Elus français métropolitains d'origine non-européenne: communes et communautés de communes - départements - régions - Assemblée nationale - SénatParlement européen
Elections: 1995 - 1998 (rég.) - 2001 (mun.) - 2001 (cant.) - 2002 (lég.) - 2004 (rég.) - 2004 (cant.) - 2004 (eur.) - 2004 (sén.) - 2007 (lég.) - 2008 (mun.)

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Couleurs Bordelaises (municipales 2001 - 2008)

 Bordeaux (Gironde, majorité de droite, 61 élus)

Il n'y a aucun élu sortant d'origine non-européenne à Bordeaux.

"Ils ne sont pas aussi implantés que le groupe toulousain ZEBDA. Mais ils défendent les mêmes idées et veulent présenter une liste. (…)
De cette liste qui pour l'instant n'est pas totalement constituée, on connaît le nom : " Couleurs bordelaises ". L'objectif de ses protagonistes c'est de rassembler des gens différents, hommes et femmes, sans considération d'âge, d'origines sociale, géographique, de religion. Il s'agit justement, selon Karfa Diallo, de " réfléchir à la place de la diversité culturelle dans la cité. Il faut que les gens différents puissent participer à la construction de leur ville sans pour autant être assimilés et devoir abandonner leur culture, leur différence. Sinon la cohésion sociale est menacée ". " Il est temps de rassembler toutes les communautés dans la communauté nationale ", ajoute Michel Malacarnet.
" Penser globalement et agir localement ", précise Karfa Diallo dont le programme n'est pas encore affiné mais qui veut avant tout se soucier principalement de tous les " déçus des systèmes actuels ", qui en sont victimes ou qui ont renoncé à s'exprimer. Et lutter contre les idées du Front national, lesquelles, à son avis, résistent même si ce parti " est en miettes ".
"
Marie-Claude Aristégui, " Une liste poussée par Utopia", Sud-Ouest 10/01/01

 

"La liste Couleurs bordelaises conduite par Karfa Diallo est dirigée par la cellule d'animation réunissant toutes les personnalités et organisations décidées à participer activement à la campagne électorale. Elle est composée de deux grandes commissions: la commission communication et la commission intendance dirigée par le mandataire financier.
Une souscription a été ouverte. Le but est de récolter au minimum 90 000 francs.
La permanence de la liste se situera au cinéma Utopia. " Sud Ouest(Bordeaux) 13/01/01

 

B.L., "Citoyens Pluriels - Contre le racisme politique", Sud Ouest(Bordeaux) 13/01/01

L'association Citoyens pluriels a annoncé qu'elle présenterait une liste à Bordeaux et sur sept autres communes de l'agglomération (…)

Citoyens pluriels : 05.56.49.68.35. E-mail : citpluriels@aol.com

 

Sud-Ouest 20/02/2001

Civisme
Le désenchantement des immigrés
Amadou, Hamadi et Youssef ont deux points communs : ils ne votent pas et ils s'éloignent des listes d'étiquetage national

Par Jacques Ballarin

20 février 2001 / " Le premier plat le plus consommé en France est le couscous ". Marocain, Youssef est artiste peintre à Bordeaux. Il voudrait voter le 11 mars prochain. Il ne pourra pas. Face à ce qu'il ressent comme une discrimination il réagit mal : " Je ne suis pas un citoyen français et bordelais, j'ai une tête d'Arabe, on n'a pas besoin de mon avis ". Fâché, il en veut à la gauche de n'avoir pas donné le droit de vote aux immigrés. " Pourtant je suis socialiste, les socialistes sont un peu pour les pauvres ", lâche-t-il, amer. Et il est convaincu que si les immigrés votaient " le changement serait possible à Bordeaux ".

" UNE QUESTION DE PRINCIPE "
Restaurateur, Hamadi Essaouis est marocain également, il vit à Bordeaux depuis 16 ans, il est choqué de ne pas pouvoir voter. " Je ne veux pas la double nationalité. C'est une question de principe. Je paie des impôts, je participe à l'économie de la ville, je suis citoyen bordelais marocain, normalement j'ai mon mot à dire ". Pour lui aussi, c'est une discrimination. Une de plus.
Hamadi, en effet, explique que, dans la bonne ville de Bordeaux, ses deux fils se voient refuser l'entrée dans les discothèques et que Mohamed, le cadet, ne s'appelait plus Mohamed quand il travaillait comme cuisinier dans un restaurant du groupe Auchan au Lac. " Le plat était préparé par Alain ou Patrick "...
Pas de droit de vote, vexations racistes, Hamadi s'est éloigné de la politique d'étiquetage national. " Je n'ai aucun parti dans mon coeur ", commente-t-il. Il confesse de l'estime pour les Verts " qui défendent depuis toujours le droit de vote aux immigrés ".
Amadou, lui, est malien. Il vit à Bordeaux depuis 30 ans et il ne pourra pas voter. " Les mêmes obligations et les mêmes droits ", telle est sa position. " Les pays comme la France réfractaires au droit de vote des immigrés seront obligés de suivre le droit communautaire ", prédit-il. De Juppé à Bordeaux, il dit " qu'il a été toujours en haut, qu'il n'a pas la culture politique de masse, qu'il n'avait pas compris mais qu'il commence à comprendre ". Ajoutant : " Dans une ville, il n y a pas que les lampadaires, les lumières et les ravalements des façades, il y a aussi l'emploi, le social, la solidarité ".
Amadou ne se sent pas concerné par le clivage gauche-droite " qui s'estompe " et il est peu attiré par les Verts " qui ont servi tout le monde, la gauche et la droite ". Pour lui, au plan de l'actualité bordelaise, " TransCub a une légitimité, Denis Teisseire est une réalité locale, son acharnement militant est indiscutable, il est pour beaucoup dans le tramway ".

" LES IMMIGRÉS NAÏFS ET MANIPULABLES "
Iba est un ami d'Amadou. Sénégalais, il vit à Bordeaux depuis 21 ans, il a la double nationalité et il ira voter. " C'est ma ville d'adoption. Je me sens concerné ". Il regrette que les communautés étrangères soient peu représentées dans les listes d'étiquetage national aux municipales et il trouve que " les étrangers de Bordeaux ne jouent pas un rôle actif dans la cité ". " Il ne faut pas aller les voir seulement au moment des élections ". De par sa sensibilité la culture est sa principale préoccupation. " Il y a des événements culturels à Bordeaux mais il manque une politique culturelle de fond qui servirait de tremplin pour les jeunes artistes ".
Tuthuy, elle, a la double nationalité vietnamienne et française. Elle n'ira pas voter. Elle se déclare " peu intéressée par le débat local "; son CES (contrat emploi solidarité) se terminera en juin : " Je suis plus angoissée par mon avenir professionnel que par les problèmes de circulation, de stationnenment et de piste cyclable ", souligne-t-elle.
Hassan, animateur de Surf Insertion, a la double nationalité française et marocaine. Il ira voter. Mais sans illusion. Il n'a pas voulu être " l'arabe de service " dans une liste et il juge les politiques locaux " ringards dans leur manière d'aborder les problèmes de cette ville ".
Il qualifie les listes d'étiquetage national comme " des listes d'appareil ". Commentant : " On dirait que tout est joué à l'avance. Après Chaban, Juppé ". Il milite pour le droit de vote des immigrés. " La citoyenneté c'est aussi et surtout le droit de vote. La France a du mal à franchir le pas. Il en va pourtant de la crédibilité de son engagement contre la discrimination ". Il analyse ainsi les réticences de la classe politique à donner le droit de vote aux immigrés : " L'immigré est encore considéré comme la propriété de son pays d'origine et il existe la croyance, à droite comme à gauche, que les immigrés seraient naïfs et manipulables. Donc, prudence, on n'en fait pas des électeurs ".

 

Sud-Ouest 23/02/2001

Candidat
Les Motivé-e-s de Bordeaux
Comme à Toulouse avec Zebda, à Rennes ou Strasbourg, la liste " Couleurs bordelaises " met en piste ses 61 candidats

Par Marie-Claude Aristégui

23 février 2001 / Les membres de la liste Couleurs bordelaises conduite par Karfa Diallo -29 ans, conseiller emploi formation, président de l'association Diverscités- partent du principe que la population de Bordeaux, comme ailleurs, n'est pas homogène et que ses différentes composantes ne sont pas représentées par les formations politiques, ni par les élus indépendants.
Ils ne sont pas aigris. Ils sont déçus. Ils ne veulent plus rester passifs. Leur objectif est de faire entendre non seulement les " sans voix " selon l'expression d'immigrés qui galèrent pour trouver leur place mais également les enseignants, médecins, militants associatifs, animateurs, éducateurs, étudiants, artistes... très jeunes mais aussi quadragénaires ou quinquagénaires, utopistes ou contestataires, qui jugent décalés les discours politiques traditionnels.
Parmi eux, beaucoup de nouveaux habitants qui ne se sentent pas adoptés alors qu'ils veulent bien devenir bordelais et s'impliquer dans la vie locale. C'est d'ailleurs le point commun de tous ces candidats : ils affirment s'être écartés du débat politique et des débats faute d'avoir trouvé des lieux, des groupes au sein desquels militer pour défendre les causes qu'ils estiment justes.
Anne-Marie Faucon, gérante du cinéma Utopia et qui figure sur la liste Couleurs bordelaises, estime que son métier justement lui fait découvrir les richesses culturelles, les différences, tant sur les écrans que dans les salles, ignorées par les formations politiques. A défaut de réel programme, tous plaident pour le droit à la différence, pour le respect des minorités, pour davantage d'équité, pour une meilleure répartition des richesses, pour le renouvellement des idées. Ils trouvent dans cette liste l'occasion d'exprimer publiquement leurs révoltes personnelles et se rendent compte qu'ils ne sont pas aussi isolés qu'ils pouvaient le craindre.

CONTRE-POUVOIR
" Un temps j'ai cru qu'il suffisait de voter pour la gauche pour avoir ce que l'on voulait... Maintenant, on va leur dire ce que l'on veut vraiment ", commente une jeune femme membre de la liste.
Ils vont " le dire " pendant cette campagne pour les municipales. Et aussi, après : déjà ils préparent un troisième tour avec notamment la mise en place d'un " un conseil municipal parallèle ". Lequel, sous forme associative, serait composé de plusieurs commissions chargées de prendre le contre-pied des décisions municipales et de faire des propositions. Pas pour critiquer systématiquement mais pour faire émerger des idées, associer tout le monde.
Les candidats de Couleurs bordelaises, novices en politique, n'ont pas la prétention de trouver des solutions à tous les problèmes. Ils souhaitent agir pour que toutes les questions puissent être posées et pour lancer un mouvement de réflexion afin de réconcilier avec la chose publique tous ceux qui s'en sont désintéressés mais sont prêts à s'investir. Il s'agit de rassembler les nouveaux Motivé-e-s. Comme à Toulouse avec les Zebda qui ont fait des émules dans bien d'autres villes : Marseille, Rennes, Bondy, Strasbourg...

Les soixante-et-un noms

 

Karfa Diallo, 29 ans, juriste;
Soukeyna Mbaye, 45 ans, formatrice;
Yann Grivart de Kerstrat, 35 ans, médecin;
Aïcha Bouillaud, 44 ans, assistante maternelle;
Donatienne Vandenbulke, 27 ans, psychologue;
Eric Edmon Mariette, 44 ans, animateur;
Sandrine Diallo, 31 ans, enseignante;
Julien Mazille, 26 ans, étudiant;
Stéphanie Gouineau de Souza, 28 ans, libraire;
Jean-Christophe Bonvel, 32 ans, étudiant;
Eric Leopoldie, 34 ans, intérimaire;
Suzanne Robert, 47 ans, animatrice radio;
Marie Régine Lalanne, 44 ans, orthoptiste;
Hélène Saint-Araille, 53 ans, enseignante;
Marta Jonville, 31 ans, plasticienne;
Véronique Baraud, 36 ans, secrétaire;
Gilles Peyre, 43 ans, médecin;
Didier Jouanin, 36 ans, graphiste;
Sandrine Clique, 23 ans, étudiante;
Françoise Dax, 51 ans, juriste;
Raymond Hardoy, 40 ans, comptable;
Richard Dufay, 39 ans, sans emploi;
Frédéric Mary, 34 ans, conseiller artistique;
Christine Pelouzet, 23 ans, documentaliste;
Isabelle Warin Troudet, 40 ans, juriste;
Stéphane Violleau, 35 ans, commercial;
Yvon Barbeau, 51 ans, artiste;
Anne-Marie Faucon, 54 ans, gérante sociétés;
Michel Malacarnet, 51 ans, animateur;
David Demelier, 27 ans, commercial;
Laurence Lafitte, 23 ans, étudiante;
Béatrice Aspart, 45 ans, psychologue;
Christelle Hubt, 29 ans, décoratrice;
Sonia Laroche, 28 ans, étudiante;
Gladys Lescure, 41 ans, commerciale;
Nelly Delinotte, 40 ans, responsable formation;
Catherine Breteche, 50 ans, enseignante;
Daniel Ithie, 47 ans, gérant de société;
Véronique Goglin, 43 ans, peintre;
Ludovic Lesage, 24 ans, intermittent;
Patrick Farnoux, 40 ans, institeurs;
Gérome Calves, 20 ans, étudiant;
Laetitia Gestas, 23 ans, animatrice;
Vincent Carrier, 27 ans, étudiant;
Marion Lescanne, 28 ans, étudiante;
Eddy Edouard, 30 ans, étudiant;
Serge Deloustal, 30 ans, enseignant;
Carole Hemous, 28 ans, professeur;
Emmanuel Hemous, 29 ans, professeur;
André Rouchier, 58 ans, professeur;
Françoise Pohu, 32 ans, animateurs touristique;
Laurence Bioteau, 31 ans, médecin;
Pascal Recalde, 31 ans, projectionniste;
Rodolphe Village, 27 ans, maquettiste;
Alexis Michel, 35 ans, universitaire;
Sonia Vrignon, 44 ans, institutrice;
Philippe Pailler, 29 ans, consultant;
Isabelle Martinez, 38 ans, enseignante;
Catherine Julien, 44 ans, documentaliste;
Carl Gaudy, 27 ans, éducateur spécialisé;
Claude Garnier, 42 ans, enseignante.

 

 

Sud-Ouest 02/03/2001

Evènement
Karfa Diallo optimiste
Leader de la liste "Couleurs Bordelaises", Karfa Diallo a répondu en direct sur le web aux questions des internautes et de la rédaction de Sud Ouest vendredi 2 mars. Compte rendu intégral.

Par la rédaction de Sud Ouest, avec les internautes.

02 mars 2001 / Sud Ouest : Un sondage CSA / France Bleu Gironde / Sud Ouest vous crédite d'environ 2% des intentions de vote auprès des électeurs Bordelais. Qu'en pensez-vous?
Karfa Diallo : Les sondages sont une photo de l'opinion. Pour nous, le travail de couleurs bordelaises est dans la durée et il y a une adhésion reelle de la population. On sait aussi que les sondages peuvent évoluer.

Quel score espérez-vous ?
Karfa Diallo : On n'a jamais fait d'estimation réellement, la liste s'est formée tard, on est apparu pour la population le 20 decembre dernier seulement. Le sondage ne nous surprend pas et n'influe pas sur notre determination.

Sud Ouest que peut apporter votre liste aux minorités ?
Karfa Diallo : Notre liste est interculturelle. C'est l'échange, l'interaction, la reconnaissance et la valorisation des communautes culturelles. Il faut intégrer la dimension de la diversité culturelle. C'est une question éminemment politique, cela s'intègre dans le cadre de valeurs de la République.

Vous considérez-vous comme un candidat des minorités ou bien plus, comme représentant d'une tendance ?
Karfa Diallo : Le candidat d'une minorité? Non, j'ai initié, porté cette liste. Ma présence se justifie par mon engagement, je me sens représentatif d'une France qui voudrait être reconnue, en dehors du monde sportif. Je pense que les populations doivent avoir un dialogue d'égal a égal dans le cadre de la gestion de la cite.
Il y a necessité de faire entendre notre voix en dehors des partis politiques. Il faut sortir des appareils, des logiques de pouvoir qui nient la dimension humaine.
Notre voie est militante. On se positionne en dehors des cercles politiques actuels.

Sud Ouest : que ferez vous au deuxième tour?
Karfa Diallo : La question n'a pas encore été abordée clairement par notre liste. Il faut incarner l'alternative dans une rupture réelle. Au deuxième tour, on laissera les gladiateurs se battrent entre eux. C'est mon avis personnel, ensuite on laisse une liberté individuelle à chacun.

Sud Ouest que ferez vous après l'élection ? votre mouvement continuera-t-il ?
Karfa Diallo : La rupture que nous pronons par rapport aux pratiques politiques, nous allons l'incarner après les élections avec un conseil municipal parallèle. Nous ne nous prononcerons pas sur tout, mais il faut un contre-pouvoir à la politique municipale, quitte à travailler avec la municipallite ou d'autres partis!
C'est l'occasion de faire entendre notre voix. On peut assumer hors des partis un discours politique. Couleurs Bordelaises donne cette possibilité aux bordelais.

Que pensez vous du collectif mené par dieudonné et Calixte Beyala ?
Karfa Diallo : Ce collectif pose des questions de fond en matiere de représentativité des minorités culturelles. Personnellement, je ne suis pas pour les quotas. Les hommes peuvent d'eux même, je pense, partager le pouvoir. Sans contrainte légale.
Il y a des minorites qui ont contribue a l'essor de ce payx, et elles trouvent qu'elles ne sont pas représentées. Il faut soutenir ce combat, mais dans un cadre "ouvert". Je n'ai pas d'avis très clair sur cette question.

Vos relations avec Alain Juppé ?
Karfa Diallo : Elles sont cordiales, on se connaît. Je ne mentirai pas en répetant qu'il y a un réel probleme de communication à son niveau, même s'il fait des efforts. Je regrette surtout son mépris pour les groupes politiques bordelais. Refuser un debat public avec ses rivaux, ce n'est pas très démocratique.

De quelle origine êtes vous ?
Karfa Diallo : Elle est double, un grand père berbère, l'autre partie de la famille est sénégalaise. Mon père a fait ses etudes de médecine à Bordeaux. J'ai vécu au Sénégal, mais j'ai baigné longtemps dans un univers intellectuel français. Et notre projet dit que nous devons être fier de nos racines.
D'ailleurs, nous voulons la reconnaissance du passé de Bordeaux, port négrier. Pas pour culpabiliser les Bordelais, mais pour oeuvrer pour un devoir de mémoire : la diversité culturelle est une richesse, qui n'est pas toujours valorisée dans notre pays, hors des cadres musicaux ou sportifs.

Est-ce facile d'etre africo-occitan-gascon ?..
Karfa Diallo : Je ne sais pas. Pour moi, je n'ai aucun problème par rapport à ça, j'assume mon identité, je suis fier de ce que mes ancêtres ont fait. Il faut faire un travail sur la mémoire. Tant que l'apport de ces minorités n'est pas reconnu, valorisé, ces populations auront du mal à se reconnaitre dans le discours républicain.

Votre avis sur le tramway?
Karfa Diallo : Il y a eu des combats menés par des hommes politiques, l'entêtement par rapport au métro. Je m'étonne que les travaux du tramway ne démarrent qu'à l'approche des élections municipales. Réaliser l'enquête d'Utilité publique après avoir décidé de son itinéraire, cela ne me semble pas normal non plus. La décision a été prise par le Prince, sans écoute des avis des populations.

Pourquoi le chapeau ?
Karfa Diallo : C'est mon style, ma personnalité. Certains me disent que dans le cadre d'une pratique politique, ce n'est pas une habitude. Mon chapeau n'influe pas sur mes idées :-)
Aujourd'hui, on a un discours politique avec une uniformisation, on nous dit qu'il faut être comme on est, mais j'assume mon chapeau, mes scarifications...

Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
Karfa Diallo : D'abord, c'est la démocratie participative. Longtemps, nous avons délégué nos pouvoirs à des représentant. Le système a fonctionné, fonctionne encore, mais on en connaît les limites. On a vu l'émergence du mouvement associatif. Il y a des exemples, certaines municipalités tentent de mettre en place des comités de quartier, mais il y a des problèmes de fonctionnement car ils n'ont pas de legitimité populaire.
Il y a une bureaucratie, une lourdeur qui fait que les besoins des populations ne sont pas pris en compte. Nous voulons des mairies de quartier, élues, avec des budgets votés par les habitants. On connaît l'exemple de Porto Alegre, où la population vote 20% du budget!
Nous voulons aussi débaptiser les rues qui portent le nom de familles esclavagistes, comme la rue Balguerie-Stuttenberg. Un sociologue nantais a écrit un livre intéressant sur Bordeaux, port négrier. Cette famille était l'un des principaux armateurs négriers!

Que proposez vous pour endiguer la violence ?
Karfa Diallo : Tous les hommes politiques parlent maintenant d'insecurité. Nous voulons nous intéresser aux problèmes de fond dans les quartiers. Il y a des potentialités non valorisées, il faut donner les moyens d'exister aux jeues pour endiguer la violence. Il faut des subventions, coordonner les projets au travers d'une structure, il faut que ces jeunes disposent d'un espace pour s'exprimer.
On ne veut pas une politique d'assistanat, mais que les jeunes montent leurs propres projets. C'est notre réponse à la violence.
Il faut aussi donner la possibilité de voter aux immigrés. La question de la violence est prise à rebrousse poil aujourd'hui. On organise des fêtes, on parle de polices de quartier... des millions engloutis pourraient venir en aide à des familles en difficulté.

Quelles sont vos relations avec la liste de gauche plurielle ?
Karfa Diallo : Elles sont correctes et cordiales, comme avec Juppé. C'est tout. Mais nous avons été extrêmement déçu par la gauche plurielle. Des promesses ont ete faites et n'ont pas été tenues. C'est une réalité.

Vous mettez gauche et droite sur le même plan ?
Karfa Diallo : C'est difficile pour quelqu'un qui a eu une enfance de gauche, des idées de gauche, de penser que les différences s'amenuisent entre la gauche et la droite.

Comment fonctionnera votre conseil municipal parallèle?
Karfa Diallo : Couleurs bordelaises a fonctionné selon un principe d'ouverture. Nous appelons tous les groupes politiques bordelais à nous rejoindre dans notre conseil municipal parallèle. Nous n'aurons pas un avis sur toutes les questions, mais nous serons intransigeants sur certains sujets.
Au niveau "technique", la structure n'est pas définie. Dans l'esprit, ce sera un contre pouvoir, nous soutiendrons ou critiquerons les projets municipaux "officiels". Nous sommes determines à ce que ce conseil voit le jour.

Vous évoquez un réseau vélo-roller protégé dans votre programme...
Karfa Diallo : A Bordeaux, il est difficile de circuler dans la vieille ville. Il y a des efforts à faire, trop peu de parkings à vélo, les pistes cyclables sont mal faites. Nous demandons un aménagement important de svoies cyclables, et un aménagement piétonnier du centre-ville, de la place Gambetta, la place de la Victoire...
Cette ville est grise à cause de la pollution.

Vous parlez aussi de Sport pour tous dans votre programme, de quoi s'agit-il ?
Karfa Diallo : C'est un accès au sport pour permettre aux jeunes des quartiers de Bordeaux d'avoir une activité sportive réelle, d'accéder au stade Lescure, aux manifestations sportives à des coûts moins importants.
Il faut développer les infrastructures sportives dans les quartiers, que ce soit pour favoriser le sport en tant que loisir ou profession.

Quel est le slogan de Couleurs Bordelaises ?
Karfa Diallo : Dans notre petit journal, le slogan est "la ville est à nous". D'ailleurs, lors de la dernière rencontre avec Alain Juppé, au marché Colbert, lorsqu'il a lu le slogan, il nous a dit : "vous avez de la chance".
Mais on ne s'accapare pas la ville, on dit qu'elle est à chacun d'entre nous. Une minorité ne doit pas gouverner seule. La majorité silencieuse doit venir prendre la parole, la ville leur est ouverte.

Comment les bordelais ont ils accueilli votre liste ?
Karfa Diallo : Dans un premier temps, ce fut de l'indifférence. Puis il y a eu un intérêt manifeste après nous avoir lu, écouté. Pour l'instant, l'accueil est enthousiaste, les gens se reconnaissent. Cette campagne est d'un ennui mortel!

Comment faites-vous campagne ?
Karfa Diallo : On a des rencontres, des rassemblements, qui ne sont pas très relayés au niveau de la presse je trouve. Ce soir, on a un débat à l'Utopia, demain une rencontre avec Charb et Luz de Charlie Hebdo... Puis on a les distributions, on descend sur la rue piétonne, les centres commerciaux. C'est une campagne modeste, on se finance par les dons des personnes.
Notre budget va tourner autour de 90 000 francs. On ne les a pas aujourd'hui, mais on est optimiste : avec 5% des suffrages, nous seront remboursés. Malgré le sondage de Sud Ouest, au soir du 18 mars, nous sommes persuadés d'avoir plus de 5%.

Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?
Karfa Diallo : J'ai fait des études de droit, je suis actuellement conseiller emploi-formation dans un espace Info-Jeunes. C'est un travail d'encadrement et de recherche d'emploi.

Avez-vous des ambitions personnelles en politique ?
Karfa Diallo : Quand on s'implique, que l'on est tête de liste, on a forcément une ambition. Est-elle individuelle? Toute la question est là. Ma seule ambition c'est d'oeuvrer pour cette ville.
A Couleurs Bordelaises, on a une métaphore : les gladiateurs, ce sont les partis traditionnels. Nous on est les guignols qui arrivent dans l'arène. On se fait rabrouer par les gladiateurs, mais on vient pour changer les règles du jeu, pour se battre avec nos armes à nous. Aujourd'hui, on s'engage car nous ne nous sentons pas correctement représentés.

Allez vous appliquer à la lettre la loi sur la parité ?
Karfa Diallo : On n'a pas le choix! On n'a pas eu de problèmes pour avoir les femmes. Très vite, on a eu plus de 31 filles. D'ailleurs, elles sont d'un dynamisme extraordinaire dans la liste. Pour la parité, pas de problème.

Votre conclusion?
Karfa Diallo : C'est la liste qui le décidera. Au soir du 11 mars, on saura répondre aux préoccupations des bordelais. J'appelle tous les internauttes, dont je fais partie, à communiquer, à relayer ce mouvement, Couleurs Bordelaises, sur la Toile. Car le mouvement ne s'arrêtera pas au 18 mars. La porte est ouverte, notre permanence est au cinéma Utopia.

Bordeaux.
110915 inscrits. 60804 votants. 58918 exprimés.
1er tour. 11 mars
source: Sud-Ouest

Candidats (Parti)

Voix

 

Alain Juppé (RPR)

50,96%

50 sièges

Pierre Hurmic (Verts)

9,59%

3 sièges

Monique Nicolas (LCR)

2,43%

 

Denis Lacoste (LO)

2%

Gilles Savary (PS)

19,99%

7 sièges

Jacques Colombier (FN)

5,04%

 

Karfa Diallo (Gauche)

3,70%

Alain Audebert (Droite)

1,74%

 

Denis Teisseire (Sans étiquette)

3,74%

Jean Jametti (MNR)

0,81%

 

 


2008

Bordeaux : quatre des candidats en compétition

LE MONDE | 09.01.08 | 15h43  •  Mis à jour le 09.01.08 | 15h58

Karfa Diallo, 36 ans, liste Couleurs bordelaises

Ce militant associatif de longue date se définit lui-même comme "mi-sénégalais, mi-berbère". Ce fils d'ancien combattant français se bat depuis des années pour faire assumer à sa ville d'adoption son passé négrier. Un sujet longtemps tabou. A travers son association Diverscités, il demande la création d'un mémorial de la traite des Noirs et d'une "école des mémoires". Ce trentenaire toujours affublé d'un feutre noir, homme de gauche proche des milieux altermondialistes, opportuniste à l'occasion mais réfléchi, avait participé à une commission municipale sur le sujet. Il avait déjà présenté une liste Couleurs bordelaises aux élections municipales de 2001.