'être annexé ("Enosis") au même titre que la Crète ou Corfou , alors que le premier ministre turc, Bülent Ecevit, était un social-démocrate (PRP) allié aux islamistes (PSN, prédécesseur du Refah). Un quart de siècle plus tard, le même social-démocrate Ecevit dirigera une coalition gouvernementale avec un parti de droite (ANAP) et un parti fasciste (MHP). Tout ceci pour inciter les lecteurs non avertis à la relativisation...

Par la suite, des milliers de Turcs de Turquie ont été installés sur ce territoire occupé, qui a progressivement été élevé au statut d'"Etat Fédéré Turc Chypriote" (13/02/1975) puis de "République Turque de Chypre Nord" (RTCN, 15/11/1983). De facto, l'Etat unitaire binational de Chypre n'existait déjà plus depuis 1963, la "République de Chypre" étant entièrement dominée par les "Grecs Chypriotes" (auxquels s'étaient agglomérées les minorités maronite et arménienne).

La RTCN n'a jamais été reconnue que par la Turquie, mais dispose de tous les attributs habituellement reconnus comme constitutifs d'un Etat, au même titre que d'autres Etats non reconnus par l'ensemble de la communauté internationale, Taïwan et le Somaliland par exemple. Des élections ont régulièrement lieu en RTCN (ce qui est loin d'être le cas dans tous les Etats reconnus internationalement, l'Arabie séoudite ou les "Emirats Arabes Unis" par exemple), et il n'y a été fait aucune distinction entre "Turcs chypriotes" et "Turcs anatoliens". Ceci étant dit, la RTCN n'est pas non plus, loin de là, un modèle de démocratie respectant les droits de l'homme et la liberté de la presse, un peu comme l'"Autorité Palestinienne" d'ailleurs, ce qui ne rend toutefois pas moins légitime leur existence.

A présent que l'Etat chypriote-grec, internationalement reconnu comme "République de Chypre", va faire son entrée dans l'Union Européenne, la question du statut de ces "Turcs anatoliens" va être posée, déjà de nombreux Turcs Chypriotes ont effectué, en prévision de cette entrée, les démarches pour obtenir un passeport de la "République de Chypre". Mais en 30 ans il y a eu des naissances de Turcs anatoliens à Chypre, ainsi que des mariages mixtes, et il ne sera pas si évident que ça de régler cette question de la citoyenneté des Chypriotes turcophones en cas de réunification, un problème comparable à celui des "Russes" en Estonie et en Lettonie se posera donc probablement, à moins que ne soit considérée comme acceptable par l'UE l'épuration ethnique de ces "Turcs anatoliens". Certes, il y a déjà eu des épurations ethniques à Chypre en 1974 et avant, mais dans les deux sens, contrairement à ce que prétend la propagande grec-chypriote.

Il faudra probablement fixer une date arbitraire pour déterminer qui doit être considéré comme chypriote et qui pourra bénéficier du droit de résidence dans cette nouvelle Chypre européenne réunifiée. Surtout si, comme le laisse entendre la dépêche ci-dessous, le nombre de nouveaux immigrants anatoliens est en train de fortement s'accroître.

Pierre-Yves Lambert
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http://www.ekathimerini.com/4dcgi/_w_articles_politics_7087913_29/07/2003_32417

Kathimerini (Athens) Tuesday July 29, 2003

A ‘crowning act’ for Cyprus

NICOSIA (AP) - Cyprus ratified the treaty for its accession to the European Union yesterday and asked the EU to take action against the increasing influx of Turkish settlers into the island’s occupied north.
The signing of the treaty "constitutes a crowning political act" that is the last step before Cyprus and the other nine candidates join the EU on May 1, 2004, President Tassos Papadopoulos said.
Noelle Lenoir, the French minister for European affairs who is on a two-day visit, hailed the signing as "an historical act" that will transform Cyprus into a bridge between the EU and the Middle East.
The treaty envisages the accession of the whole of Cyprus, but EU laws and benefits will not apply to the breakaway Turkish-Cypriot state until the island is reunified. Turkish Cypriots staged unprecedented massive demonstrations earlier this year demanding the resignation of Turkish-Cypriot leader Rauf Denktash for rejecting a United Nations reunification plan that would enable a unified Cyprus to join the EU next May.
Turkish-Cypriot opposition parties saw the demonstrations as a sign they may defeat the hardliner Denktash in December’s presidential election. But they fear their victory may be blocked by the increasing influx into the north of thousands of impoverished settlers from the mainland who are granted citizenship and voting rights on arrival. They are also allocated homes and other properties abandoned by the Greek-Cypriot refugees, favors that may sway their vote for Denktash. Last week, the opposition parties appealed to the UN and the EU to ensure that only native Turkish Cypriots can vote.
Following a meeting with Cyprus Foreign Minister George Iacovou earlier yesterday, Lenoir said the issue would be discussed by the EU.


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