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Kader ATTEYE
né à Châlon-sur-Saône, de parents djiboutiens
2008: maire de Morey (Saône-et-Loire, 180 habitants)


http://www.lejsl.com/actu/dossierdujour/20080328.JSL2423.html

Le Journal de Saône-et-Loire vendredi 28 mars 2008

CINQ CONSEILLERS MUNICIPAUX ONT DÉMISSIONNÉ À MOREY

Un maire légitimement élu mais contesté par une partie des siens

Le petit village de Morey traverse une crise municipale, avec en filigrane des problèmes liés au maire, premier homme de couleur à être élu dans la commune.
Le petit village rural de Morey qui culmine à 350 mètres d'altitude vit une période post-électorale agitée. Le nouveau maire, Kader Atteye, élu avec six voix contre cinq au conseil municipal vient d'essuyer la démission des cinq conseillers municipaux qui avaient porté leur préférence sur une autre candidate. Les onze membres d'une même liste avaient pourtant tous été élus le 9 mars dernier. Cette crise municipale pourrait être presque banale si ce n'est que le premier magistrat, issu de l'immigration, est un homme de couleur. Et que l'agitation qui bouscule la tranquillité de cette commune constituée de trois hameaux (les cinq élus partants sont tous domiciliés dans l'un de ceux-ci), a bien délié des langues parmi les 180 habitants. La division née de relations vives entre les colistiers, apprenant à se connaître au fil des semaines, a provoqué la rupture.

Selon Jean Demaizières, élu démissionnaire, « ce que l'on a fait comprendre à Kader avant l'élection, ce que les gens ne voulaient pas d'un maire noir, que ça bousculait leurs habitudes. » « Il y a eu des problèmes personnels au sein de la liste au moment d'élire le maire », commente Béatrice Parizot qui a fait acte de candidature pour le siège de maire. « C'est le comportement des gens qui a provoqué notre démission, cela n'a rien à voir avec des problèmes de racisme. J'étais hypermotivée au départ, je n'aurais pas imaginé que cela se termine comme ça. Le maire a été élu, les règles sont justes, il n'y a rien à redire là-dessus. »

Cette femme qui travaille pour l'Europe, à Bruxelles, affirme farouchement qu'aucun de l'équipe qui a jeté l'éponge n'est raciste. Des pressions auraient-elles eu lieu dans l'entourage de certains élus à la veille de l'élection du maire ? « Oui, il y a des gens qui disaient qu'il ne représentait pas le village, qu'il n'est pas d'ici…» lâche un septuagénaire. « Il y a eu des pressions mais pas sur les cinq élus».

Kader Atteye qui préfère fermer les yeux sur ce sujet qu'il balaye avec force, a admis que lors du loto des écoles organisé dans le village voisin, des échos lui sont remontés aux oreilles. En direct. Mais il n'en a cure. Il a été élu par le peuple et par une partie de son équipe. « Il n'y a que des racistes là-haut qui votent Front national »,lance sèchement un homme installé au comptoir d'un bar situé au pied de la colline. « C'est vrai que les rumeurs circulent mais moi, j'en veux plus à l'ancienne municipalité qui n'a pas préparé sa succession, un seul conseiller municipal était repartant », déplore une habitante d'un des hameaux.

« Il a de l'éducation, de la personnalité. Il a mon soutien», nuance une femme présente sur l'une des deux autres listes et non élue. Hier, jeudi, Kader a reçu un coup de téléphone de l'un de ses administrés car un fil électrique jonchait la voie publique. Le maire a fait le nécessaire, saluant au passage une mamie souffrante et effectuant un point avec l'un des employés communaux. Kader se dit prêt pour la mission que lui ont confiée les villageois. Il est dans le rythme. Une vielle femme se rend au cimetière : « qu'il soit blanc ou noir, on s'en fiche, du moment qu'il s'occupe de la commune ».

Emmanuelle Bouland et Eric Bouthray


Dans la mesure où le conseil municipal a perdu plus d'un tiers de ses membres, en l'occurrence cinq pour la commune de Morey, il y aura obligatoirement une élection complémentaire pour élire les cinq conseillers municipaux manquants. C'est à compter de la réception de la lettre de démission des conseillers concernés, qui ont obligation de l'envoyer au maire qui la transmet ensuite à la Préfecture, qu'une nouvelle élection sera organisée dans un délai d'un mois. Mais en aucun cas, il ne sera procédé à la réélection du maire et de ses adjoints. Ce scrutin a été validé et conforme à la loi. Vers une élection complémentaire


http://www.lejsl.com/actu/dossierdujour/20080328.JSA0101.html

Le Journal de Saône-et-Loire vendredi 28 mars 2008

« Je n'ai pas de combat à mener contre le racisme »

Le nouveau maire de Morey, Kader Atteye veut savoir. Prêt à mener l'enquête, affirme-t-il, car il dit ignorer les motivations de la démission collective de ses ex-colistiers. « J'ai fait la liste qui est passée à 100 %. On la préparait depuis deux mois et demi. Les gens de ma liste savaient que je voulais être maire, que je serai disponible, il n'y avait pas d'ambiguïté. Tout le monde était d'accord et quinze jours avant le scrutin, une personne s'est également déclarée ». Aujourd'hui, Kader qui déclare être déçu par une partie de son équipe initiale se pose en rassembleur, conscient que la tâche va être difficile. « Doublement difficile. » Sous-entendant qu'un nouveau scrutin à venir, ajouté aux réflexions inhérentes à sa couleur de peau, ne va pas être de nature à passer des journées calmes. « J'ai envie d'apporter quelque chose à ma commune », enchaîne ce jeune père de famille installé à Morey depuis 2000 avec son épouse, originaire du village. Élue sur la liste, elle occupe le poste de 3e adjoint. Le nouveau maire, fort de sa légitimité réfute l'idée que ses administrés seraient racistes. « Je suis né en France, je n'ai pas de combat à mener contre le racisme. Je ne veux pas que sur des rumeurs, on commence à détruire un conseil municipal. Je n'ai jamais reçu aucune menace. » Kader Atteye dit s'être préparé aux éventuelles remarques désobligeantes sur sa personne. Combatif, il n'envisage pas une seule seconde démissionner. « Je vais dans chaque maison d'habitation pour expliquer ce qui s'est passé et rassurer les gens sur mon rôle de maire qui est de rassembler et d'être disponible pour les habitants ». Une lettre a été adressée aux villageois. Le nouveau conseil assure qu'il mettra « toute sa détermination et sa volonté pour développer et améliorer notre belle commune. On ne vous cachera pas qu'il y a des situations humaines difficiles… »

E.B.

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http://www.leparisien.fr/home/info/politique/article.htm?articleid=298261274

Municipales
La tristesse d'un maire noir
Morey (Saône-et-Loire)

«MOI, je ne suis pas raciste. Mais dans la commune, il y a un rejet de la population parce qu'il est noir. En campagne, cela a du mal à passer. » Agriculteur retraité, Jean-Claude Demaizière n'a pas la langue dans sa poche. Conseiller municipal de Morey pendant treize ans, il est au rang des cinq élus qui viennent de démissionner du conseil. Officiellement « pour d'autres problèmes qu'on ne veut pas dire ». Mais officieusement parce que, selon eux, parmi les 200 habitants de Morey, beaucoup auraient du mal à voir Kader Atteye devenir le maire de la commune.

Né à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) de parents venus de Djibouti pour travailler, cet éducateur essaye de prendre les choses avec distance. Mais on sent l'homme blessé. « J'habite dans la commune avec ma compagne depuis 2000. Nous avons deux enfants et jusqu'à l'élection je n'ai jamais eu un problème. » Si bien intégré qu'avec sa première adjointe Anne-Marie Poirier il était parvenu à convaincre suffisamment de personnes pour constituer une liste.

« C'est le racisme qui a perdu »

« Quand on s'était mis autour de la table, tout le monde était OK pour que je sois maire. Et puis à quinze jours de l'élection, il y a eu une autre candidature », explique Kader Atteye. Et de poursuivre : « On a essayé de me faire comprendre que ma couleur de peau pouvait indisposer. » Après ce sont les voix des conseillers qui ont tranché. Six voix pour Kader Atteye et 5 voix pour l'autre candidate, Béatrice Parizot. « J'ai été élu, c'est le racisme qui a perdu », affirme Kader. Triste quand même.

Alain Bollery
Le Parisien , lundi 31 mars 2008
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http://www.rtl.fr/fiche/79123/la-fronde-des-conseillers-municipaux-contre-un-maire-noir.html

RTL info  31 mars 2008 Màj 07h35

La fronde des conseillers municipaux contre un maire noir

A Morey, l'élection du nouveau maire, Kader Atteyé, sème la zizanie : cinq des onze conseillers municipaux, qui faisaient tous partie de sa liste, ont démissionné. Officiellement, pour incompatibilité d'humeur. Mais dans ce village de 180 habitants de Saône-et-Loire, la couleur de peau pourrait poser problème.

Les démissionnaires réfutent toute affaire de racisme

Le nouveau maire, qui n'a pas l'intention de démissionner, est né Français mais il est d'origine Djiboutienne. Il est installé au village depuis huit ans. Il se dit victime de rumeurs liées à ses origines et sa couleur de peau, les conseillers démissionnaires parlent de conflit personnel.

Les Moreytois retourneront aux urnes d'ici quelques semaines pour élire cinq nouveaux conseillers municipaux.

Auteur : Alexis De La Fontaine