Pierre-Yves Lambert, La participation politique des allochtones en Belgique - Historique et situation bruxelloise, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant (coll. Sybidi Papers), juin 1999,  122p., ISBN 2-87209-555-1
avertissement: cette version en ligne ne correspond pas exactement à l'ouvrage publié en 1999, qui reste disponible chez l'éditeur Academia-Bruylant, de même que d'autres dans l'excellente collection Sybidi Papers, elle ne peut donc être utilisée pour les citations 

Sommaire -  Introduction -Chapitre I - Chapitre II - Chapitre III - Chapitre IV - Chapitre V -  Conclusions - Sources

(V. b.) Les premiers politiciens belges d'origine étrangère

Au XIXème siècle, des Français, des Italiens et des Allemands, notamment des réfugiés politiques, eurent des activités politiques en Belgique, surtout vis-à-vis de leur pays d'origine, mais ils n'y étaient pas précisément encouragés, et furent souvent "invités" à y mettre fin ou à aller les poursuivre dans un autre pays, ce que firent par exemple Karl Marx ou Victor Hugo. D'autres décidèrent de s'installer définitivement en Belgique et leur engagement politique et social en mena certains à de hautes responsabilités, d'autres figurant par exemple parmi les fondateurs d'associations ouvrières qui furent à la base de la création du Parti Ouvrier Belge.

Parmi les premiers élus d'origine étrangère, le banquier Jonathan Raphaël Bischoffsheim (1808-1883) était issu d'une famille juive de Mayence, en Allemagne. Après avoir obtenu la grande naturalisation en 1857, il fut élu au conseil communal de Bruxelles puis, en 1862, au Sénat où il siégea pendant vingt ans. Il fut également président du consistoire israélite de Belgique.

Paul Errera, fils du fondateur de la Banque de Bruxelles, le Juif vénitien Giacomo Errera, fut bourgmestre (maire) d'Uccle, une commune de l'agglomération bruxelloise, de 1912 à 1921, ainsi que recteur de l'Université Libre (laïque) de Bruxelles (ULB).

D'autres politiciens juifs d'origine étrangère (première ou deuxième génération) ont eu des carrières de premier plan dans la seconde moitié du XXème siècle, parmi lesquels Jean Gol, artisan de la refondation du libéralisme wallon et bruxellois dans les années 70, ministre de la Justice et vice-premier ministre dans les années 80, ou Edouard Klein, également un libéral, qui fut notamment échevin (adjoint au maire) de l'instruction publique à Bruxelles, député de 1981 à 1991 et vice-président de l'ULB.

Depuis quelques années, quelques candidats de gauche indiquent dans les documents de propagande électorale leur appartenance à l'Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB), une organisation qui regroupe historiquement des immigrés ou enfants d'immigrés juifs de la mouvance communiste. L'UPJB est fort peu appréciée au sein des institutions juives, auxquelles elle n'est pas associée, en raison de ses prises de position critiques envers Israël. Une de ces candidates a été élue sur la liste écologiste francophone aux élections communales bruxelloises d'octobre 2000. Les membres de l'UPJB, ont exprimé à diverses reprises leur solidarité, en tant qu'enfants d'immigrés, avec les autres minorités issues de l'immigration, alors que la communauté juive "officielle" tient à être considérée comme pleinement autochtone.