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Karim LAANAYA

2004 élu conseiller régional du Centre (Verts)

 

http://www.les-verts.regioncentre.fr/laanaya.htm

Article paru dans le journal LE MONDE le 13.04.04

Vert, beur et indocile, Karim Laanaya s'occuperait bien des cultures urbaines

Avant de siéger dans l'hémicycle du conseil régional, Karim Laanaya travaillait dans les boîtes de nuit, les restaurants ou sur les scènes de théâtre. A 31 ans, cet élu Vert, français de mère et marocain de père, était " précaire bohème ", convaincu de savoir rebondir, et " intermittent de la vie " , comme il se définit lui-même.

Cet ancien disc-jockey ne cherche pas à avoir les prudences de langage souvent reprochées aux responsables politiques. Ainsi avait-il lancé lors d'un meeting de la liste PS-PCF-Verts, à Bourges : " J'avais cru comprendre que le beur (re) était une des spécialités de Poitou-Charentes ! " Cette formule, qui lui était venue naturellement pour expliquer que " l'intégration, pour des milliers de jeunes, comme moi, ça ne veut rien dire ", n'avait pas été appréciée par tout le monde. Tant pis ! Sa vie est sa vie et ses piques ce qu'elles sont ! Sa verve, c'est ce qui lui a permis de s'en sortir. Karim Laanaya n'a rien à cacher.

Notamment pas qu'il vient du Cirque, une discothèque à la sortie de Bourges qui a récemment fermé son chapiteau. C'est ici que ce natif du Mans travaillait il y a encore deux mois. Avant de décider de consacrer la totalité de son temps à sa double campagne, cantonale et régionale. Financée comme il a pu, elle s'est soldée par un succès d'estime aux cantonales et un siège gagné aux régionales.

" Le soir du second tour, j'ai eu l'impression d'enterrer ma vie de saltimbanque ", se souvient-il. Ses copains Verts ont trinqué amicalement à son entrée sur cette autre piste, celle de l'hémicycle de la région Centre. Une renaissance. " Je pense avoir tourné la page de quinze années de ma vie ", confie-t-il, comme on met un terme à une vie de garçon.

A peine appelé, déjà élu ! " Il y a six mois, je ne pensais pas être candidat ", soutient-il. D'où sans doute l'étonnement lu dans certains regards, à Orléans, le 2 avril, à l'occasion de la première session de la nouvelle assemblée. "Des gens de Nogent-le-Rotrou que je n'avais pas vus depuis des années", précise-t-il. C'est pourtant dans cette ville qu'il a commencé à voir la fin de la galère grâce à Radio Bouchon. " J'avais 11 ans et j'animais une émission sur la faim dans le monde grâce à mon instit'de l'époque ", raconte-t-il. Il fallait alors qu'il sorte de son HLM, qu'il s'émancipe de l'humiliation de voir sa mère payer les courses avec des bons sociaux sous le regard des copains.

Depuis, il a été " vaguement jeune socialiste version pacifiste " à l'occasion de la première guerre du Golfe, réfractaire aux trois jours, " la gendarmerie m'a recherché pendant un an " - chanteur avec la compagnie Jolie Môme, tendance extrême gauche, apprenti comédien, avec la compagnie du Théâtre buissonnier, avant de débarquer à Bourges, où il rejoint, au milieu des années 1990, d'anciens employeurs qui gèrent un bistrot, Les Diables rouges.

En politique, il est officiellement Vert, depuis 1999. L'écologie en bréviaire et la préservation de la planète en ligne de mire. Son " révélateur politique ", c'est le naufrage de l'Erika. Il épouse aussi le médiatique mouvement gay de l'occupation de la cathédrale de la de Bourges, en septembre 2000, conteste l'abattage d'arbres en série effectué par le maire de Bourges, Serge Lepeltier (UMP), aujourd'hui ministre de l'environnement. Aux élections législatives de 2002, il avait renoncé à être candidat au profit du candidat communiste " pour éviter un autre 21 avril ". On ne plaisante plus avec la discipline républicaine.

Aujourd'hui, à la recherche d'un emploi, il " jongle financièrement ". Mais il ne s'inquiète pas trop. " J'ai de la chance, du charisme, j'ai toujours trouvé de bonnes opportunités ", confie-t-il, sans sourciller. Il se veut surtout disponible pour la mission que lui confiera le nouveau président (PS) de la région, Michel Sapin.

Des idées, il n'en manque pas. Parmi ses premiers combats, la mesure phare des écologistes de la région Centre sur le pôle des énergies et l'emploi dans les associations. Et il suggère, comme un défi, qu'on le teste sur les cultures urbaines, on verra bien. Lui, il n'attend qu'un signe. L'arène régionale ? " A priori une grosse machine " ressemblant plus à un gramophone qu'à un graveur de CD dernier cri. Mais l'ancien disc-jockey se sent de taille à y creuser son microsillon. En intermittent d'une politique à venir.

Patrick Martinat

 

 


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