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Pays-Bas: élections législatives de 1998
Huit ou neuf élus « allochtones »
Selon De Volkskrant du 8 mai, il y aurait neuf députés "d'origine allochtone" dans la nouvelle Deuxième Chambre des députés (la Première Chambre est une sorte de sénat élu au second degré), contre huit dans la précédente et seulement trois en 1989-1994. Sept sur les neuf sont des nouveaux venus. Malheureusement, les noms de ces élus ne sont pas mentionnés dans larticle. Un au moins doit être décompté, qui avait été annoncé comme élu dans un premier temps : Coskan Cörüz, chrétien-démocrate dorigine turque.
Il y a au moins cinq élu(e)s (dont quatre femmes) originaires de pays musulmans: Khadija Arib et Mohammed Rabbae, dorigine maghrébine, Nebahat Albayrak et Fedime Örgü, dorigine turque, et Farah Karimi, dorigine iranienne. Il est par contre difficile de compter les élus originaires des anciennes colonies néerlandaises : à part Tara Oedayraj Singh Varma (« Hindoustanie » du Surinam), il y a au moins deux élues dorigine surinamienne ou antillaise, Lucy Kortram et Patricia Remak (élue de Bijlmer).
Il est intéressant de noter quenviron deux tiers des membres de la Chambre vivent dans des quartiers où moins de cinq pourcents de la population est dorigine turque, marocaine, surinamienne ou antillaise. Seuls sept parlementaires vivent dans des quartiers peuplés à plus de 25% d »allochtones ». La députée libérale (VVD) Patricia Remak, elle-même dorigine surinamienne, habite dans le quartier « le plus noir » (sic), Bijlmer-centre.(NRC 19/05)
Daprès les statistiques officielles (site du ministère des affaires étrangères néerlandais), la population totale était, en 1997, de 15.600.000 habitants, dont 688.974 étrangers (4,4 %). Ces derniers peuvent voter ou être candidats aux communales, mais pas aux législatives. Néanmoins, depuis quelques années le nombre de naturalisations a considérablement augmenté, notamment parmi les résidents originaires de Turquie. La composition ethnique par pays dorigine (1996): Pays-Bas 90%, autres Union Européenne 1,9%, Indonésie 1,2%, Surinam 1,2%, Turquie, 1%, Maroc 0,8%, Antilles néerlandaises et Aruba 0,6%, autres 3,7%. En 1996, parmi les personnes âgées de 18 ans et plus, il y avait 4,3% de Musulmans et 0,5 % dHindous.
Les informations qui suivent sont essentiellement tirées du NRC Handelsblad (version papier et site http://www.nrc.nl) et du site http://www.verkiezingen.net. Rappelons quil sagit dun scrutin proportionnel intégral par liste avec vote préférentiel pour un(e) candidat(e).
· candidats du PvdA (sociaux-démocrates, majorité sortante, 45 élus sur 150 contre 37 en 1994, 2.494.555 voix, 29%): Khadija Arib (12ème, élue, 4.438 voix, haute fonctionnaire à la commune d'Amsterdam, 37 ans, 4438 voix, 16ème en voix), Lucy Kortram (29ème, élue, 1.585 voix, 7.454 voix, sociologue, travaille le domaine multiculturel, 49 ans, 1585 voix , 27ème en voix), Nebahat Albayrak (41ème, élue, juriste, directrice de la coordination de la politique d'intégration des minorités au ministère de l'intérieur, 30 ans, 7454 voix, 10ème en voix), Thanasis Apostolou (46ème, non élu, député sortant, directeur d'un centre régional pour étrangers à Utrecht, 51 ans, 533 voix, 53ème en voix), Usman Santi (50ème, non élu, avocat, 43 ans, 3549 voix, 20ème en voix), Leo Balai (62ème, non élu, collaborateur juridique au Bureau National de Lutte contre le Racisme, 51 ans, 869 voix, 42ème en voix), Seyfi Özgüzel (64ème, non élu, inspecteur de l'enseignement supérieur, 43 ans, 10.360 voix, 6ème en voix) [John Lilipaly, député sortant, ne se représentait pas]
· candidats de Groenlinks (Gauche verte, opposition sortante, 11 élus contre 3 en 1994, 625.968 voix, 7,5%): Mohammed Rabbae (4ème, député sortant, 11.140 voix, 5ème en voix), (Mme) Tara Oedayraj Singh Varma (9ème, députée sortante, 13.491 voix, 4ème en voix), Farah Karimi (11ème, 2.908 voix, 9ème en voix), Ahmet Daskapan (15ème, 4060 voix, 7ème en voix), Nevin Özütok (14ème, 4059 voix, 8ème en voix), Niyazi Bahadin (23ème, 908 voix, 18ème en voix), Mohamed El Wakidi (78ème, 184 voix, 48ème en voix), Mohammed Abu Leil (80ème, 164 voix, 53ème en voix), Yasmina Haïfi (113ème, 87 voix, 83ème en voix), Dogan Gök (72ème, 84 voix, 85ème en voix), Yüksel Karakurt (90ème, 41 voix, 106ème en voix)
· candidats du VVD (libéraux de droite, majorité sortante, 38 élus contre 31 en 1994, 2.124.971 voix, 24,7%): (Mme) Fedime Örgü (37ème, 30ans, 1.977 voix, 22ème en voix), Patricia Remak (27ème, 33 ans, 932 voix, 40ème en voix), Oussama Cherribi (43ème, 38 ans, député sortant dorigine marocaine, n'a pas été réélu, 542 voix, 50ème en voix)
· candidats du CDA (chrétiens-démocrates, opposition sortante, 29 élus contre 34 en 1994, 1.581.053 voix, 18,4%): Jacques de Milliano (8ème, élu dorigine italienne, 12.119 voix, 9ème en voix), Coskun Cörüz (26ème, 34 ans, avait été annoncé comme élu dans un premier temps grâce à son score en voix de préférence, mais ne l'a finalement pas été d'après le décompte officiel des voix, et aussi parce que des candidats plus mal placés ont été élus grâce à des scores personnels encore plus élevés que le sien, 9086 voix, 14ème en voix), Roy Ho-Ten-Soeng (43 ème, non élu, 3305 voix, 28ème en voix), Rajendrenath Ramnath (44ème sur la liste ; non élu, 3944 voix, 21ème en voix), Güliel Erven (219ème, 425 voix, 65ème en voix), Kaya Turan Koçak (238ème, 431 voix, 67ème en voix), Ayad Mossad (56ème, 45 voix, 199ème en voix), Adri Dek (175ème, 39 voix, 205ème en voix)
· candidats de D66 (libéraux de gauche, majorité sortante, 14 sièges contre 24 en 1994, 773.497 voix, 9%) : Vinko Prizmic (37ème, 186 voix, 47ème en voix), Chan Choenni (57ème, 70 voix, 57ème en voix)
· candidats du SP (extrême-gauche, opposition sortante, 5 sièges contre 2 en 1994, 303.703 voix, 3,5%) : Havva Çinar (13ème, 756 voix, 13ème en voix), Mohammed Bidou (15ème, 284 voix, 31ème en voix), Shantih Lalta (41ème, 234 voix, 38ème en voix)
Parmi les 150 candidat(e)s qui ont recueilli le plus de voix de préférence, toutes listes confondues, on trouve Tara Oedayraj Singh Varma (33ème), Jacques de Milliano (35ème), Mohammed Rabbae (36ème), Seyfi Özgüzel (42ème), Coskun Cörüz (46ème), Nebahat Albayrak (53ème), Khadija Arib (78ème), Ahmet Daskapan (81ème), Nevin Özütok (82ème), Rajendrenath Ramnath (86ème), Usman Santi (92ème), Roy Ho Ten Soeng (102ème), Farah Karimi (109ème), Fadime Örgü (134ème)
Selon le président du groupe PvdA au conseil communal d'Amsterdam, deux causes pourraient expliquer la perte de 1,1% qu'a subie ce parti à Amsterdam entre les élections communales et législatives, alors que le parti progresse au niveau national : les étrangers ne peuvent pas voter aux élections législatives, et la participation a été faible. (Algemeen Dagblad 8/5/98)
UNE NOUVELLE ÉLUE D'ORIGINE IRANIENNE
Farah Karimi est une jeune femme (37 ans) d'origine iranienne, qui a d'abord eu des activités politiques dans ce pays, puis a travaillé, à partir de 1989, dans des organismes d'aide aux demandeurs d'asile et aux réfugiés à Hambourg, Kiel, Paris et, depuis 1993, aux Pays-Bas. Elle est actuellement coordinatrice d'un projet de soutien à l'émancipation des femmes noires, immigrées et réfugiées, membre de la direction du centre néerlandais de lutte contre les violences sexuelles, de la commision nationale des plaintes pour l'accueil des femmes, et de la direction politique de Groenlinks.
Profession de foi de Farah Karimi:
"J'ai une considération toute particulière à l'égard des droits démocratiques acquis et je m'efforce autant que possible d'influer sur le processus de décisions. Dans ma vie, le combat pour les droits de l'homme et l'implication continue dans des mouvements sociaux occupent une place centrale. Grâce à cela, j'ai pu développer au cours du temps des idées, une connaissance et des qualités précieuses que je souhaiterais mettre au service d'un approfondissement et d'une mise en pratique de la politique verte et de gauche."
source: http://www.verkiezingen.net
LES AUTORITÉS SURINAMIENNES ET LES SURINAMIENS DES PAYS-BAS : UNE CONTROVERSE PRÉÉLECTORALE
Dans un article publié par le quotidien Trouw lundi 4 mai, à l'avant-veille des législatives néerlandaises, le président surinamien Wijdenboesch a déclaré que les partis (social-démocrate et libéraux) qui composaient le gouvernement sortant n'avaient pas eu une " attitude amicale " envers le Surinam, et il a ajouté ceci : " Je ne puis m'abstenir d'en faire part à la communauté surinamienne des Pays-Bas ". Le chapeau provocateur de cet article, " le président du Surinam met en garde tous ceux qui votent mauve " (" mauve ", aux Pays-Bas comme en Belgique, est la couleur qui désigne une coalition mêlant le rouge social-démocrate au bleu libéral), a été souligné par l'agence de presse néerlandaise ANP dans une dépêche incendiaire mentionnant les " consignes de vote " du président.
Plusieurs députés ont vivement réagi, notamment le député libéral (VVD) Weisglas qui a qualifié cette consigne d' " extrême et grossière ", et le député social-démocrate Van Nieuwenhoven qui a estimé que " le président ne doit pas se mêler des élections néerlandaises " (De Volkskrant 7/5/98).
Un sondage effectué par un bureau de communication et d'enquête pour allochtones auprès des Surinamiens vivant aux Pays-Bas indique que 53% d'entre eux estiment que leur position sociale s'améliore. 21% ne voient aucun changement et 10% parlent de détérioration. Parmi les sondés, 70% estiment que le gouvernement surinamien devrait faire plus d'efforts pour améliorer les relations avec les Pays-Bas. 14% ne sont pas d'accord avec cette proposition. (Algemeen Dagblad 7/5/98)
Surinamiens et Antillais aux Pays-Bas : bref historique
source : Peter SCHUMACHER, De Minderheden - 600.000 vreemdelingen in Nederland, Amsterdam, Van Gennep, 1981 (2ème éd.), pp.180 et sesq. (statistiques de 1980 et 1990 : Centraal Bureau van Statistieken http://www.cbs.nl)
En 1954, les Surinamiens et les Antillais deviennent, de par le Statut du Royaume, citoyens néerlandais (« rijksgenoten »). En 1964, il y avait déjà en Métropole environ 18.000 résidents néerlandais originaires du Surinam et des Antilles. Leur nombre augmente alors assez rapidement, pour dépasser les 30.000 quatre ans plus tard et atteindre 42.615 en 1970. Lannée suivante, en novembre, la Chambre des députés vote une motion dans le but de constituer une commission qui devrait étudier la possibilité de limiter limmigration des Surinamiens. Il y a à lépoque 385.000 habitants au Surinam, et déjà plus de 30.000 en Métropole. Pour la seule année 1972, environ 8.000 Surinamiens arrivent aux Pays-Bas, et le ministre de la Justice déclare en décembre quil faut modifier la Constitution pour arrêter limmigration en provenance du Surinam. Deux ans plus tard, le gouvernement néerlandais déclare quil ny aura aucune limitation à limmigration des Surinamiens avant lindépendance de ce pays, prévue pour le 25 novembre 1975. Peu avant cette date, un accord est signé réglant le statut des résident de chaque pays dans lautre après lindépendance. Le flux continue après lindépendance, et atteint 12.000 personnes en 1979. Ce nest que le 1er septembre 1980 quun visa est instauré pour les Surinamiens. Les statistiques qui suivent ne reprennent que les personnes provenant du Surinam et des Antilles, et non de leur descendance née aux Pays-Bas. Il est par ailleurs important de préciser que les Surinamiens appartiennent eux-mêmes à plusieurs groupes ethniques et ethnoreligieux différents : Créoles, Hindustanis, Chinois, Juifs etc.
Année | Surinamiens |
Antillais et Arubans |
1970 | 28.995 |
13.630 |
1972 | 42.870 |
15.580 |
1973 | 51.870 |
17.180 |
1974 | 67.620 |
18.750 |
1975 | 104.150 |
21.220 |
1977 | 108.143 |
25.821 |
1980 | 145.700 |
36.200 |
1990 | 219.000 |
71.200 |
commentaires de Brieuc-Yves "Mellouki" Cadat
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