Les Juifs de Belgique et l'Etat d'Israël

Commentaire

"La communauté juive soutient une paix juste" (réaction de la "communauté juive organisée")

Les Juifs sont-ils mal aimés - RTBF - Lieu Public - 5 mars 2002

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Les Juifs de France et l'Etat d'Israël


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Résistances






 

Des voix dissidentes s'élèvent au sein de la communauté juive de Belgique (février 2002)

Le Soir en Ligne, le 06/02/2002

Critiquer Sharon ne relève pas de l'antisémitisme

Nous, qui sommes des juifs de Belgique, tenons à manifester notre profond désaccord avec la façon dont des porte-parole de la communauté juive de Belgique s'expriment sur la guerre israélo- palestinienne.

Chacun d'entre nous compte dans sa famille des proches disparus dans les camps de la mort nazis.

Ceci nous rend particulièrement sensible aux craintes, souffrances et réminiscences des juifs d'Israël ou de la diaspora pour lesquels toute menace sur l''Etat d'Israël ravive des peurs et douleurs anciennes toujours présentes.

Les sensibilités sont à ce point à fleur de peau qu'il nous faut préciser des évidences, à savoir notre attachement à l'existence de l'État d'Israël, à son droit à vivre en paix.

De même éprouvons nous une profonde compassion à l'égard des victimes d'attentats .

Pourtant, il nous faut rappeler une autre évidence, à savoir que la responsabilité des violences ne saurait être imputée à un seul côté, que si, bien entendu, l'Autorité palestinienne en porte sa part, la politique de colonisation qui persiste voire s'accroît est la cause du désespoir actuel.

Ceci étant, nous ne pouvons accepter qu'un gouvernement démocratiquement élu sans doute le seul de la région se livre à des représailles aveugles sur des civils, détruise volontairement des habitations et jette ainsi à la rue des enfants, des femmes et des vieillards.

Nous ne pouvons accepter que ce gouvernement tire sur des enfants et mène une politique qui lui permettra de gagner des batailles, peut-être la guerre mais certainement pas la paix.

Mais nous sommes aussi consternés de voir les " dirigeants " et porte-parole de la communauté juive de Belgique alignés en ordre de bataille : à quelques exceptions notables près, ils manifestent un soutien inconditionnel à la politique israélienne.

A les en croire, le gouvernement Sharon-Peres n'encourrait aucune critique.

Les fautes seraient totalement imputables à Arafat et à l'Autorité palestinienne, l'Etat d'Israël ne faisant que se défendre.

Bien plus, toute critique à l'égard de la politique du gouvernement israélien est qualifiée d'anti-israélienne et, partant, d'antisémitisme.

A lire et à entendre la quasi-unanimité des porte-parole de la communauté juive de Belgique, quasi tous les grands journaux internationaux, " Le Monde ", le " Times ", " El Pais " et " Le Soir " évidemment, pour ne citer qu'eux, mais aussi la RTBF, la BBC ou France Télévision seraient devenus antisémites.

Nous pensons que les porte-parole de la communauté juive de Belgique font fausse route.

Leur défense sans nuance d'Israël dessert la cause à laquelle ils sont attachés.

L'Etat d'Israël encourt des reproches. Ses amis le savent et devraient pouvoir le lui dire franchement : des critiques constructives émises par des proches, identifiés comme des amis, sont évidemment mieux comprises et partant acceptées.

L'attitude sans nuance qui prévaut actuellement éloigne aussi de plus en plus de la communauté juive nombre de Belges d'origine juive qui croient, comme beaucoup, que la vérité est faite de nuances, se sentent juifs lorsqu'Israël est attaqué mais ne peuvent soutenir un Etat qui agresse ni se reconnaître dans le discours unanimiste qui le soutient

La communauté juive de Belgique se grandirait et servirait les intérêts d'Israël en faisant preuve de nuance à son égard, en ne qualifiant pas d'antisémitisme toute critique de la politique israélienne et surtout, en appelant au dialogue entre les parties en conflit.

Faut-il rappeler que ce n'est qu'avec son ennemi que l'on peut faire la paix ?

Celle-ci viendra, inéluctablement l'année prochaine, dans dix, cinquante ou cent ans.

Puisse la communauté juive de Belgique compter parmi les premieres qui, aux heures les plus sombres des relations israélo-palestiniennes, auront cru à la paix et contribué au dialogue.ˇ

Liste des premiers signataires :

Olivier Azran, Joelle Baumerder, Benjamin Cadranel, Norbert Frankfort, Yves Gellert, Daniel Gottlob, Denis Hirsch, Patrick Liebermann, Emmanuel Hollander, Santo Franco, Nathalie Martin, Jean-Marc Picard, Marc Uyttendaele, Lia Salama, Marc Scheps



Commentaire

Il est important de noter que certains des signataires du texte reproduit ci-dessus sont des militants ou responsables du Centre Communautaire Laïc Juif, qui avait une tradition de soutien aux mouvements pacifistes en Israël mais avait dérapé ces derniers mois, de concert avec le CCOJB (CRIF belge) et les ambassadeurs d'Israël (auprès de la Belgique et de l'UE) dans la dénonciation de la partialité de la presse dans le traitement de la guerre en cours en Palestine et en Israël (cf. la carte blanche de sa présidente, Michèle Szwarcburt , en octobre dernier). Il s'agit donc d'un renfort aux positions courageuses des membres et responsables de l'Union des Progressistes Juifs de Belgique ( upjb@swing.be ) qui devaient commencer à se sentir un peu seuls face à la "communauté juive organisée", des "organisations dites représentatives".

A propos, le documentaire "Citizen Bishara" de Simone Bitton sera projeté en présence de sa réalisatrice à l'UPJB, dimanche 10 février à 15h (PAF 5 euros), 61 rue de la Victoire à Saint-Gilles (métro Porte de Hal). La condition et le statut des "Arabes israéliens" (voir à propos de l'affaire Bishara) est en effet un point essentiel dont on parle trop peu, alors que la présence de cette minorité, en accroissement démographique constant, constitue un témoignage accablant du caractère profondément injuste de l'"Etat juif". Au même titre d'ailleurs que les minorité turque, macédonienne ou aroumaine de Grèce, la "patrie des Grecs", et pire encore de la minorité kurde en Turquie, l'"Etat des Turcs": ces trois pays ont en commun leur prétention à faire partie de l'espace démocratique occidental alors qu'ils sont fondés sur des idéologies nationalistes héritées du XIXème siècle mais encore d'une vivacité exacerbée, surtout quand il s'agit d'opprimer les minorités.

Evidemment, la Belgique, dont la communauté majoritaire refuse la reconnaissance d'une minorité francophone en Flandre en même temps que la minoritaire refuse celle d'une minorité luxembourgophone en Wallonie, n'est pas la mieux placée pour donner des leçons aux autres. Mais ici en région bruxelloise nous n'avons pas trop de complexes sur ce plan avec près de 750 élus communaux ou régionaux pour 1 million d'habitants, pour être sûr que la petite minorité flamande reste représentée à un niveau raisonnable: l'hebdomadaire flamand bruxellois Deze Week in Brussel, pratiquant l'autodérision, publiait voici quelques semaines un petit dessin mettant en scène trois commères flamandes bruxelloises, dont deux ceintes d'une écharpe d'élue, s'exclamant à propos de la troisième, "la pauvre, c'est la seule Flamande de Bruxelles qui n'est encore ni députée ni ministre" :-)

Pierre-Yves Lambert (e-mail)




Le Soir en Ligne, le 09/02/2002

Courrier

La communauté juive soutient une paix juste

Les soussignés en leur qualité de responsables de la communauté juive de Belgique prennent connaissance avec intérêt de la " carte blanche " publiée par " Le Soir " de ce 6 février 2002 et signée par quinze personnes qui déclarent se présenter comme des Juifs de Belgique. Les soussignés rappellent qu'il n'est pas dans les compétences de la communauté juive de Belgique de soutenir inconditionnellement la politique israélienne mais que par contre, il est de son devoir de soutenir une paix juste au Moyen-Orient assurant à Israël la sécurité nécessaire à sa survie. Les soussignés rappellent, si besoin, que la différence entre antisémitisme et critique objective de la politique israélienne existe indiscutablement.

Les soussignés soulignent enfin qu'ils ont des rapports francs et ouverts avec les médias de notre pays ainsi qu'avec l'ensemble de la population belge dont la communauté juive est l'une des composantes.

JULIEN KLENER, président du Consistoire central israélite de Belgique (C.C.I.B).
PHILIPPE MARKIEWICZ, président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (C.C.O.J.B.)
GEORGES SCHNEK, président honoraire du C.C.I.B.
DAVID SUSSKIND, ancien président du C.C.O.J.B.

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