Suffrage Universel
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Naïma CHARAÏ

conseillère régionale (gauche) en Aquitaine, élue en mars 2004

 

(constitution de la liste PS aux régionales) "A noter la présence de deux Français d'origine immigrée, Naïma Charai et Abdou Chaoui, président de Boulevard des Potes." (Sud-Ouest 28/11/03)

http://www.aquitaine-rousset.net/article.php3?id_article=330

A 31 ans, Naïma Charaï, française d'origine marocaine, fille de travailleur immigré en Lot et Garonne, dirige aujourd'hui l'association chargée d'accueillir et d'aider les prostituées de Bordeaux. Son engagement associatif ne date pas d'hier : dès la fin de ses études (un DESS de psycho-socio à Bordeaux II), elle travaille comme bénévole au sein de la Mission France de Médecins du Monde pour faciliter l'accès aux soins des 16 à 25 ans en situation de très grande précarité. Elle s'investit très vite dans la prévention des risques de toxicomanie pour devenir la coordinatrice d'un réseau de soins. Le contact avec le public usager de drogue et la volonté de mettre en place un programme d'échanges de seringues l'amènent à se rendre sur le terrain, sur les lieux de prostitution, la nuit. C'est dans le courant de l'année 2000 qu'elle est témoin du déferlement à Bordeaux, de jeunes prostitués, femmes ou hommes, en provenance d'Afrique ou d'Europe de l'Est. C'est ce qui la décide à " monter " cette association, IPPO, qu'elle préside à ses tout débuts, avec trois objectifs principaux : faciliter l'accès des prostituées à la prévention des risques liés aux maladies sexuellement transmissibles, faciliter le soin des malades parmi les prostitués et enfin, les informer sur leurs droits fondamentaux.

Le parcours de cette jeune femme dans le monde associatif et humanitaire serait somme toute assez banal si elle ne provenait, elle-même, d'un milieu dit " défavorisé ", d'une famille aux conditions de vie relativement précaires. Née à Douar Karia m'Tioua, un petit village du nord marocain, dans une famille de 10 enfants, elle arrive en France à l'âge de 4 ans, avec sa mère et tous ses frères et soeurs pour rejoindre son père alors ouvrier dans la sidérurgie et embauché par Saint-Gobain Pont à Mousson, à Fumel, en Lot-et-Garonne. Elle passe son enfance dans une petite cité à Fumel où " nous étions parqués " se souvient-elle. Elle qualifie sa scolarité de " classique pour une immigrée, c'est-à-dire en échec " : son lycée l'oriente vers un BEP de secrétariat, mais elle choisit un BEP de couture et de stylisme à Agen contre les préconisations de ses professeurs. Va pour un BEP de couture. Mais c'est à ce moment de sa vie que Naïma situe le début de sa propre révolution : " je me suis rendue compte que j'étais dominée, je me suis réveillée et j'ai décidé de prendre mon destin en main ". La révolution commence par un bac professionnel passé en candidate libre et obtenu avec mention. Puis une longue série de succès universitaires - jusqu'au DESS - est venue récompenser l'opiniâtreté d'une enfant d'immigrés analphabètes.

Elle prend très tôt conscience que les choses seront plus difficiles pour elle, femme, d'origine étrangère, et c'est ce qui va déterminer son engagement par la suite pour la défense des droits des femmes. Combat tout en nuance cependant : fille de musulmans, aujourd'hui agnostique (ou athée dit-elle), ni croyante ni pratiquante, elle se dit très " partagée " sur la question d'une loi pour interdire le port du voile à l'école. Elle trouve " aberrant " de porter le voile mais s'inquiète du sort de ces jeunes filles voilées " si on les vire " du collège ou du lycée : " l'école est un milieu où on fait des rencontres, j'en suis le pur produit, des professeurs m'ont aidée ", elle trouverait " dommage " que d'autres jeunes filles ne puissent profiter du même terreau qui l'a aidée à s'épanouir. Elle soutient tous les jours d'autres jeunes femmes - et parfois aussi des hommes - durant l'accueil de jour d'IPPO qui voit défiler dans ses locaux les drames d'une prostitution à l'échelle industrielle. Naïma ne mâche pas ses mots. Ce n'est pas dans les habitude de la maison : " Ces personnes sont victimes d'une traite des êtres humains. Elles fuient une misère économique tellement énorme dans leur pays que rien ne pourra se résoudre sans une politique de développement et de coopération avec leurs pays d'origine ".


http://www.liberation.fr/actualite/politiques/314444.FR.php

«On représente toujours quelque chose»
Naïma Charaï, 35 ans, Bordeaux
LAURE ESPIEU (à Bordeaux)
QUOTIDIEN : samedi 8 mars 2008

A 35 ans, Naïma Charaï commence à dompter l’ado «rebelle et vindicative» qui l’a poursuivie. Elle se voit «plus contenue», plus adaptée à «un monde codifié». Candidate aux municipales à Bordeaux, en 26e position sur la liste d’Alain Rousset (PS), elle est déjà conseillère régionale depuis 2004 et suppléante de Noël Mamère à l’Assemblée nationale depuis juin.

Née au Maroc, arrivée en France à 4 ans, Naïma Charaï est la sixième d’une famille de dix enfants. «Parcours classique» : échec scolaire, violence à fleur de peau. A 15 ans, la jeune fille est envoyée en CAP et pressent l’engrenage qui se met en route. Elle s’accroche, bac pro, fac de sociologie, militantisme associatif auprès des toxicos, puis des prostituées. Au conseil régional, Naïma Charaï a mis en place le programme de lutte contre les discriminations, avec recrutements paritaires et CV anonymes. Désignée pour représenter les minorités visibles, elle n’a plus peur aujourd’hui d’être réduite à son origine culturelle. «Dans la constitution d’une liste, on est toujours la représentation de quelque chose. Effectivement, je suis une Arabe. Et ce que je trouve déplorable, c’est qu’on ne soit pas suffisamment.»