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La participation politique des allochtones en Belgique
Elus d'origine non-européenne en Belgique
Elections 2004
Emir KIR
Dépenses électorales
Emir KIR perd sa licence
Affaire Duponcelle
Des élus dans une manifestation négationniste
Rupture du jeûne et du cordon sanitaire
Plainte contre " Suffrage Universel "
Incident au parlement bruxellois
Jugement en première instance dans l'affaire Kir contre Koksal et Lambert
http://www.weblex.irisnet.be/Data/crb/Bqr/2004-05/00002/images.pdf
PARLEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE
SESSION ORDINAIRE 2004-2005
15 DECEMBRE 2004
Questions et Réponses
Question n° 21 de M. Dominiek Lootens-Stael [Vlaams Belang] du 29 octobre 2004 (N) :
Projets d'avenir pour le monument ixellois qui commémore le génocide des Arméniens par les Turcs.
Un monument en souvenir des victimes du génocide des Arméniens par les Turcs se dresse sur le territoire de la commune d'Ixelles. A la fin du 19e siècle, l'Arménie faisait partie de l'empire ottoman. A cette époque, cet empire commençait à se désagréger lentement. Majoritairement chrétiens, les Arméniens se sont heurtés aux Ottomans musulmans. Sur ordre du sultan ottoman, des centaines de milliers d'Arméniens ont déjà été assassinés à la fin du 19e siècle. Mais en 1915, l'Etat turc a commis un véritable génocide sur les Arméniens. Sur les deux millions d'Arméniens, un million et demi ont été impitoyablement massacrés. Il s'agissait d'une réelle épuration ethnico-religieuse au sens le plus concret du mot. Mais les extrémistes turcs nient ce fait historique (une forme de révisionnisme qui, contrairement à d'autres formes de révisionnisme, n'est apparemment pas sanctionnée par l'Etat belge).
Le 29 mars 2003, le Comité de coordination des associations turques a lancé une campagne visant la destruction du monument arménien d'Ixelles. Des hommes politiques de plusieurs partis politiques francophones ont soutenu cette campagne. Ces extrémistes turcs ont organisé une manifestation le 29 mai 2004 à Bruxelles sur le slogan "Rejetez les affirmations de génocide".
Les manifestations criaient des slogans contre le "complot impérialiste" qui aurait inventé le génocide arménien et en appelaient à la destruction du monument ixellois qui commémore le génocide arménien. Certains hommes politiques du premier plan, notamment du gouvernement bruxellois, participaient également à cette manifestation.
Je souhaiterais connaître les projets du secrétaire d'Etat compétent en la matière. Envisage-t-on de détruire ce monument ?
Dans l'affirmative, pour quelle raison ? Comme il s'agit d'un monument en souvenir des victimes d'une des épurations ethniques les plus ignobles, je souhaiterais savoir s'il existe éventuellement des projets afin de redonner un lustre bien mérité à ce monument.
Réponse : L'honorable membre trouvera ci-après la réponse à sa question :
Le monument à la mémoire des victimes arméniennes de 1915 a été érigé en 1995 au square Henri Michaux à Ixelles, à l'initiative du Comité des Arméniens de Belgique sur la base des plans de l'architecte Isabelle Jakhian.
Ce monument ne relève cependant pas des compétences du secrétariat d'Etat en charge des Monuments et des Sites. Il n'a, en effet, fait l'objet d'aucune mesure de classement. Il ne figure pas non plus sur la liste des biens à protéger prioritairement.
Je n'ai, en outre, aucunement été informé d'un quelconque projet de destruction de ce monument.
Enfin, pour les travaux de rénovation auxquels vous faites allusion, je ne puis que vous conseiller de vous adresser directement aux autorités compétentes. Dans le cas présent, il s'agit de la commune d'Ixelles puisqu'il est placé sur une voirie communale.
http://fr.groups.yahoo.com/group/suffrage-universel/message/2465
Interpellation à propos du monument au génocide arménien à Ixelles
Suffrage Universel, 8 décembre 2004
Introduction shaïtanesque
Dommage que le député MR Yves de Jonghe d'Ardoye (qui était bourgmestre d'Ixelles à l'époque où ce monument fut érigé, en 1997) n'ait pas été autorisé par la majorité PS-CDH-Ecolo etc. à poser une question similaire vendredi dernier au Parlement régional bruxellois, espérons que ce n'est là que partie remise. La question sera en tout cas débattue le 16 décembre au conseil communal d'Ixelles, nul doute que de nombreuses oreilles attentives traîneront de ce côté-là. Ce d'autant plus que ce conseil communal est réputé pour la qualité tant de la décoration de la salle que des échanges entre élus.
Rappelons quand même que l'actuel bourgmestre (PS) d'Ixelles, Willy Decourty (PS) s'était clairement exprimé sur le sujet l'année dernière en rejetant (il aurait refusé la démolition du monument en soulignant que le génocide arménien est un fait historique
cf. http://www.info-turk.be/297.htm#Immigration/Migration ) l'ultimatum lancé, en pleine campagne pour les législatives belges, par l'Association de la pensée ataturkiste de Belgique (BADD, extrême-gauche nationaliste) et le Conseil de coordination belgo-turc (BTKK, extrême-droite nationaliste + organisations dépendant directement de l'ambassade de Turquie).Signalons au passage que deux des six membres du conseil d'administration de BADD (cf.
http://www.ejustice.just.fgov.be/tsv_pdf/2004/07/22/04109819.pdf ) ont été candidats sur les listes Ecolo à diverses élections ces dernières années: Yakup Yurt (vice-président de BADD, candidat aux législatives de 2003) et Leyla Teker (secrétaire de BADD, candidate Agalev aux Européennes de 1994 et Ecolo aux communales-bis de 1995 à Saint-Gilles).Pour ce qui est de la manifestation négationniste de mai 2004, l'échevine MR-PRL de Saint-Josse Nezahat Namli m'a informé ce matin que, contrairement à ce qu'avaient annoncé Hürriyet et Bel-Türk, elle n'avait pas participé à celle-ci. Dont acte, elle n'apparaît d'ailleurs pas sur les photos publiées à l'époque.
Nermin Kumanova (Ecolo) a quant à elle déjà déclaré à propos de sa participation à cette manifestation "C’est vrai que je n’aurais pas dû y aller, c’est une erreur et si maintenant je recevais une invitation sur ce sujet, je n’y serai pas" (cf.
kumanova.htm ).Pierre-Yves Lambert
http://www.suffrage-universel.be
rétroactes:
http://www.bel-turk.com/29-05.htm (en turc)
http://www.bel-turk.com/BrBrukselY13.jpg (le slogan apparaît aussi en néerlandais "Verdedig het vaderland - verwerp de leugen van genocide", soit "défend la patrie - rejette le mensonge du génocide")
http://www.bel-turk.com/BrBrukselY4.jpg (plus flou, mais lisible quand même en français, "rejette l'accusation mensongère de génocide")
Yves de Jonghe d'Ardoye <ydejonghe@parlbru.irisnet.be> wrote:
Date: Wed, 8 Dec 2004 09:44:41 +0100
IXELLES
CONSEIL COMMUNAL DU 16 DECEMBRE 2004
INTERPELLATION DE MONSIEUR YVES de JONGHE d’ARDOYE
AU COLLEGE DES BOURGMESTRE ET ECHEVINS
LE MEMORIAL AU GENOCIDE ARMENIEN SQUARE HENRI MICHAUX
Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les Echevins,
La presse du 30 novembre dernier (Le Soir, la DH) a consacré plusieurs articles au Secrétaire d’Etat bruxellois en charge des Monuments et Sites, Emir KIR qui s’est exprimé à différentes reprises à propos du génocide arménien.
Avant de prendre possession de son portefeuille, et pendant la campagne électorale régionale, il a participé, le 29 mai dernier, à une manifestation organisée par la BADD (Association de la pensée ataturkiste de Belgique), en réclamant la démolition du monument au génocide arménien, Square Henri Michaux à Ixelles. En attestent la presse occidentale et turque.
Un des slogans de cette manifestation faisait proclamer, " réagissez contre le monument arménien… ".
Le Président de la BADD mettait cette manifestation dans la perspective des élections régionales de juin. Cela, semble-t-il, lui a été fort utile…
Par ailleurs, on dit Emir KIR très proche de l’Ambassadeur de Turquie à Bruxelles, c’est son droit, le plus strict.
On sait aussi, que pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, on lui demande avant tout de faire de gros efforts en matière des droits de l’homme… Du reste, je ne manquerai pas de relayer les propos du Secrétaire d’Etat auprès de la Commission européenne.
Pour ce qui est du mémorial, des choses inquiétantes me sont revenues.
Monsieur Vrouyr, Président de l’Assemblée des représentants de la Communauté arménienne de Belgique, a été directement interpellé par un fonctionnaire communal ixellois sur la légalité urbanistique et environnementale du monument, à la suite d’une demande du cabinet d’Emir KIR.
Or, le 18 juin 1997, je signais, avec le Secrétaire communal, une " Convention de prêt à usage ". Elle fait état d’une délibération du Conseil communal du 24 avril 1997, mais aussi de ce que la convention, et je cite, " ne sortira ces effets qu’à dater de son approbation tacite ou expresse de l’Autorité de tutelle… ".
L’Autorité de tutelle a bien donné son approbation " expresse ou tacite ".
Nous sommes tous, ici, des démocrates. Plus d’un million et demi d’Arméniens ont été torturés et massacrés par l’Empire Ottoman. Il serait regrettable et dangereux d’en revenir à des thèses révisionnistes.
A l’époque, la décision d’ériger le monument à Ixelles a été approuvée par l’ensemble du Conseil communal.
Mes questions sont, dès lors, les suivantes :
Pourquoi, aujourd’hui, tant de remous à propos de ce monument ?
Comment le Collège des Bourgmestre et Echevins a-t-il répondu aux demandes du Secrétaire d’Etat ?
La Communauté arménienne doit-elle être inquiète quant à l’avenir du mémorial ?
Le Collège peut-il me rassurer sur sa pérennité à Ixelles ?
Le Collège peut-il me donner des garanties sur le fait qu’il ne sera pas démoli, et compte-t-il se battre pour conserver sur le territoire ixellois un monument qui nous rappelle qu’en Turquie aussi les droits de l’homme ont été bafoués, un monument symbole de l’une des grandes blessures de l’Histoire ?
Je vous remercie.
http://fr.groups.yahoo.com/group/suffrage-universel/message/2474
Débat sur le monument au génocide au Conseil communal d’Ixelles
Mehmet KOKSAL, 17 décembre 2004
Decourty : " Ce n’est pas un monument remarquable "
Ixelles jeudi 16 décembre 2004 à 23h31, le Conseil communal appelle le 47e objet ter figurant à l’ordre du jour : " Le mémorial au génocide arménien Square Henri Michaux ", interpellation de Monsieur Yves de Jonghe d’Ardoye, ancien bourgmestre et membre de l’opposition tant à la région bruxelloise que dans la commune d’Ixelles. Il termine sa courte interpellation par les questions suivantes :
" - Comment le Collège des Bourgmestre et Echevins a-t-il répondu aux demandes du Secrétaire d’Etat ?
- La Communauté arménienne doit-elle être inquiète quant à l’avenir du mémorial ?
- Le Collège peut-il me rassurer sur sa pérennité à Ixelles ?
- Le Collège peut-il me donner des garanties sur le fait qu’il ne sera pas démoli, et compte-t-il se battre pour conserver sur le territoire ixellois un monument qui nous rappelle qu’en Turquie aussi les droits de l’homme ont été bafoués, un monument symbole de l’une des grandes blessures de l’Histoire ? " (lire http://fr.groups.yahoo.com/group/suffrage-universel/message/2465)
Le conseiller interpelle le collège sur un monument et curieusement ce n’est pas l’échevin compétent dans les matières d’urbanisme ou d’environnement, l’écolo Aziz Albishari, qui doit répondre mais le bourgmestre socialiste de la commune. Willy Decourty, ayant visiblement lu en avant-première l’intégralité du texte via la liste de diffusion de Suffrage Universel (comme il le mentionne dans sa réponse) fixe longuement la salle pour préparer sa réponse. Le décor derrière le trône du bourgmestre change de couleur régulièrement à travers les vitraux de la salle communale. Des spots à l’extérieur du bâtiment projettent en vrac du rouge, du vert, du violet, ce qui donne une ambiance disco entourée de référence à la franc-maçonnerie et d’un sapin de Noël de circonstance. Visiblement, Willy Decourty n’apprécie pas que son prédécesseur lui pose une question déjà censurée par le Parlement où il siège également et entre dans le jeu politique.
" Je constate que vous vous faites de nouveaux amis parce que vous vous faites le relais des interventions du Vlaams Belang (ex-Vlaams Blok) qui ont eu lieu ces dernières semaines au Parlement bruxellois. Il y a eu en effet à deux reprises des interventions portées surtout par le Vlaams Belang, une en commission du Parlement et une interpellation écrite. Je rappelle quand même que le monument n’étant pas classé ne relève donc pas de la compétence du secrétaire d’Etat. C’est pour répondre à ces interventions du Vlaams Belang que le cabinet du secrétaire d’Etat s’est informé pour savoir l’autorité compétente dans le cadre de sa restauration. Donc, ce n’est pas une démarche à caractère d’enquête policière avec mauvaise intention. On interpelle un ministre au Parlement, il doit donc contacter l’administration pour recouper les informations afin de répondre de manière correcte. C’est exactement cela !
Il n’entre donc pas dans les intentions de la commune, c’est ce que j’ai dit lors de la réunion de la commission au Parlement, il n’entre pas dans les intentions de la commune d’introduire une demande pour lancer une procédure de classification. Ce n’est pas un monument remarquable, il est là, il ne me dérange pas. Je voudrais aussi souligner que l’attaque dont fait l’objet le secrétaire d’Etat par un courant extrémiste le Vlaams Belang s’en prend en fait au premier élu d’origine étrangère non-européenne, vise à nuire au caractère multiculturel de Bruxelles.. Je crois que c’est là la véritable raison de tout ce gouffre.
Votre texte d’interpellation figure sur le site internet de deux personnes qui depuis plusieurs années s’acharnent contre Emir Kir, il n’était pas encore secrétaire d’Etat, depuis qu’il est devenu échevin dans sa commune. J'espère qu'ils seront condamnés suite à la plainte que celui-ci a déposée contre eux. Jamais Emir Kir ne m’appelé au sujet de ce monument ! "
Yves de Jonghe d’Ardoye n’apprécie pas le rapprochement avec l’extrême droite et répond sèchement que " les nouveaux amis qui m’ont demandé d’interpeller aujourd’hui ne sont pas des gens du Vlaams Belang mais un célèbre bâtonnier bruxellois, Edouard Jakhian. Si je dis demain à Jakhian qu’on a insinué qu’il était proche du Vlaams Belang suite à sa demande d’interpellation, il serait scandalisé. Je crois que d’autres ici le connaissent et je peux vous dire que cet homme n’a vraiment rien ni d’extrémiste ni de quoi que ce soit… " Le respectable Roger Lallemand (PS) acquiesce volontiers par un " c’est vrai ! " en écoutant les commentaires sur l’ex-bâtonnier bruxellois. Mal embarqué, le bourgmestre Decourty tente de corriger le tir en accusant le conseiller " de faire croire " qu’il aurait dit qu’Edouard Jakhian serait un extrémiste mais l’ambiance chauffe à ce moment. C’est le jeu du " je n’ai pas dit mais vous avez dit " et réciproquement.
Willy Decourty : Je n’ai pas dit cela mais j’ai dit que vous servez de caisse de résonance au Vlaams Belang…
Yves de Jonghe d’Ardoye : Vous avez commencé par dire que je me faisais de nouveaux amis proche du Vlaams Belang ! Je vous réponds que non, mon ami c’est le bâtonnier Jakhian et on peut dire ce qu’on veut mais il y a un devoir de mémoire dans ce dossier.
Willy Decourty : Je confirme donc qu’il n’y a aucune pression.
Yves de Jonghe d’Ardoye : Mais, ce sont des fonctionnaires qui appellent les Arméniens pour demander une copie des dossiers qu’ils n’arrivent plus à retrouver. Je trouve donc normal que ces gens se posent des questions sur les motivations du secrétaire d’Etat.
Willy Decourty : Et bien vous pouvez dire à Jakhian qu’il peut s’adresser à moi sans aucun problème. Je trouve normal qu’un ministre se renseigne pour répondre à une interpellation et je vous ferai remarquer que lors de la campagne électorale régionale et européenne, moi-même j’ai subi des pressions de mouvements turcs qui voulaient que j’enlève le monument. Je les ai envoyés promener ! Et je précise qu’il ne s’agit pas d’Emir Kir.
Le conseiller Khalid Zian (PS) demande la parole pour une intervention remarquée malgré le rythme imposé d’un chewing-gum qui hache le discours et tranche avec le sujet. " Les uns et les autres font référence à leurs amis ou à leurs communautés, etc. et je trouve que cela ne va pas dans le sens de l’apaisement au sein de cette région. Il est clair qu’officiellement la Belgique a reconnu la réalité historique du génocide arménien. Jusqu’à preuve du contraire, le camp d’Emir Kir n’a encore entrepris aucune démarche de nature à faire modifier cette position par l’Etat belge. Moi en tout cas, je ne vois pas le début d’une démarche qui irait dans le sens d’un démantèlement de ce monument. Je pense qu’il est clair qu’une tendance au sein de la communauté turque voudrait ou en tout cas chercherait à vouloir nier l’existence de ce fait historique mais sur base des informations dont on dispose, il est fait un mauvais procès à monsieur Emir Kir. "
Le chef de groupe MR, Olivier de Clippele, décide également d’intervenir dans le débat : " Tout d’abord, quelques rectifications monsieur le bourgmestre. Emir Kir n’est pas le premier membre de gouvernement d’origine extra-européenne car il a eu avant lui Anissa Temsamani et ensuite Gisèle Mandaila. Maintenant sur le fond du débat qui concerne en réalité l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, notre pays a pris position pour faire de la reconnaissance du génocide par la Turquie une condition préalable à l’adhésion. Je pense que le secrétaire d’Etat devrait rapidement prendre position sur ce débat "
Le bourgmestre et le conseiller Zian précisent qu’il ne doit pas prendre position car ce n’est pas de la compétence du secrétaire d’Etat. Decourty terminera par préciser qu’ " il est belge aussi hein ! "
L’incident est clos … pour cette séance.
Entretien avec Yves de Jonghe d’Ardoye (MR)
"Je veux avoir la garantie que ce monument reste là où il est, point à la ligne !"
MK : Vous êtes intervenu aujourd’hui concernant le monument au génocide arménien. C’est quoi le problème, pouvez-vous brièvement nous résumer le débat ?
Y. de Jonghe d’Ardoye : Alors écoutez, j’ai fait installer ce monument en 1997 quand j’étais bourgmestre donc il y a 7 ans et nous venons d’apprendre que le cabinet du secrétaire d’Etat Emir Kir a contacté la commune pour savoir si ce monument avait été installé dans toute la légalité en respectant les permis d’urbanisme, les permis de bâtir, etc. Il faut savoir que pour mettre un tel monument, il ne faut pas de permis de bâtir, pas de permis d’urbanisme, rien du tout. Il faut juste l’approbation du Conseil communal. A l’époque d’ailleurs cette approbation a été à l’unanimité.
MK : Y compris par les membres socialistes du conseil ?
Y. de Jonghe d’Ardoye : Oui, tout à fait par les socialistes, par les écolos, par tout le monde. Ce qui nous inquiète en fait, c’est qu’au mois de mai dernier M. Kir qui était à l’époque rien du tout, a participé à une réunion de la pensée atatürkiste en Belgique qui demandait notamment la démolition de ce monument et qu’il soit enlevé.
MK : Oui mais est-ce qu’il était d’accord avec cette réunion ?
Y. de Jonghe d’Ardoye : Oui, oui, tout à fait… il partageait les idées des gens qui étaient là et Emir Kir - quand il parle du génocide arménien – parle du prétendu génocide arménien alors que la majorité des gens ne parle pas de prétendu génocide arménien mais d’un simple déplacement de populations.
MK : Et son parti, le PS, parle aussi d’un prétendu génocide arménien ou accepte le terme de génocide sur le sujet ?
Y. de Jonghe d’Ardoye : Non, je crois que les socialistes reconnaissent le génocide arménien. Il n’y a vraiment que les Turcs mais enfin indépendamment de la personne… moi ça ne m’intéresse pas, ce qui m’intéresse c’est parler de la mémoire. Les historiens le disent, la Belgique le dit, la France… enfin tout le monde l’a reconnu, il y a eu un génocide arménien. Il y a un monument à la mémoire d’un génocide arménien, moi je veux avoir la garantie que ce monument reste là où il est, point à la ligne !
MK : Avez-vous le sentiment d’avoir reçu ces garanties de la part du bourgmestre aujourd’hui ?
Y. de Jonghe d’Ardoye : Je crois que si maintenant il devait y toucher ou l’enlever, cela serait un tel scandale qu’on organisera des manifestations mais je ne crois pas qu’ils vont en arriver là ce soir. J’espère avoir eu mes apaisements ce soir quant au maintien du monument. En revanche, je n’ai pas encore eu mes apaisements concernant un ministre en fonction dans le gouvernement bruxellois qui continue à parler d’un prétendu génocide arménien.
MK : Vous lui avez posé la question ?
Y. de Jonghe d’Ardoye : J’ai voulu lui poser la question la semaine dernière mais ma question a été retirée par le bureau du Parlement qui estimait que ce n’était pas d’actualité.
MK : Ne pouvez-vous pas poser les questions de votre choix au Parlement ?
Y. de Jonghe d’Ardoye : Si mais c’est le bureau du Parlement qui décide dans lequel je siège par ailleurs mais ce sont des votes majorité contre opposition. Donc, la majorité était contre et l’opposition pour.
MK : Le bourgmestre Willy Decourty (PS) estime que vous vous faites ici le relais des flamingants d’extrême droite…
Y. de Jonghe d’Ardoye : Malheureusement pour lui, j’avais en main la lettre d’un des plus grands bâtonniers que la Belgique ait connu, le bâtonnier Jakhian d’origine arménienne. Donc sa remarque est vraiment mal tombée. Cela le met en porte à faux parce que mettre en doute la probité d’un homme comme le bâtonnier Jakhian… ce serait malvenu, je vous avouerai. C’est un des hommes les plus intègres et les plus brillants dans ce pays.
MK : Le fait qu’un député d’extrême droite pose une question au Parlement empêche-t-il un membre d’un parti démocratique de poser une question ?
Y. de Jonghe d’Ardoye : Mais non, pas du tout. Cela n’a pas de sens et sans intérêt.
Propos recueillis par Mehmet Koksal
www.suffrage-universel.be
La participation politique des allochtones en Belgique
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Dépenses électorales
Emir KIR perd sa licence
Affaire Duponcelle
Des élus dans une manifestation négationniste
Rupture du jeûne et du cordon sanitaire
Plainte contre " Suffrage Universel "
Incident au parlement bruxellois