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Les territoires extérieurs du Danemark

La participation politique des allochtones (personnes d'origine étrangère) au Danemark
Political participation of people with a foreign background in Denmark

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Les autonomismes au Danemark - le Schleswig-Holstein (1)
 

Claus Bjørn, Le problème du Schleswig

La place qu’occupaient les duchés dans le royaume constitua un problème central du début du siècle à 1864. Après 1815, un tiers de la population totale du Danemark et des duchés était allemande et le Holstein était économiquement plus développé que le royaume danois proprement dit. Le Holstein et le Lauenbourg faisaient partie de la Fédération Allemande et étaient de langue et de culture allemande, alors que le Schleswig était nationalement divisé : la plupart des propriétaires terriens, la bourgeoisie des villes et les paysans de la majeure partie du sud du Schleswig étaient pro-allemands, tandis que les paysans du nord du Schleswig étaient pro-danois. En 1830, le gouvernement absolu de Frederik VI avait refusé d’accorder aux libéraux des duchés la constitution libre qu’ils revendiquaient pour un Schleswig-Holstein uni et le porte-parole le plus ardent de ces duchés, Uwe Jens Lornsen, avait été jeté en prison. Pour tâcher de préserver l’unité du royaume, le gouvernement créa une constitution des assemblées en 1831 ; la question était donc résolue pour le Holstein et la séparation entre les deux duchés maintenue. Cependant, les oppositions entre les Danois et les Allemands demeuraient et l’idée d’un Schleswig-Holstein allemand était soutenue par le duc Christian August d’Augustenbourg qui prétendait à l’héritage de ces deux duchés, lors de l’extinction attendue de la lignée masculine des Oldenbourg régnants. En novembre 1842, le conflit de la question nationale éclata lorsque les représentants danois revendiquèrent le droit de parler danois à l’assemblée provinciale du Schleswig. Un mouvement danois et un mouvement du Schleswig-Holstein se formèrent rapidement. Au Danemark, l’opposition libérale se chargea de défendre les Danois du Schleswig : Orla Lehmann réclama, en 1842, un rattachement plus étroit du Schleswig au royaume ; le mot d’ordre «Le Danemark jusqu’à l’Ejder» signifiait qu’il revendiquait le cours de l’Ejder, qui sépare le Schleswig et le Holstein, comme la frontière sud du Danemark. Face aux mouvements toujours plus marqués en faveur d’une unité allemande, le nationalisme danois trouvait également un soutien dans un nouveau sentiment d’appartenance nordique appelé le scandinavisme. Le gouvernement tenta de négocier entre les Danois et les Allemands mais dut rejeter la prétention à la succession du duc d’Augustenbourg. Dans sa Lettre ouverte de 1846, Christian VIII maintenait le droit de succession de la lignée des Oldenbourg et confirmait le maintien de l’Etat unifié, mais il rejetait la politique de l’Ejder des Nationaux-libéraux danois qui réclamaient un rattachement plus étroit du Schleswig.

Après la mort de Christian VIII, en janvier 1848, le gouvernement annonça un projet de modification de la Constitution qui maintiendrait la séparation entre le royaume et les duchés. La Révolution de février, qui éclata à Paris le mois suivant, déclencha une vague révolutionnaire dans toute l’Europe et l’opposition nationale se radicalisa rapidement dans chaque camp. Lors d’une réunion à Rendsborg, les participants revendiquèrent une constitution libre pour le Schleswig-Holstein et l’admission du Schleswig au sein de la Fédération Allemande. La nouvelle de cette réunion poussa les Nationaux-libéraux à exiger un changement de gouvernement. Le nouveau gouvernement qui était conduit par A.W. Moltke et comprenait des Nationaux-libéraux, prit les rênes du pouvoir le 22 mars. Il rejeta les revendications du Schleswig-Holstein et maintint le rattachement du Schleswig au Danemark. Le lendemain, un gouvernement provisoire allemand du Schleswig-Holstein se forma à Kiel ; la prise de la forteresse de Rendsborg eut lieu pendant la nuit du 23 au 24 mars et marqua le début de la guerre civile.


La Guerre de Trois ans : 1848-1851

Quinze jours après la victoire de Bov, le 9 avril, l’armée danoise fut vaincue au Schleswig par une armée unie de Prussiens et de combattants du Schleswig et du Holstein. Les troupes danoises se retirèrent à Als et en Jutland. Cependant, sous la pression de la Russie en particulier, la Prusse retira ses troupes et signa, en juillet, un accord de cessez-le-feu avec le Danemark, qui avait alors renforcé ses positions. Le cessez-le-feu ne comprenait pas le Schleswig-Holstein, qui adopta une constitution démocratique en septembre. Dybbøl et Als exceptés, le gouvernement du Schleswig-Holstein contrôlait désormais l’ensemble du Schleswig.

La guerre éclata de nouveau en avril 1849. La flotte danoise subit des pertes en attaquant Eckernförde et après s’être battues à Kolding, les troupes danoises durent se retirer vers le nord. Mais le 6 juillet, le Danemark infligea une défaite définitive à ses adversaires à Fredericia. La Prusse signa un nouveau cessez-le-feu et en juillet 1850, elle signa une paix définitive en son nom et au nom de la Fédération Allemande. En revanche, le Schleswig-Holstein continua la lutte et le même mois, les Danois remportèrent une victoire qui leur coûta cher à Isted. Ce ne fut qu’au Nouvel An 1851 que les insurgés rendirent enfin les armes. Malgré la défaite du Schleswig-Holstein, la Guerre de Trois ans ne fut pas une victoire danoise. L’Etat unifié continua d’être en proie à un âpre conflit nationaliste interne et la population pro-allemande considérait de plus en plus les Danois comme des occupants. Les arrêtés sur les langues (Sprogreskripterne) qui imposèrent le danois comme langue religieuse et scolaire dans le moyen Schleswig en 1851, furent considérés comme une vexation. La paix avait été dictée par les grandes puissances, en premier lieu par la Russie, et en 1851-1852, le Danemark dut s’incliner et renoncer à se rattacher le Schleswig plus étroitement que le Holstein ; en revanche, le prince Christian (IX) de Glucksbourg fut reconnu monarque de l’ensemble du royaume. La Constitution commune à toutes les parties du royaume n’entra jamais en vigueur et en 1858, elle fut officiellement abrogée pour le Holstein et le Lauenbourg.


La guerre de 1864

A partir de 1857, le Danemark, qui avait dû accepter l’influence allemande dans les affaires concernant les duchés en vertu de ses accords de 1851-1852 avec les grandes puissances, tenta de nouveau de rattacher le Schleswig au royaume. Le 13 novembre 1863, le gouvernement danois fit le pas décisif en adoptant une constitution commune pour le Danemark et le Schleswig, la Constitution de Novembre, qui détachait le Holstein du royaume. Frederik VII mourut deux jours plus tard, mais Christian IX signa cette nouvelle constitution. C’était défier ouvertement les Etats allemands et le 1er février 1864, le Prusse et l’Autriche déclarèrent la guerre au Danemark. L’armée danoise quitta le Dannevirke, l’ancien ouvrage défensif du sud du pays, pour se retrancher à Dybbøl, qui fut conquis par les Prussiens le 18 avril. Un cessez-le-feu pendant lequel les troupes allemandes occupèrent le Jutland, fut rompu par le Danemark. A la fin juillet, les troupes allemandes s’emparèrent de l’île d’Als. La guerre était irrémédiablement perdue pour les Danois et la Paix de Vienne, signée en octobre, ratifia la renonciation du Danemark au Schleswig, au Holstein et au Lauenbourg.

Le conflit germano-danois avait dominé la politique danoise pendant une génération. Les intérêts des grandes puissances avaient limité les possibilités d’action du Danemark et après 1864, la politique étrangère danoise fut entièrement régie par les relations du Danemark avec l’Allemagne qui lui était militairement très supérieure. Ces relations, de surcroît, étaient compliquées par la population danoise du Schleswig. Après 1864, les gouvernements danois successifs maintinrent le principe directeur de la neutralité dans leurs relations avec le monde extérieur ; la défaite avait souligné l’impuissance des Danois face aux grands pays étrangers, mais elle stimula par ailleurs le redressement qui se produisit à l’intérieur du pays.

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