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Les Juifs sont-ils mal aimés - RTBF - Lieu Public - 5 mars 2002

Emission Lieu Public - RTBF télévision 5 mars 2002 (extrait du site RTBF)

Les Juifs sont-ils mal-aimés?

Il y a quelques semaines, le grand rabbin Albert Guigui se faisait agresser par des jeunes dans le métro de Bruxelles. D'autres rabbins ont été victimes de jets de pierres, et des fidèles fréquentant des synagogues se font régulièrement traiter de "sales Juifs "

Alors, qui en veut aux Juifs ? Ces agressions sont-elles provoquées par des jeunes d'origine arabe qui exprimeraient ainsi leur solidarité avec la cause palestinienne ? Y a-t-il une montée de l'antisémitisme en Belgique ? En tout cas, une partie de la communauté juive dénonce l'attitude de certains hommes politiques et des médias qui alimenteraient le sentiment anti-juif en affichant trop souvent des sympathies pro-palestiniennes dans le conflit du Proche-Orient.

Vous avez raté une émission?

Vous pouvez vous procurer une copie VHS de nos émissions auprès du Service Copies de la RTBF, dont voici les coordonnées complètes:

Service Copies RTBF
Local 5M42
52, Bld Reyers
B-1040 BRUXELLES

Tél.: +32 (0)2 737 23 16
Fax: +32 (0)2 737 22 79
fvs@rtbf.be



Commentaires shaitanesques (après avoir vu l'émission)

J'ai repéré au moins huit abonnés de ma liste d'envoi parmi les invités ou dans le public, je serais curieux de lire leurs commentaires dans les prochains jours, ainsi que ceux d'autres téléspectateurs.
A mon avis, une émission sur un sujet aussi sensible où les manipulations de toutes sortes pullulent n'aurait jamais dû être "organisée" dans ces conditions, c'est-à-dire dans une salle de café du centre-ville, avec portes ouvertes.

J'ose espérer que la RTBF-télé, coutumière des débats foireux avec des animateurs incompétents, diffusera rapidement un documentaire sur la communauté juive de Belgique et ses diverses organisations, pour que le téléspectateur moyen ait une idée de qui est qui, et de qui dit quoi. Et qu'on fasse de même pour la "communauté arabe"/"communauté maghrébine", et pour les autres, ça commence à bien faire d'entendre des personnes ou des associations se proclamer "représentatives" de telle ou telle communauté !

Ce soir, la parole était principalement donnée à des Juifs, dont plusieurs militants sionistes radicaux (notamment les responsables du Cercle Ben Gourion/Radio Judaïca/Contact J et ceux du Comité représentatif des Juifs de Belgique, CRJB) mais aussi deux membres de l'Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB, non-sioniste), ainsi que des sionistes modérés comme Simone Susskind, ancienne présidente du CCLJ (Centre Communautaire Laïc Juif, sionistes de gauche) et Philippe Markiewicz, le président du CCOJB (Conseil de coordination des organisations juives de Belgique, sioniste pluraliste, dont la représentativité est contestée par le nouveau CRJB, pro-Sharon), ainsi qu'à trois sénateurs (non-juifs) de gauche (les socialistes Philippe Moureauxet Jean Cornil, et l'écologiste Josy Dubié ).

Le seul Maghrébin musulman qui avait une place assise dans la salle et a pu s'exprimer sans être interrompu était un dirigeant local français de la Licra (Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme), qui a joué le rôle du harki de service, décrivant Israël comme "la seule démocratie du Proche-Orient" et défendant le point de vue de la "communauté juive organisée" sur la résurgence de l'antisémitisme. Les autres intervenants maghrébins musulmans étaient mis dans une position clairement défavorable, debout dans le public, et la plupart de leurs interventions ont été confuses, voire complètement à côté de la plaque (à l'exception de Ghezala Cherifi, qui a magistralement cloué le bec à une sioniste hystérique qui n'avait pas digéré la présence affichée de Juifs progressistes à la manifestation propalestinienne de la semaine dernière). Pourtant, comme l'a rappelé Henri Wajnblum (UPJB), la question de l'antisémitisme nous concerne tous, elle n'est pas un thème sur lequel seuls des Juifs peuvent débattre ou donner leur avis.

Je me demande ce qu'on doit retenir de ce pugilat verbal, à part qu'il y a du rififi au sein de la communauté juive de Belgique, et entre une partie de celle-ci d'un côté, les médias belges et certains politiciens d'un autre, et ça tous ceux qui lisent de temps en temps Le Soir ou sont abonnés à ma liste de diffusion en sont bien conscients, surtout depuis quelques mois. Et si la communauté juive dispose d'un tas d'organisations, et de structures de coordination, on a l'impression (ce n'est pas qu'une impression...) que c'est une caractéristique que ne partage pas la "communauté arabe"/"communauté maghrébine", ou alors que les réalisateurs de cette émission ont été incapables de trouver des interlocuteurs de ce côté-là.
C'est très grave, parce que, au-delà du titre de l'émission qui ne désignait pas de suspects, ce sont bien les Arabes/Maghrébins/Musulmans qui ont été mis au banc des accusés par les sionistes présents, même si l'un d'entre eux (un Anversois, ce n'est pas un hasard) a aussi rappelé que le Vlaams Blok constitue un danger pour toutes les minorités.

Bref, une émission bâclée, et dangereuse parce qu'elle a laissé s'exprimer certains extrémistes dans la communauté juive, ce qui ne contribuera certainement pas à l'apaisement et à la disparition de certains amalgames (lesquels sont soigneusement entretenus par ces mêmes extrémistes, encouragés par l'ambassade d'Israël).

Pierre-Yves Lambert, le 6 mars 2002
site http://www.suffrage-universel.be/

[ces "commentaires shaitanesques sont également reproduits sur le site de Résistances, en rubrique "Opinions" ]


RésistanceS-Info-Net, Journal électronique du site RésistanceS, samedi 9 mars 2002 - N° 70

Lieu Public - Emission de " débat " de la RTBF

Une émission pleine de dysfonctionnements

Il y a cinq jours, la RTBF diffusait le cinquième numéro de " Lieu Public ". Sujet : l’antisémitisme. Une fois de plus, la dérivé fut au rendez-vous de ce talk show. Mais pas la démocratie directe ni le traitement professionnel du sujet d’actualité proposé.

" Lieu Public " est théoriquement une émission ouverte aux citoyens. Tous le monde peut y prendre la parole. Enregistrée en direct, la démocratie y est directe. Après cinq émissions, le constat est clair : le but de cette émission n’est pas atteint. Contrairement à son modèle d’origine (" Prise Directe " qui passait sur FR3 et qui était animée par Michel Field). La prise de parole est quasi impossible pour ceux qui ne sont pas de " grandes gueules " ou des " notables ". Les simples quidams, les timides ou les " moins importants " ne peuvent que rarement avoir l’occasion de s’y exprimer. La dernière édition de " Lieu Public " (le mardi 5 mars avec pour sujet l’antisémitisme), une fois de plus, nous a montré l’exemple de ses dysfonctionnements.

Distribution non démocratique

Les animateurs de l’émission, Paul Germain et Manu Delporte, ne respectèrent pas leur contrat : près de 60 % des invités ne purent s’exprimer. Parce que Delporte et Germain s’avérèrent incapables de distribuer démocratiquement la parole, parce que certains micros ne fonctionnaient pas correctement et parce que cinq à six invités monopolisèrent le temps de parole sans penser aux autres. Des autres qui avaient pourtant aussi des choses à dire. Sans doute tout aussi importantes si pas plus intéressantes…

Deux représentants de l’Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB) prirent ensemble et longuement la parole à quatre reprises. Simone Susskind eut deux fois la possibilité de dire ce qu’elle avait à dire (par ailleurs, ses propos furent utiles et courageux comme ceux de l’UPJB). Les sénateurs Jean Cornil (PS) et Josy Dubié (Ecolo) purent justifier leur position sans réelles entraves. Des militants arabes pro-palestiniens de Bruxelles montèrent à de trop nombreuses reprises sur le ring. Le philosophe de l’ULB Guy Haarscher eut quant à lui un peu moins de temps qu’un cours universitaire mais put cependant s’exprimer deux fois, au début et à la fin de l’émission. Pour leur part, des ultras sionistes diffusèrent longuement leur arrogance et leur haine durant l’heure et demie que dura l’émission.

Les autres invités ? Ils sont venus pour rien, se sont fait maquiller pour des prunes et ont perdu leur temps. Pourtant l’énergie qu’il fallait avoir pour être présent sur ce plateau de télévision était importante. Je fus un de ces invités. Et je peux vous dire que je regrette bien l’invitation de la RTBF que j’avais acceptée. La prochaine fois, je ferai quelque chose de bien plus intéressant, de bien plus reposant et de bien plus utile.

L’antisémitisme, un sujet mal traité

Et le sujet, l’antisémitisme, fut-il réellement traité lors de l’émission ? Le sujet ne fut qu’une toile de fond d’un spectacle utile pour faire augmenter l’audimat de notre chaîne publique (on parle de plus de 200.000 spectateurs !). Le " match de boxe " du 5 mars dernier fut bel et bien lamentable. Le sujet fut mal traité, dévié et laissera croire aux téléspectateurs que l’antisémitisme, aujourd’hui, a pour origine unique l’actuelle guerre israélo-palestinienne. Entre autres, à cause de ces invités qui monopolisèrent le temps de parole. Certains d’entre eux n’hésitant pas à manipuler le débat en y faisant le procès des " crimes d’Israël " ou des " crimes de l’Etat non-démocratique de Palestine ". Ce qui n’était pas l’objet du débat.

Résultat, des " Amis d’Israël " intoxiquèrent l’émission en prétendant, au mépris de la vérité, que l’antisémitisme contemporain trouvait sa source principale dans les communautés arabo-musulmanes. Ces partisans inavoués du " Grand Israël " se firent négationnistes en occultant les autres formes d’antisémitisme. Uniquement à des fins de propagande.

En effet, la " haine des Juifs " est toujours cultivée à l’heure actuelle dans des cercles littéraires bien particulier, dans des " églises " chrétiennes dissidentes et intégristes, dans un milieu catholique endoctriné par les écrits de Charles Maurras, au sein de l’extrême droite parlementaire ou extra-parlementaire.

Malgré tout

L’émission Rtbéenne du 5 mars n’a donc servi à rien. Sauf, toutefois, à démontrer qu’il y a des Juifs qui défendent aussi le droit aux Palestiniens de vivre dans un Etat libre et indépendant à côté d’Israël. Que les Juifs ne forment nullement un " lobby " monolithique, puissant et sournois manipulant le monde politique et les médias pour mieux contrôler le monde. Cette démonstration aura démoli, d’un seul coup, ce mythe exploité abondamment par les professionnels de l’antisémitisme pour mieux lobotomiser leurs troupes de fidèles haineux.


Manuel Abramowicz


RésistanceS-Info-Net, Journal électronique du site RésistanceS, lundi 11 mars 2002 - N° 71

Des sionistes belges d’extrême droite ?

"RésistanceS" a retrouvé la trace de deux anciens cadres dirigeants du Front national au sein de la mouvance extrémiste pro-israélienne. L’un deux est d’ailleurs membre - depuis plus de dix ans - de la branche belge du Likoud.

Le mardi 5 mars dernier, l’émission mensuelle télévisée de débat "Lieu Public" (RTBF) était consacrée à l’antisémitisme. Sur le plateau, les différentes composantes politiques de la Communauté juive de Belgique étaient représentées. De la gauche (pacifiste et solidaire du Peuple palestinien, comme les représentants de l’Union des progressistes juifs de Belgique et Simone Susskind) à la droite (essentiellement composée de "faucons", comme la branche belge du Likoud et leurs pseudopodes, du style de "BelIsraël" ou de la semi-clandestine "Task force"). "Lieu Public" fut, au café bruxellois "La Tentation" où il était enregistré, le théâtre d’une "guerre des Juifs"…

Lieu Public : le rendez-vous de l’extrême droite ?

Lors de l’émission consacrée aux comités blanc, le mois dernier, et lors de celle consacrée à l’insécurité à Charleroi, plusieurs nervis du Front national et d’un groupuscule néonazi avaient infiltrés le plateau de "Lieu Public" pour tenter d’y propager - sans réel succès heureusement - leur parole haineuse. Cela ne devait hélas pas être la dernière fois.

Le 5 mars dernier, présent (théoriquement comme invité) sur le plateau de l’émission "Lieu Public" consacrée à l’antisémitisme, j’ai très vite remarqué la présence de deux anciens "cadres dirigeants" du Front national belge, les dénommés Roland Lemaigre et Georges Dumoulin.

Au début des années nonante, le premier était membre de la rédaction du "National", le mensuel officiel du FN. En toute connaissance de cause, il côtoyait des néonazis, des admirateurs de la SS et d’autres négateurs du génocide juif. Et ce malgré ses origines juives …

Le second fit partie de la direction frontiste, fut rédacteur en chef du "National" et fut l’auteur de nombre des couvertures à caractère raciste de ce dernier, et notamment de l’une d’elles, en l’honneur de Jean-Marie Le Pen, l’homme du "détail" à propos des chambres à gaz.

Après des différents avec Daniel Féret, le "chef suprême" du FN, Demoulin et Lemaigre claquèrent ensemble la porte des "rangs frontistes". Mais restèrent très actifs dans les rangs de l’extrême droite bruxelloise, notamment à AGIR. Georges Demoulin deviendra même le président de la section bruxelloise de cette formation électorale issue du Parti des forces nouvelles, néonazi lui aussi.

Mais que venaient-ils faire sur le plateau de "Lieu Public" ce 5 mars 2002 ?

Facho et militant du Likoud

Ce jour-là, Georges Demoulin et Roland Lemaigre accompagnaient les ultrasionistes de la Communauté juive belge qui s’étaient mobilisés en masse pour investir l’antenne de la RTBF et y hurler leur haine envers les Palestiniens et les "Juifs honteux" (insulte préférée des partisans radicaux d’Israël à l’égard des pacifistes juifs en général, et de l’Union des progressistes juifs de Belgique en particulier).

Est-ce alors étonnant de voir deux anciens responsables néofascistes aux côtés de dignes représentants de la branche belge du Likoud et de la "Task force", une structure semi-clandestine proche de l’ambassade d’Israël de Bruxelles et responsable de campagnes d’intoxication en vue de défendre coûte que coûte l’honneur perdu de l’Etat israélien ? Non, cela n’est point étonnant.

Tout d’abord, parce que l’ex-frontiste Roland Lemaigre est tout simplement un militant de la première heure du Likoud. Après son départ du FN, il avait rejoint effectivement la section belge de ce parti d’ultradroite israélien, comme je l’avais déjà écrit - en 1991 - dans un article publié dans l’hebdomadaire "L’Instant".

Ultrasionistes : qui sont-ils ?

La connexion entre la mouvance ultrasioniste de Belgique et ces deux (anciens) activistes d’extrême droite n’est pas non plus étonnante, lorsqu’on analyse la façon d’agir et la nature idéologique de cette mouvance.

En effet, la Task force ou l’association BelIsraël (dont les militants se confondent souvent avec ceux du Likoud), par leurs méthodes :

  • empêchent tout débat démocratique
  • recourent à l’amalgame et aux contre-vérités
  • insultent tous leurs adversaires
  • se donnent le droit de certifier qui est Juif et qui ne l’est plus (comme à une époque de sinistre mémoire)
  • lancent des campagnes de désinformation
  • soutiennent inconditionnellement et sans aucune réserve l’actuel gouvernement israélien (ce qui n’était pas le cas avec le gouvernement de Barak) formé notamment de ministres néofascistes d’extrême droite dont le programme est quasi identique à celui du Vlaams Blok
  • tolèrent les discours racistes anti-Arabes (en contravention avec la loi belge antiraciste du 30 juillet 1981) tenus publiquement par plusieurs de leurs activistes.

De plus, des menaces, y compris de mort à l’encontre par exemple du sénateur belge Josy Dubié (Ecolo), ont été proférées à plusieurs reprises.

Des extrémistes de droite ?

En vertu de l’analyse de ses méthodes et de ses discours, et tenant compte de la présence dans ses rangs de ces deux (anciens) responsables d’extrême droite cités plus haut, pouvons-nous affirmer que cette mouvance sioniste est extrémiste et non-démocratique ? Si oui, quelle est donc alors sa véritable nature ? Raciste et d’extrême droite ? A vous de juger…

Manuel ABRAMOWICZ

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