Les Musulmans de Belgique
Polémique autour de la fête de l'Aïd en 2001
revue de presse avant l'interdiction
Polémique autour de la fête de l'Aïd en 2001 - Revue de presse (l'interdiction)
CABINET DE LA MINISTRE DE LA PROTECTION DE LA CONSOMMATION, DE LA SANTE PUBLIQUE ET DE L’ENVIRONNEMENT
Avenue des Arts, 7 1210 Bruxelles
Tel. 02/220 20 11 – Fax 02/220 20 67
26 février 2001
Communiqué de presse
L’interdiction de transport des moutons affecte la communauté musulmane de Belgique
Suite à l’épidémie de fièvre aphteuse qui se développe actuellement en Grande-Bretagne, les Ministres compétents ont été contraints d’interdire le transport des moutons sur tout le territoire belge au minimum jusqu’au 19 mars 2001. Cette décision est justifiée face à une maladie grave et particulièrement contagieuse. Cette interdiction coïncide avec la fête musulmane du sacrifice et provoque inévitablement une grande tristesse au sein de cette communauté.
Les Ministres Magda Aelvoet et Jaak Gabriels sont particulièrement peinés par cette situation fortuite et présentent à la Communauté musulmane leurs plus sincères marques de sympathie.
Cette coïncidence est d’autant plus regrettable que des solutions avaient été dégagées, grâce à la collaboration de l’Exécutif des Musulmans de Belgique, afin que cette fête du sacrifice puisse se dérouler dans tout le pays et dans les meilleures conditions.
Les Ministres remercient les Musulmans de Belgique de la compréhension dont ils font preuve face à cette épidémie historique qui les prive de la concrétisation rituelle de leur fête.
C’est en effet, avec beaucoup de dignité, que les principaux intéressés admettent qu’il ne serait pas raisonnable d’autoriser le transport des moutons au risque de propager cette épidémie, avec les conséquences dramatiques que cela risquerait d’avoir pour l’ensemble du cheptel.
"Depuis que les musulmans sont dans ce pays, c'est la première fois que les musulmans vont faire la fête du sacrifice sans sacrifier un mouton cette année."
Est-ce qu'il n'y a pas moyen de sacrifier une autre bête, une dinde, des poulets, quelque chose comme cela,
"Ce doit être un bovin ou un ovin, une vache ou un veau mais bon sacrifier un veau c'est très compliqué et toute façon avec les tests de l'ESB, il faut attendre plus de 3 jours avant de pouvoir récupérer sa bête et la tradition veut que ce soit un mouton qui soit sacrifié."
Toutes les dispositions régionales des lieux d'abattage temporaires agréés de récupération des carcasses et de réglementation spéciale en la matière ont donc été annulées mais la fête la plus importante pour la communauté musulmane aura elle quand même lieu.
"On va faire notre prière habituelle de la fête du sacrifice et après on va faire des gâteaux, des chants coraniques et tout, on reste ensemble uni et l'argent que la plupart des gens lorsqu'ils ont vu qu'ils ne vont pas pouvoir sacrifier leur mouton, ils l'ont donné aux pauvres, soit disant ici ou dans les pays du tiers monde ou bien l'envoyer à des nécessiteux pour que eux puissent acheter des aliments pour manger."
Il n'y a plus qu'à attendre l'Aïd Al Adha 2002, l'an prochain, là au moins, on est sûr que tout sera préparé largement à temps.
La Meuse-La Lanterne 27/02/2001
Des moutons "à risque" en Belgique?
Les services vétérinaires sont à la recherche de quelque 2.000 moutons
britanniques importés en Belgique.
Samedi, le ministre de l'Agriculture Jaak Gabriëls a interdit les transports
de moutons et de chèvres sur tout le territoire belge, jusqu'au 19 mars. Il
faut dire que les nouvelles d'outre-Manche sont mauvaises. Douze foyers de
fièvre aphteuse ont été officiellement confirmés en Grande-Bretagne.
L'épidémie se répand parmi les moutons, les bovins et les porcs; les
exploitations touchées sont situées sur tout le territoire du Royaume-Uni.
Mais des moutons britanniques contaminés ne sont-ils pas déjà présents en
Belgique? La Commission européenne a confirmé que des moutons, des chèvres
et des porcs avaient été exportés vers différents Etats-membres -dont la
Belgique- après le 1er février. Notre pays interdit depuis mercredi dernier,
21 février, toute importation de Grande-Bretagne. Cependant, entre le 1er et
le 21, plusieurs lots de porcs, de moutons et de chèvres ont été importés.
Tous les porcs et chèvres importés ont été mis sous la surveillance des
services vétérinaires, précise le ministre. Et les moutons? L'entreprise
importatrice la plus importante a été placée sous surveillance. Elle aurait
reçu quelque 2.000 moutons. Mais la plupart ont déjà été revendus! Ces
moutons échappent donc à la surveillance des services vétérinaires. D'où
l'interdiction totale de transport jusqu'au 19 mars.
Pourquoi le 19 mars? Parce que la dernière importation de moutons remonte au
19 février. Or, la période d'incubation maximale de la fièvre aphteuse est
de 4 semaines.
Le 19 mars, les éventuels moutons contaminés montreront donc des signes de
la maladie. Les services vétérinaires effectueront tous les 4 jours, pendant
un mois, des contrôles sur tous les moutons importés et dans toutes les
entreprises de contact. En outre, tous les 8 jours, des échantillons de sang
seront prélevés pour une analyse de dépistage de la fièvre aphteuse.
La Dernière Heure 27/02/2001
http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=124501
La fête du sacrifice compromise
Devant l'ampleur de l'épidémie, l'interdiction de transport de moutons est
confirmée chez nous jusqu'au 19 mars
BRUXELLES Des centaines de porcs, moutons et vaches atteints de fièvre
aphteuse ont été abattus et brûlés en Angleterre sur de spectaculaires
bûchers . Mais les flammes sont loin d'avoir exorcisé les craintes de
propagation de la maladie sur le continent. Ce lundi, onze foyers de fièvre
aphteuse au total ont été officiellement confirmés en Grande-Bretagne. Les
exploitations touchées sont situées sur l'ensemble du territoire du
Royaume-Uni.
L'épizootie de fièvre aphteuse en Grande-Bretagne évolue de manière très
inquiétante, a indiqué lundi le ministre de l'Agriculture, Jaak Gabriëls,
qui a décidé samedi d'interdire les transports de moutons et de chèvres en
Belgique jusqu'au 19 mars au moins. A ce propos, les ministres Gabriëls et
Aelvoet ont exprimé lundi leur tristesse auprès de la communauté musulmane
de Belgique, laquelle qui voit ici compromise la traditionnelle fête du
sacrifice.
La Commission européenne a de son côté confirmé qu'après la date du 1er
février 2001 des moutons, des chèvres et des porcs ont été exportés vers
différents Etats-membres dont les Pays-Bas, la France, l'Allemagne et la
Belgique. En ce qui concerne la Belgique, notre pays interdit depuis le 21
février dernier toute importation de biongulés vivants en provenance de la
Grande-Bretagne. Cependant, entre le 1er et le 21 février, plusieurs lots de
porcs, de moutons et de chèvres ont été importés vers la Belgique. Dans le
cadre des mesures ESB, aucun bovin vivant n'a toutefois été importé pendant
cette période. Tous les porcs et chèvres importés ont déjà été mis sous la
surveillance des Services vétérinaires. Quant aux moutons, l'entreprise
importatrice la plus importante a été placée sous surveillance. Toutefois,
il ressort de l'enquête épidémiologique qu'un certain nombre de moutons a
déjà été commercialisé pour la deuxième fois; les Services vétérinaire
effectueront dès lors, tous les 4 jours et ce pendant un mois, des contrôles
sur tous les moutons importés et dans toutes les entreprises de contact. En
outre, tous les 8 jours, des échantillons de sang seront prélevés pour une
analyse de dépistage.
Petite remarque shaitanesque: les Bruxellois de certains quartiers savent
bien qu'en cette période il n'est pas rare d'entendre des bêlements en
provenance du jardin ou de la cave du voisin, que va-t-il arriver à ces
moutons déjà achetés et entreposés à domicile en attendant la fête ? Pour
rappel, l'Islam interdit formellement qu'un animal malade ou blessé soit
sacrifié, et comme il y a doute pour TOUS les moutons achetés ces trois
dernières semaines (qui, parmi les actuels détenteurs de ces moutons, peut
être certain que son animal n'a pas été, dans un passé récent, un sujet
d'Elizabeth II ?), il serait avisé de la part des autorités de toutes sortes
(y compris l'"Exécutif exécuté")de conseiller de faire appel à un
vétérinaire pour vérifier l'état de la bête, sacrifice ou non, puique la
maladie peut se transmettre aussi via les (autres) animaux domestiques et
autres chats de gouttière (ça va changer les vétés urbains des Médors et
Mistigris à leurs mémères ;-)
Ce qui est étonnant, c'est que l'annonce d'une probable interdiction du
sacrifice des moutons avait déjà été quasiment faite dans la presse flamande
(De Morgen) dès vendredi, alors que la presse francophone continuait à
annoncer les lieux d'"abattage" instaléls par les communes...
Autre chose, ce qui est frappant depuis le début (mi-janvier) de cette
polémique sur le "mouton musulman" (entendu à la radio !), c'est qu'il ne
semble y avoir de problème qu'en région bruxelloise, et nulle part ailleurs
en Belgique ou en Europe ! Quelqu'un a-t-il des échos sur d'autres villes et
pays, tant pour la question du sacrifice (autorisé à domicile, abattoirs
municipaux provisoires, récolte sélective des déchets ?) que de
l'empêchement du sacrifice pour des motifs sanitaires (position des savants
musulmans sur cette question e.a.) ? Il y a un précédent, quand le roi
Hassan II avait interdit le sacrifice une année de sécheresse pour préserver
le cheptel.
En conclusion, la suppression du sacrifice en Belgique est une bonne chose:
au lieu de manger du mouton matin, midi et soir pendant une semaine, les
Musulmans verseront de l'argent à des oeuvres charitables (après tout,
donner un morceau de mouton à un pauvre c'est bien, mais c'est mieux de lui
donner le choix, il préfère peut-être le poulet ;-))
Pierre-Yves Lambert
Le Soir du mercredi 28 février 2001
Crise alimentaire La fête musulmane du sacrifice gâchée par la fièvre aphteuse
Le 5 mars, la communauté musulmane célébrera la fête du mouton sans mouton. Les ovins sont interdits de circulation en Belgique. Les autorités belges tirent les conclusions du Conseil agricole.
CÉDRIC VANTROYEN
Les 5, 6 et 7 mars prochains se déroule l'Aïd el Kébir, la grande fête musulmane célébrant le sacrifice fait par Abraham à Dieu. Il est de coutume pour les 400.000 musulmans de Belgique de répéter le geste du prophète et de sacrifier eux aussi un mouton. Mais voilà que la fièvre aphteuse apparaît en Grande-Bretagne et que l'épizootie s'y développe. Les musulmans devront donc se passer de sacrifice cette année. Les ministères belges de l'Agriculture et de la Santé ont en effet décidé d'interdire, et ce jusqu'au 19 mars, l'importation d'ovins en provenance d'outre-Manche, le transport de moutons sur tout le territoire belge et, en écho à l'interdiction de transport puisque l'abattage à domicile est illégal, tout abattage de moutons dans les centres prévus à cet effet.
" On ne reprochera pas aux musulmans d'avoir apporté la fièvre aphteuse en Belgique "
Afin de répondre à la demande croissante de moutons en cette période de fête, près de 2.000 ovins avaient été importés de Grande-Bretagne en Belgique. Préférant éviter tout risque de contagion, le gouvernement a décidé ces mesures exceptionnelles. C'est une situation de force majeure où il serait irresponsable de ne pas prendre les mesures nécéssaires, a expliqué la ministre de la Santé Magda Aelvoet.
Pourquoi jusqu'au 19 mars ? La fièvre aphteuse, facilement détectable chez les bovins, ne se voit pas directement chez les moutons. La période d'incubation de la maladie est en effet de quatre semaines maximum alors que la dernière importation belge de mouton anglais date du 19 février, il y a un peu plus d'une semaine.
C'est un désastre pour la communauté musulmane qui célébrera la fête du mouton... sans mouton. Certains sont soulagés car ils avaient peur de manger le mouton avec tout ce qu'ils entendent, explique Nordin Maloujahmoum, président de l'Exécutif des musulmans de Belgique. Nous avons dû prendre nos responsabilités. On ne reprochera pas aux musulmans d'avoir apporté la fièvre aphteuse en Belgique.
Les pouvoirs publics ont pris des initiatives. Des centres d'abattages agréés ont été mis en place dans plusieurs communes. En vain : les mesures sanitaires l'ont emporté.
Un problème vient encore se greffer sur cette crise : certains musulmans ont déjà acheté leur mouton chez des éleveurs belges. Ils demandent dès lors des garanties de remboursement. Le gouvernement se déclare incapable d'y souscrire actuellement : Nous devons d'abord répondre à la situation de crise, nous envisagerons les aspects financiers et les éventuelles pertes par après, a expliqué Magda Aelvoet.
Pour que toute la communauté soit informée des interdictions, un folder sera distribué par le Centre pour l'égalité des chances et les informations seront relayées par les unions et fédérations musulmanes de Belgique.
Une fête sans sacrifice qui risque de décevoir plus d'un musulman, même si Nordin Maloujahmoum clame que la fête se fera avec amertume, mais elle se fera. Il incite d'ailleurs les fidèles à reverser l'argent prévu pour l'achat du mouton à des œuvres caritatives ou des personnes dans le besoin.·
On n'en croit pas ses yeux. Cet après-midi, plusieurs musulmans se sont même
rendus au marché de chevaux.
Un musulman
"Je ne suis pas venu voir pour les chevaux, je suis venu pour voir si les moutons sont là comme d'habitude mais malheureusement, il n'y a rien."
Mercredi 28 février 2001 - Anne-Catherine Kroufer - RTBF Journal Télévisé de 19h30
© RTBF 2001 Jeudi 1 mars 2001 Journal Parlé de Matin Première
Du côté des abattoirs et du marché de la viande, c'est la désolation. Hier,
aux abattoirs d'Anderlecht, c'était le vide alors que nous sommes dans une
période importante d'abattage avec la perspective de la fête du mouton. Si
la crise continue, les responsables parlent même de licenciements. Ecoutez
successivement Paul Thielemans, porte parole des abattoirs d'Anderlecht et
Edwin Appelmans, grossiste en viande.
"Nous avons acheté cette machine qui coûte à peu près 1,5 million
spécialement pour l'abattage rituel de moutons, une installation qui pourra
servir évidemment toute l'année, mais spécifiquement ce lundi prochain avec
la fête du mouton, ... quand même de presque 1000 moutons abattus par
journée."
-Lundi vous auriez dû abattre 1000 moutons, alors c'est une catastrophe ?
"Déjà la vente d'animaux vivants est totalement annulée, donc déjà là nous
allons perdre beaucoup de recettes de l'organisation même de ce marché. Et
en plus l'abattage même des moutons est totalement hors de question, donc
c'est vrai que les conséquences sont vraiment graves cette fois-ci."
- Alors la machine ne sert à rien pour l'instant ?
"Pour le moment non, jusqu'au 19 mars il n'y aura pas un mouton qui rentrera
dedans."
Interview Anne-Catherine Croufer.
La fièvre aphteuse plane sur l'Aïd el Kébir (La Dernière Heure 01/03/2001)
Les musulmans de Belgique doivent renoncer au sacrifice de l’Aïd el Kébir pour éviter une propagation de fièvre aphteuse
BRUXELLES L’interdiction en Belgique de sacrifier des moutons lors de la fête rituelle de l’Aïd el Kébir, pour éviter tout risque de propagation de l’épidémie de fièvre aphteuse apparue en Grande-Bretagne, a porté un rude coup à l’importante communauté musulmane du pays.
"La fête aura bien lieu, mais ce sera une demi-fête. Parce qu’une fête sans sacrifice n’est pas une fête. Mais bon, je pense que les musulmans comprendront et seront sages. On ne peut pas faire courir le risque au pays de contaminer tous les cheptels belges", a estimé jeudi Nordin Maloujahmoum, le président de l’Exécutif des musulmans de Belgique.
"C’est une secousse sismique" pour les communautés islamiques qui ont "assailli de questions" les autorités, reconnaissait pour sa part Renaud Klee, chef de cabinet adjoint de la ministre écologiste de la Santé Magda Aelvoet. L’an dernier, pour la seule région de Bruxelles où vivent environ 100.000 musulmans, quelque 25.000 moutons ont été égorgés et 126 tonnes de déchets de carcasses et d’abats récoltées.
A mesure de la découverte de nouveaux foyers britanniques de fièvre aphteuse, une maladie non transmissible à l’homme mais extrêmement contagieuse pour les animaux, la Belgique a renforcé les mesures de prévention sur son territoire.
Après l’embargo sur tous les animaux d’élevage britanniques, puis la fermeture des marchés aux bestiaux, le gouvernement a interdit le 24 février tout transport d’ovins puis mercredi tout abattage, y compris rituel.
Une décision prise à cinq jours de la traditionnelle fête du mouton (qui suit l’exemple d’Abraham, un des prophètes de l’Islam) et ruine tout espoir de pouvoir égorger ces bêtes.
Traditionnellement, les familles doivent distribuer les trois quarts de l’animal abattu aux pauvres, et consommer le reste durant la fête. Dans un pays comptant 350.000 à 400.000 musulmans (pour 10,2 millions d’habitants), ce qui fait de l’Islam la deuxième religion, le coup est rude. Certains musulmans avaient déjà versé des acomptes de 3.000 francs belges (75 euros) pour acheter un mouton, explique Mohammed Jamouchi, de l’Exécutif des musulmans.
Contraint de collaborer avec le gouvernement, l’Exécutif a défendu la mesure: "Selon la Sunna (tradition), l’abattage rituel implique que les animaux soient sains et en bonne santé, ce qui ne peut pas être garanti dans la situation actuelle, a-t-il expliqué.
Un numéro gratuit a été mis en place et des tracts d’explication vont être diffusés en français et en néerlandais, ainsi qu’en arabe et en turc, 85% des musulmans de Belgique étant d’origines marocaine ou turque.
"Les réactions sont partagées", relève Nordin Maloujahmoum. "Il y a des gens qui malheureusement sont très tristes. Ils demandent comment cela peut arriver quelques jours avant la fête et sont très dubitatifs. Certains pourraient égorger des poules ou d’autres volailles".
"Et puis d’autres, qui ont peur de l’augmentation des différentes maladies bovines et ovines, sont un peu soulagés", ajoute-t-il.
Depuis l’élection fin 1998 de l’Exécutif des musulmans, la Belgique est le seul pays européen doté d’une telle instance représentative, interlocutrice des autorités nationales. "Incontestablement, pour cette affaire, cet organe a joué un rôle d’apaisement", juge M. Jamouchi.
def/phv/alm eaf
commentaire 01/03/2001
Enfin ! Cet article de la Dernière Heure est le premier où une position claire de l'Exécutif des Musulmans de Belgique est exprimée, ainsi qu'une justification théologique claire du non-sacrifice, que certains avançaient d'ailleurs dès avant la polémique: il n'y a aucune garantie que les animaux sacrifiés seront sains, par conséquent leur sacrifice est interdit non seulement pour des raisons sanitaires-légales mais bien aussi pour des motifs religieux. Rappelons que si la bête se blesse pendant le transport par exemple elle ne peut pas non plus être sacrifiée pour l'Aïd. Le Président a enfin fait le choix de mettre en avant une personne compétente qui a la tête sur les épaules et les pieds dans ses pompes (et pas à côté), Mohamed Jamouchi, pour s'occuper des relations avec la presse. Dommage que ce ne soient pas des gens de sa trempe qui ont été élus ou cooptés à la Constituante et à l'Exécutif, il faudrait le cloner...
On m'informe par ailleurs "de source autorisée" qu'il n'y aurait plus qu'un seul Exécutif des Musulmans, celui nommé voici un an et demi, la nouvelle équipe intronisée par l'Assemblée constituante mi-janvier n'ayant pas été reconnue comme interlocuteur valable par le Ministère de la Justice et des Cultes. Espérons maintenant que TOUS ses membres vont vraiment se mettre à travailler, que les autorités belges s'abstiendront de saboter ce travail et décideront d'allouer un budget pour rémunérer à plein temps TOUS les membres de l'Exécutif, et non le seul président (détaché du ministère des Finances). Et que les élus politiques "musulmans" qui le souhaitent soient associés aux travaux de l'Assemblée constituante. Autre chose, il serait temps que certaines choses soient mises au point concernant la famleuse "ethnicisation" de l'Exécutif: cela signifie notamment qu'il ne serait pas acceptable que la semaine prochaine les membres turcs aillent à la réception organisée pour la Fête par l'ambassadeur de Turquie (avec d'autres personnalités, dont les deux sénatrices et les élus communaux d'origine turque), idem pour les Marocains s'il y a semblable réception du côté de l'ambassade du Maroc. A moins qu'Albert et Paola invitent les "Belges de souche" et autres Italiens convertis à venir manger des brochettes de tofu, de maïs et de soja pour fêter l'Aïd au Palais royal :-)
Voici le fameux numéro vert (appel gratuit) pour tout savoir sur le mouton et le sacrifice: 0800/23.00.00
Un petit regret pour les tracts, la troisième communauté linguistique musulmane de Belgique, les Albanais (plus de 30.000), ont à nouveau été totalement oubliés. Espérons que l'Exécutif prendra contact avec les animateurs des émissions radios en albanais sur Radio Panik notamment (samedi et dimanche) pour réparer cet oubli au plus vite.
Autre info: à Schaerbeek, les gens qui ont déjà acheté un mouton et qui souhaitent s'en débarrasser gratuitement peuvent téléphoner entre 9h et 17h tous les jours (samedi et dimanche inclus) au 02/244.77.30
Apparemment, les "commentaires shaitanesques" font des émules: ce jeudi midi, j'ai eu la surprise d'entendre sur Radio Bruxelles Capitale (antenne bruxelloise de la RTBF) l'échevin FDF schaerbeekois Jean-Pierre Van Gorp se demander ce que la police devrait faire si des gens se débarrassaient de leurs moutons la nuit en les lâchant dans les rues: "Vous imaginez, tous ces moutons qui erreraient dans les rues de Schaerbeek !". Et pour les moutons qui seront emmenés au lieu d'abattage, ils seront "euthanasiés" (un terme stupide, l'analogie est totalement déplacée) mais il se posera un problème pour la destruction du cadavre, la seule société habilitée à les brûler se trouve en Flandre, et "il faudra demander un visa d'exportation". Espérons que les policiers et ouvriers communaux qui accompagneront les dépouilles ovines par-delà cette frontière (le "rideau de chicons*" ?) auront des passeports en cours de validité dûment estampillés...
Quelqu'un a téléphoné au numéro vert pour demander si le mouton a le droit de se rendre "tout seul" jusqu'à l'abattoir, il s'agirait donc d'après cette personne d'une "promenade de mouton" et non de "transport de mouton". Je jure que je suis innocent, je vous le dis il y a d'autres shaitans qui me concurrencent :-)
Pierre-Yves Lambert
* chicon = endive, le légume national belge
La Dernière Heure : 01/03/2001
Fête du mouton ou non?
Annulation de l'installation, à Ixelles, d'un abattoir provisoire
IXELLES Pour donner suite à la volonté politique du ministre bruxellois de l'Environnement, Didier Gosuin, le collège ixellois avait décidé d'installer, dans le cadre de la Fête du mouton des 5 et 6 mars prochains, un abattoir provisoire sur le terrain de basket, situé à côté du centre sportif du stade Albert Demuyter de la rue Volta.
Hier, le collège a eu confirmation que tout transport de moutons et de chèvres sur le territoire belge était bel et bien interdit par le gouvernement fédéral et ceci, jusqu'au 19 mars.
L'installation de cet abattoir provisoire est par conséquent annulé.
Le collège des bourgmestre et échevins invite les habitants de ce quartier à une réunion d'information et de discussion sur ce thème, le vendredi 2 mars, de 18 h 30 à 19 h 30.
Jo. M.
(AFP) (via La Libre Belgique 01/03/01)
Fête de l’Aïd El Kebir: le sacrifice du mouton compromis
La ministre de l’Agriculture de la Rhénanie du Nord-Westphalie, Baerbel Hoehn (écologiste), a mis en garde jeudi contre "les risques de contamination de la fièvre aphteuse" par la personne effectuant le sacrifice à d’autres animaux. Toutefois, elle a rappelé, comme M. Oezdogan, qu’il n’existait aucun risque de contamination de la viande de mouton à l’homme.
Mais, surtout, "le problème est que l’on ne peut presque plus se procurer de moutons", insiste Hasan Oezdogan. De nombreuses commandes ont dû être annulées en Allemagne à la suite de l’annonce de la maladie. Devenue denrée rare, le mouton, d’un prix de 100 à 125 euros (93 à 116 dollars) pendant la période de l’Aïd el Kebir, s’achète exceptionnellement cette année à environ 175-225 euros. La maladie de la vache folle empêche aussi de substituer la viande de boeuf à la viande de mouton.
Une alternative a cependant été trouvée: de nombreuses organisations musulmanes telles que la Muslim Aids ou l’Islamic Relief collectent dans les mosquées de l’argent pour organiser les sacrifices à l’étranger. Pour une somme d’environ 80 à 100 euros, chaque musulman peut demander à faire égorger un mouton dans un pays étranger où la religion musulmane est représentée. La viande sera ensuite distribuée aux pauvres sur place. "Au total, estime M. Oesdagan, une centaine de milliers de bêtes devrait être saignée pour la fête du sacrifice dans les différents pays musulmans pour les musulmans allemands". Une centaine d’observateurs devraient partir en délégation pour assister au sacrifice et vérifier son bon déroulement. L’Allemagne compte 3,2 millions de musulmans, dont 2,1 millions de Turcs.
http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=125333
La Dernière Heure 03/03/2001
Edition: Liège
Section: REGION
Sous Section: LIEGE
La fête de l'Aïd sans mouton?
La communauté musulmane s'organise comme elle peut
LIÈGE L'épidémie de fièvre aphteuse, qui affecte les moutons, tombe mal pour les musulmans. Ils fêtent le 5 mars l'Aïd-el-Kebir (ou Aîd-el-Adha), en mémoire du sacrifice d'Abraham. L'interdiction générale faite par l'autorité fédérale de tout transport et abattage de moutons balaye tout espoir de célébrer le rite pour l'ensemble des familles du pays.
À Liège, les représentants de la communauté musulmane liégeoise ont été reçus par le bourgmestre Willy Demeyer et les échevins réunis en collège, afin de diffuser le message à tout le monde.
La délégation a profité de cette rencontre pour soulever les difficultés particulières liées à l'abattage à Liège. Il a été décidé qu'un groupe de travail allait être mis en place rapidement. Il réunira la Ville, l'intercommunale de l'abattoir, l'inspection vétérinaire, la communauté musulmane et la société royale de protection des animaux.
En attendant, la fête de l'Aïd 2001 se fera mais sans mouton! Les quelque 6.000 musulmans de Liège, d'origines maghrébine et turque, s'organisent autrement.
Dons et combines
Plusieurs solutions s'offrent à eux. Nous nous rabattons sur des repas à base de dinde, poulet et boeuf, explique Nagi Sabbagh du centre culturel arabe en pays de Liège, qui organise une fête ouverte à tous le 9 mars à l'école des Rivages, rue des Écoliers. Pour lui qui n'est pas pratiquant, la fête du sacrifice est une tradition plus qu'une obligation religieuse: un moment de joie et de partage.
Certains pratiquants ont choisi de remplacer le sacrifice du mouton par l'aumône comme l'Exécutif musulman l'a recommandé cette semaine. Mon frère donne l'équivalent d'un mouton, soit 4.000 francs, à une association d'ici, confie Nordine Bounouar.
Mais pour d'autres, l'Aïd sans mouton ce n'est plus l'Aïd. Les personnes âgées sont tristes, car leurs jours sont comptés, estime encore Nordine. Des pratiquants se sont même organisés pour trouver des moutons à la campagne chez des petits éleveurs.
E. A.
La Meuse-La Lanterne 03/03/2001
Des centaines d'appels au numéro vert
Depuis jeudi, 9 h, une vingtaine de personnes se relaient au call center "fête du Sacrifice" mis en place par les départements de la Santé publique et de l'Agriculture (*). Accessibles via un numéro de téléphone gratuit (le 0800/23.000), ces interlocuteurs, issus pour la plupart du Centre pour l'égalité des chances, répondent dans quatre langues (français, néerlandais, arabe ou turc) aux multiples interrogations d'éleveurs, de musulmans, de mandataires communaux ou de paysans inquiétés par les récents développements de la crise de la fièvre aphteuse. "Nous recevons plus ou moins 200 appels par jour", explique la responsable du call center. "Un bon nombre d'entre eux nous arrivent dans les minutes qui suivent les journaux parlés ou télévisés, quand de nouvelles informations sont diffusées."
Si une bonne partie des questions touchent aux éventuelles indemnisations financières que les autorités verseront aux particuliers qui ont amené des moutons à l'abattoir avant le 24 février ou aux risques réels de contamination, la plus récurrente concerne le respect du rite musulman. "Ils nous demandent s'ils pourront sacrifier à temps un mouton qu'ils ont déjà commandé ou acheté", poursuit la responsable. "Nous devons leur expliquer que ce ne sera pas possible. Mais nous rappelons aussi que la Suuna prévoit le sacrifice d'un animal sain et en bonne santé, et que cela ne peut aujourd'hui être assuré. Nous leur expliquons alors que d'autres alternatives existent, comme des dons en argent à des œuvres étrangères." Selon la responsable, la collaboration avec l'exécutif des musulmans est à cet égard exemplaire.
Plus anecdotiques sont enfin ces questions sans grand rapport avec la fête de l'Aïd-al-Kébir. Jeudi, un agriculteur s'est ainsi inquiété de savoir si, malgré l'interdiction de transport, il avait le droit de déplacer de quelques dizaines de mètres plusieurs de ces moutons qui avaient... les pieds dans l'eau.
H.Vsb.
(*) Le numéro vert est encore accessible ces samedi et lundi, de 9 à 17 h. Une prolongation n'est pas exclue.
quotidien L'Alsace 3 mars 2001Chacun cherche son mouton |
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C'EST LA FÊTE la plus importante pour les musulmans, à égalité avec le Ramadan : l'Aïd el Kébir, aussi appelé " fête du mouton ", qui aura lieu lundi prochain, s'inscrit cette année dans le double contexte d'une crise alimentaire et d'une pénurie. Pour Jomaa Mekrazi, cette fête est avant tout celle du partage : " Normalement, on garde un tiers du mouton pour sa famille, un tiers pour les amis et les voisins, et un tiers pour les pauvres. En une semaine, le mouton est fini ". Président de l'association Multicultures et loisirs de Wittenheim, Jomaa Mekrazi a obtenu pour la première fois l'autorisation d'ouvrir un site pour l'abattage des moutons de l'Aïd dans sa commune. Il sera situé près du centre Léo Lagrange et sera le cinquième autorisé par la préfecture du Haut-Rhin, avec Mulhouse, Colmar, Thann et Illzach. Organes interditsDepuis quelques semaines, l'association organisatrice fait passer les informations auprès des fidèles : on rappelle l'interdiction de procéder au rituel hors des sites spéciaux, on prend les inscriptions. " Nous ne pouvons accepter que les gens de Wittenheim, il y déjà 180 familles inscrites ". Les consignes concernant les organes interdits à la consommation (rate, crâne, moelle épinière, amygdales) ont été données. " Nous le répéterons à la prière de lundi matin, juste avant la fête ". Par le bouche à oreille, chacun a cherché depuis des semaines à dégotter le " bon " mouton, auprès de négociants, de paysans? Mais c'est de plus en plus difficile. Pour respecter le rite, chaque famille doit normalement se procurer un mouton vivant. Depuis quelques années, l'Aïd el Kébir " tombe " mal au niveau du calendrier, à la fin de l'hiver, et la date " recule " chaque année de dix jours. " C'escute;gociants, de paysans? Mais c'est de plus en plus difficile. Pour respecter le rite, chaque famille doit normalement se procurer un mouton vivant. Depuis quelques années, l'Aïd el Kébir " tombe " mal au niveau du calendrier, à la fin de l'hiver, et la date " recule " chaque année de dix jours. " C'est tout simple, la nouvelle génération d'agneaux n'est pas encore née, constate un négociant. C'est comme si on voulait des fraises au mois de février ". D'autant que, d'après la religion musulmane, un agneau trop jeune ou une brebis qui attendrait une portée ne conviennent pas au sacrifice. L'important, c'est la penséeLa crise alimentaire liée à la vache folle n'arrange rien : " Il y a un report des consommateurs sur le mouton et il y en a de moins de moins en France ", constate un commerçant. Du côté de boucheries hallal, qui vendent la viande préparée selon le rituel musulman, on ressent la même pénurie : " Avec la crise alimentaire, les agneaux sont hypersélectionnés, note le propriétaire d'une superette-boucherie à Bourtzwiller. Il y a encore eu une nette augmentation des prix depuis trois semaines : l'an dernier on trouvait une grosse bête vers 800 F, aujourd'hui c'est le prix des plus petites, et les plus grosses sont autour de 1 000 F ". Les maladies touchant le mouton, fièvre aphteuse et tremblante, viennent de se rajouter à ce contexte déjà tendu. Et certains se demandent comment ils feront s'ils ne trouvent pas l'animal adéquat. Pour commencer, le mouton n'est pas la seule bête qui permette d'honorer l'Aïd el Kébir. " Tout le monde prend le mouton parce que c'est le plus facile à tuer ", estime Mustapha Kilic, président du Centre culturel turc de Mulhouse. Son compatriote Ferhat Karakus a fait le choix du veau : " Je fais comme ça depuis 4-5 ans, je préfère, parce que le mouton est trop gras, explique-t-il. Cette année, j'irai à Colmar pour l'abattage, et nous le partagerons entre sept familles ". Les boucheries spécialisées proposent aussi de commander un animal préparé selon le rituel. Dernière solution : " Ceux qui n'ont pas le choix peuvent aussi faire sacrifier un mouton pour eux au pays, précise Mustapha Kilic. L'important, ce n'est pas de le faire soi-même. L'important, c'est la pensée ". En Angleterre, des responsables religieux ont recommandé aux fidèles de procéder ainsi à cause de la fièvre aphteuse. En cas de nécessité économique ou sanitaire, les pratiquants peuvent aussi s'abstenir de sacrifice. Le ministère de l'Intérieur a invité hier les Musulmans de France à y " renoncer cette année, là où la destruction sanitaire préventive des ovins a créé une situation de pénurie ". Mais ce n'est pas le cas en Alsace. Beaucoup de musulmans en conviennent : trouver le " bon " mouton est bien compliqué. A tel point que ce boucher de la rue Nepper de Mulhouse a renoncé à en vendre, cette année : " Ça fait une journée impossible, à courir entre Mulhouse et Colmar. Il y a aussi des gens qui commandent et ne viennent pas chercher leur animal ". Pas vraiment une journée de fête." Chercher un mouton à gauche à droite, avec les maladies qui existent, c'est très difficile, constate Jomaa Mekrazi. En Arabie Saoudite, plutôt que de sacrifier un mouton, il y a des gens qui donnent le prix de la bête à une oeuvre pour les pauvres. Les musulmans de France pourraient se mettre d'accord là-dessus ". Pour les musulmans, trouver un mouton pour la fête de l'Aïd el Kébir est de plus en plus compliqué. Et la crise alimentaire n'a rien arrangé. Darek Szuster |
Le Soir du lundi 5 mars 2001
Région L'Aïd al Adha commence ce lundi
Les 160.000 musulmans de Bruxelles s'apprêtent à célébrer l'Aïd al Adha qui débute ce lundi. Une fête malheureusement troublée cette année en raison des interdits frappant le mouton.
ALAIN GÉRARD
Cette année, le dixième jour du dernier mois hégirien (le calendrier islamique de 354 jours) tombe ce lundi 5 mars. La date où Dieu a voulu éprouver la foi d'Abraham en exigeant de lui la vie de son fils, Ismaël dans le Coran, Isaac dans la Bible. Mais alors qu'Abraham était prêt au sacrifice, Dieu l'arrêta à temps par l'entremise de son " porte-parole " Gabriel : Pas de sacrifice humain en mon honneur Tue plutôt un mouton en souvenir de cet instant...
" Sacrifice du mouton ou pas, ce qui compte en ce jour, c'est d'abord la prière "
Depuis, chaque famille musulmane se souvient et réaffirme sa foi en égorgeant de manière rituelle un mouton, de préférence, en direction de la Mecque. En langage coranique, on appelle ce geste " Aïd al Adha ", la fête du sacrifice (" adha "), plus populairement dénommée la fête du mouton. Cette fête, qui dure trois jours, peut également porter le nom de " Aïd el Kebir ", littéralement la " grande fête ". Elle célèbre le lendemain du sacrifice d'Abraham et le surlendemain de l'Arafat, point culminant du pèlerinage à la Mecque.
Mais, cette année, en raison des menaces d'épidémie de fièvre aphteuse, l'Exécutif des musulmans de Belgique en appelle à sacrifier la tradition. Et ce, parallèlement aux décisions du gouvernement belge d'interdir tout abattage, découpe et transport de moutons sur notre territoire. Une sacrée tuile pour les 413.000 musulmans de Belgique et, particulièrement, pour les 160.000 musulmans qui vivent à Bruxelles où de gros efforts d'organisation des abattages rituels avaient été réalisés en partenariat avec l'Exécutif, les communes et le gouvernement bruxellois.
A ce sujet, la plupart des communes concernées par la fête du mouton ont envoyé, ces derniers jours, un toute-boîte enjoignant la population à ne pas transporter, abattre ou faire abattre des moutons et des chèvres jusqu'à la date du 19 mars fixée par le gouvernement fédéral. Un texte essentiellement bilingue français-néerlandais, dommage que ce toute-boîte n'ait pas été rédigé également en arabe ou en turc. Un petit oubli que l'Exécutif a compensé par un message, allant dans le sens du strict respect des décisions du gouvernement belge, et diffusé dans les mosquées de la capitale.
Sacrifice du mouton ou pas, confie cette famille marocaine de Schaerbeek, ce qui compte, en ce jour d'Aïd al Adha, c'est d'abord la prière. Ensuite, il y aura le repas en famille et avec des amis et les cadeaux aux enfants. Et puis, cette année, l'argent qu'on avait réservé à l'achat et au sacrifice du mouton, on le donnera aux plus démunis. C'est ça aussi le sens profond de notre fête...·
La Meuse - La Lanterne - La Nouvelle Gazette 05/03/2001
Ce n'est pas l'interdiction de transport de moutons qui devrait gâcher la fête de l'Aïd El Kebir de la famille d'Ikram, en région liégeoise. "C'est avant tout une occasion de se réunir en famille et de faire des visites, explique-t-elle. Ça ne nous empêchera pas de célébrer l'Aïd."
Certains appellent l'Aïd la fête du mouton; on devrait plutôt dire fête du sacrifice. Elle commémore en effet le sacrifice qu'Abraham était prêt à faire pour montrer sa foi en Dieu qui lui avait demandé de tuer son fils. Au dernier moment, Dieu a retenu le bras d'Abraham et lui a dit de sacrifier un animal. Il ne s'agit donc pas seulement d'une fête musulmane. Et rien, dans la foi musulmane ne contraint à tuer un mouton.
"Tous les musulmans ne sont pas obligés de tuer un mouton, explique Ikram. D'ailleurs, il y a des familles pauvres qui ne peuvent pas se permettre ça. Et dans ce cas-ci, c'est un cas de force majeure. De toute façon, on ne peut pas sacrifier un animal malade."
A l'exécutif des musulmans de Belgique, on précise d'ailleurs qu'il est déjà arrivé, au Maroc même, que l'on renonce à procéder à l'abattage rituel pour des raisons de sécheresse.
Comment se déroule la fête de l'Aïd? Le jour dit, les hommes se rendent à la mosquée pour la prière. Ils rentrent ensuite à la maison et alors les visites commencent. "C'est aussi l'occasion de se réconcilier si on est en dispute avec quelqu'un, explique Ikram. C'est donc aussi une fête du pardon."
Si la famille sacrifie le mouton (ce qui ne sera donc pas le cas cette année), la coutume veut qu'il y ait un mouton par couple. Et chaque enfant doit avoir sa tête de mouton. "Mais nous avons assez de spécialités pour faire un bon repas, explique notre maîtresse de maison. On peut faire un grand couscous avec des brochettes de mouton qu'on peut quand même acheter chez le boucher. Et puis on va les uns chez les autres. Bref, c'est une fête plutôt sympa."
Du côté de l'exécutif des musulmans de Belgique, on a invité les gens à consacrer l'argent prévu pour l'achat du mouton à l'aumône. Un mouton revient à entre 5 et 7.000 F. "Nous avons des étudiants musulmans qui n'ont pas beaucoup d'argent, dans la région, dit Ikram. Ce sera une occasion de les aider. Il y a des associations d'aide sociale et puis, tout simplement, on peut envoyer la somme à de la famille dans le besoin au Maroc."
Pascale SEFERIDIS
Dernière Heure: 08/03/2001
Edition: Bruxelles
Section: REGION
Sous Section: BRUXELLES
Nouveau bilan du ministère de la Propreté publique
BRUXELLES Les trois jours dévolus à l'Aïd-el- Adha sont passés. Une fête qui, cette année, a dû se passer de mouton. L'épizootie de fièvre aphteuse n'a en effet pas donné la possibilité aux musulmans de Bruxelles de pratiquer le traditionnel rite du sacrifice. Dans 99,9% des cas, l'interdiction totale d'abattage et de transport d'ovins décrétée par le ministère fédéral de l'Agriculture a été respectée. Quant aux consignes formulées par l'Exécutif des musulmans de Belgique ainsi que par le ministère bruxellois de la Propreté publique, celles-ci ont été prises en compte par la toute grande majorité des musulmans.
Néanmoins, certains n'ont pas hésité à braver les interdits. Un chiffre marginal, fort heureusement, puisque seuls 60 kg de carcasses ont été déposés illégalement dans les rues. Cela représente 11 sacs découverts lundi et mardi derniers dans les communes suivantes: Koekelberg (4 sacs), Forest (3), Evere (2), Ville de Bruxelles (1), Molenbeek (1). Ces abats, entrailles, peaux et autres ont été transférés vers la dizaine de conteneurs de Buda (Haren) mis à la disposition des services communaux par l'Agence Bruxelles-Propreté.
Comparé aux 126 tonnes retrouvées l'an dernier dans les conteneurs installés aux coins des grands axes bruxellois, ce chiffre de 60 kg fait pâle figure. Didier Gosuin, ministre de la Propreté publique, réagit: Je suis particulièrement heureux de cette situation et je tiens à saluer la maturité avec laquelle la communauté musulmane de Bruxelles a géré cette crise. L'Exécutif avec qui nous travaillons en étroite collaboration a effectué un travail d'information remarquable.
Et le ministre FDF de rappeler l'urgence avec laquelle les communes ont été obligées de travailler pour pouvoir mettre en place des lieux d'abattages temporaires agréés.
Dans une certaine précipitation, les communes étaient parvenues à mettre en place les conditions permettant d'assumer l'abattage d'environ 10.000 moutons. Il va de soit qu'il faudra se fixer des objectifs encore plus ambitieux l'année prochaine.
K. F.
Les Musulmans de Belgique
Polémique autour de la fête de l'Aïd en 2001
revue de presse avant l'interdiction