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Henri Jibrayel

Henri Jibrayel (né le 18 septembre 1951 à Marseille, quartiers Nord), est un homme politique français d'origine libanaise.

Son père était un Assyro-Chaldéen rescapé du génocide assyrien et réfugié avec ses parents dans un bidonville à Beyrouth, qui avait épousé en 1938 une Maronite de Bkassine (près de Jezzine), avant de s'engager dans les Forces françaises libres après l'Appel du 18 juin. Après la guerre, la famille fut naturalisée française, d'abord parquée dans un bidonville près de Marseille, puis le père fut envoyé à Madagascar jusqu'en 1950, avant d'être à nouveau envoyé dans une guerre coloniale en Indochine. En 1963, le couple, qui a entretemps 8 enfants, tente un retour au Liban, à Aïn al-Remmané, mais cette expérience tourne au fiasco et deux ans plus tard la famille revient à Marseille, Henri quitte l'école, devient manœuvre grutier puis est engagé aux PTT [1].

Ancien syndicaliste aux PTT, conseiller général du Canton de Marseille-Verduron (Bouches-du-Rhône) depuis 2001, vice-Président, délégué au Laboratoire d'Analyses Départemental et à la Sécurité Alimentaire, membre de la Commission permanente.

Au Parti socialiste, il est secrétaire de la Section du 16e arrondissement de Marseille, membre du secrétariat fédéral, délégué aux Relations extérieures, membre du Conseil National.

Il a été élu député de la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône le 17 juin 2007 avec 57,41% des suffrages (25,85% au premier tour), devenant ainsi un des deux seuls "élus de la diversité" à l'Assemblée nationale, avec George Pau-Langevin.


Sources

  1. Henri Jibrayel, le seul député français d'origine libanaise, Magazine-L'Hebdo (Beyrouth), Nº 2590 du Vendredi 29 Juin 2007
Site personnel: http://www.jibrayel.fr

http://www.magazine.com.lb/index.asp?ArrowIndex=0&HId=&HIssueNum=2590&Category=3&DescId=6547&DescFlag=1

Magazine-L'Hebdo Nº 2590 du Vendredi 29 Juin 2007

Henri Jibrayel, le seul député français d'origine libanaise
Fils de soldat, syndicaliste, d'origine modeste

Une première, qui a failli passer inaperçue. Pour la première fois dans l'histoire, un candidat d'origine libanaise est élu député à l'Assemblée nationale française. C'est, d'ailleurs, le seul candidat d'origine arabe à avoir été élu. Henri Jibrayel, né à Marseille en 1951, de parents libanais, est, depuis le 17 juin, député socialiste de la quatrième circonscription de Marseille, celle des quartiers nord, les quartiers où Zinédine Zidane a grandi. Henri Jibrayel était déjà conseiller général et vice-président du Conseil général de la région.

Le verbe haut, «avé l'assent», le regard fier, les cheveux gris ondulés coiffés en arrière, la poignée de main franche et vigoureuse, l'homme en impose par son charisme et sa force de caractère. «Je ne parle pas bien l'arabe», s'excuse-t-il, de prime abord, avant de me lancer en me transperçant du regard, «Inta lebnéné?». Le ton est donné. Le tutoiement est immédiat.
Henri Jibrayel n'est pas de ces Libanais venus du monde des affaires et qui s'inventent des légendes familiales et des sagas imaginaires pour épater la galerie. Non, il est fier de ses origines modestes, du goût de son père pour l'aventure, du courage de sa mère qui a élevé ses six enfants dans des conditions difficiles. Il raconte l'histoire de sa famille, comme un roman.
«Ma mère est une véritable 'fallaha' maronite, d'un petit hameau à côté de Bkassine, près de Jezzine, dit-il simplement. Mon père, d'origine assyro-chaldéenne, s'était engagé dans l'armée sous mandat français à seize ans. Il avait trafiqué ses papiers pour être pris, puisqu'il n'avait pas l'âge requis. Ses parents, réfugiés des massacres en Turquie, vivaient dans un bidonville près de l'Hôtel-Dieu (Hay al-Syrian) à Beyrouth. Soldat, il était basé à Marjeyoun. C'est là qu'il a rencontré ma mère. Ils se sont mariés à l'Eglise de Bkassine, en 1938. Mon frère aîné, Maurice, est né à Aïn al-Remmané, en 1939. Aujourd'hui, il habite à Dora. Au moment de l'appel du 18 juin du général Charles de Gaulle, 200 soldats syriens et libanais se sont engagés dans les Forces françaises libres. Mon père en faisait partie. A la libération, ils ont été naturalisés français et parqués avec leurs familles dans un bidonville près de Marseille. Puis, ils ont été envoyés en Afrique. Mon père a servi à Madagascar jusqu'en 1950. Puis, retour en France. Suit une période de vaches maigres. Mes parents étaient très pauvres.

Ils dormaient dans un box

Ils ont été hébergés un temps au foyer franco-libanais de Marseille, chez Mgr Hayek. Le foyer, en fait, était une ancienne écurie. Ils dormaient dans un box. Le sol était en terre battue. Puis, mon père est parti faire la guerre en Indochine.»
Le couple aura, en tout, six enfants. En 1963, la famille décide de revenir au Liban. Elle s'installe à Aïn al-Remmané, chez des proches, avec pour ambition d'y rester. Henri a 12 ans. Il va au collège des Frères des Ecoles chrétiennes à Furn al-Chebbak. Il est en sixième. L'escapade libanaise dure deux ans avant de virer au fiasco et la famille retourne à Marseille.

«Un enfant du peuple»

«J'ai quitté l'école à 14 ans et j'ai enchaîné les petits boulots. J'ai été manœuvre grutier. Jusqu'au jour où j'ai été embauché aux PTT».
Très vite, le jeune Henri Jibrayel devient syndicaliste, militant Force ouvrière, puis secrétaire national FO postes, avant de devenir formateur. Il adhère, en 1978, à la section entreprises du Parti socialiste, avant d'adhérer au PS en 1980. Militant de base, il gravit les échelons les uns après les autres, jusqu'à être élu conseiller général des Bouches du Rhône, en 2001, puis député de Marseille en 2007. A cinquante-six ans, il peut encore espérer plus...
«Je suis un enfant du peuple, d'origine modeste. Je me suis fait tout seul. Je n'ai compté sur personne. J'ai toujours pensé que dans la vie, il y a deux catégories de personnes: les décideurs et les exécutants. Je me suis toujours battu pour faire partie des premiers. Mon grand-père a fui la Turquie. La France a été notre terre d'asile. Ma mère a souffert toute sa vie de ne pas avoir eu les moyens de nous envoyer à l'école. Ça m'a marqué. Après mon élection à l'Assemblée nationale, je suis allé avec mon écharpe tricolore sur la tombe de mes parents...».
Le p'tit gars de Marseille ne cache pas sa fierté... et tous les Libanais sont aujourd'hui fiers de lui.


Le Liban dans son cœur

Bien qu'ayant eu très peu de relations avec le Liban, Henri Jibrayel a gardé le pays du Cèdre dans son cœur. «Ma mère nous faisait le tabboulé, le vrai, pas celui qu'on trouve ici». Ses plats préférés? La kebbé nayyé et la mloukhié. Il y a des saveurs et des odeurs qui ne s'oublient pas. L'amour du Liban, Henri Jibrayel l'a transmis à son fils, Sébastien, 27 ans, qui a été son bras droit tout au long de la campagne électorale. Mais Henri Jibrayel reste un homme de terrain et un homme d'action, la tête bien sur les épaules et les pieds sur terre. Il déplore le peu d'efficacité de la diaspora libanaise. «Lorsqu'on compare avec les autres diasporas, dit-il, on est loin du compte...».A-t-il suivi l'actualité politique libanaise? «Comme tous les Libanais, de loin, lorsque la guerre civile a éclaté, nous suivions les informations».
Y a-t-il des hommes politiques libanais qui ont attiré son attention? «J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour Raymond Eddé. Qu'est-il devenu aujourd'hui? Il est mort n'est-ce pas? Dans la vie, je me suis toujours inspiré des symboles de la résistance. Le général de Gaulle a été un symbole important pour moi. Lorsqu'il était encerclé dans le palais de Baabda, le général Michel Aoun m'avait paru comme un rempart, un vrai défenseur du Liban. Le massacre de ses hommes m'a marqué. Sa traversée du désert et son exil à Paris m'ont beaucoup ému. J'aurais souhaité le rencontrer, mais ça ne s'est pas fait. La mort de Rafic Hariri m'a touché aussi». Henri Jibrayel a envie, aujourd'hui, de s'impliquer au Liban. «Si je peux aider à la reconstruction du pays, à la défense de ses intérêts et de sa souveraineté, je suis là. Mes parents sont partis du Liban avec un balluchon, j'ai envie d'y retourner la tête haute...».