depuis 1998, un site indépendant consacré à la participation politique des minorités ethnonationales et religieuses
extrait de Pierre-Yves LAMBERT, "Candidats et élus d'origine extracommunautaire aux élections européennes, communales, régionales et législatives de 1994 et 1995 en région bruxelloise", paru en juillet 1996 dans "L'année sociale 1995", une publication de l'Institut de Sociologie de l'Université Libre de Bruxelles |
1.4. Elections régionales bruxelloises de mai 1995
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I. |
II. |
III. |
III.b. |
IV. |
IVb. |
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28. |
196 |
22/74 |
30/86 |
2% |
3,2% |
|
4. |
53 |
4/73 |
4/85 |
2,3% |
5,9% |
|
3. |
29 |
4/16 |
# |
2,3% |
7,2% |
|
16. |
4 |
... |
... |
... |
... |
estimation du nombre de voix obtenues par les candidat(e)s d'origine extracommunautaire
communales 94 régionales 95
candidats PS: 1.602 à 3.077 voix (8 communes) 2.505 à 7.263 (5 candidats)
candidats Ecolo: 2.123 à 3.817 voix (11 communes) 1.492 à 2.994 (5 candidats)
candidats FDF: 616 à 843 voix (5 communes) 896 (1 candidat)
candidats PSC: 688 à 1.278 voix (6 communes) 1.075 à 2.206 (3 candidats)
listes MERCI (résultats totaux) 825 voix (4 communes)
candidats sur des listes flamandes 163 à 272 voix 266 à 358 (3 candidats)
Région de Bruxelles-Capitale:
communales octobre 1994 6.364 à 10.816 voix (1,5 à 2,5%)
régionales mai 1995 6.640 à 15.322 voix (1,7 à 4%)
|
I. |
II. |
III. |
III.b. |
IV. |
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9. |
2.505 |
3. |
3. |
2,8% |
|
24. |
1.595 |
11. |
11. |
1,8% |
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6. |
1.492 |
4. |
4. |
4% |
|
51. |
1.311 |
12. |
12. |
1,5% |
|
7. |
1.075 |
11. |
12. |
2,8% |
|
46. |
1.015 |
17. |
18. |
1,1% |
|
35. |
896 |
53. |
59. |
0,6% |
|
58. |
837 |
21. |
23. |
0,9% |
|
22. |
587 |
24. |
27. |
1,5% |
|
14. |
544 |
25. |
28. |
1,4% |
|
73. |
506 |
10. |
10. |
1,4% |
|
52. |
478 |
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|
1,3% |
|
63. |
351 |
|
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0,9% |
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23. |
338 |
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|
0,9% |
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25. |
307 |
|
|
0,8% |
|
30. |
154 |
19. |
25. |
1,5% |
|
23. |
143 |
2. |
2. |
7% |
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2. |
134 |
2. |
2. |
5,8% |
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8. |
112 |
11. |
13. |
2% |
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4. |
94 |
3. |
3. |
4,6% |
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33. |
92 |
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0,9% |
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1.& s.4 |
79 |
1. |
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14,9% |
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5. |
72 |
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3,5% |
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10. |
67 |
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2,9% |
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16. |
66 |
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2,9% |
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14. |
60 |
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2,9% |
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26. |
52 |
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2,2% |
|
34. |
50 |
8. |
9. |
2% |
|
28. |
48 |
|
|
2,1% |
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21. |
37 |
|
|
1,6% |
|
18.& s.10 |
33 |
|
|
1,6% |
|
4.& s.3 |
31 |
6. |
|
5,9% |
|
30. |
29 |
|
|
1,4% |
|
41. |
27 |
|
|
1,1% |
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s. 9. |
26 |
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|
1,1% |
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38. |
24 |
|
|
1% |
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45. |
22 |
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|
1% |
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41. |
20 |
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0,9% |
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39. |
13 |
|
|
0,6% |
La réforme électorale qui permettait pour la première fois, le 21 mai 1995, de voter aux élections législatives pour plusieurs candidats d'une même liste comme aux communales, était susceptible de provoquer des surprises au PS si le phénomène constaté à Bruxelles-Ville lors des dernières élections communales se répétait aux régionales. En effet, en 1989, Raymonde DURY avait été élue en "remontant" de la septante-cinquième place avec quatre cent dix voix seulement. Sept élus régionaux sur dix-huit avaient obtenu moins de cinq cents voix. En 1995, un seul élu sur dix-sept a obtenu moins de mille voix et dix-neuf candidats non élus ont obtenu plus de cinq cents voix.
Sfia BOUARFA (45 ans), assistante sociale et licenciée en sciences du travail, a notamment travaillé comme médiatrice sociale pour la commune de Schaerbeek. C'est dans cette commune qu'elle a été élue conseillère communale en octobre 1994, obtenant le meilleur score sur la liste PS malgré son adhésion très récente à ce parti. Elle a quitté son pays en 1971 pour poursuivre des études en Belgique, a tenté brièvement un retour au pays en 1976 et a finalement acquis la nationalité belge en 1983. A plusieurs reprises, au cours de débats électoraux organisés par Radio Al Manar (Fréquence arabe) ou Horizons Magazine, des questions lui ont été posées à propos de sa non-désignation au poste d'échevin PS à Schaerbeek, malgré son score électoral. Cette question semblait assez gênante pour l'intéressée, qui, dans un premier temps, répondait qu'elle n'était pas candidate à ce poste, puis qu'on ne le lui avait pas proposé. Il semblerait en fait que le bourgmestre Francis DURIAU, qui l'avait licenciée de son poste de médiatrice communale sous la législature précédente, avait opposé son veto à la nomination de Madame BOUARFA comme échevine pour des raisons d'incompatibilité personnelle et non, comme cela a également été dit, par refus de siéger aux côtés d'un échevin d'origine arabe. Pendant la campagne, les affiches de cette candidate étaient présente dans de très nombreux commerces tenus par des compatriotes, tant à Schaerbeek que dans d'autres communes. Elle a obtenu le plus haut score des candidats PS d'origine maghrébine à la Région dans tous les cantons, sauf celui d'Uccle où Mahfoud ROMDHANI l'a dépassée de 4 voix, mais elle a été dépassée dans six cantons sur huit par Talbia BELHOUARI, candidate PS au Sénat.
Ingénieur d'origine tunisienne, ancien responsable pour le Bénélux du Parti Communiste Tunisien et un des fondateurs du Centre des Laïcs d'Ascendance Musulmane, Mahfoud ROMDHANI (49 ans), membre du PS de longue date, a été soutenu par Belgique Plus pour sa candidature comme sénateur suppléant PS en 1991 (1.382 voix). Il a été élu conseiller communal à Bruxelles-Ville en 1994. Contrairement à tous les autres candidats d'origine maghrébine, il n'a pas une seule fois été invité, pendant la campagne régionale, par les radios de la Fréquence arabe ni par Horizons Magazine, lesquels se sont exclusivement concentrés sur les candidats d'origine marocaine. Certains animateurs et auditeurs de Radio Al Manar l'ont virulemment attaqué sur les ondes en raison de sa participation, en tant que musulman laïc, à un débat organisé sur "L'Islam en Belgique" à la télévision publique belge, lui reprochant ses positions publiques "anti-musulmanes". Le réseau de progressistes (ex-communistes) turcs qui avait soutenu certains candidats socialistes aux communales à Etterbeek et Bruxelles-Ville a donné un coup de main à Mahfoud ROMDHANI. Ce réseau s'était d'ailleurs, à cette occasion, élargi à des responsables d'associations turques comme Muharrem KARAMAN (président de l'association Türk-Danish, proche de la CSC) et Dogan ÖZGÜDEN (journaliste turc en exil). Aux régionales de 1995, Monsieur ROMDHANI a obtenu 346 voix dans le canton de Bruxelles, qui correspond à la commune de Bruxelles-Ville, soit une perte de 114 voix entre octobre et mai. Il a néanmoins dépassé ses colistiers d'origine maghrébine dans le canton (plus bourgeois) d'Uccle. Monsieur ROMDHANI est initialement arrivé en Belgique en 1969 pour y effectuer des études d'archiviste-documentaliste, et y a finalement obtenu un diplôme d'ingénieur industriel. Condamné par contumace à cinq ans de prison suite à sa participation à un meeting de soutien aux victimes étudiantes de BOURGUIBA en 1972, il obtient l'asile politique en Belgique et acquiert la nationalité belge en 1986.
Mohamed DAIF (39 ans), Molenbeekois d'origine marocaine, est enseignant et ingénieur industriel de formation. Il vit en Belgique depuis 1974, mais a travaillé au Maroc entre 1982 et 1986, année où il a acquis la nationalité belge. Il a également dû exercer la profession de chauffeur de taxi pendant cinq ans, "faute d'un travail en rapport avec [sa] formation".
Fadila LAANAN (28 ans), une jeune juriste auderghemoise d'origine marocaine, travaille comme conseillère juridique au cabinet du Ministre de la Culture de la Communauté Française. Elle a notamment été présidente du conseil d'administration de Jeunesse Maghrébine, association qui regroupe un certain nombre de jeunes intellectuels progressistes d'origines diverses, parmi lesquels la conseillère communale socialiste bruxelloise Faouzia LAGHMICHE-HARICHE, Amidou SI M'HAMED, conseiller communal suppléant Ecolo à Anderlecht (devenu membre du PS en 1995), ou Zoulika ATARHOUCH, qui fut la collaboratrice du député socialiste et président du CPAS de Bruxelles Yvan MAYEUR.
Aux régionales de 1989, septante-cinq pour cent des votes Ecolo s'étaient portés sur la liste plutôt que sur les candidats, quinze seulement de ceux-ci obtenant cent voix ou plus, un des huit élus atteignant seulement cent quatre-vingt-une voix. Pour les régionales de 1995, seul un candidat sur septante-cinq, sur quatre-vingt-sept en incluant les suppléants, n'a pas atteint cent voix, à quatre voix près d'ailleurs.
Le 20 mars 1995, les militants Ecolo ont placé Mostefa OUEZEKHTI (36 ans), Everois d'origine marocaine, à la sixième place sur leur liste pour les élections régionales. Ce gradué en marketing et licencié en sciences économiques appliquées était gérant d'une agence de voyages (après avoir exercé la direction d'une banque) et président du Football Club Atlas, composé principalement de jeunes d'origine marocaine et à plusieurs reprises propulsé sous les feux des médias ces dernières années suite aux refus de certaines communes (Schaerbeek notamment) de lui accorder un terrain. Monsieur OUEZEKHTI est arrivé en Belgique à l'âge de trois ans et y a vécu depuis lors, avec une brève tentative de retour au Maroc entre 1988 et 1992. Dans une interview, il a ainsi justifié son engagement au sein d'Ecolo: "J'avais fait une étude de marché des programmes politiques en 1991 et Ecolo me permet de m'épanouir sans contraintes". Refusant de se cantonner à des problématiques strictement liées aux Bruxellois issus de l'immigration, il a notamment décidé de ne pas participer à la commission mixte "belgo-immigrée" au sein du Conseil régional.
On pouvait s'interroger sur l'attitude qu'adopterait le FDF lors des négociations pour la composition d'une liste régionale commune avec le PRL, lequel s'était ouvertement vanté de ne présenter aucun "nouveau Belge" sur ses listes aux communales... Un Belge d'origine turque membre du PRL depuis 1991, Yilmaz OZCAN, interviewé le lendemain des élections, déclarait néanmoins "A terme, je veux moi aussi être sur la liste, mais c'est peut-être encore trop tôt maintenant. Quand le moment sera venu, j'assurerai en premier lieu la défense de mes compatriotes. Moi-même, je vis ici depuis trente ans, je peux quand même avoir mon mot à dire."
Finalement, la liste PRL-FDF a été présentée début mars 1995 et Khalil ZEGUENDI (45 ans) y figurait à la trente-cinquième place. D'origine marocaine, cet agent de la STIB (depuis 1970) arrivé en Belgique en 1968 a été élu en octobre 1994 au conseil communal de Schaerbeek sur la liste du FDF. Il a notamment été administrateur de la Ligue des Familles (1986-1989), puis attaché au cabinet du Ministre-Président (PS) de la Communauté Française (1988-1991) et enfin responsable du service communal de la jeunesse à Saint-Josse (1994-1995). Il a quitté le PS de Saint-Josse et cette commune pour le FDF et Schaerbeek début 1994. Il avait également siégé au conseil consultatif des immigrés de Saint-Josse désigné par les autorités communales en 1982.
Sa position sur une liste régionale qui comptait de nombreux candidats PRL franchement anti-immigrés, pour ne pas dire xénophobes (notamment Jacques PIVIN, Willem DRAPS ou Bernard GUILLAUME) rend son score de près de 900 voix assez exceptionnel, d'autant plus que le programme officiel de la Fédération PRL-FDF en matière d'immigration était quasiment identique à celui du PRL, pour le moins "musclé"... Monsieur ZEGUENDI a d'ailleurs été interpellé à plusieurs reprises, tant sur la Fréquence arabe que dans des débats publics, sur sa position délicate, voire contradictoire. De faux tracts et de fausse affiches de cet ancien membre du PS ont même été diffusés par des animateurs proches de ce parti à Saint-Josse, commune où il est bien connu pour y avoir habité pendant plus de vingt-cinq ans, dans le but évident de le discréditer. Son principal tract électoral, ciblé sur les questions liées au secteur de l'aide à la jeunesse, défendait pourtant des objectifs plus proches de ceux d'Ecolo que du PRL-FDF. Certains observateurs ont suggéré que, présent sur la liste du PS, Khalil ZEGUENDI aurait été élu sans difficulté, quelle qu'eût été sa place initiale... L'intéressé n'est d'ailleurs pas loin de partager cette opinion, s'estimant néanmoins fort satisfait de son score qu'il craignait nettement plus bas. Ce candidat a procédé à des mailings importants à partir des listes électorales schaerbeekoises, mais aussi d'autres communes, ciblés sur les électeurs allochtones. Cette pratique a également été utilisée par d'autres candidats d'origine maghrébine, turque ou albanaise. Il a notamment été soutenu par Farid KESSAS, candidat de MERCI à Bruxelles-Ville en 1994 et, comme lui, ancien membre du PS de Saint-Josse, ainsi que par l'Union des Associations d'origine Marocaine, proche du consulat du Maroc.
En 1989, douze candidats PSC avaient obtenu plus de cinq cents voix alors que la liste ne décrochait que neuf sièges. Elle en a obtenu sept en 1995, qui ont tous obtenu plus de mille cinq cents voix, et dix-huit candidats non élus (vingt-deux en comptant les suppléants) ont obtenu plus de cinq cents voix. La position d'El Mostefa MAADOUR (45 ans), professeur de religion islamique, septième sur la liste PSC aux régionales de 1995, constituait par conséquent un signe politique majeur de la part de ce parti, sous l'influence en particulier du conseiller régional sortant Michel LEMAIRE, vice-président de la commission de concertation du CRB, et du sénateur Edouard POULLET, président du CRB mais aussi de la "Commission des Naturalisés" du PSC, dont Monsieur MAADOUR est vice-président. Schaerbeekois d'origine marocaine résidant en Belgique depuis 1979, ce professeur de religion musulmane est membre du PSC depuis 1989 et n'a obtenu la nationalité belge qu'en juillet 1994, ce qui ne lui a pas permis de figurer sur la liste de ce parti aux communales de novembre, la loi prévoyant que le candidat doit avoir la qualité d'électeur communal depuis plus de six mois.
Egalement présent sur cette liste PSC, le Schaerbeekois Yakup URUN (29 ans), fonctionnaire au Ministère de l'Intérieur, est quant à lui issu de la communauté assyrienne (chrétiens de langue araméenne) originaire de Turquie. A Saint-Josse, quasiment tous les - nombreux - commerces tenus par ses compatriotes avaient apposé son affichette électorale sur la vitrine et disposé ses tracts (bilingues français-turc) sur le comptoir dès le début du mois de mai. Les candidatures de deux autres originaires de Turquie, Antoine AKAYYAN (PS) et Levent CAMOGLU (Agalev), n'ayant finalement pas été retenues, Monsieur URUN était le seul candidat originaire de ce pays sur une liste non marginale.
La campagne électorale régionale dans les médias arabes de Bruxelles
Pendant le mois qui précédait ces élections, plusieurs débats en français entre les principaux candidats d'origine marocaine ont été diffusés sur les ondes de Radio Al Manar, la principale des quatre radios libres qui se partagent la Fréquence arabe de Bruxelles. Des interviews individuelles ont également été diffusées en français et en arabe, avant et après les élections, sur deux des autres radios, Médi Un, proche du consulat du Maroc, et As-Salaam, religieuse pro-séoudienne. Par ailleurs, un débat public en français entre candidats d'origine marocaine a été organisé par le mensuel belgo-marocain "Horizons Magazine", qui avait soutenu les listes MERCI aux élections communales de 1994, une semaine avant les élections, débat auquel n'ont assisté qu'une vingtaine de personnes, y compris des "autochtones". A tous ces débats et ces interviews ont été invités un candidat de chaque parti traditionnel ainsi que celui de Gauches Unies. Les débats et les interviews ont été la plupart du temps très consensuels, malgré les divergences profondes entre les programmes des partis.
1.4. Elections de mai 1995 pour la circonscription de Bruxelles-Hal-Vilvorde à la Chambre
|
I. |
II. |
III. |
IV. |
YABROUDI Magida (PTB-PVA) |
13. |
19 |
11. |
0,8% |
|
I. |
II. |
III. |
IIIb. |
IV. |
IVb. |
BETTAR Rachida (Rossem) |
2. |
3.011 |
1/16 |
1/19 |
16,6% |
46,3% |
BEN OTMANE Aziz (Ecolo) |
6. |
1.079 |
3/33 |
3/39 |
1,9% |
6,6% |
EDDIAL Abdelilah (PSC) |
9. |
496 |
10/33 |
14/39 |
1% |
1,5% |
AMRANI Abdelaziz (Ecolo) |
30. |
382 |
10/33 |
13/39 |
0,7% |
2,4% |
EL BELGHITI (PTB-PVA° |
14. |
130 |
2/33 |
2/39 |
5,6% |
15,2% |
N'DAY (Rossem) |
11. |
31 |
13/16 |
16/19 |
... |
... |
|
I. |
II. |
III. |
IV. |
IVb. |
|
s.3. |
1.382 |
2. |
1,3% |
2,3% |
|
14. |
159 |
1. |
7,0% |
22,1% |
En 1991, le congrès de la fédération bruxelloise du PS avait rejeté la candidature à la Chambre de Brahim DATOUSSAÏD, mais accepté celle de Mahfoud ROMDHANI au Sénat. En 1991, en pleine guerre du Golfe, une campagne a été menée au sein de la fédération bruxelloise du PS par les Jeunes Socialistes pour ouvrir ce parti aux "progressistes bruxellois d'origine immigrée, en particulier ceux qui font déjà partie de notre famille par l'entremise du syndicat ou des mutualités". Sur onze responsables régionaux des JS, deux n'avaient pas la nationalité belge (un Espagnol et un Italien) et trois étaient nés d'un père non-belge (libanais, espagnol et français) et d'une mère belge "autochtone". Un seul député (Eric TOMAS), un seul bourgmestre (Guy CUDELL), trois conseillers régionaux (Monique VAN TICHELEN, Sylvie FOUCART et Jacques DE COSTER) et un seul conseiller communal (Dominique NUYDT, de Saint-Josse) avaient osé soutenir cette initiative à l'époque, Charles PICQUE interdisant pour sa part à "ses" élus saint-gillois de manifester un tel soutien. A des militants syndicaux turcs venus demander l'adhésion au PS de Saint-Gilles vers la même époque, l'échevin Alain HUTCHINSON et le conseiller régional Alain LEDUC avaient proposé d'organiser des réunions... séparées pour les Turcs. Un conseiller de Monsieur PICQUE nous décrivait d'ailleurs à l'époque avec enthousiasme l'exemple allemand où il existait des fédérations d'immigrés rattachées à chaque parti, mais indépendantes de ceux-ci.
Rachida BETTAR GMILI - VAN ROSSEM, 28 ans à l'époque, avait obtenu le score le plus élevé des candidats d'origine marocaine sur une liste à connotation libertaire (ROSSEM) menée à Anvers par son époux, l'ex-"gourou" de la finance menacé d'emprisonnement pour escroquerie, Jean-Pierre VAN ROSSEM. Elle était à nouveau candidate en 1994 à la province du Brabant flamand (canton de Vilvorde) et en 1995 au Sénat (circonscription néerlandophone) et au Conseil régional flamand (arrondissement d'Anvers).
|
I. |
II. |
III. |
IV. |
|
9. |
1.978 |
4. |
4% |
|
10. |
1.685 |
6. |
3,4% |
|
6. |
1.293 |
9. |
2,9% |
|
3. |
331 |
1. |
11,6% |
|
18. |
169 |
3. |
5,9% |
|
10. |
85 |
8. |
3% |
|
9. |
83 |
9. |
2,9% |
|
12. |
23 |
|
3,3% |
|
13. |
17 |
|
2,4% |
Mouloud ATCHEBA, 50 ans, ancien collaborateur de Révolution Africaine, organe du parti unique FLN, a milité parmi plusieurs partis algériens d'opposition après l'avènement du multipartisme.
Aziz BEN OTMANE, 39 ans, conseiller provincial de 1991 à 1994, a été élu conseiller communal en 1994, comme Mariem BOUSELMATI, 29 ans.
Adel FAKIH, candidat aux régionales de 1989, n'avait pas été retenu pour figurer sur la liste du PS aux régionales de 1995 et avait refusé la vingt et unième place à la Chambre, où a finalement été placé, in extremis, le bourgmestre septuagénaire de Saint-Josse, Guy CUDELL, plus ouvert au concept de société multiculturelle que ses successeurs à la présidence de la fédération bruxelloise du PS, dont il a été question à propos des communales.
Aucun candidat d'origine immigrée ne figurait sur la liste PRL-FDF, ni sur celles des partis flamands. La seule candidate d'origine italienne l'était sur la liste du Parti Communautaire National, les deux d'origine espagnole sur celles du SP (Robert GARCIA, échevin jettois) et d'"Unie" (Alain ESCADA, passé depuis lors au "Front National-bis" de Marguerite BASTIEN), où figurait également la seule candidate d'origine grecque. Ecaterina NITU, d'origine roumaine, figurait sur la liste Ecolo.
1.5. Elections européennes de juin 1994 et sénatoriales de mai 1995
Au Sénat, les circonscriptions correspondaient pour la première fois, en partie comme pour les élections européennes, aux deux principales communautés autochtones avec une intersection pour Bruxelles-Hal-Vilvorde.
1.5.1. Elections dans le collège francophone
|
I. |
II. |
III. |
III.b. |
IV. |
YABROUDI Magda (PTB) |
5. |
197 |
8/11 |
10/22 |
2,2% |
RUTAGARAMA Eugène (PTB) |
8. |
142 |
11/11 |
15/22 |
1,6% |
|
I. |
II. |
III. |
III.b. |
IV. |
V. |
GADOUCHE Latifa (Ecolo) |
s.6. |
4.649 |
4/10 |
10/20 |
1,6% |
2.028 |
BENABDELOUAHED A. (PTB) |
4. |
912 |
2/10 |
2/20 |
5,2% |
469 |
PAMUKCU Vedat Sina (G.U.) |
s.2. |
227 |
8/10 |
17/20 |
0,6% |
92 |
Latifa GADOUCHE, juriste franco-algérienne de 42 ans, collaborait au groupe des Verts au Parlement européen. Suite à l'élimination électorale des Verts français dans cette instance, le groupe a été réorganisé et Madame GADOUCHE a perdu son emploi en 1994. Elle a animé le comité de soutien à Talbia BELHOUARI (PS) aux élections sénatoriales de 1995, et avait projeté d'en animer un autre pour la candidature régionale d'Abdellah DOUGNA (Gauches Unies, ex-Ecolo).
|
I. |
II. |
III. |
IV. |
V. |
|
s. 4. |
10.196 |
3/6 |
1,3% |
3.214 |
|
7. |
5.835 |
10/15 |
2,3% |
1.942 |
|
14. |
619 |
5/15 |
3,7% |
240 |
|
7. |
493 |
8/15 |
3% |
121 |
|
5. |
474 |
9/15 |
2,8% |
152 |
|
4. |
382 |
10/15 |
2,4% |
95 |
|
s. 3. |
301 |
5/6 |
1,9% |
97 |
|
7. |
245 |
6/15 |
2,4% |
83 |
L'économiste liégeois d'origine algérienne Smaïl SANDJAKEDINE, 39 ans, permanent au siège namurois d'Ecolo, a obtenu 1.378 voix dans la province de Liège. Dans l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, il s'est classé cinquième effectif en voix de préférence, dixième en Wallonie. Silvana PANCIERA, candidate d'origine italienne récemment naturalisée, qui figurait sur la liste Ecolo aux élections européennes en tant que non-Belge, a obtenu 9.272 voix (5.682 aux européennes), et Maria NAGY PATINO 6.329 (8.604 aux européennes).
Talbia BELHOUARI, 32 ans, Molenbeekoise d'origine marocaine, avait été retenue comme quatrième suppléante au PS. Régente littéraire, elle est une des fondatrice, en 1987, de l'association "La Voix des Femmes" avec d'autres jeunes femmes d'origine turque ou maghrébine. Elle a été fonctionnaire à la Commission Communautaire Française de la Région bruxelloise, après avoir fait partie du Commissariat Royal à la Politique des Immigrés (1989-1992). Après les élections, elle est devenue membre du cabinet du ministre régional bruxellois Eric TOMAS. Elle a dépassé les candidats d'origine maghrébine à la Région dans tous les cantons bruxellois, sauf ceux d'Anderlecht et de Schaerbeek.
Hafid HANTOUT, sans profession, de Liège, figurait sur la liste de Gauches Unies et Khadija LABRIRI, vendeuse, de Marcinelle (Hainaut), sur celle du Parti Communautaire National, "national-bolchevique". Le Parti du Travail de Belgique - Unité Antifasciste présentait, du côté francophone, la chanteuse rwandaise Cécile KAYIREBWA, et un ancien membre de la commission des travailleurs immigrés de la FGTB, le montois d'origine marocaine Abderrazzak BENABDELOUHED.
1.5.2. Elections dans le collège néerlandophone
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I. |
II. |
III. |
IIIb. |
IV. |
BRAHIM Jamina (Regebo) |
s.9. |
390 |
3/13 |
10/26 |
1,5% |
NACIRI Najat (PVDA) |
5. |
304 |
10/13 |
15/26 |
1,5% |
|
I. |
II. |
III. |
IV. |
V. |
SEBBAHI Mohammed (Agalev) |
11. |
5.416 |
5. |
1,4% |
352 |
ABDELMALEK Mimoun (Agalev) |
s.8. |
2.930 |
s.4. |
0,7% |
201 |
TAMSIN Tania (Agalev) |
s.13. |
2.592 |
s.5. |
0,7% |
130 |
TEKER Leyla (Agalev) |
6. |
2.516 |
10. |
0,6% |
307 |
KARAMAN Mithat (Volksunie) |
6. |
1.403 |
13. |
0,5% |
175 |
FRAIHI Tarik (RGB) |
4. |
410 |
4. |
2,6% |
38 |
Leyla TEKER, journaliste d'origine turque et compagne du juriste Vedat PAMUKCU (candidat de Gauches Unies du côté francophone), était à nouveau candidate en mai 1995 aux élections communales réorganisées à Saint-Gilles, sur la liste Ecolo (à participation Agalev). Mohammed SEBBAHI, déjà candidat à la Chambre (Anvers) en 1991, l'était à nouveau en 1995, à la Chambre et au Conseil régional flamand.
La Volksunie n'a présenté aucun candidat allochtone aux élections provinciales de 1994 ni aux régionales et aux législatives de 1995. La présence de Mithat KARAMAN sur la liste de ce parti aux élections européennes a donc apparemment constitué une expérience non renouvelée, peut-être en raison d'un apport en voix fort modeste au regard du risque politique encouru.
|
I. |
II. |
III. |
III.b. |
IV. |
V. |
|
18. |
15.149 |
12/25 |
13/31 |
1,9% |
775 |
|
25. |
13.949 |
3/25 |
3/31 |
6,2% |
847 |
|
13. |
5.667 |
10/25 |
11/31 |
2,5% |
321 |
|
15. |
670 |
5/25 |
5/31 |
3,2% |
34 |
|
3. |
625 |
7/25 |
8/31 |
2,9% |
39 |
|
10. |
550 |
10/25 |
11/31 |
2,5% |
24 |
|
s.5. |
468 |
2/6 |
15/31 |
2,2% |
21 |
Agalev présentait deux candidates d'origine maghrébine, Zeneb BENSAFIA (29 ans), employée gantoise, et Fatima BALI (29 ans), conseillère communale à Anvers depuis 1988. Cette dernière figurait déjà comme suppléante à la Chambre en 1991 à Anvers. Interviewée après les dernières élections, elle a notamment déclaré "Pourquoi ne propose-t-on pas la possibilité d'un quota minimum d'immigrés pour les places éligibles? On le fait bien pour les femmes. Des candidats d'origine non belge doivent aussi recevoir des places éligibles."
Lima HAMDOUI (29 ans), ouvrière d'origine marocaine, était également candidate au Vlaamse Raad à Anvers. Son excellent résultat aura peut-être fait regretter au SP l'absence d'une telle candidate aux européennes.
Sur la liste du PVDA-AE (PTB-UA), on retrouvait une collaboratrice d'Ecoles Sans Racisme, Joan LEEFLANG, d'origine surinamienne, un étudiant d'origine turque Moerat CAN, 26 ans, de Hoboken, et un vétérinaire de Turnhout, Tsang Tsey CHOW, 26 ans.
Il y avait également des candidates d'origine polonaise: Patricia NIEDZWIECKI (SP, 13.502 voix) et Violetta BLAZEJCZAK (Waardig Oud Worden, parti des pensionnés, 531 voix comme effective et 696 comme suppléante). Agalev présentait le seul candidat d'origine italienne, Toni VENTURA (2.735 voix).
2. Les élus CPAS, communaux et régionaux en Région bruxelloise
Avant les élections de 1994, le seul élu d'origine extracommunautaire en région bruxelloise était un conseiller provincial. Le 10 octobre 1994, douze candidats d'origine maghrébine, dont le précité, ont été élus conseillers communaux dans cette région. Trois au moins siégeaient, à la fin des années septante, dans des conseils communaux consultatifs d'immigrés.
Après l'installation des nouveaux conseils communaux, début 1995, deux candidats non élus en octobre ont été cooptés par ceux-ci comme conseillers à l'aide sociale au sein des Centres Publics d'Aide Sociale (CPAS). Le 21 mai 1995, quatre candidats d'origine maghrébine, dont deux siégeaient déjà dans des conseils communaux, ont été élus au conseil de la Région de Bruxelles-Capitale (CRB) et un élu communal n'a pas retrouvé son siège suite à un nouveau scrutin provoqué par l'annulation des élections dans sa commune. En septembre 1995, un suppléant d'origine albanaise a été appelé à siéger au conseil communal de Schaerbeek.
En tout, fin 1995, ce sont donc seize élus d'origine maghrébine (treize du Maroc, deux d'Algérie, un de Tunisie), dont trois femmes, et un d'origine albanaise qui siègent dans des assemblées régionale ou communales en région bruxelloise. Il n'y a aucun élu originaire de Turquie. Le conseiller d'origine marocaine non réélu en mai est comptabilisé avec les autres élus dans le paragraphe suivant.
Un seul élu (né en 1953) sur dix-huit relève de la première génération de migrants, huit de la deuxième génération (nés en Belgique ou arrivés à un âge préscolaire, entre 1959 et 1969) et neuf sont initialement venus en Belgique pour y poursuivre des études (nés entre 1946 et 1956). Huit de ces derniers ont obtenu des diplômes universitaires ou supérieurs non universitaires (trois en sciences appliquées, cinq en sciences humaines), comme quatre de la deuxième génération (tous en sciences humaines). Dix élus travaillent dans le secteur social associatif ou public, trois dans des entreprises publiques, deux dans l'enseignement, un dans un cabinet ministériel et deux dans le secteur privé (un employeur et un employé).
3. Les résultats en Région flamande
5. Commentaires et perspectives
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arrivés à un âge préscolaire, entre 1959 et 1969) et neuf sont initialement venus en Belgique pour y poursuivre des études (nés entre 1946 et 1956). Huit de ces derniers ont obtenu des diplômes universitaires ou supérieurs non universitaires (trois en sciences appliquées, cinq en sciences humaines), comme quatre de la deuxième génération (tous en sciences humaines). Dix élus travaillent dans le secteur social associatif ou public, trois dans des entreprises publiques, deux dans l'enseignement, un dans un cabinet ministériel et deux dans le secteur privé (un employeur et un employé).
3. Les résultats en Région flamande
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