MUNICIPALES - Cela fait des années que cela démangeait certains militants socialistes. Et des mois que l’émancipation se préparait à Vaulx-en-Velin. Hélène Geoffroy, élue (PS) en 2001 sur les listes de Maurice Charrier, lance sa propre campagne. Elle rassemble plusieurs formations de la gauche vaudaise, et le scrutin s’annonce indécis à Vaulx…
«Nous sommes arrivés au bout d’une pratique municipale», soupire Hélène Geoffroy. La conseillère municipales prône une «vraie consultation des citoyens» plutôt que«des accords écrits entre élus sur des coins de table», et dénonce «un paternalisme forcené consistant à penser à la place des gens». Fermez le ban. «On peut toujours améliorer les pratiques et j’ai quelques idées là-dessus, répond Maurice Charrier. Les critiques sur le mode de concertation sont systématique de la part des listes d’opposition. Dominique Perben fait les mêmes déclarations sur Gérard Collomb à Lyon. A Vaulx, il existe des groupe de travail associant les habitants aux grands projets. Mais j’aime aussi les contacts directs, rencontrer les gens pour savoir ce qu’ils veulent. Si c’est du paternalisme, je le revendique.»
Hélène Geoffroy a rallié à son échappée cinq des formations de gauche de la ville. Le Parti socialiste bien sûr – encore que certains camarades auraient préféré repartir avec Maurice Charrier. Le PRG et le MRC de Jean-Pierre Chevènement. Et puis deux associations. Convergence citoyenne, qui compte déjà deux élus à Vaulx. Et le Choix vaudais, qui a présenté des candidats autonomes aux municipales de 1995 et 2001.
Cette dernière association est en prise dans plusieurs quartiers vaudais, et peut aider à mobiliser notamment les plus jeunes électeurs. Elle draine des militants entrés en politique après les émeutes de Vaulx-en-Velin, en 1990. Ils ont travaillé avec la mairie dans les années qui ont suivi, pour construire un projet après le traumatisme. Puis ont monté leur propre liste aux municipales de 1995, voyant qu'on ne leur faisait pas de place. Depuis, les liens avec la municipalité n’ont cessé de se distendre. «Nous ne voulons plus du fait du prince, des parodies de concertation, du clientélisme et de la fuite en avant», envoie Morad Aggoun, candidat de l’association aux dernières cantonales puis aux législatives (4,06% sur la ville).
S’allier au Parti socialiste est une petite révolution culturelle pour l’association. Mais cela fait des années qu’Hélène Geoffroy y travaille, et le choix de l'autonomie était déjà dans l’air aux dernières législatives. «C’est la présence d’Hélène Geoffroy qui a rendu cela possible, estime Yves Ména, militant du Choix vaudais et ancien membre du cabinet de Maurice Charrier. On la sent différente, plus ouverte, pas encore cuisinarde. Elle écoute vraiment.»
La troupe compte faire campagne dès maintenant, sans attendre les dernières semaines de campagne. Lundi soir, une cinquantaine de personnes étaient là pour présenter le projet au centre Charlie Chaplin. L’école, le développement durable dans la réhabilitation et la démocratie locale devraient être les principaux axes de campagne.
La liste dissidente risque de compliquer sérieusement la tâche de Maurice Charrier, ancien communiste, mais toujours soutenu par le PCF, qui comptait bien reprendre la ville si le maire passe la main au cours du prochain mandat, comme il en aurait l'intention. Aux dernières législatives, les communistes avaient fait 9,42% à Vaulx, le PS 32,82. Mais Maurice Charrier est sortant, et pour nombre de ses habitants, il est celui qui a transformé une ville sérieusement enlisée. «Je regrette fortement cet acte de rupture alors que nous partageons le même bilan», dit Maurice Charrier, qui trouve «surréaliste que Vaulx soit la seule ville du Rhône où la gauche ne repart pas unie derrière le maire sortant».
Mais le maire paie une erreur politique commise en 2004. Conseiller général, il ne souhaitait pas se représenter aux cantonales. Mais il a mal préparé sa succession et Hélène Geoffroy a battu largement sa candidate, ouvrant une large faille.
La dissidente ira-t-elle au bout ? Les pressions sont nombreuses
sur le PS local pour qu’il renonce à cette stratégie. Les socialistes
ont besoin de l’union avec les communistes pour
conserver certaines villes de l'agglomération lyonnaise, et en
conquérir d’autres, comme St Fons, où
se présente la première fédérale du PS. La direction nationale du PCF a
également demandé des comptes au PS au sujet de Vaulx-en-Velin. Mais
les
socialistes locaux semblent déterminés. Ils s’abritent derrière le fait
que Maurice Charrier n’est plus
communiste. «Une ville n’appartient de toute façon pas à un homme où à un parti», conclut Philippe
Zitoun, premier secrétaire du PS à Vaulx.
Ol.B.
http://www.linternaute.com/actualite/politique/municipales/candidats-diversite/helene-geoffroy.shtml
» Age : 38 ans
» Origine : guadeloupéenne
» Parti : PS
Hélène Geoffroy (PS) à Vaulx-en-Velin
Réalisé par Benoît Deshayes, L'Internaute Février 2008Elue au conseil municipal de Vaulx-en-Velin depuis 2001, Hélène Goeffroy est devenue une rivale sérieuse du maire Maurice Charrier (app. PC). En 2004, alors que ce dernier ne souhaitait pas se représenter aux cantonales, la jeune guadeloupéenne parvient à battre sa dauphine au premier tour, puis le Front national au second avec plus de 71 % des voix. La jeune militante de section du Parti socialiste devient alors conseillère générale et commence à peser dans le paysage politique du Rhône.
Un problème de parti plus que de terrain
Meurtrie par les émeutes de 1990, revenue sur le devant de la scène en janvier 2008, lors de la présentation du plan banlieue par Fadela Amara, Vaulx serait-elle la ville idéale pour un candidat de la diversité ? Pas vraiment pour Hélène Goffroy, qui préfère jouer la carte du renouvellement : "sur le terrain, les gens se moquent des questions de diversité. Ils s'intéressent à un projet et à la sincérité d'un candidat. Et cela n'a rien à voir avec le fait d'être jeune, femme, noire ou guadeloupéenne." Pour la candidate, la diversité serait plutôt un problème de parti. Et encore plus du Parti socialiste ! "Je pense qu'il faut ouvrir portes et fenêtres au PS, et pas seulement sur les origines, mais aussi sur la diversité sociale ou géographique, sur les habitants des banlieues, comme sur les habitants des centres villes." Le maintien de sa candidature par le PS au moment où le maire PC sortant a demandé l'union n'est donc pas sa seule satisfaction : la candidate se félicite d'avoir rallié des membres des associations Convergence citoyenne et le Choix vaudais. "Des habitants des banlieues qu'on n'avait pas réussi à faire adhérer à nos propres listes et qui avaient présenté des candidats autonomes en 1995 et 2001."
http://www.liberation.fr/actualite/politiques/314447.FR.php
Hélène Geoffroy, 38 ans, mène la liste PS à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise. Née de parents antillais, elle a grandi en Guadeloupe, a étudié à Paris. Elle est arrivée dans la ville en 1997, comme chercheur à l’Ecole nationale des travaux publics. Etre noire et habiter Vaulx-en-Velin suffit-il à faire d’elle une «candidate de la diversité» ? Elle ne le pense pas. Dit que ce sont les médias et certains politiques qui pensent cela. Hélène Geoffroy rappelle, comme s’il y avait besoin, qu’elle a été désignée tête de liste «tout à fait normalement» lors d’élections internes au PS. Elle entre en politique en 2001 «grâce à la loi sur la parité». Elle a gagné ses galons en 2004, en remportant le canton de Vaulx à la surprise générale avec 70 % des voix. Hélène Geoffroy est face au maire sortant, Maurice Charrier, une figure de la politique locale ex-PCF, dont elle a été l’adjointe. Sur sa liste PS, on retrouve des associatifs, anciens de la marche des Beurs qui dénoncent «la gestion paternaliste» du maire. Selon elle, il y a dans sa ville «suffisamment de gens qui s’en sortent pour qu’il n’y ait pas besoin de faire des quotas» et sur sa liste, c’est «toute l’histoire de la France et de ses vagues d’immigration».