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Pierre-Yves Lambert – Suffrage Universel – 26 mars 2009
Cinq jours après celle du PS, la liste CDH, ou plutôt une partie de celle-ci, soit les quinze premières places, les trois dernières et les trois premières suppléances, a été dévoilée ce soir au siège du parti. Elle ne sera présentée officiellement que lors d'une conférence de presse vendredi 27, mais le journaliste Mehmet Koksal a pu l'obtenir en primeur pour Parlemento1, après que les quatre premières places, les deux dernières et les deux premières suppléances aient été annoncées sur le site du Soir mercredi après-midi2.
1. Benoît Cerexhe
2. Joëlle
Milquet
3. Hamza Fassi-Fihri
4. Céline Frémault
5.
André du Bus de Warnaffe
6. Joël Riguelle
7. Bertin
Mampaka
8. Fatima Moussaoui
9. Danielle Caron
10. Ahmed El
Khannouss
11. Clotilde Nyssens
12. Halis Kökten
13.
Benoît Gosselin
14. Catherine Van Zeeland
15. Fatiha El
Ikdimi
(places de 16 à 69 non encore attribuées)
70.
Georges Dallemagne
71. Stéphane de Lobkowicz
72. Francis
Delperée
Suppléants
Hervé Doyen
Julie De Groote
Joël Riguelle
Résultats de 2004 et évolution du groupe CDH en cours de législature
La liste CDH avait obtenu 10 sièges en juin 2004, seuls les cinq premiers candidats avaient pu bénéficier du pot commun3, le député sortant Michel Lemaire, sixième effectif était passé par-dessus bord après trois mandats successifs. Les trois derniers candidats de la liste avaient été élus avec des scores personnels importants: Joëlle Milquet (72ème), présidente du parti et députée fédérale, avec 8.600 voix, donc largement au-dessus du chiffre d'éligibilité (5.008), André du Bus de Warnaffe, échevin etterbeekois et président du Comité d'arrondissement CDH de Bruxelles-Hal-Vilvorde, avec 2.856 voix, et Stéphane de Lobkowicz, prince d'origine tchèque et député indépendant sortant depuis son exclusion du MR sur fond de compétition pour le mayorat ucclois après les communales de 2000, avec 3.398 voix. Deux autres candidats avaient également été élus grâce à leurs scores, Bertin Mampaka Mankamba (3.644 voix), qui était devenu le même mois échevin à Bruxelles-ville, et Clotilde Nyssens (3.478 voix), sénatrice depuis 1999. Les candidatures de Joëlle Milquet et de Clotilde Nyssens avaient uniquement pour but de ramener des voix à la liste pour permettre à des suppléants de pouvoir siéger, toutes deux étant déjà parlementaires fédérales.
Le groupe CDH était ensuite passé à 11 membres avec le ralliement en janvier 20074 de Danielle Caron, exclue du FDF en novembre 2004 suite à son annonce de présentation d'une liste concurrente à celle du président de son parti aux communales à Woluwe-Saint-Lambert5. En cours de législature, quatre suppléants ont été appelés à siéger, les deux premiers, le député sortant Denis Grimberghs et le bourgmestre de Jette Hervé Doyen, appelés directement pour remplacer Mmes Milquet et Nyssens, puis Céline Fremault (remplaçant Benoît Cerexhe, devenu secrétaire d'Etat régional) et Hamza Fassi-Fihri (depuis le 29 juin 2007), par ailleurs appelé à remplacer Bertin Mampaka, puis Joëlle Milquet, comme échevin de Bruxelles-Ville.
Un député sortant, Denis Grimberghs, avait annoncé qu'il ne souhaitait plus se représenter, ce qui limite le nombre de sortants CDH espérant regagner leur siège à 9, plus Danielle Caron, candidate sur la liste MR en 2004, élue à l'époque avec 4.121 voix depuis la 70ème place.
Evolution des résultats du CDH aux élections régionales bruxelloises depuis 1989
En 1989, douze candidats PSC avaient obtenu plus de cinq cents voix alors que la liste ne décrochait que neuf sièges.
Elle en a obtenu sept en 1995, qui ont tous obtenu plus de mille cinq cents voix, et dix-huit candidats non élus ont obtenu plus de 500 voix.
En 1999, vingt-neuf candidats, dont dix-neuf non-élus, ont atteint ou dépassé les 500 voix et trois non-élus ont dépassé les 1.500 voix.
En 2004, cinquante-deux candidats ont dépassé les 500 voix, mais cette fois outre les dix élus quatre candidats non-élus ont dépassé les 2.000 voix et sept ont obtenu entre 1.500 et 1.999 voix. Le dernier élu hors pot commun avait été André du Bus de Warnaffe avec 2.856 voix, Michel Lemaire, député sortant, n'avait pas été élu avec 2.417 voix.
La personnalisation des votes atteint dès lors des proportions telles que pour être élu sans bénéficier du pot commun, qui s'était arrêté à la cinquième place en 2004, il faudra cette fois-ci probablement dépasser les 3.000, voire les 3.500 voix:
Benoît Cerexhe (1er), Joëlle Milquet (2ème) et Francis Delperée (72ème) passeront sans devoir piocher dans le pot commun, comme en 2004, scores personnels confirmés aux législatives de 2007 pour la circonscription de Bruxelles-Hal-Vilvorde6
Bertin Mampaka (7ème en 2009; 3.644 voix en 2004; 7.201 à la Chambre en 2007), dépassera probablement les 3.500 voix, de même qu'Hamza Fassi-Fihri (3ème en 2009; 9.626 voix au Sénat en 2007), Ahmed El Khannouss (10ème en 2009; 7.592 voix à la Chambre en 2007), Clotilde Nyssens (11ème en 2009, 6.230 voix en 2007 à la Chambre), Fatima Mousaoui (8ème en 2009; 5.379 voix à la Chambre en 2007)
André du Bus de Warnaffe (5ème en 2009; 2.856 voix en 2004; 4.091 en 2007) et Joël Riguelle (6ème en 2009; 2.741 voix en 2004) dépasseront probablement les 3.000 voix et bénéficieront du pot commun pour le reste, même si le député-bourgmestre Riguelle craint manifestement d'être largué puisqu'il a demandé à figurer également en place de rattrapage, la troisième suppléance (Milquet et Delperée ne siègeront pas, l'une est ministre fédérale, l'autre sénateur, et Cerexhe aspire à rempiler au gouvernement régional, à moins qu'Hamza Fassi-Fihri ne l'y remplace, ou que le CDH ne fasse plus partie de la coalition).
Céline Fremault (4ème en 2009; 3.564 voix à la Chambre en 2007), quel que soit son résultat, passera avec le pot commun.
Georges Dallemagne (70ème en 2009; 3.449 voix à la Chambre en 2007) et Stéphane de Lobkowicz (71ème en 2009; 3.398 voix en 2004; 3.568 à la Chambre en 2007) dépasseront probablement encore les 3.000 voix, mais cela ne sera peut-être plus suffisant pour siéger, au vu des résultats de 2007.
En supposant que le CDH restera à dix élus, cela pourrait donner le groupe suivant après les élections: Doyen (via suppléance de Cerexhe), De Groote (via suppléance de Milquet), Riguelle (via suppléance de Delperée), un quatrième suppléant (via suppléance de Nyssens, députée fédérale), Fassi-Fihri (avec ou sans le pot commun), Fremault (grâce au pot commun), André du Bus de Warnaffe (grâce au pot commun), Mampaka (aux voix), El Khannouss (aux voix), Moussaoui (aux voix). Le plus récent sondage « Dedicated Research » effectué du 27 février au 3 mars 2009 le place à 13%, contre 14% en 2004, mais avec cette fois-ci 12 élus7, du fait de la disparition du Front National qui « libèrerait » quatre sièges pour d'autres partis en passant sous le seuil des 5%. Etant donné que les électeurs du FN évitent souvent de donner leurs intentions de vote aux sondeurs, mieux vaut quand même ne pas se réjouir prématurément en redistribuant les sièges de ses députés, ce d'autant plus que ce sondage a été effectué avant l'annonce de la non-présentation d'une liste Lidé, qui « mordait » sur l'électorat FN.
Candidats d'origine non-européenne
La liste CDH mouture 2009, au contraire de celles de 1995, 1999 et 2004, comporte non plus un seul candidat d'origine marocaine dans les dix premiers, mais trois (Hamza Fassi-Fihri, Fatima Moussaoui et Ahmed Elkhannouss), plus un d'origine congolaise (Bertin Mampaka).
En 1995, El Mostefa Maadour, professeur de religion et septième sur la liste (qui obtint sept sièges), n'avait obtenu que 1.075 voix, soit le onzième score, trop peu pour décrocher un siège. A l'époque, c'était le populiste bourgmestre de Bruxelles, Michel Demaret, qui l'avait dépassé en voix et avait ainsi remporté le siège. J'écrivais en 1996 que
La position d'El Mostefa MAADOUR (45 ans), professeur de religion islamique, septième sur la liste PSC aux régionales de 1995, constituait par conséquent un signe politique majeur de la part de ce parti, sous l'influence en particulier du conseiller régional sortant Michel LEMAIRE, vice-président de la commission de concertation du CRB, et du sénateur Edouard POULLET, président du CRB mais aussi de la "Commission des Naturalisés" du PSC, dont Monsieur MAADOUR est vice-président. Schaerbeekois d'origine marocaine résidant en Belgique depuis 1979, ce professeur de religion musulmane est membre du PSC depuis 1989 et n'a obtenu la nationalité belge qu'en juillet 1994, ce qui ne lui a pas permis de figurer sur la liste de ce parti aux communales de novembre, la loi prévoyant que le candidat doit avoir la qualité d'électeur communal depuis plus de six mois8.
En 1999, exit Monsieur Maadour, qui n'a apparemment plus jamais été candidat après 1995. Cette fois, un certain Saïd M'Rabet est présent en dixième position, il n'obtient que 825 voix, alors qu'un candidat moins bien placé (dix-huitième), Ahmed Bakkali, en obtient 1.021. Malgré sa place visible, il fait à peine plus que le 22ème de la liste, Jemaa Messaoudi (800 voix) et que le trente-cinquième, Mohamed Ramdani (722 voix). La liste étant passée de sept à six sièges, aucun candidat d'origine non-européenne n'est élu. Ahmed Bakkali, Fatima Moussaoui et Abdeslam Bakrim avaient formé en mai 1999 le COPA/PSC, les Citoyens d'origine arabe du PSC, et avaient signé une convention avec le Président Maystadt et la vice-présidente Milquet. J'avais écrit avant les élections que
le PSC pourrait passer à 4 ou 5 sièges en 1999. Il sera donc quasiment impossible à un outsider de remonter, quoique ce pourrait être le cas pour Joëlle MILQUET, 75ème sur la liste régionale et tête de liste à la Chambre. Dans cette hypothèse, Madame MILQUET démissionnerait probablement de son poste à la région au profit du premier suppléant, Michel LEMAIRE, conseiller sortant et président de la commission immigration du PSC9.
Et après que
Au PSC, les candidat allochtones qui obtiennent les meilleurs scores sont d'origine assyrienne, le traducteur Yakup URUN ( 1.383) et le commerçant Ibrahim ERKAN (1.308), suivis par Ahmed BAKKALI (1.021), alors que Saïd M'RABET, activement soutenu par la section arabe du syndicat chrétien, n'a recueilli que 834 suffrages. Les prétentions de certains candidats d'origine maghrébine, turque ou assyrienne du PS et du PSC, qui prévoyaient des scores dépassant les 5.000 voix, ont été cruellement démenties10.
L'année suivante, Ahmed Bakkali est élu au conseil communal de Saint-Gilles et Mohamed Ramdani à celui de Schaerbeek. Le premier finira par quitter le PSC et disparaître de la scène politique, le deuxième rejoindra le PS en cours de mandat. Saïd M'Rabet, à la suite d'El Mostefa Maadour, disparaît de la scène politique.
Aux élections régionales suivantes de juin 2004, le PSC devenu CDH ne veut plus rester le seul groupe politique francophone (à part l'extrême droite) sans élu allochtone, Fatima Moussaoui, déjà candidate (non élue) à la Chambre en 1999 et en 2003 et aux communales en 2000, est donc propulsée à la troisième place, d'où il lui est impossible de ne pas être élue, malgré un score de 2.662 voix, le dixième de la liste. Le seul autre candidat d'origine marocaine qui obtient un score avoisinant les 2.000 voix est Ahmed El Khannouss, avec 1.997 voix malgré sa dix-septième place. Le premier député d'origine congolaise, Bertin Mampaka, entre également au Parlement bruxellois avec 3.644 voix (mieux que Fatima Moussaoui donc), et Hamza Fassi-Fihri y entre trois ans plus tard via la suppléance.
En 2009, Fatima Moussaoui, tombée en (semi-)disgrâce (mais pas complètement, parce que ça rapporte des voix) depuis sa campagne électorale homophobe aux communales de 200611 12, mais aussi de par ses prestations médiocres en tant que parlementaire, se retrouve seulement en huitième place, donc en concurrence libre avec 66 autres candidats (hors les 5 premiers, bénéficiant du pot commun, et le dernier, assuré de dépasser le chiffre d'éligibilité). Le nouveaux « candidat marocain maison » est Hamza Fassi-Fihri, assurément d'un autre gabarit intellectuel et politique.
Hamza Fassi-Fihri n'est pas un enfant d'immigré ni un ex-étudiant étranger, ce diplômé universitaire en journalisme, en sciences économiques et en politique internationale (UCL et ULB), né à Kenitra en 1975, est le fils d'un expatrié marocain venu en Belgique comme cadre d'une grande banque marocaine. Il est par ailleurs issu d'une des grandes familles aristocratiques marocaines qui a compté et compte encore des hommes politiques influents, Taïeb Fassi-Fihri est l'actuel ministre des Affaires étrangères du Maroc (et neveu du leader de l'Istiqlal et premier ministre Abbas El Fassi) et Abdellah Fassi-Fihri fut brièvement secrétaire d’Etat aux Affaires économiques et à la Coopération en 1972, mais dès 1944 deux Fassi-Fihri, Abdelkbir Fassi-Fihri Ben Hfid et Abdelwahab El Fassi-Fihri, figuraient parmi les signataires du Manifeste de l'Indépendance, acte fondateur du parti de l'Istiqlal, affilié comme le CDH à l'Internationale démocrate centriste, ex-Union mondiale démocrate-chrétienne. Hamza Fassi-Fihri en était membre, ainsi que correspondant du quotidien francophone du parti, L'Opinion, mais il a déclaré publiquement au cours d'un débat en 2003 qu'il avait rendu sa carte de l'Istiqlal en adhérant au CDH. Elu conseiller communal à Bruxelles-Ville en 2006, il a remplacé au pied levé Bertin Mampaka comme échevin quand celui-ci a dû « prendre du recul » après des accusations (dont il a été ultérieurement prouvé qu'elles étaient infondées) concernant l'exercice de sa fonction, puis Joëlle Milquet quand celle-ci est entrée au gouvernement fédéral. Parallèlement, il a été appelé à siéger comme suppléant au Parlement régional bruxellois.
Bertin Mampaka, né en 1957 et diplômé universitaire en sciences économiques (Université de Mons), est le fils d'un ancien parlementaire du Parti Démocrate Social Chrétien congolais. Il a d'abord milité au sein de cette organisation politique, en devenant même le vice-président pour le Benelux de 1990 à 1993. Il adhère au PSC en 1994 et se présente sans être élu aux régionales de 1999, est élu conseiller communal à Bruxelles-Ville en 2000, réélu en 2006; il devient échevin à Bruxelles en juin 2004, puis est élu député régional le même mois. Il redevient échevin après un bref retrait en 2006.
Ahmed El Khannouss, né en 1968 à Watermael-Boitsfort, était conducteur de bus à la STIB et animateur avant de devenir échevin à Molenbeek en 2006. Il avait déjà été candidat CDH aux régionales de 2004. En 1988, il aurait dû figurer en cinquième place sur la liste Ecolo aux communales à Molenbeek, mais sa candidature dut être retirée car il n'aurait pas eu 21 ans le jour de l'élection.
Deux autres candidats d'origine non-européenne figurent sur la liste (encore très incomplète) du CDH, Halis Kökten, conseiller communal à Schaerbeek (précédemment conseiller communal FDF à Saint-Josse), et Fatiha El Ikdimi, échevine CDH à Anderlecht.
1Mehmet Koksal, Liste CDH provisoire pour les élections régionales 2009, Parlemento, 26 mars 2009
2Francis Dubois, Politique : Milquet en 2e place sur la liste bruxelloise, Le Soir, 25 mars 2009
4Ch. C., Danielle Caron au CDH, La Dernière Heure, 18 janvier 2007
5Ma. C., Danielle Caron exclue du FDF, La Dernière Heure, 9 novembre 2004
6Résultats officiels des élections fédérales de 2007 – Arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde - Listes CDH par candidats à la Chambre et au Sénat
7Sondage sur les intentions de vote dans la perspective des prochaines élections régionales de juin 2009 - Région bruxelloise, Dedicated research, mars 2009
8Pierre-Yves LAMBERT, Candidats et élus d'origine extracommunautaire aux élections européennes, communales, régionales et législatives de 1994 et 1995 en région bruxelloise, paru en juillet 1996 dans "L'année sociale 1995", une publication de l'Institut de Sociologie de l'Université Libre de Bruxelles
9Pierre-Yves Lambert,Candidats allochtones aux élections régionales bruxelloises de juin 1999
10Pierre-Yves Lambert, Candidats et élus d'origine maghrébine ou turque en Belgique (Flandre, Bruxelles, Wallonie, Sénat, Europe) et en France suite aux élections du 13 juin 1999
11Fatima Moussaoui, députée CDH, Le Pan, 21 décembre 2008
12Liste CDH – Fatima Moussaoui, Tractothèque, 30 août 2006